« Les nouveaux rites d'ordination
d'après Vatican II sont-ils valides ? »
par
Eugène A. W. Howson (Surrey, Angleterre )
Traduction légèrement abrégée d'André Corrihons
Voici une brève étude du Pontifical Romain pour l'ordination des
évoques, »reformé« selon le décret du second concile du Vatican et
publié sous l'autorité de Paul VI. Vient ensuite une explication du
décret du Pape Léon XIII contre les ordinations anglicanes. Ce qu'il
dit sur les anglicans est le jugement irréfragable de l'Église et peut
s'appliquer aux vices inhérents aux ordinations Vaticanum II.
I. LE NOUVEL EPISCOPAT - VATICANUM II
A. Différence entre un prêtre et un évêque
«Avant d'examiner le nouveau rite Vaticanum II (V2), il parait
pertinent de noter la distinction à faire entre un évêque et un simple
prêtre et ce faisant de déterminer quels pouvoirs épiscopaux ne sont
pas partagés par les prêtres.
Quelles que soient les opinions contraires, modernes ou anciennes il
semble évident à l'auteur de ces lignes qu'il n'y a que sept
sacrements. L'un de ceux-ci est celui de l'ordre. Un prêtre reçoit ce
sacrement lors de son ordination et ne peut le recevoir à nouveau quand
il est sacré évêque, car c'est un des trois sacrements eue l'on ne peut
recevoir qu'une fois. Comme il est tout aussi manifeste que l'Église
exige d'un aspirant à 1'épiscopat qu'il soit prêtre, le rite du sacre
ne peut évidemment conférer le caractère sacerdotal comme une
ordination à la prêtrise.
Quels devoirs et pouvoirs sont donc l'apanage des évêques?
Le pouvoir de juridiction n'est pas communiqué par un rituel
sacramentaire mais découle de la mis-sion, donnée par le Christ ou par
l'autorité légitime de l'Église: en effet, il ne vise pas directement à
transmettre à l'âme des faveurs spirituelles telles que pouvoir
spirituel et grâce à Dieu, juridiction mise à part, le pouvoir
essentiel qui distingue l'évêque du prêtre c'est que le premier est
habilité à transmettre le sacerdoce (et la fonction épiscopale). Cette
définition est garantie par Saint Jérôme et confirmée par d'autres
pères de l'Église.
Le pouvoir d'absoudre a été lié par le Christ a la transmission du
sacrement de l'ordre: il en est à la fois une conséquence et un effet
conjoint. De la même manière, lorsqu'un prêtre est élevé au premier
rang du clergé par le rite ad hoc, il reçoit le pouvoir d'ordonner
d'autres prêtres. Ce pouvoir s'adjoint aux attributs de son sacerdoce
qu'il possède déjà.
Le rite fondamental par lequel un prêtre reçoit la succession
apostolique, c'est l'imposition des mains faite par un évêque, ce qui
constitue la matière de l'ordination, en même temps que l'énonce - le
consécrateur de l'oraison prescrite, qui est la forme au épiscopat!
Elle doit, comme dans les sept sacrements signifier le pouvoir qui est
transmis, c.à.d. celui que l'Église attribue au ministerium summum
(charge apostolique); celui du clergé du premier ordre. Dans le rite
séculaire la forme, par elle-même, ne décrit pas totalement le pouvoir
épiscopal, mais elle précise les devoirs épiscopaux par ces seuls mots:
ȃpiscopus oportet judicare, interpretari, consecrare, ordinare,
offere, baptizare et confirmare.« Il faut qu'un évêque juge,
interprète, consacre, ordonne, ofire (le St Sacrifice), baptise et
confirme.
