L’ERREUR FONDAMENTALE DE VATICAN II
- Articles servant à montrer la corruption sémantique dans les textes officiels -
Préface de la Rédaction
Chers Lecteurs,
Nous avons trouvé un écho considérable lorsque nous vous avions demandé
de participer à la recherche du principe central permettant
d’expliquer les directives et les ‘réformes’ issues de Vatican II .
D’une part la Rédaction a reçu des appels téléphoniques, d’autre part
des textes de personnes prenant position au sujet de cette
problématique – même de la part de lecteurs qui ne partagent pas la
position d’un sédévacantisme logique qui est la nôtre - mais comme
nous, ils souffrent de la situation de l’Eglise ou plutôt de la
désolation actuelle. Ces fidèles aussi sont d’avis que la lutte contre
les vastes changements – l’on devrait dire plutôt la falsification de
la Foi,- ne pourra être menée qu’à partir de la vérité centrale niée
par l’hérésie fondamentale de la réforme conciliaire.
Les opinions proposées dans les différents textes qui suivent, se
ressemblent toutes ou éclairent au moins certains aspects de
l’hérésie fondamentale supposée. Voilà qui est tout de même
significatif.
Plus loin nous publions quelques-unes des prises de position qui nous
ont été adressées ; je ferai suivre ma propre opinion comme je l’ai
annoncé par ailleurs.
Par la question posée de trouver l’hérésie fondamentale de Vatican II
nous envisageons de recruter de nouveaux acteurs dans la résistance aux
réformes conciliaires et d’amener les anciens à concentrer leurs
efforts sur une tâche unique. Or, il est extrêmement difficile
d’y suffire, parce que les partisans des réformes ont rarement
exprimé leurs idées nouvelles sous la forme d’hérésies directes et
mani-festes. Pour propager leurs idées ils ont eu recours à une
monstrueuse corruption sémantique qui consiste à conserver les mots
mais d’en changer le sens.
Il est nécessaire de ranger d’une manière nouvelle les « bataillons »
parce que le « front » initial a échoué dans le combat qui visait la
restitution ou la réédification de l’Eglise- du moins pour ce qui est
de l’Europe. Et pourtant ce front se donnait comme sédévacantiste et
prétendait sauvegarder la foi. En réalité ce front s’est révélé être
tout simplement conservateur de propriétés traditionalistes reçues par
héritage, incapables de mener un combat spirituel parce que celui-ci
suppose un renouveau de spiri-tualité ; ils sont incapables de
générer une vie spirituelle parce qu’ils cherchaient sans cesse leur
satisfaction dans un sectarisme croissant, Ã tendance catholique ;
notons que le révérend P. Gross, maintenant défunt, appartenait à cette
catégorie.
La Declaratio de Son Excellence Mgr. Ngô-dinh-Thuc contenant le mandat
clair de la réédification de l’Eglise n’ a pas été accueilli dans ces
milieux-là . La constatation de la vacance du Siège apostolique a été
mal accueillie en Europe ; et même, elle fut prise pour un harcèlement.
L’on s’efforce, en luttant contre l’hérésie principale, de créer au
moins la base théologique à partir de laquelle la situation
ecclésiastique pourrait à nouveau être clarifiée.
Je peux expliquer bien simplement ce qui m’a induit personnellement Ã
changer de tactique : d’une part c’est à cause du fait que le
traditionalisme est en train de sombrer dans une espèce de sectarisme
qui confond foi vivante et traditionalisme, d’autre part parce que
l’intérêt spirituel qui s’efforce de combattre le processus d’influence
dorénavant désastreuse, même dans la société, au-delà des frontières du
domaine ecclésiastique et religieux, est en train de grandir. D’un côté
comme de l’autre, donc aussi dans les milieux réformateurs mais
conservateurs( !) l’on a compris que les causes des déviances doivent
être combattues là où elles ont commencé : c’est-à -dire à partir de la
falsification du commandement que le Christ a transmis à son Eglise,
car il veut que tous les hommes soient sauvés.
Nous pouvons illustrer par un exemple ce changement de situation :
Entre-temps un certain nombre de fidèles collaborent à la rédaction
d’EINSICHT alors qu’ils ne partagent nullement notre position, mais qui
estiment que nos efforts de nous occuper de l’ensemble de la vie
spirituelle et intellectuelle méritent toute leur attention et qui,
pour cette raison, y apportent leur soutien.
Eberhard Heller.
A LA RECHERCHE DE L’ERREUR FONDAMENTALE DE VATICAN II
Dr. jur. Ferdinand Ohnheiser, Ministerialrat a. D. (Conseiller ministériel retraité)
27/07/2003
Cher Monsieur Heller,
Dans une communication de la rédaction en date du 25 juin 2003 vous
avez posé, à juste titre, la question de savoir, quel est le principe
d’unité qui se trouve à la base des déviations conciliaires et
des falsifications dogmatiques, et quelle est la vérité centrale de la
foi qui est reniée par l’église conciliaire. J’ignore s’il existe un
texte qui a tenté d’y répondre, mais je voudrais bien dégager un
prin-cipe d’unité à partir des changements qui se sont fait jour depuis
Vatican II, les communications doctrinales et les affirmations
d’évêques, de curés et de laïcs catholiques qui sont au service de
l’église conciliaire et des activités nombreuses qui s’en sont suivi.
C’est la création d’une superstructure en vue d’une religion unique.
Cette superstructure repose sur la thèse que Dieu comme auteur de la
création et de la révélation est le même pour toutes les religions et
pour toutes les idéologies, interprété différemment, qui diffuse des «
rayons de vérité » procurant ainsi le salut aux hommes qui cherchent
Dieu. Pour cette raison l’unité dans la diversité est voulue par Dieu,
toutefois, jusqu’à présent, elle n’est pas clairement reconnaissable
dans l’évangile. C’est Vatican II qui nous a transmis cette
connaissance par la puissance du Saint-Esprit, dans l’Eglise
catholique, comme « complément » de la Révélation chrétienne.
Le principe d’unité n’a pu être posé qu’au moment où l’on s’est rendu
compte qu’on a touché à la vérité centrale de la Foi en relativisant
les paroles de Jésus-Christ « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ».
