NOUVELLE POLITIQUE D'AUTONOMIE OU HYPOCRISIE ?
par Eberhard Heller (trad. par André Corrihons)
Dans le n° 50 de février de son Bulletin de Liaison, l'abbéSchmidberger écrit: "Voic. ce qui ressort des entretiens nombreux et serrésque Mgr L. a eus en décmbre avec différents cardiriaux des curies romaines: les catholiques fidèles et la Fraternité Sacerdotale de St. Pie X ne sont pas au bout de leur chemin de croix. Il est proposé d'accorder à bref délai une tolérance universelle pour la Ste Messe de la Tradition; pourtant, en imposant des conditions inacceptables, on vise apparemment un but prioritaire, cuper la Fraternité de ses fidèles. Jugez-en par vous-mêmes, on a imaginé de diviser notre oeuvre en petites unités, chacune relevant de l'évêque du lieu. Cette solution ne soulignerait-elle pas l'absurdité des sacrifices que nous avons dû consentir ces dernières années? Ce que nous cherchons à obtenir c'est conjointement à la totale liberté d'avoir le vrai Sacrifice de la Messe, les sacrements dans la forme qui nous a été transmise, le "Pontificale" et le Bréviaire, la reconnaissance de notre oeuvre comme association de "droit pontifical": en conséquence seraient érigées des paroisses qui nous seraient propres, comme les prieurés le sont déjà en fait".
Naturellement François Schmidberger a raison de craindre que la plupart des fidèles (abusés), qui fréquentent la messe dans le provisoire éconien, surgissant des catacombes après l'édit de tolérance, ne retournent dans les beaux monuments que sont les églises de nos ancêtres. Et pourquoi n'y iraient-ils pas? La mixité Ste Messe-N.O.M. n'est qu'un détail selon "Mgr" L.: c'est le point de vue qu'il défend depuis des années, la doctrine qu'il inculque à ses partisans. Contre les objecteurs il a recours à des représailles dont l'abbé Katzer, docteur en théologie, a été une des victimes les plus éminentes.
Mais quelle mouche a donc subitemnent piqué Schmidberger?
Pourquoi la perspective de la prochaine autorisation de la Ste Messe - remarquons que la secte apostate n'a rien à permettre, surtout pas la Ste Messe - fait-elle maintenant ressortir "l'absurdité des sacrifices" de ces dernières années? A-t-il pris du champ par rapport à ses objectifs antérieurs, et de ce fait par rapport à la stratégie de son chef? Ne risque-t-il pas comme le candidat philosophe Nicolas Wodsack de se faire renvoyer à la cuisine pour la "corvée d'épluche"?
Que l'on s'en souvienne!Dans sa LETTRE AUX AMIS ET BIENFAITEURS N° 16 de 1979, "Mgr" L. a exprimé lasupplique ci-après: "Très Saint Père, (= Wojtyla), pour l'honneur de Jésus-Christ, pour le bien de l'église, pour le salut des âmes, nous vous conjurons de dire un seul mot, une seule parole, comme successeur de Pierre, comme pasteur de l'église universelle, aux évêques du monde entier: "Laissez faire"; "nous autorisons le libre exercice de ce que la Tradition multiséculaire a utilisé pour la sanctification des âmes". Quelle difficulté présenterait une pareille attitude? Aucune. Les évêques décideraient des lieux, des heures réservés à cette tradition. L'unité se retrouverait immédiatement au niveau de l'évêque du lieu." Malgré le monceau de protestations qui lui parvient du monde entier, "Mgr" L. n'a jamais modifié cette position. Au contraire, il oblige ses gene à confesser que le "N.O.M." est valide, et que Wojtyla occupe de droit la Chaire de Pierre.
Schmidberger, quant à lui, est l'auteur d'une, supplique, appuyée par une grande pétition - la feuille des signatures était annexée au BULLETIN de LIAISON (Mitteilungen) de 1980 - adressée à Wojtyla. Il y conjurait "Sa Sainteté de permettre officiellement l'usage de l'Ordo Missae de la Tradition". II y ajoutait cette assurance: "Nous ne nous laisserons dépasser par personne, pour ce qui est l'amour de l'Église, la gratitude et la fidélité envers Ic successeur de Pierre.