B. Les omissions délibérées du rite V2
1. Le rite innové
Dans le rite innové la matière reste l'imposition des mains, tandis que
la forme est plus explicite que dans le rite Catholique. Citons
l'essentiel de la forme conciliaire, extrait de la version anglaise
promulguée en 1978 par la Commission Internationale pour la Liturgie en
Anglais. (C.I.L.A)
»Père, Tu (1) connais tous les coeurs et tu as choisi tes serviteurs
pour la charge épiscopale. Qu'ils soient les pasteurs de ton saint
troupeau, des Grands-Prêtres sans tache quitte servent jour et nuit;
puissent-ils jouir de ta bénédiction et de ta faveur et offrir les dons
de ton Église. Par l'Esprit qui donne la grâce pontificale, accorde
leur le pouvoir de remettre les péchés comme tu l'as ordonné,
d'assigner les ministères suivant tes prescriptions, de casser tous les
engagements par l'autorité que tu as donnée aux apôtres. Puissent-ils
te plaire par la bonté et la pureté de leur coeur et te présenter une
offrande à l'odeur suave par Jésus-Christ ton Fils, par qui tu
possèdes, avec le Saint-Esprit, la puissance et la gloire dans ton
Église Sainte, maintenant et toujours. Amen«
2. Absence des pouvoirs d'ordre, de confirmation, de consécration
On allègue que les rites de la liturgie Catholique devaient être
changés, afin de gagner en simplicité et en clarté. Cependant le rituel
de V2 donne aux évêques le pouvoir de pardonner les péchés (qui par
contre n'est pas accordé aux prêtres). De quel raisonnement théologique
inouï procède un tel change-ment? Mais sur les autres pouvoirs,
spécifiques ceux-là, comme en premier lieu, le pouvoir d'ordre, pas un
mot. Or celui-ci est l'essence même de l'épiscopat … à moins que »
assigner des ministères « veuille dire »procéder aux ordinations«.
L'expression anglaise correspondant à assigner n'a d'ailleurs pas
d'équivalent dans l'original latin, où le second pouvoir innové est
ainsi décrit: »Ut distribuant munera secundum praeceptum …« Que sont
ces munera ou dons? Le rituel reste muet à ce sujet. Pourquoi une telle
discordance entre l'original et la version C.I.L.A.? Il n'y a pas de
preuve, prima facie, qu'un évêque du rite montinien ait un quelconque
pouvoir d'ordination; qu'il puisse transmettre le sacerdoce même en
utilisant le rite Catholique... Bien qu'il soit généralement admis
qu'un prêtre puisse être délégué pour donner la confirmation, l'évêque
est le dispensateur normal de ce sacrement. Cependant on ne trouve
aucune mention de ce pouvoir, pas plus que de celui de consacrer le
Saint-Chrême. Et même si, supposition gratuite, le mot munera devait
désigner ces autres pouvoirs, on se poserait pourant une question:
pouqoui un rite "réformé" sous prétexte de clarification reste-il dans
le vague ?
En toute hypothèse le rituel des pays de langue anglaise n'a en eue
l'on puisse légitimement entendre comme synonyme de confimation ou de
consécration. Notons que l'on a aussi, et cela ne peut être
contreversé, l'onction qui consacre les mains du nouvel évêque: aucune
trace de cette cérémonie dans le rite conciliaire.
3. Conséquences
On ne peut donc aboutir qu'à une seule conclusion: ce nouveau rite
(comme celui des ordinations sacerdotales) est invalide. II ne confère
pas le pouvoir spécifiaue qui fait l'évêque, le pouvoir d'ordre. C'est
un pouvoir spirituel. Le pouvoir d'assigner ont en effet
intentionnellement éliminé le rite Catholique, c.à.d. la Tradition
Apostolique: ils ont omis la raison essentielle pour laquelle l'église
élève un clerc du deuxième rang à celui de pontife. Que l'on n'allègue
pas l'incompétence comme excuse! Le sacre des évêques confirme, que la
religion conciliaire n'est pas Catholique. Elle n'a ni prêtres ni
évoques. Ses ministres sont des laïcs.
II faut reconnaître que le rite innové emploie matière et forme; pour
paraître se conformer à la norme antique de l'Église apostolique. Mais
à quoi servent les termes de la forme si le sens qu'ils sont censés
véhiculer est absent, à cet endroit du rite comme ailleurs? Aussi
maintenir que l'intention signifiée est la même que dans le rite
Catholique réduit le langage à une simagrée absurde alors que Dieu nous
a doté pour transmettre le sens que nous voguions exprimer.
II. LES PASTEURS MONTINIENS
A. La récapitulation historique de Léon XIII
Pour étudier plus avant la validité du nouveau rite d'ordination des
prêtres promulgué en 1968, nous pouvons utiliser la Bulle Apostolicae
Curae de Léon XIII un des grands papes des temps modernes.