Il est vrai que Vatican II dit, dans la déclaration sur la liberté
religieuse (n°1), que « la seule vraie religion est réalisée,
comme nous le croyons, dans l’Eglise catholique et apostolique et qui a
été mandatée par Notre-Seigneur Jésus-Christ de la propager parmi les
hommes. Mais cette affirmation, dans les déclarations de Vatican II au
sujet des rapports de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes «
Nostra aetate » est expliquée au moyen du concept de « rayon de la
vérité » (NA 3) que la vérité n’existe pas « en tant que telle ou pas
du tout », mais qu’elle existe par degrés « parce que le seul et unique
Dieu est Créateur qui s’est fait connaître par la révélation. Il est
vrai qu’on enseigne que la plénitude de la vérité se trouve dans
l’Eglise catholique, mais cette « plénitude de vérité » consiste Ã
reconnaître les »rayons de la vérité » dans d’autres religions. Si la
vérité « n’existe jamais en son entier », Jésus Christ alors n’est pas
toute la vérité ; par conséquent les paroles de Jésus « celui qui croit
sera sauvé et celui qui ne croit pas sera condamné » doivent être
comprises de la manière suivante : celui qui croit est quelqu’un qui
cherche Dieu d ‘un cœur sincère, il sera sauvé. Il faut compter parmi
eux ceux qui pratiquent l’idolâtrie ou suivent e. a. les
religions naturelles qu’en toute logique le pape actuel tient en
estime. Les adeptes du concile qui bénissent le Dieu très
miséricordieux feraient bien de penser que, si Jésus–Christ avait
proclamé une telle doctrine, il n’aurait jamais subi la mort sur la
croix et que les apôtres, en reconnaissant les « rayons de vérité »
dans les autres religions, auraient reconnu celles-ci à cause des «
rayons de vérité » et ils auraient pu éviter d’être mis à mort. Les
théologiens conciliaires répondent à cette objection que c’est une
vision anachronique des choses, parce que, selon eux, à l’époque
du Christ Dieu a tenu compte des circonstances historiques et
culturelles. Non. Cette affirmation méconnaît totalement qu’à l’époque
du Christ, Rome tolérait d’autres opinions religieuses à moins que
celles-ci n’eussent mis sérieusement en péril le pouvoir de l’Empire
Romain ; or Jésus n’a jamais agi de la sorte, ni par paroles ni par
actions. Pour sa part le Sanhédrin juif réussit uniquement à persuader
le gouverneur Ponce Pilate que Jésus était un péril pour Rome parce
que, en Palestine, des troubles et des révoltes seraient à craindre.
Dans l’antiquité et dans la philosophie occidentale le principe de la
vérité a été formulé différemment par les philosophes et les
théologiens. Je dépasserais le cadre d’une lettre de lecteur que de
m’en occuper in extenso. A mon avis l’on peut aisément s’en passer
sachant que l’église conciliaire adopte p. e. le concept de vérité de
Kierckegaard quand celui-ci considère que la vérité de la foi est une
vérité personnelle subjective, en suivant les philosophes qui
considèrent la vérité comme un processus qui, par principe, n’est pas
achevé (Hegel, Gadamer). Ainsi donc la vérité, qui est Jésus-Christ,
n’est pas prise comme la mesure suprême d’objectivité, mais comme
initiation d’un processus qui est en pro-grès pour compléter la
révélation et qui est vécu personnellement par les hommes, de manière
diffé-rente, indépendamment de leur vision religieuse . Dans ce sens il
est logique que l’église conciliaire affirme que « la vérité n’existe
en sa totalité ou qu’elle n’existe pas du tout. » Si la vérité n’existe
pas en sa totalité, Jésus-Christ lui-même n’est pas la vérité totale,
alors que celle-ci habite avec plénitude en sa divinité. Par conséquent
l’église conciliaire nie la divinité de Jésus-Christ, parce qu’elle
inter-prète ses paroles « Je suis la Vérité » comme une connaissance
humaine subjective qui est le résultat d’un processus de réflexion qui
s’ouvre à la recherche permanente de la vérité. A mon avis, il ne peut
y avoir de doute pour le catholique fidèle qu’après Jésus-Christ il n’y
a pas eu de « rayons de la vérité » envoyés à des autres, parce que
cela contredit sa vérité divine et absolue. La thèse des soi-disant «
semina verbi » d’avant le concile qui n’ont pas été fixés
dogmatiquement, ne s’y oppose pas. En effet, par cette thèse on se
limitait à exprimer un espoir de bénéficier de la miséricorde de Dieu ;
toutefois Notre-Seigneur n’a jamais enseigné cela.
Les déviations qui se développent depuis Vatican II se basent
exclusivement sur une herméneutique nouvelle et le changement de
paradigme qui en découle reposant sur la simple subjectivité et saluant
au passage le relativisme et l’indifférentisme de provenance
humaine.
L’église conciliaire ne s’est pas contentée de nier la vérité objective
absolue en Jésus-Christ, mais elle a commencé aussi à interpréter Dieu
d’une nouvelle manière. Ainsi l’actuel cardinal Kasper pouvait se
permettre d’écrire, sans être inquiété, en 1967 déjà –les papes d’après
le concile l’ont toléré- : «Un Dieu qui trône comme un être immuable
au-dessus du monde et de l’histoire, est une provocation pour l’homme
d’aujourd’hui. Il faut le nier à cause de l’homme, parce qu’il réclame
pour lui la dig-nité et l’honneur qui reviennent en soi à l’homme. Or,
il faut se défendre contre un tel Dieu, non seulement pour l’amour des
hommes, mais aussi pour l’amour de Dieu…Car un Dieu qui se trouve
simplement près de l’histoire et au-dessus d’elle répond à la vision
d’un monde rigide, il est un ennemi des nouveautés. (cf Collection «
Gott heute »= Dieu aujourd’hui, cit. selon le P. Schmidberger, «
Mitteilungen der Priesterbruderschaft St. Pius X. ; juillet 2003).
