REPONSE DE M. L'ABBÉ MILCH A LA LETTRE OUVERTE DU DOCTEUR HELLER
(Traduction d'André Corrihons)
Dans le n° d'avril 1980 d'EINSICHT, le dr Heller m'a posé plusieurs questions auxquelles je vais répondre brièvement, dans les grandes lignes. Une réponse exhaustive nécessiterait, pour être exposée de manièreclairement intelligible, un développement trop long pour insertion dans la revue. Mais je la donnerai dans un proche avenir, dans un cadre plus ample.
Question n° 1: " Pensez-vous M. L'Abbé, que, comme le dit Mgr Lefèbvre, qu'il faille accepter que le "N.O.M." soit célébré sur l'autel meme où se célèbre la sainte Messe?
Réponse: Pour rendre claires question et réponse, il faut commencer par dire que l'Église est occupée. L'espace intérieur de l'Église occupée nous appartient de droit, à nous qui sommes restés catholiques, devant Dieu. Nôtres sont les autels, nôtres sont les sanctuaires. Le fait que le "N.O.M." soit célébré dans nos sanctuaires est par lui-même est un horrible sacrilège; la coexistence dans un même sanctuaire de la synaxe et de la Sainte Messe est une abomination que jamais nous ne pourrons tolérer. Que nous, souverains propriétaires, acceptions de célébrer la Sainte Messe dans des lieux constamment profanés, ce serait signifier qu'à l'instar d'Elie sur le mont Carmel, nous prendrions la responsabilité de mettre Dieu à l'épreuve en lui demandant une intervention miraculeuse. La synaxe est une abomination qui défie le Dieu des armées. Quand nous célébrerons la Messe sur notre autel, celà ne signifiera jamais l'acceptation du pluralisme; la reconnaissance de l'égalité des droits du "N.O.M.", mais au contraire l'appel au jugement de Dieu. Mgr Lefèbvre, sait tout comme moi, que cette intention peut donner lieu à équivoque. Toute l'affaire est une question de points de vue. Question n° 2:Considérez-vous, comme Mgr Lefèbvre, que l'apostat W. qui occupe le Siège de Pierre est pape legitimement?
Reponse: Ce serait gaspiller sontemps que de chercher à savoir si K.W. est formellement hérétique, ou bien s'il ne l'est que mattériellement. J'ai bien conscience d'affirmations, par ex. dans 'Redemptor hominis", qui ne sont pas seulement hérétiques mais anti-chrétiennes. Nous ne pouvons savoir si K.W. a conscience du caractère soit hérétique soit satanique de ses assertions. Or un hérétique, qui ne l'est que matériellement, peut sans nul doute occuper la Chaire de Vérité. Celui qui ne peut plus être pape, c'est seulement l'hérétique formel qui sait que son credo est anti-catholique. Aussi, lorsque Mgr (sic) Lefèbvre enregistre que J.P. II préside à l'Église occupée, envahie dans toutes ses structures, il commence par supposer que Wojtyla est vraiment pape - en appliquant l'adage "in dubio pro reo" - pour fixer notre attention sur les points de vue spirituels essentiels.
Question n° 3: Finalement, comme Mgr Lefèbvre l'a fait lui-même, rejetez-vous de votre groupe ceux qui, comme les bannis Katzer et autres, refusent "de prier pour le pape" c.à.d. pour K.W., qui n'est pas pape?
Réponse: Aussi longtemps que l'on n'a pas établi que K.W. usurpe le souverain pontificat, on doit le considérer comme validement pape. On considère donc que c'est un devoir impératif, de prier pour lui, même au canon de la Messe, surtout dans les circonstances présentes où sa charge est si lourde à remplir, si exposée à être accusée d'être administrée d'une manière incompatible avec la vraie mission de Pierre. Assurer sans hésitation que W. n'est pas le Saint Père c'est refuser les principes de sauvegarde séculaires du droit catholique. L'archévêque (sic) ne fait que son devoir lorsqu'il bannit les dissidents. Quant à moi je n'ai pas pouvoir d'exclure qui que ce soit d'une communauté.
signé: Hans Milch
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COMMENTAIRE DES REPONSES PRECEDENTES
M. l'Abbé!
Merci beaucoup pour la thèse que vous nous avez envoyée et qui précise bien votre position. Jusqu'à maintenant nous n'avons pas reçu semblablement de réponse franche et directe à nos questions. Permettez moi de commenter vos explications, pour raison d'objectivité.
Réponse 1: Afin de définir votre point de vue dans son contexte, il nous faut noter que "Mgr L. est favorable à la célébration pluraliste du "N.O.M.", ou parallèlement de la Sainte Messe sous la juridiction du prétendu évêque localement compétent dans l'église réformée. (cf. lettre n° 16.) En d'autres termes, il reconnaît, à côté du rite (tridentin) catholique, la synaxe montinienne en tant que saint sacrifice de la Messe absolument valide. Dîtes-nous si vous vous ralliez à cette position.