Dès le milieu du 19e siècle certains chefs de file Catholiques
essayaient de s'entendre avec des dirigeants de l'anglicanisme pour
arriver à l'union dans le giron romain. Ils entretenaient d'étranges
illusions sur ce processus. Toutefois, au printemps de 1895, Léon XIII
démontra que, pour devenir Catholique, si on pouvait rester anglais, on
ne pouvait demeurer anglican. Dans la conclusion de sa magnifique
encyclique le pape recommanda de prier la Mère de Dieu: conseil
délibéré car il voulait, entr'autres choses, mettre à l'épreuve la
sincérité des anglicans. S'ils voulaient rentrer dans l'unité de
l'Union Église du Christ, il était grand temps qu'ils montrassent leur
amour pour la Sainte Vierge et leur confiance en son intercession. Rien
d'édulcoré chez Léon XIII.
Après cette lettre de printemps, il en envoya une autre en juin cette
année-là. Le pape y a dessiné pour les anglicans et pour nous tous
l'image de l'Église. Il en a trace les contours caractéristiques, en
mettant en relief le traité essentiel que son unité. Léon XIII n'a
nullement transigé sur les droits les Prérogatives de l'Église. Point
de compromis, aucune Vérité n'est sacrifiée à la réconciliation.
Au printemps de 1896 qui suivit, le saint pontife nomma une commission
chargée d'un examen réca-pitulatif sur la validité des ordinations
anglicanes. Au mois de septembre 1896. Par sa bulle Apostolicae Curae,
il fit connaître le jugement très important de l'Église. Il montrait
que depuis trois cents ans l'Église des Apôtres considérait que les
ordinations anglicanes suivant le rite d'Édouard VI étaient nulles et
sans effet. Le réexamen du rituel d'ordination anglican prouvait que le
sacrement de l'ordre n'existait plus dans l'église anglicane.
Plus tard, cette même année 1896, Léon XIII régla la a perpétuité en
répondant en détail sur l'intension et la forme du rite sacramentel.
Des deux cotés, ceux qui avaient visé a une fausse unité, revinrent sur
terre en admettant jugement ruinait entièrement leur position. Cette
bulle est une arme puis-sante contre le rite montinien.
Comme prévu le décret de Léon XIII occasionna un bruyant concert de
récriminations, de colères et de plaintes. Pour répondre aux objections
anglicanes le Cardinal-archevêque de Westminster écrivit une »Défense
de la Bulle du pape Léon XIII«. Les évêques anglais de ce temps-la
utilisèrent le jugement papal pour définir la doctrine catholique sur
les sacredoce.
B. Les pouvoirs du prêtre
1. Le fondement du sacerdoce.
Nous citons:
»Pour nous, prêtre et sacrifice sont à tous égards des termes
corrélatifs; il en est ainsi dans toutes les nations, si l'on excepte
votre communauté. Est prêtre celui qui offre un sacrifice. A tel
prêtre, tel sacrifice. Puisque le nôtre c'est la Messe, nos prêtres ont
reçu mission d'offrir ce sacrifice et le pouvoir de le réaliser. Ils
ont reçu le pouvoir de rendre présent le Corps et le Sang du Christ
sous les apparences du pain et du vin et de Les offrir en sacrifice. Il
y a sans doute d'autres pouvoirs associés à cette mission, par exemple
celui de remettre les péchés. De même à cette fonction peut s'ajouter
celle de prêcher l'évangile et celle du pasteur ayant cure d'âmes.
Mais, ces pouvoirs et ces charges sont des conséquences qui viennent de
surcroît. Elles s'intègrent dans le sacerdoce mais n'en sont pas le
fondement. Un prêtre ne serait pas moins prêtre s'il en était privé, et
il ne l'est pas plus parce que le Seigneur a jugé bon de les lui
confier.« Cette conception de l'essence du sacerdoce est confirmée non
seulement par la manière dont notre Seigneur a institué le sacrement de
l'ordre et celui de la pénitence, mais encore par la pratique de
l'Église Catholique. Dans le rite de la Tradition, une fois le prêtre
ordonné, l'évêque invoque le Saint-Esprit et par l'imposition des mains
et l'oraison qu'il prononce, transmet au clerc le pouvoir de remettre
les péchés.