Au concile Vatican II et depuis, l’on a forgé une intelligence nouvelle
de la vérité sur Dieu et de l’obtention du salut éternel. C’est un fait
indéniable qu’il est impossible de cacher par la sémantique
traditionnelle, le culte des saints, les coutumes populaires. La foi
nouvelle, suite à une tradition presque bimillénaire, ne peut pas être
introduite soudainement, mais à petits pas. C’est pourquoi il y a
parfois des « récidives » en direction de la Tradition, comme par
exemple la lettre de Jean Paul II à propos du problème de l’admission
des protestants à l’Eucharistie. Une fois de plus, il donne
l’impression aux catholiques et à d ’autres, en particulier aux
media entachés de libéralisme, d ’être un pape trop « conservateur ».
J’ai la certitude que bientôt ce bastion de la foi sera vaincu lui
aussi, parce que le principe d’unité le requiert impérativement. Ainsi
p. ex. si des représentants de l’Eglise catholique recommandent aux
fidèles d’entrer dans les mosquées, à l’avenir l’on recommandera à des
croyants d’autres religions de participer aux offices catholiques et
l’on ne leur refusera pas de recevoir la communion, à condition qu’ils
cherchent sincèrement Dieu. Le principe d’unité produit également
ses effets chez les politiciens chrétiens p.ex. M. Stoiber, président
de la CSU, ministre-président de Bavière, disait à l’occasion de sa
conférence à l’Académie Evangélique le 5 juillet 2003 : « Les
chrétiens, les juifs et les musulmans sont des descendants d’Abraham,
parce qu’ils ont le même Dieu », alors que c’est le contraire qui est
écrit dans l’Ecriture Sainte. Car Dieu dit : « Mon alliance, je
l’éta-blirai avec Isaac »(Gen. 17,21) car c’est d’Isaac que naîtra la
postérité qui portera ton nom (Gen. 21, 12) » cela veut dire les
descendants d’Ismaël (i.e. les musulmans) ne sont pas « fils d’Abraham
». Or, c’est un politicien chrétien qui nie qu’il y a une nouvelle
alliance par rapport aux juifs. La nouvelle théologie a donc porté ses
« fruits » et a avancé considérablement l’Occident chrétien vers la
religion unique, en conformité avec l’échelle des valeurs mondaines
occidentales; cela veut dire que la religion chrétienne sert à élever
spirituellement les règles de la « déclaration des droits de l’homme ».
J’ai conscience que mon analyse critique pourra être ressentie comme un
soi-disant fondamentalisme, parce qu’elle s’oppose au « dogme »
dominant de la fraternité universelle selon les règles de la
déclaration des droits de l’homme. Mais, si l’on suit la vérité absolue
du Christ, il n’y a pas lieu de reconnaître et d’estimer les autres
religions. Cela ne veut pas dire qu’on ne tolérerait pas d’autres
opinions religieuses, et qu’en obéissant à l’envoi en mission par le
Christ on mépriserait la dignité de l’homme et sa liberté de
décision. Jadis, il est vrai, cette sorte de tolérance n’a pas
toujours été
pra-tiquée.
Jusqu’à présent l’on a persuadé les gens, non sans succès, que
les religions sont la cause de ce que la paix sur terre ne peut être
obtenue. On ne pense pas que c’est à cause de la nature pécheresse de
l’homme qu’on mette en pratique des intentions mauvaises en violant
ainsi la paix. Celui qui suit les enseignements de la déclaration sur
les relations de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes (NA,
n°2,12) qui affirme que, dans beaucoup de ces religions il y a un rayon
de la vérité qui illumine tout homme et que l’Eglise catholique ne
refuse pas ce qui dans ces religions est vrai et saint, nie à mon avis
la vérité absolue du Christ. Ce qui ne manque pas de nous éclairer
c’est le fait que les papes conciliaires ne sont pas parvenus à fixer
ce qui concrètement est « vrai » dans les autres religions. A mon avis
cela n’est plus nécessaire parce que » l’érosion de la vérité de la foi
catholique n’a progressé que trop.
On peut constater que l’Occident chrétien et la puissance mondiale
américaine des USA n’accorde aucune priorité à la vérité de
Jésus-Christ ni au christianisme lorsqu’on lit l’affirmation que le
pre-mier-ministre britannique Tony Blair a faite, le 17 juillet 2003,
devant le congrès américain : « Nous ne luttons pas pour le
christianisme, mais pour la liberté » ; mais il omet ainsi les paroles
du Christ : « la vérité vous libérera. Actuellement la liberté
n’est pas définie comme liberté d’un chrétien croyant, mais elle est le
résultat de l’idéologie antichrétienne, du fait qu’elle contredit la
vérité de Jésus-Christ. Cette « liberté-là » implique une foi qui
relativise ou nie la vérité de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le fait de
se détourner de la vérité absolue, qui est Jésus-Christ, a comme
conséquence que les affirmations de la foi ne valent que pour les
membres de l’église conciliaire ; ceux qui se trouvent en dehors de
l’Eglise la vérité absolue ne peut pas être imposée par
incompatibilité et que le soi-disant fondamentalisme devrait être
réprouvé parce qu’il est, selon eux, un obstacle à la coexistence
pacifique de toutes le religions et cultures, même si la proclamation
de la vérité absolue était faite sans contrainte ni violence.
A mon avis, tous les catholiques fidèles à la Tradition, qui ne
suivent pas ce qu’on appelle la tradition vivante, auront à se décider
quant à la question de la vérité absolue qui est Jésus-Christ, si
indépendamment du fait qu’ils sont des soi-disant sédévacantistes ou
qu’ils sont adeptes de communautés soumises aux papes conciliaires
successifs, refusant cependant d’obéir sur certains points, si oui ou
non ils reconnaissent les « papes conciliaires » comme successeurs
fidèles et légitimes de St. Pierre.
Respectueusement (signé)
Ohnheiser.
***
Duisburg, le 30 juin 2003
Cher Monsieur Heller,
Votre texte de la dernière page du numéro de juin de votre périodique
EINSICHT est très intéressant, tout en étant un peu surprenant dans ce
sens que vous posez la question du principe de toutes les nouveautés.