Nous croyons, nous aussi, que presque toutes les églises catholiques sontabusivement occupées par les réformateurs, que les édifices conacrés à N.S. J.C. sont devenus des lieux de profanation. Vous reconnaissez vous-même que célébrer le "N.O.M." c'est commettre un sacrilège, l'adjoindre à la Messe dans un même sanctuaire une abomination. C'est pourquoi je persiste à trouver absurde que vous puissiez accepter l'offre de célébrer le Saint Sacrifice "dans des lieux constamment profanés".
Les églises autrefois catholiques sont tombées aux mains des réformateurs, et en Allemagne il n'y a pas de loi qui puisse les en chasser. Si, d'aventure, ceux qui veulent faire disparaître la Messe vous offraient pour la célébrer quelque dérogation, ce serait uniquement pour vous pousser par ce biais à passer des compromis avec la nouvelle église, à lui faire des concessions, (ce que Mgr L. vient de faire dans ca lettre n° 16.) ou pour prendre l'ascendant sur votre résistance aux réformes, alors que la nouvelle hiérarchie ne le peut pas, et ainsi - selon les termes employés par M. Ratzinger - laisser la Messe s'éteindre dans le cadre de l'église conciliaire.
En acceptant l'offre, vous ne prendriez pas "à l'instar d'Elie sur Le Mont Carmel", "la responsabilité de mettre Dieu à l'épreuve" pour "obtenir une intervention miraculeuse", mais celle de provoquer d'autres sacrilèges et la profanation perpétuelle du sanctuaire. Ce n'est pas sans raison que le canon 823 § 1 AVERTIT: "il n'est pas permis de célébrer des Messes dans les églises ou chapelles des schismatiques ou hérétiques, pas même si antérieurment elles avaient été validement consacrées ou bénies. "Même "Mgr L." a qualifié jadis l'église réformée de "schismatique et hérétique" - dans une déclaration faisant suite à sa suspension le 29.7.1976.
Incidemment le "prélat" d'Ecône, contrairement à votre prétention, ne voit aucun danger à ce côtoiement. Ce qui, vu du camp des réformnateurs, apparaîtrait comme une entreprise illégale de reconquête, "Mgr L." le nomme "acts legal" dans la compétence de l'église réformée, et par lequel l'unité serait immédiatement recouvrée dans un cadre diocésain. (cf. let 16)
Réponse 2: Vu que, suivant votre opinion, nous ne pouvons savoir si K.W. est formellement hérétique, ou non, nous devrions selon vous le considérer toujours comme véritablement pape; un hérétique, qui ne l'est que marériellement, peut en effet occuper légitimement la Chaire de Vérité. Alors que vous notez que les déclarationz officielles de K.W. contiennent effectivement des hérésies, Mgr L. s'en garde bien. Selon ses propos officiels W. est au pire "un pape libéral", classification selon le tempéramment qui n'a aucune portée canonique ou donatique.
a) Or le canon 16 § 2a, précise qu'un clerc de haut rang ne peut être dans l'erreur sans en avoir conscience, que son for interne ne peut l'excuser. W. fut promu évêque sous Pie XII. POUR y arriver, il lui a fallu démontrer que son orthodoxie et ses compétences le rendaient digne de sa future charge, car cette procédure était la seule canonique, la seule suivie en ce temps-là. ( cf. canons 333 et 331). Pendant son sacre W. a dû, pour devenir évêque, prononcer une fois de plus le serment antimoderniste dans sa profession de foi.
Alors, si W. change définitivement le sens de la Révélation chrétienne, par ex. dans "Redemptor hominis" - hérésie dont vous avez constaté la matérialite, alors que Mgr L. s'y refuse - ou bien s'il utilise une falsification des mots de la consécration - à Mexico par ex.: "por todos" - on doit le tenir pour conscient de ces hérésies qu'il ne cesse de faire en public dans le monde entier. Celà est d'autant plus grave que de par sa charge il est le rempart de la TRADITION. C'est pourquoi, d'après vos termes préalablement posés, il n'est pas (ou n'est plus) pape. (Nous ne considérons pas ici les conditions de validité de l'élection au souverain pontificat.)
b) Depuis plus de douze ans, déjà, dure le débat public qui s'est instauré dans le monde entier sur la validité du N.O.M. et sur le changement frauduleux des mots de la consécration. Personnellement, je ne connais aucum prêtre, même dans l'église réformée, qui ne soit au courant des arguments décisifs. Par ex. ici à Munich, un haut dignitaire de la nouvelle église admet explicitement les conséquences de cette falsification. Il est impossible que le pérégrinant W., qui a toujours d'étroits contacts avec le clergé allemand, n'aie pas eu connaissance de la querelle.