2. V2: L'omission du sacrement de pénitence après V2
Supposons pour le moment valide l'ordination montinienne. Il demeure
que l'ordinant ne reçoit pas le pouvoir d'absoudre les péchés puisque
le rite est muet sur ce pouvoir qui était conjointement au sacerdoce,
transmis par 1'antique rite apostolique. C'est une omission grave. Mais
le vrai crime c'est que les laïcs reçoivent des prêtres de tout rang, a
partir du pontificat suprême, la permission de s'adresser à ces clercs
issus de V2 pour obtenir la rémission de leurs pèches. C'est une
traîtrise, une tromperie qui mènent au sacrilège, à la profanation du
sacrement de pénitence, un des plus grands poches commis par le clergé:
les nouveaux prêtres, n'ont pas le droit de confesser.
3. Conséquences
L a question se pose alors d'elle-même: un vrai successeur de Pierre
pourrait-il promulguer un rite de ce genre? La réponse est forcément:
Non! Il es honnête de conclure: Montini est un faux pape puis qu'il
laisse ce rite se perpétuer. Les évêques qui l'utilisent sont-ils de
vrais successeurs des apôtres? La réponse est de nouveau, assurément:
NON! De vrais dépositaires de la Tradition Apostolique pourraient-ils
ne pas transmettre le pouvoir de remettre les péchés? Oui, s'ils
utilisaient le rite mon-tinien. Voilà qui éclaire le problème de
l'intention. Ils détruisent d'autant mieux le sacrement de pénitence,
qu'à terme. II n'y aura plus d'évêque en occident, du moins dans
l'Église Nouvelle, en possession du pouvoir à transmettre. Il y aura
seulement des laïcs. Ceux-ci ne pourront pas transmettre ce qu'ils
n'ont pas reçu et que les Apôtres avaient reçu du Christ. Les hommes,
qui trompent ainsi les laïcs sont forcément soit des lâches, soit des
apostats. La preuve qu'apportent la raréfaction des confessions en
Angleterre et leur disparition pratiquement totale en Hollande,
conduirait à penser que ce sont des renégats plutôt que des couards. Ce
n'est pas par étourderie ou par accident que le pouvoir de pardonner
les péchés a été exclu du rite d'ordination, car si cela avait été le
cas, l'omission aurait été facilement réparée.
Douze années se sont écoulées, il y a eu des millions de confessions
invalides et sacrilèges, et le rite reste inchangé. Les laïcs, sauf
exceptions, sont plongés dans l'ignorance. Mais le clergé lui est au
courant et doit partager la responsabilité avec les hiérarques. Quand
en Angleterre on interroge des membres de la hiérarchie en les plaçant
devant cette malhonnêteté, ils répondent par un mur de silence
infranchissable.
C. La question fondamentale
Tout ce qui précède a été écrit dans l'hypothèse où les Ordinants dans
le rite V2 deviendraient de vrais prêtres. Dans ce cas il pourrait être
remédié au fait qu'ils n'ont pas le pouvoir de remettre les péchés.
Mais dans l'hypothèse contraire, il serait sans objet de chercher à le
faire, car de par l'institution divine, ce pouvoir appartient seulement
au sacerdoce apostolique. Il nous faut donc examiner la validité du
nouveau rite d'ordination à la lumière des principes posés par Léon
XIII.
1. Signification du rite
Dans leur » Défense « de la bulle, les évoques disent »Toutefois la
Bulle, passant outre aux controverses sur la matière, établit que la
forme de l'ordination doit être claire et précise. Cela ne veut pas
dire; qu'elle doit toujours consister en des mots consacrés,
invariables, mais toujours épouser un modèle précis, bien établi.« De
là ils procèdent à la définition de l'archétype: »La forme doit
toujours exprimer sans ambage l'ordre ecclésial ou sa grâce et ses
pouvoirs, essentiellement celui de consacrer et d'offrir le Corps et le
Sang de notre Seigneur.