En même temps vous posez la question de savoir quelle est la
vérité centrale que l’église conciliaire nie. Vous avez fourni
vous-même le mot-clé pour la réponse à cette question : c’est
l’arianisme, donc la négation de la divinité de Jésus-Christ qui saute
régulièrement aux yeux depuis que les modernistes
ont transformé la plus grande partie de l’Eglise
catholique en église « conciliaire ». Le principe qui régit
« l’église conciliaire » c’est le modernisme tel que décrit dans
l’encyclique « Pascendi dominici gregis » de St. Pie X !
Veuillez trouver ici des citations empruntées à cette encyclique :
« …(les modernistes) qui se posent en rénovateurs de l’Eglise ; qui, en
phalanges serrées, donnent audacieusement l’assaut à tout ce qu’il y a
de plus sacré dans l’œuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre
personne, qu’ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu’à la
simple et pure humanité. »
« Ces hommes-là peuvent s’étonner que Nous les rangions parmi les
ennemis de l’Eglise… Nul ne s’étonnera avec quelque fondement qui,
mettant leurs intentions à part, dont le jugement est réservé à Dieu
voudra bien examiner leurs doctrines, et conséquemment à celles-ci,
leur manière de parler et d’agir. Ennemis de l’Eglise, certes ils le
sont, et à dire qu’elle n’en a pas de pires on ne s’écarte pas du vrai.
»
«Certes, ce n’est plus de la vieille erreur qui dotait la nature
humaine d’une espèce de droit à l’ordre surnaturel. Que cela est
dépassé ! En l’homme qui est Jésus-Christ, aussi bien qu’en nous, notre
sainte religion n’est autre chose qu’un fruit propre et spontané de la
nature. Y a-t-il rien, en vérité, qui détruise plus radicalement
l’ordre surnaturel ? »
« Ainsi est ouverte la voie à la variation substantielle des dogmes.
Amoncellement infini de sophismes, où toute religion trouve son arrêt
de mort.
« Rappelons tout d’abord que selon la doctrine de l’expérience, et si
l’on y ajoute celle du symbolisme, toute religion, y compris les
religions païennes, ont le droit d’être tenues pour vraies. »
« Tout est pesé, tout est voulu chez eux, mais à la lumière de ce
principe que la foi et la science sont l’une à l’autre étrangères.
Telle page de leur ouvrage pourrait être signé par un catholique ;
tournez la page, vous croyez lire un rationaliste. Ecrivent-ils
l’histoire : nulle mention de la divinité du Christ ; montent-ils dans
la chaire sacrée, ils là proclament hautement. » (…)
« Ils posent d’abord le principe général que, dans une religion
vivante, il n’est rien qui ne soit variable, rien qui ne doive varier.
D’où ils passent, à ce que l’on peut regarder comme le point capital de
leur système, savoir l’évolution. Des lois de l’évolution, dogme,
Eglise, culte, Livres Saints, foi même, tout est tributaire, sous
peine de mort. »
« Ainsi, absolument à priori et au nom de certains principes
philosophiques qu’ils affectent d’ignorer mais qui sont les bases de
leur système, ils dénient au Christ de l’histoire réelle la divinité,
comme à ses actes tout caractère divin ; quant à l’homme, il n’ a fait
ni dit que ce qu’ils lui permettent, eux, en se reportant aux temps où
il a vécu, de faire ou dire. »
« Telle est, Vénérables Frères, rapidement esquissée, la méthode
apologétique des modernistes, en parfaite concordance, on le voit, avec
leurs doctrines, méthodes et doctrines semées d’erreurs, faites non
pour édifier, mais pour détruire ; non pour susciter des catholiques,
mais pour précipiter les catholiques à l’hérésie; mortelles même Ã
toute religion. »
« Maintenant, embrassant d’un seul regard tout le système, qui pourra
s’étonner que Nous la définissions l’égout collecteur de toutes les
hérésies ? Si quelqu’un s’était donné la tâche de recueillir toutes les
erreurs qui furent jamais contre la foi et d’en concentrer la substance
et comme le suc en une seule, véritablement il n’eût pas mieux réussi.
Ce n’est pas encore assez dire : ils ne ruinent pas seulement la
religion catholique, mais, comme Nous l’avons déjà insinué, toute
religion. »
« Voilà qui suffit, et surabondamment, pour montrer par combien de
routes le modernisme conduit à l’anéantissement de toute religion. Le
premier pas fut fait par le protestantisme, le second est fait par le
modernisme, le prochain précipitera dans l’athéisme. »
(Extraits de l’encyclique : « Pascendi dominici gregis »)
Comme l’on peut voir, « Pascendi » est une mine pour tous ceux
qui s’interrogent sur les motifs et les objectifs des hérésiarques de «
l’église conciliaire ». Par cette encyclique et par le serment
anti-moderniste publié en 1910 St. Pie a porté au modernisme un sérieux
coup. Ce saint pape ne pouvait évidemment pas savoir que le modernisme
triompherait à nouveau quelques décennies plus tard. (Paul VI a
supprimé le serment anti-moderniste, après que les modernistes avaient
investi le pouvoir). Mais peut-être l’a-t-il pressenti en considérant
l’Apocalypse 13,3. On dit qu’il a mis en garde contre le retour de ce
monstre, qu’il n’a pas tué, mais refoulé seulement dans la
clandestinité.
Les modernistes, dont la prise du pouvoir commença par la trahison la
plus grande de l’histoire de l’Eglise – je veux dire le conclave de
1958, où un groupe fort de cardinaux modernistes, parjures et
violateurs de serment (car ils avaient tous prêté le serment
anti-moderniste !)- ont réussi à élire un certain cardinal Roncalli,
après qu’il avait promis de nommer un certain archevêque Montini comme
cardinal pour qu’il puisse lui succéder. Probablement ils
n’auraient à peine remporté une victoire aussi facile et presque
totale, si les hommes d’Europe centrale et occidentale des années
cinquante et soixante n’avaient constaté que
a) la terreur de la deuxième guerre mondiale et les privations de
l’après-guerre n’étaient définitivement passées et que l’économie
et la prospérité générale étaient constamment en progrès de sorte que
le standard de vie tant admiré des Américains des Etats-Unis semblait
réalisable dans un avenir rapproché ;
b) la science et la technique allaient prendre un essor presque
incroyable (p. ex. début de la conquête de l’espace), de sorte que l’on
avait l’impression que tout est faisable et que ce n’est qu’une
question de temps pour arriver à des progrès encore plus sensationnels ;
c) que le communisme était bien une menace permanente, mais que, grâce
à l’Otan, sous la direction des Etats-Unis, cette menace semblait être
limitée à la région derrière le rideau de fer.