Un mois plus tard (mi-octobre 1980) L. soumettait à Rome à Ratzinger, (à Rome) un 'projet de réconciliation' dans lequel lui, Lefèbvre, proposait de s'engager à fermer des Maisons, si les évêques le souhaitaient, et à reconnaître la validité du 'N.0.M.' (cf. MERCUR MUNICH0IS, 31.10 / 2.11.1980); cf. aussi leCOURRIER QUOTIDIEN D'ALLEMAGNE (Deutsche Tagespost) du 4.11.1980. Comme on s'en souvient, ce projet d'accord échoua, non pas pour des questions de théologie, mais pour des raisons de rapport de forces.
Donc voici selon Schmidberger que tout - ou du moins l'essentiel - de ce qu'Ecône réclamait doit être bientôt accordé aux lefèbvristes (auxquels entre-temps s'est joint l'abbé P.S. de S., bien qu'antérieurement il ait condamné personnellement la mixité de la Sainte Messe avec le 'N.O.M.'). En d'autres termes: Lefèbvre a atteint son but qui est d'immerger la Résistance dans le Grand Cloaque de Rome. Pourquoi alors ces cris contre les sacrifices absurdes? Pour citer Scbmidberger, "jugez-en par vous-mêmes": voyons-nous naître une politique d'autonomie, ou alors s'agit-il s'implement d'hypocrisie?
Complement três important à ajouter à ce dossier:
J'ai tout dernièrement été informé d'une conférence que le professeur Wigand Siebel a tenue à Sarrebruck le 16.1.1983. Il y a fait des révélations qui dévoilent la position sur la Messe de François Schmidberger: elles reflètent que celle-ci s'aligne aussi (ou: essentiellement) sur les conceptions de son Chef dont la traîtrise est connue. Ces renseignement ne peuvent laiser de doute sun la réponse à la question posée ci-dessus.
En mai 1982 lore d'une session du comité responsable de la gestion du centre de messes de Sarrebruck, en présence dudit W.S. et de M. Kohl, ila réclamé le droit
DE POUVOIR LE CAS ECHEANT DIRE UNE VERSION ALTEREE DE LA MESSE, Y COMPRIS UN CANON MODIFIE, ET MÊME LA N0UVELLE LITURGIE.
SchimdBerger n'a pas changé sun ce point. En effet il a "repris sa signature" après qu'iI eût signé l'engagement antérieur de n'entreprendre aucune modification.
Quelles conséquences faut-il tirer de ces révélations?
1. Les traités signés par les éconiens ont la même valeur que ceux paraphés par les soviétiques c.à d. aucune. La mentalité d'Ecône c'est du Khoméni. 2. En faisant abstraction, pour le cas, de la question qui est posée de savoir si les écôniens ont été validement ordonnés, il apparaît très douteux que quelqu'un, qui est prêt à utiliser le N.O.M., ait d'une manière générale l'intention nécessaire à la célébration d'une messe valide. 3. Les Ecôniens ne s'opposent pas seulement à la discipline de l'Église: ils vont à l'encontre de sa doctrine. 4. Les preuves qu'Ecône, dès ses débuts, a manoeuvré pour trahir l'église, ses dogmes et ses sacrements, se font de plus en plus accablantes. Je me rappelle que déjà, pendant l'hiver de 1973 si je ne m'abuse, Wodsack avait, devant témoins, refusé le don d'un prieuré: ce don était lié àune condition; c'était que seule la Ste Messe (tridentine) pourrait légalement y être célébrée. 5. Tous ceux qui sont au courant de ces manoeuvres et qui continuent de collaborer avec Ecône, se rendent coupables pour leur part de la trahison des Lefèbvristes. 6. Nous allons à l'avenir publier le nom des prêtres dont nous savons parfaitement qu'ils travaillent avec les traîtres d'Ecône, afin que les fidèles ne soient pas bernés par ces clercs qui se disent catholiques. 7. Chacun devrait s'efforcer d'expliquer ce brigandage contre la Foi à ses semblables, à ses frères en Jésus-Christ.
Eberhard Heller |