La » Défense « continue en ces termes » Mais nous remarquons dans vos
revendications un malen-tendu quelque peu surprenant sur la
signification que le Pape juge essentielle dans le rite: elle n'est
pas, dites-vous, perceptible dans la forme de certains rites dont
néanmoins le magistère admet la validité. « Apres avoir examiné
quelques formules auxquelles les anglicans renvoyaient la »Défense«
Conclut: »Ce que Léon XIII veut dire c'est que l'ordre auquel
l'impétrant est élevé doit être désigne sans ambiguïté soit par son NON
bien déterminé, soit par une référence explicité à la grâce et aux
pouvoirs qui lui sont propres.
L'alternative ainsi acceptée n'est pas déraisonnable, car dans l'Église
Catholique Apostoliques les deux modes d'expression sont équivalents.
L'Église Catholique, depuis son origine, appelle prêtre (sacerdos) une
personne qui a reçu le pouvoir d'offrir le sacrifice et choisie à cette
fin … Car la réalité historique qui vient d'être explorée avec le plus
grand soin: c'est qu'il n'y a pas un seul rite d'ordination dans
l'Église Catholique qui ne comporte cette définition précisée soit par
l'un soit par l'autre des deux modes d'expression équivalents … «
L'argumentation anglicane est alors examinée plus à fond: »Les termes
prêtre et évêque sont maintenant entendus, selon vos dires, sans
ambiguïté, dans l'acception qui désigne ceux qui ont reçu en substance
ou dans sa plénitude le pouvoir sacrificiel. Pourquoi donc, dans la
première partie de votre lettre les avez-vous rejetés sous prétexte
qu'ils n'ont pas ce sens quand ils sont employés dans vos prières? Léon
XIII a raison d'expliquer dans sa bulle que la formule »Reçois le
Saint-Esprit pour remplir la charge et les fonctions de prêtre et
d'évêque« n'est aucunement valide, car ces mots sont ici vidés de leur
sens, et n'expriment pas la réalité instituée par N.S. Jésus-Christ. Un
nouveau rite a été introduit qui s'oppose au sacrement de l'ordre, ou
le corrompt en répudiant toute notion de consécration et de sacrifice.
Le pape souligne que si un rite d'ordination implique l'exclusion du
pouvoir d'offrir le sacrifice, il est forcément nul. Il est impossible
que la forme d'un sacrement dissimule ce qu'il devrait signifier
clairement; même s'il mentionne le mot prêtre cela ne peut convenir et
suffire.
D'autres passages de la Défense oui peuvent s'appliquer au rite
montinien de 1968 méritent d'être notés »Nos réformateurs« ont sans
doute conservé les mots prêtre et évêque pour désigner les deux plus
hauts rangs de votre Hiérarchie ecclésiastique, probablement parce
qu'ils n'ont pas osé rejeter des termes, si bien attestés par
l'histoire, si familiers… Mais dans leur esprit, ces termes ne
désignaient pas des clercs ayant pouvoir d'offrir le sacrifice, mais
des pasteurs chargés de leurs ouailles, pour les enseigner, leur
dispenser ceux des sacrements auxquels ils croyaient encore et d'une
manière générale pour prendre soin de leur âme. C'est le sens qu'ils
confessaient attribuer à ces termes en prétendant que c'était celui de
l'Ecriture et de l'Église Primitive.«
2. L'intention que révèlent des omissions
La »Défense« poursuit en citant Léon XIII: »II n'y a rien de plus
pertinent que de considérer les circonstances dans lesquelles le rite a
été fabriqué et publiquement autorisé. Comme ils avaient pleine
connaissance de la connection nécessaire entre la foi et le culte,
entre la lex credendi et la lex orandi, les prétendus réformateurs,
sous prétexte de retrouver la forme primitive (c'est aussi l'argument
de V2) ont perverti de maintes façons les dispositions de la liturgie
pour l'adapter a leurs erreurs.«
»Pour cette raison dans tout le rituel d'ordination il n'est fait
aucune mention directe de sacrifice ou de consécration, et d'offrande
d'un sacrifice; bien plus, ainsi que nous venons de le déclarer toute
trace de ces cérémonies qui étaient l'objet des prières du rite
Catholique … a été effacée, éliminée.
Les but des ces camouflages c'est de laisser perdre les doctrines
Catholiques et Apostoliques et non comme vous le prétendez, rendre l
erite plus simple.