Pour ces raisons la plupart des catholiques ressentaient comme une gêne
que, par les exhortations de la Vierge de Fatima ils soient
appelés à prier et à faire pénitence. Par ailleurs, qui aurait pensé
aux promesses du baptême et aux vanités de Satan, si de plus en plus de
voisins installaient leur antenne de télévision sur le toit et
que chez eux une voiture se trouvait devant la porte ? Surtout qu’il
était connu que les curés et les vicaires possédaient déjà ces objets
que beaucoup espéraient avoir aussi un jour. Oui, on était
croyant, mais à la longue on ne tenait pas à vivre « derrière la lune »
! A cette époque, à peine quelqu’un était à même de se retirer de
la fascination qui venait spécialement de la Télévision.( Même si ce
moyen de communication sociale à l’époque, n’était pas encore aussi
pervers qu’aujourd’hui, la TV était déjà nocive). Ainsi l’on était prêt
à croire ce que certains prélats et théolo-giens disaient en affirmant
que le monde était entré maintenant dans une ère nouvelle caractérisée
par un progrès constant en tous domaines. Par conséquent, l’Eglise
devait , selon eux, se moderniser et s’adapter aux temps nouveaux, « si
du moins elle voulait ne pas rater sa chance ». L’installation en masse
de la « chaire de Satan » (cf Apoc. 13,14,15 !) dans les habitations
des catholiques devait mener ensuite, en connexion avec les nouveautés
hérétiques de « l’église conciliaire », à la ruine rapide de la foi
catholique. Or, cette tragédie effroyable ne semble pas toucher les
chefs de « l’église conciliaire » …) Le but que les modernistes ont
toujours poursuivi c’est-à -dire la « réconciliation de l’Eglise
avec le monde moderne » a été visiblement atteint, du moins en ce qui
concerne « l’église conciliaire » ; (celle-ci n’est en fait
qu’une hideuse caricature de l’Eglise catholique).
Amicalement vôtre (sig.:)
Günter Kabath
***
Cher Monsieur Heller,
Je suis étonné de lire dans votre dernier numéro d’EINSICHT p.
186 votre question : « quelle est la vérité centrale qui est niée par «
l’église conciliaire » ? Mais, St Pie X y a déjà répondu dans son
encyclique « Pascendi ». « L’église conciliaire » est la mise en œuvre
du modernisme. Car, s’ il ne nie en fait pas une seule vérité de la
Foi, en réalité il nie la foi elle-même. Pour le modernisme la foi est
une émanation qui jaillit du subconscient et par conséquent aussi les
vérités » de la foi.
Pour le catholique, croire , c’est, comme St. Augustin dit , « cum
assensione cogitare ». On peut également rappeler la phrase de St. Paul
: « Est autem fides sperandarum substantia rerum, argumentum non
apparentium ». – « La foi est la substance des choses qu’on espère, une
conviction de celles qu’on ne voit point. » (Hébr. 11,1).
L’intelligence adhère donc (adherere) à la vérité qui s’impose de
l’extérieur. Cette vision est tout à fait différente de celle des
modernistes. « Si l’on exprimait dans une seule phrase, « quels sont
les objectifs que les réformateurs veulent finalement atteindre », on
doit dire que toutes les croyances sont indifférentes. L’abbé De Nantes
répond : le MASDU (Mouvement d’animation spirituelle de la démocratie
universelle). C’est la bête de la terre dont parle l’Apocalypse.
Je vous salue in Christo Rege et Domino.
Signé : Yves De Moustier, Nîmes, France
***
L’ERREUR PRINCIPALE DE VATICAN II :
"EXTRA ECCLESIAM SALUS EST"
par
Eberhard Heller
La question posée est la suivante: quel est le principe qui permettrait
de saisir la totalité du processus des réformes de Vatican et
l’évolution ultérieure (les documents correspondants inclus)? Je vous
demande de regarder les textes qui suivent, non comme traitant le
sujet à fond, mais comme une esquisse de réflexion et comme une
collection de mots-clés.
Si l’on a suivi les événements qui ont leur origine dans les réformes
pendant toutes ces années depuis 1965 – il y a presque 40 ans de cela
!- un principe se dégage comme moment central de ce processus
qu’on peut formuler de la manière suivante: c’est l’abandon du droit
absolu de l’Eglise catholique à être à elle seule l’institution de
salut. La conscience de cette qualité l’Eglise l’a toujours maintenue Ã
travers l’histoire, pendant près de deux mille ans, malgré les
obstacles- c’était d’ailleurs pour les francs-maçons le principal
scandale. C’est-à -dire la révélation de Dieu est dépouillée alors de
son droit propre de descendre du ciel comme vérité vivante, comme
l’incarnation du bien et de la vérité absolue. L’on nie que l’Eglise
est l’unique dépositaire et l’intendante légitime du dépôt de la foi.
Il ne s’agit donc plus ici de l’abandon de certains dogmes de foi, de
certaines formes liturgiques ou de certains principes moraux, mais
d’une redéfinition centrale de l’Eglise dans ses rapports avec le monde
et avec d’autres religions.