c) L'habile mélange des innovations et d'implications traditionnelles dans l'encyclique "R. H." et certaines mitigations de sa prose (hérétique) sont la meilleure preuve que W., que ses conceptions, se sont délibérément écartés de la doctrine du Christ. Le camouflage des hérésies de "Dominicae cenae" sous un vocabulaire orthodoxe est également de premier ordre. A ce sujet on pourrait avec fruit comparer le résultat des études de l'abbé de Nantes avec celui des recherches du professeur Lauth et celui atteint par le prof. Siebel (EINSICHT IX: 6 et IX : 7)
d) Mais, même si nous voulons accepter la thèse que W. n'est que matériellement hérétique, c.à.d. qu'il ne comprend pas qu'il enseigne des contre-façons, elle ne peut en aucune façon légitimer son pontificat. Même si sa conscience était pure, il faudrait cependant le traiter en hérétique formel, inapte à sa fonction, en raison des hérésies qu'il a répandues dans le monde entier comme doctrines de la papauté. SeuI le for externe entre en ligne de compte. Cf. P. Matthieu Conte a Coronata: Institutiones IV; de delictis et poenis, n° 1856, Turin 1928; P. Heribert Jones: Code du Droit Canonique, vol. III, Paderbron 1940, page 475; Mgr Michael Buchberger: LThK, vol. IV, Fribourg 1932, Col. 824.) La démonstration de l'impossibilité pour un hérétique manifeste de confisquer la Chaire de Pierre a été faite à plusieurs reprises dans ces colonnes. Cf. Dr Katzer, Otto: "Papa" haereticus EINSICHT III (12) 1- 5; Dr. Gliwitzky, Jean : "Rapports des dogmes avec le droit canon" ENSICHT II (7) 1-7.)
Ainsi il apparaît clairement, que même soutenu de vos présomptions, W. n'est plus pape, s'il l'a jamais été. En conséquence, il est ipso facto depositus, sed tamen (a Conventu) deponendus . Ces éclaircissements vous imposent de revoir la position que vous avez adoptée sur la question du pape: votre décision sur ce point donnera aux fidèles un critère sûr pour vous situer dans l'Église. Cf. Paul IV, Bulle "Cum ex apostolatus officio" du 15.3. 1559; le canon 985 n° 1; le canon 2314 § 1 n° 3; le canon 188 n° 4; Edouard Eichman "Manuel de Droit Canonique", vol. 1, Paderborn 1934, page 183.)
Réponse 3 : Je dois admettre que j'avais posé la question n° 3 de manière peu précise. J'aurais dû la formuler ainsi: "Rejetez-vous de votre groupe ceux qui refusent de prier 'una cum Johanne Paulo papa nostro' au canon de la Messe, c.à.d. dans l'unité de la foi conciliaire, pour et avec W.?" Je me suis laisséentraîné par le discours écônien. Mais vous, M. l'Abbé, vous avez cependant bien répondu à la question que j'avais à l'esprit. Naturellement on peut et on doit prier pour la conversion d'un hérétique; mais prier au canon de la Messe una cum Wojtyla, l'hérétique, en tant que papa nostro c.à.d. celui qui donne le mandat d'offrir la Messe, celà est impossible. Voyez à ce sujet les explications détaillées fournies par Mgr Guérard des Lauriers: "Christus novum instituit Pascha se ipsum ab ecclesia per sacerdotes sub signis visibilibus immolandum" dans EINSICHT d'août 1980, n° spécial en francais.
La discussion précédente vient de montrer qui applique "les principes de sauvegarde séculaires du droit catholique". Chacun peut juger si "l'archévêqoue (sic) ne fait que son devoir" lorsqu'il chasse de sa "Fraternité" l'abbé Katzer et de nombreux autres. Sans vouloir juger ici de la validité de son sacre par le luciférien Liénart, reconnu francmaçon, il aurait été décent qu' en se disant evêque L. s'acquittât de ses obligations et accusât formellement, officiellement, l'église réformée "d'hérésie et de schisme" selon son propre jugement, au lieu de mettre en danger les chrétiens en suivant une autre politique. Je vais aller même plus loin. Je sais que le supérieur dela Fraternité d'Ecône a été longuement prévenu par le Dr Katzer, qu'il a ensuite banni, de la doctrine hérétique et du passé trouble de W., tant et si bien que l'hérésie, au moins matérielle de ce dernier n'avait pas de secret pour lui. Donc, même si Mgr L. pouvait soutenir, comme vous, qu'il ne pouvait pas juger si W. était formellement hérétique, il devait étant donné les circonstances chercher des éclaircissements. Par honnêteté, la préorité de son jugement laissant espérer une certitude ultérieure, il aurait dû admettre le maintien dela position que chacun tenait.
Les nouvelles déclarations de Mgr L., dans lesquelles il méuse du nom de Dieu de manière blasphématoire pour cacher son abandon fourbe de ses positions antérieures, prouve qu'il n'a qu'un objectif, l'union avec la Rome moderniste, quelles que soient les circonstances. Lui-même et ses vassaux ne recculent devant rien, même pas le chantage pour relier autant de fidèles que possible avec la Rome des apostats. Voilà la raison pour laquelle il a éliminé les sujets "désobéissants". N.B. Mgr L. lui aussi est privé de juridiction.
Avec mes respectueuses samutations, signé : Eberhard Heller |