Mgr. Lefebvre est-il évêque ou simple laïc?
par
Eberhard Heller
(trad. par André Corrihons)
Depuis l'allocution prononcée le 27.5.1976 par Mgr L. à Montréal
(Canada), au cours de laquelle il déclara que lui M(arcel) L. avait été
ordonné prêtre, puis évêque par le franc-maçon Achille Liénart, une
controverse est née et se poursuit en public comme en privé: la
question est de savoir si les ordinations conférées par Liénart sont
valides. Elle implique de déterminer aussi si Liénart était lui-même
évêque, si le sacre épiscopal qu'il avait reçu était légitime. En
dehors de quelques référen-ces au problème ainsi posé, nous n'avons
jusqu'ici pas pris publiquement position, car, a notre avis les
éléments de réflexion dont nous disposons ne conduisent pas à une
conclusion assurée: la démonstration que nous concevons ne tranche
cette question de validité ni dans un sens, ni dans l'autre. Notre
combat contre le lefebvrisme n'est d'ailleurs nullement en jeu car des
arguments irréfutables en montrent la nécessité : par ex. l'obligation
faite aux membres de la "Fraternité" d'accepter le N.O.M. comme valide
et de reconnaître comme papes légitimes des hérétiques tels que
Montini, Luciani, Wojtyla - le tout sous peine d'expulsion -. Ces
preuves nous assurent que Mgr L. et son organisation ne constituent
qu'un groupe de contestation traditionniste à 1'intérieur de la secte
apostate, que le lefebvrisme n'a rien à voir avec la véritable
résistance catholique: au contraire il la détruit systématiquement
partout où il le peut.
Entre-temps une série de "prêtres" a rompu avec Ecône : ces exclus
exercent leur "sacerdoce" comme pasteurs de différents centres de
messe. Ce fait nous oblige à attirer l'attention générale sur le
pro-blème dont dépend leur appartenance au clergé.
Voici d'abord un extrait de l'allocution prononcée par M.L. à Montréal,
car ces phrases ont déclenché la controverse aux quatre coins du monde :
"Le St Père (Montini) a été éduqué dans
un milieu moderniste ... II n'est donc pas surprenant que ce pape ait
réagi d'une manière qui diffère de celle de Pie IX, Pie X ou Léon XIII
. In conséquence il a régné sur le concile un esprit qui a inhibé toute
résistance au modernisme, dont l'emprise s'exerça par l'action d'un
groupe de cardinaux à la tête duquel le card. A.L. dirigeait la
manoeuvre avec une certaine autorité... Et voici qu'il ya deux mois la
revue traditionniste CHIESA VIVA a publié au dos de sa couverture - je
l'ai vu de mes propres yeux - une photo du card. A.L. accompagnée de
ses états de service en tant que franc-maçon, comportant la date du
jour de son initiation, le grade qui fut sien, la date à laquelle il
fut élevé au 20e puis art 30e degré, le nom des loges par lesquelles il
est passé, avec celui des villes correspondantes. De-puis lors, cela
fait environ deux mois, cette publication n'a, à ma connaissance,
déclenché aucune réaction, provoqué aucun démenti. Malheureusement, je
dois vous dire que le card. Achille L. a été mon évêque, que c'est lui
qui m'a ordonné prêtre, que c'est lui qui m'a sacré évêque ...
Heureusement ces ordinations sont valides ;;; malgré tout ces nouvelles
m'ont rem-pli d'amertume. (Citation d'après le texte de la traduction
en allemand du Dr. Hugues Kellner (*) de Rochester, E.U. - dans sa
Lettre no. 72 de juillet 1977 ; les données de la carrière ma-çonnique
d'Achille L. se trouvent dans le no. 51 du périodique CHIESA VIVA de
mars 1976, adresse : C.V., Editrice Civilta, Via Galileo Galilei 121, I
- 2500 Brescia
Comme le Dr Kellner a pu le démontrer comp lémentairement, Mgr L. avait
eu connaissance avant mai 1970 de l'affiliation d'A.L. a la
f-maçonnerie.
(*) M. Hugues Maria Kellner PhD, 3240 Iroquois Rd.,
Caledonia, N.Y.14423 / U.S.A.
Curriculum vitae d'Achille Liénart
1907 : Ordination sacerdotale.
1912 : Réception dans la loge du
"Grand" Orient de France" à Cambrai; affiliation ultérieure aux loges
de Lille, Valenciennes et Paris.
1919 : nomination : "Visiteur" (18e degré)
1924 : élévation au 30e degré. -
1928 : Consécration épiscopal.
Pour corser le tout A.L. assistait a des messes noires.
Curriculum v. de Marcel Lefebvre
Né le 29.11.1905 à Tourcoing, diocèse de Lille.
Eleve au séminaire, dans lequel Achille
Liénart enseignait en qualité de professeur avant qu'il ne fût élevé au
1er rang du clergé.
Ordonné prêtre le 21.9.1929 par Achille Liénart DEVENU EVEQUE entretemps, (apparemment)
Sacré éveque le 18.9.1947 toujours par Achille Liénart.
Seconde source relatant l'appartenance d'A.L. à la franc-maçonnerie :
André Henri Jean, marquis de la Franquerie: "L'infaillibilité
pontificale", 1970, p. 80f. On peut se procurer le livre chez: Jean
Auguy, éditeur de la "Pensée française", Chiré-en-Montreuil , 86190
Vouillé.
L'auteur relate aussi que A.L. était un luciférien. Le marquis était
chambellan secret du pape, et très au courant des infiltrations
maçonniques au Vatican, en particulier des menées de Rampolla,
secrétaire d'Etat sous Léon XIII, cardinal et franc-maçon.