C’est une trahison de Dieu, de son Incarnation – « et le Verbe s’est
fait chair » (Jn 1,14) – et de l’Eglise fondée par lui. Régulièrement
Jean Paul II affirme ces erreurs quand il dit : « Nous croyons en un
même Dieu », en y incluant les chrétiens, les juifs et les
musulmans. C’est une transgression du premier commandement de Dieu : «
Tu n’auras pas d’autre dieu en ma présence ». (J’ai attiré l’at-tention
sur le fait que cette affirmation comporte implicitement l’apostasie,
car le Christ a dit : « Personne ne vient au Père si ce n’est par moi »
(Jn 14,6) , car celui qui n’a pas le Fils n’a pas le Père non plus ! »
(Jn 2,23) parce que moi « je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Déjà dans le modernisme, condamné par St. Pie X dans l’encyclique «
Pascendi dominici gregis », la relativité du caractère absolu des
droits de la seule vraie Eglise, était programmé à l’avance. L’abandon
de ces droits se manifeste de façon déterminante dans les documents de
Vatican II. C’est là que s’exprime clairement l’opinion qui
estime que l’Eglise n’est pas l’unique institution de salut. Voici un
exemple : » »L’Eglise regarde aussi avec estime les musulmans, qui
adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes
(Nostra aetate, art. 3). Ailleurs on dit : «Mais le destin de
salut enveloppe également ceux qui recon-naissent le Créateur, en tout
premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi d’Abraham,
adorent avec nous le Dieu unique miséricordieux, futur juge des hommes
au dernier jour (« Lumen gentium », chap.16). Il est vrai que cette
idée directrice n’a pas toujours été formulée ainsi expressis verbis,
il n’en est pas moins vrai qu’elle traverse, tel un fil conducteur,
toute l’évolution post-conciliaire.
L’on commença d’abandonner le droit de posséder la vraie, unique vérité
révélée par Dieu et d’être l’Eglise fondée par lui et mandatée
par lui, en relativisant d’abord les vérités et en essayant de
les rapprocher et même de les adapter à d’autres opinions théologiques
ou en les rejetant sans plus. En rétrospective, l’on peut considérer
comme précurseurs « Pacem in terris » de Jean XXIII et le décret sur la
liberté religieuse, qui accorde aux autres religions le droit Ã
l’existence.
Déjà la première grande réforme liturgique en était imprégnée. La
relativisation de la Foi était exprimée dans la falsification des
paroles de la consécration du soi-disant NOM.. Le salut donné par
Dieu est appliqué à tous par la formule « pour vous et pour tous »,
étant entendu que la personne individu-elle n’est pas obligée de faire
une démarche pour en bénéficier. Bien sûr, il faut tenir que la
prédication du salut s’adresse à tous, mais que ceux-ci, dans leur
ensemble, ne l’acceptent pas, voire même la rejettent. (En dernière
analyse le sacrifice de la croix expiatoire et concluant la « Nouvelle
Alliance » avec Dieu devient superflu, non seulement parce que
l’application réelle des mérites est niée, mais en même temps la
nécessité du sacrifice propitiatoire en général.). C’est ainsi qu’on
abandonna, en faveur de la théorie de la rédemption universelle, le
principe central disant que la messe est un vrai sacrifice
propitiatoire par lequel le salut peut être accordé à ceux qui y
participent, mais sans que cela doive se faire nécessairement.(
!) – D’où l’importance du « pro multis, c’est-à -dire pour
beaucoup, qui participent au saint sacrifice et qui sont prêts à en
recevoir les fruits. Selon la nouvelle conception il n’y a pas
nécessité de participer au saint sacrifice du fait que tout le monde –
pro omnibus- se trouve déjà en situation de salut. L’idée de sacrifice
fut abandonnée en faveur d’un repas pour faire mémoire. Cette forme de
culte pouvait être pratiquée par les autres et l’on disait à l’époque,
par les protestants aussi. Ce n’était pas en vain que, pour la
rédaction des textes du soi-disant Novus Ordo Missae, l’on fisse appel
à six théologiens protestants. Roger Schütz, à l’époque, prieur de la
communauté de Taizé, a déclaré qu’ avec le N.O.M on pouvait très bien
célébrer aussi la cène protestante.
En un premier temps la théorie de la rédemption universelle trouva sa
forme expressive dans la première encyclique de Jean Paul II «
Redemptor hominis ». La phrase « pour vous et pour beaucoup, un grand
nombre » est placée dans un contexte justificatif: c’est parce que tous
les hommes sont rachetés, vous (les chrétiens), vous l’êtes également.
« Pour vous et beaucoup, le grand nombre» est renversé parce que pour
tous, donc aussi pour vous. Cette opinion aboutit évidemment Ã
dispenser ‘l’église’ de son devoir assumé jusqu’ici, savoir
pratiquer la propagande et la mission. La raison en est que les autres
religions sont également des moyens (légitimes) de salut. L’on choisit
de marcher ‘modérément’ dans la voie chrétienne du salut que l’on
estime être traditionnellement la plus adaptée (culturellement).
Dès lors il est possible d’écrire contre les chrétiens intransigeants
fondamentalistes : « Les religions qui résistent aux revendications
légitimes (de la convention mutuelle) sont condamnées à se réformer ou
à disparaître ». (Voir plus loin).
La relativisation de la religion progressait sous la forme du
syncrétisme et atteignit un premier som-met lors de la rencontre
inter-religieuse à Assise le 27/10/1986. Ensuite d’autres rencontres
semblables ont eu lieu chaque année dans une ville du monde et pour
finir à Aix-la-Chapelle en septembre 2003. Tous les chefs religieux (du
judaïsme, de l’islam, de l’hindouisme, du bouddhisme etc.) étaient
invités, au titre de leur croyance, à participer au processus de la
paix et du développement de la « civilisation de l’amour » (Jean Paul
II) et à collaborer ainsi au destin de l’humanité. Qu’on réfléchisse Ã
la grande importance accordée depuis au bouddhisme et à son
représentant le Dalai Lama, qui est toujours présent à ces rencontres !
(N.b. Ce que la « civilisation de l’amour » représente concrètement,
peut être déduit de la relation bien difficile de l’islam avec
l’Occident chrétien. Jean Paul II « récompense » les assassins des
chrétiens par des fanatiques de l’islam, en embrassant le Coran ! Or,
ce livre recommande l’assassinat des chrétiens. Tout qui est adepte de
l’Islam ne peut interpréter le geste de l’embrassement du Coran que
comme un geste de soumission à la puissance supérieure et comme
reconnaissance de son droit absolu . On n’imagine pas scandale plus
grand ! Entre-temps la sourate d’ouverture du Coran a été reprise
dans le missel quotidien des fidèles officiel, moderniste (le
Schott-Messbuch allemand): le jeudi de la semaine de la 12e semaine du
« cycle annuel » le texte suivant est inséré : « Au nom d’Allah,
doux et miséricordieux. Louange à Allah, le Seigneur des mondes, bon et
miséricordieux, le Seigneur au jour du jugement. » (cité d’après UVK
33e année, n°3 Mai/Juin 2003, p.186)
Au bout de cet abandon volontaire de la foi catholique se trouve
l’indifférentisme, la liberté théologique totale et même la perte
totale de l’identité catholique. En reconnaissant les autres religions
comme équivalentes, de droit égal, comme également valables le
christianisme devient indifférent. Le christianisme est ‘exilé’ pour
n’être plus qu’une simple idée subjective, il est dégradé à une réalité
simplement idéaliste, dépourvu de l’être objectif. Dieu n’est plus
l’Etre absolu, mais simplement un moment de l’imagination du sujet ;
‘Dieu’ lui-même se réduit à un simple ‘sentiment’. Le fait que Wojtyla
ait tant de ‘succès’ chez les jeunes est à chercher- si mon jugement
est correct- dans le fait que par ses appels au sentiment religieux, il
transmet une idée diffuse de Dieu, qui n’impose pas d’obligations
concrètes pour l’agir de l’homme. C’est ici qu’apparaît ce que Pie X
écrivait dans l’encyclique « Pascendi dominici gregis : « Si
quelqu’un s’était donné la tâche de recueillir toutes les erreurs
qui furent jamais et d’en concentrer la substance et comme le suc en
une seule, vérita-blement il n’eût pas mieux réussi. Ce n’est pas
assez dire : ils ne ruinent pas seulement la religion catholique, mais,
comme Nous l’avons déjà insinué, toute religion. »
C’est pourquoi il n’est pas possible de comprendre –si l’on se place Ã
l’intérieur de leur système- lorsqu’on parle d’éléments qui divisent
les protestants et les novateurs ou lorsqu’on parle « d’une
pleine union ecclésiale » (sic) qui ne peut encore se faire, alors que
cela fait longtemps que le fidèle du rang n’entend ni ne sait ce
« qui divise ». De cette manière la revendication d’une institution
unique ne serait que logique à ses yeux. Quel serait le bien fondé de
l’existence de deux ‘églises ‘ ?
L’aveu d’un novateur français concernant l’abandon du droit absolu de
l’Eglise révèle bien cette opinion. Le Père Claude Geffre o.p.,
professeur à l’Institut catholique de Paris, doyen de la faculté de
théologie du Saulchoir, directeur de l’Ecole biblique de Jérusalem,
écrivit le 25 janvier 2000 dans ‘Le Monde’ : « Lors du concile Vatican
II, l’Eglise catholique découvrit et accepta qu’elle ne possède pas le
monopole de la vérité, qu’il lui faut écouter le monde, qu’elle ne doit
pas seulement accepter d’être enseignée par les autres traditions
religieuses, mais aussi par une relecture des droits fonda-mentaux de
la conscience de l’homme. Il faut que toutes les religions s’ouvrent Ã
ce consensus universel. Toutes, elles sont interpellées par le fait que
l’homme est conscient de ses droits et de la liberté. Celles qui
résistent à ces revendications légitimes sont obligées d’opérer des
réformes dans leur sein ou de disparaître tout court. Dans ce contexte,
admettre d’opérer des réformes signifie que l’ouverture à l’égard des
revendications de la conscience moderne de l’homme n’est pas contraire
à la fidélité au contenu de la révélation. »
Les faits que nous venons de décrire comme une mise en application des
idées réformatrices constituent l’abandon du mandat propre de l’Eglise
qui est porteuse et gardienne de la révélation divine de la vérité du
salut et dispensatrice des secours de la grâce (les sacrements). En
cessant de revendiquer ses droits absolus l’Eglise abdique
elle-même son autorité- la perte de l’autorité se reflète
maintenant aussi dans l’opinion de la société civile à l’égard ‘des
églises’. Grosso modo nous ne sommes pas seuls à voir les choses ainsi,
car les chrétiens qui ne sont pas encore prêts à se séparer de
l’institution (de l’église conciliaire), sont d’accord avec nous. A
l’opposé de l’abandon de la revendication d’être l’unique vraie Eglise
et exclusive nous posons la vérité de foi centrale : Dieu s’est révélé,
il a pris chair dans la deuxième personne, en Jésus-Christ, le « Verbe
», il a fondé l’Eglise comme institution de salut : « extra Ecclesiam
nulla salus » et par sa mort expiatrice, il a accompli l’œuvre du
salut.
Nous, sédévacantistes, nous avons régulièrement affirmé cette vérité,
mais sans avoir envisagé sérieusement la réédification de l’Eglise. Ce
n’est pas méritoire, si certains évêques et prêtres se présentent comme
clercs de l’Eglise catholique, en préférant même être taxés de «
sédévacantistes », s’ils prêchent soi-disant la « vraie foi »,
administrent les vrais sacrements, mais sans songer à justifier la
légitimité de leur engagement, une faculté qui ne peut venir que de
l’Eglise. Car toutes ces activités se font sous le signe du sectarisme,
ils ne veulent pas ou ils ne peuvent indiquer d’où ils tiennent leur
mandat pour exercer leurs pouvoirs sacerdotaux. (N.b. je suis
régulièrement surpris de constater une certaine naïveté chez les clercs
jeunes face à ces questions. Ils prétendent œuvrer pour l’Eglise sans
se soucier de savoir où la vraie Eglise se trouve réellement ou bien de
quelle manière l’on pourrait lui redonner vie).