Vite après la divulgation des faits, des doutes se firent entendre
concernant la validité des sacres de Achille Liénart et Marcel
Lefebvre. Ils se sont rapidement porté sur la question, si Achille
Liénart macon luciférien de haut grade avait l'intention apostolique de
l'Église lorsqu'il recut en 1928 l'onction épiscopale (par le Saint
Esprit! Note du trad.) Si la réponse est "non", il s'ensuit que le
sacre de Líénart est invalide, que M.L. n'est qu'un laic, que les
"ordinations" qu'il a conférées sont nulles. Dans cette optique il a
été raisonné de la manière suivante: même si Liénart, simple prêtre,
n'a pu conférer l'épiscopat à M.L., les deux consécrateurs étaient
certainement en état de le faire. Ces con-sidérations seraient
pertinentes, si M.L. avait été prêtre à ce moment là. C'est une
condition nécessaire à la validité du sacre. Or si A. L. n'était pas
évêque, M.L. n'était pas prêtre.
La question de l'intention réelle d'Achille Liénart lorsqu'il se
présenta à l'ordination au Ier rang, a été jugée des deux manières
contradictoires possibles dans les cercles de la résistances catholique.
- Le Dr Hugues Marie Kellner (E.U.) a
essayé d'établir l'invalidité en arguant de fraudes maconniques dans le
Codex Iuris Canonici de 1917; cf. ses Lettres nos 72 et 75 de l'année
1979.
- Cette argumentation partu convaincant à l'abbé E. Robin (France) dès 1979. Il est mort ensuite.
- Le P. Guérard des Lauries a tenté de détruire cette démonstration. (Lettre du 14.6.79)
- Gloria Riestra, dans "Trento" a penché pour la validité.
- A. Eisele l'a mise en doute au début de 1980. (Il est le rédacteur de
"SAKA-Informationen" - la SAKA est l'association des résistantas
catholiques de langue allemande - note du trad.)
- Mgr. Vezelis (THE SERAPH, 1983) et les évêques ont très sérieusement mis en doute la validité au Mexique.
- Le Prof. B. F. Dryden (E.U., circulaire du 27.4.1983) a pris position en faveur de la validité.
On a avancé l'argument qu'A.L. aurait assumé l'intention de partir en
mission apostolique, catholique et romaine, afin d'être réellement oint
par le Saint-Esprit et pouvoir nuire ultérieurement à l'Eglise
lorsqu'il serait devenu authentiquement évêque. De même, dans les
messes noires le prêtre luciférien consacre le pain et le vin dans
l'intention du renouvellement de la transubstantiation afin de pouvoir
profaner hideusement le Corps et le Sang destinés à la Rédemption. II
s'entoure, ce prêtre dévoyé, de toutes les précautions nécessaires à la
validité de sa messe". (C'est du moins ce qu'il croit - note du trad.)
Nous ayons souvent discuté de ce problème, ici à Munich, avec Othon
Katzer, prêtre et Dr en théo-logie; nous l'avons examiné à fond,
(pendant plus de huit-heures): l'appartenance à la franc-maçon-nerie ne
suffit pas a prouver que le récipiendaire excommunié ne reçoit pas les
dons du Saint-Esprit, signifiés par l'ordination - L'ordination est
simplement entachée d'irrégularité - le Codex Iuris Canonici interdit
dans ce cas l'usage des pouvoirs frauduleusement acquis. La
fréquentation de "messes" noires ne suffit pas davantage à trancher
pour l'invalidité du sacrement conféré au luciférien. La légalisation
de l'hérésie et la destruction de la Foi entreprises par Liénart lors
de Vatican II, menées que reconnaît Mgr L., n'autorisent aucune
conclusion sur l'était d'esprit de ce même A.L., aucune certitude sur
un défaut d'intention véritable chez lui, lorsqu'il s'est présenté pour
le sacre en 1928; (ou pour le pseudo-sacre). Mais si l'on additionne
tous les arguments contraires, et si l'on tient compte de la situation
éminente d'A.L. dans la maçonnerie, alors les doutes sur l'intention
réelle de Liénart se trouvent fondés. On peut aussi en conclure qu'il a
assumé la bonne intention dans le dessein de nuire à l'Eglise,ainsi que
nous l'avons écrit ci-dessus. Mais il n'y a plus aucun moyen de
contrôler cette éventualité.
Ainsi nous sommes conduits à opiner qu'on ne peut trancher la question
posée. Pour le faire il faut se livrer à des spéculations sur la morale
et la Psychologie d'A.L., puisque Liénart étant mort on ne peut plus
l'interroger sur sa position et ses dispositions en 1928. Le
prourrions-nous que nous n'en serions pas plus avancés, car
1. A.L. pourrait- il se rappeler précisément son état d'esprit antérieur,
2. et dans ce cas voudrait-il nous dire la vérité?
Le tutiorisme est la règle pour la dispensation des sacrements : on
doit assurer la certitude de leur va-lidité. Si celle-ci se ré,vêle
douteuse, l'Eglise prescrit deles administrer de nouveau sub
conditionne; même Mgr Guérard des Lauriers - alors simple religieux - a
conseillé a ceux de ses diciples qui avaient été "ordonnés" par "Mgr"
L., et qui l'avaient quitté pour cause de divergences doctrinales, de
se faire ordonner sous condition, étant donnés les circonstances et le
principe: nous faisons nôtre : cette recommandation, car elle nous
apparaît bien fondée.
(EINSICHT, No. 6, Fev 1984)
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