Si l’on ne tient pas compte de ces « gardiens du Graal » de la
foi qui voient pourtant correctement le réalité, mais sans
améliorer la situation (ou sans vouloir l’améliorer), il y a également
dans l’église conciliaire des groupes qui approuveraient la position
formulée plus haut : l’Eglise ne prétend plus à être la seule vraie. Si
nous laissons de côté les gens d’Ecône et les membres de la Fraternité
St. Pierre qui voudraient, à cause de points de vue idéologiques,
détourner le regard de certaines réalités profondes du désastre de
l’institution qui leur est présentée comme l’Eglise, il y a dans les
deux groupes assez bien de clercs qui, au fond, partagent notre point
de vue. Mais faute de soutien de notre part, ils ne trouvent pas
le courage d’élever leur voix publiquement. Je pense aussi à des
novateurs conservateurs qui avouent entre-temps ouvertement et par
écrit, comme p. ex. l’évêque auxiliaire émérite Ziegelbauer, que le
concile Vatican II est un échec.. Tous, ils pourraient collaborer Ã
diffuser la vérité fondamentale à savoir que l’Eglise est la
seule vraie, l’institution fondée par Dieu, même s’ils n’ont pas encore
une vision globale de la situation religieuse et théologique et
comment, logiquement, nous en jugeons . (N.b. Le fait suivant peut
servir d’exemple pour montrer que cette manière de procéder ne
doit pas être nécessairement une non-réussite : il y a
entre-temps plusieurs auteurs qui écrivent pour EINSICHT et qui se
rapprochent lentement de notre position ; ils fournissent un apport
considérable à notre engagement et à nos arguments, pour éclairer
intellectuellement et spirituellement la situation présente très
complexe occasionnée principalement par la corruption de
l’institution de l’Eglise qui, en tant qu’ institution, a l’obligation
d’héberger la vérité et la morale. (Mais, comme elle ne le fait pas, la
confusion générale est accrue ou bien la société civile, du fait
qu’elle ne voit pas ce changement, est induite en erreur pour des
questions importantes en matière sociale). De plus on arrive petit Ã
petit à conclure que l’on peut, par la mise à jour des erreurs dans le
domaine théologique, comprendre et éliminer aussi les déviations dans
le domaine social.
Nous pourrions aussi citer la déclaration « Dominus Jesus » et la voir
sous l’aspect d’une direction contraire ; elle a été écrite par le
‘cardinal’ Ratzinger. Je sais que certains n’auront qu’un hochement de
tête et afficheront un sourire à cause de ma naïveté en lisant cette
affirmation, mais malgré tout, il s’agit de voir aussi ce qui se passe
dans le camp de l’adversaire, sans qu’il faille être aussi naïf de
croire que Ratzinger maintenant a gagné le camp de ceux qui ont gardé
la vraie foi. Toujours est-il qu’il a essuyé à cause de cette
déclaration beaucoup de critiques. Le professeur Kasper, tout
juste créé ‘cardinal’ à ce moment-là , n’a pu se retenir de
déclarer que cette déclaration était « troublante » pour le dialogue
œcuménique en désavouant précisément cette institution à laquelle il
devait justement sa nomination.
Dans ce contexte j’attire de nouveau l’attention sur ce que Vittorio
Messori a écrit dans le « Corriere della Sera » : « Seul le schéma
idéologique pousse les « experts des affaires vaticanes » (qui se
présentent comme tels) à présenter Jean Paul II comme le porte-étendard
de la « droite conservatrice » et comme ennemi de la « gauche
progressiste ». Or, en réalité, tout qui connaît depuis longtemps
quelque peu la situation ecclésiastique sait que c’est exactement
le contraire qui est vrai. Les Lefebvristes ne sont plus les seuls Ã
accuser Jean Paul II de modernisme, d’hérésie et de calomniateur du
passé de l’Eglise. Les congrégations, les secrétariats, les instituts
de l’appareil catholique se sentent mal à l’aise et ont de plus en plus
des soupçons. Chaque jour de nouvelles plaintes viennent s’ajouter au
livre de doléances. Ce n’est pas un secret que Jean Paul II, lors d’un
consistoire fit part de son souhait, de demander pardon pour « les
fautes » de ses prédécesseurs, mais que la majorité des cardinaux s’y
opposèrent.
Ce que je veux vous montrer, chers lecteurs, c’est que les novateurs ne
forment nullement un bloc monolithique sur lequel les informations que
nous venons de formuler glisseraient à terre comme des gouttes d’eau
sur une peau de caoutchouc. C’est une question de sensibilité
d’intervenir dans des discussions avec des arguments appropriés là où
nos semblables rendent compte ouvertement des expériences négatives
faites dans le domaine religieux. Le fait que l’Eglise ait cédé sur ses
droits peut très bien se résumer symboliquement en mentionnant que Jean
Paul II a embrassé le Coran. Ce fait saute tellement aux yeux qu’on
peut le faire saisir aussi par des personnes qui sont théologiquement
plus faibles tout en étant conscientes de certaines idées et
revendications que l’Eglise devrait poser. De plus, la perte de
l’autorité des « églises » a pénétré la conscience de la société
actuelle. C’est pourquoi même les managers et les chefs de grandes
sociétés industrielles soutiennent les efforts en vue d’une
réanimation de la vie spirituelle, parce qu’elle est nécessaire à la
société. Ils supposent que ces initiatives contiennent encore des
idées catholiques. Ce vide spirituel est attesté par le cardinal
Scheffczyk, taxé de conservateur, il est professeur émérite de dogme Ã
l’Université de Munich. Il parle « de l’auto-destruction de l’Eglise
par l’intérieur, lorsqu’il conseille aux catholiques qui, à cause des
nombreuses falsifications de la foi s’interrogent sur cette ‘église’ et
sont saisis de désespoir à son égard : « il faut être réaliste et
concéder avec une sympathie profonde qu’il y a actuellement beaucoup de
chrétiens qui se voient perdus, perplexes voire même déçus. »
(Theologisches », Juillet 2002).
Il est de notre devoir de rappeler que, si l’Eglise ne revendique plus
de représenter exclusivement la vérité révélée, elle ne peut pas
prétendre à l’autorité non plus , car l’autorité ne se justifie que
dans la responsabilité de la vérité et de sa diffusion. Etant donné que
les clercs ont largement failli à leur tâche (-ils auraient dû
travailler à la réédification de l’Eglise-) il nous appartient de nous
adresser à des personnes qui s’intéressent au moins, afin de les
éclairer sur la nature véritable de l’Eglise, en leur disant que c’est
elle qui est la dépositaire de la vérité révélée absolue, tandis que
‘l’église conciliaire’ a misérablement trahi ce mandat.
Traduction : Abbé Paul Schoonbroodt, Steffeshausen/Belgique, le 27. janvier 2004
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