Nous venons démontrer qu'on ne peut nullement arguer de l'emploi du mot
prêtre, dans le sens catholique, alors qu'il est mentionne dans le rite
édouardien innové. En quel autre endroit peut-on trouver que les grâces
qu'il demande ont un rapport quelconque avec la consécration et
l'oblation du Corps et du Sang de notre Seigneur? Nulle part ailleurs,
naturellement. Mais votre réclamation porte apparemment sur ce point:
nous n'avons pas le droit d'arguer de ce silence. Il serait suffisant
pour réfuter ce plaidoyer de montrer que, d'après les principes selon
lesquels le Saint-Siège doit juger, un rite d'ordination doit contenir,
soit implicitement soit explicitement, la signification précise de ce
qui est essentiel à l'ordre conféré. Mais le silence de votre rituel
n'est pas simplement neutre: il parle plus que des volumes …
»A quoi rime cette étonnante loi du silence? A rien, à moins que les
auteurs du rite d'ordination n'aient prémédité d'exclure du ministère
de leurs pasteurs des éléments qui sont essentiels dans le rite
Catholique. Reportez-vous donc au rituel Catholique qui était remplacé.
Nous ne faisons pas ici référence à sa forme ancienne, simple, qui se
trouve dans le sacramentaire de Saint Léon - notez que, même là, le
caractère sacrificiel du pouvoir transmis n'est pas seulement vaguement
signifié, si l'on excepte l'emploi des termes prêtre et évêque dans
leur sens Catholique. Nous voulons parler du rite prescrit et employé
en Angleterre et sur le continent à l'époque de la prétendue Réforme.
C'est le rituel qu'employaient Cranmer et ses collègues, avant qu'ils
ne le modifient. C'est donc avec lui qu'il faut comparer le rite révisé
si l'on désire interpréter le sens de ce dernier d'après des critères
rationnels. Le rite médiéval abondait en mots et en gestes qui
exprimaient le caractère sacrificiel du pouvoir qu'il était destiné à
transmettre. Ce point est tellement notoire que nous n'allons pas
insister. »Nous nous contenterons de rappeler que l'ordinant recevait
les instruments du sacrifice (le ciboire et le calice), qu'on le
revêtait des habits réservés à la liturgie du sacrifice, qu'on lui
oignait les mains. Ces cérémonies matérielles étaient accompagnées
d'exhortations adressées aux futurs prêtres. Ceci doit faire comprendre
que ces expressions frappantes du sacerdoce sacrificiel étaient la
pratique contemporaine depuis des temps immémoriaux. C'est elle que le
rituel édouardien d'ordination a éléminée. Pourquoi l'a-t-il fait?
»Ce n'était pas comme vous voulez le suggérer parce que des
réformateurs voulaient revenir à la norme primitive … et pas davantage
pour simplifier le rite, car ils auraient pu conserver quelque phrase
courte, telle que »Sacerdotum oportet offere, benedicere, praeesse,
praedicare, conficere et baptizare« - ou tout autre de sens équivalent.
Mais cela n'a pu faire sans raison: la seule possible c'est qu'ils
trouvaient répugnante la notion de prêtre sacrificateur qui,
disaient-ils, n'avait pas de garant dans l'Écriture. Ils voulaient, que
le rituel d'ordination l'ignore entièrement afin de l'en dissocier.
Cette démonstration devinent encore plus forte quand nous passons de
vos ordinations à vos célébra-tions eucharistiques. Pour être bref sur
ce sujet, si l'on compare le Premier Livre de Prières« d'Edouard VII,
avec le Missel, on remarque seize omissions dont le but évident est
d'évacuer l'idée de sacrifice. C est pourquoi nous devons à nouveau
poser la question: Pourquoi ces changements et suppressions
systématiques? N'est-ce pas parce que les »Pères anglicans« désiraient
éliminer certaines données catholiques de leur oeuvre? (2) (et
particulièrement étouffer la transsubstantiation et faire oublier
l'oblation du Corps et du Sang de A. S.)
3. Invalidité des ordinations anglicanes
»La question de fond c'est bien de déterminer si le langage de vos
rites d'ordination signifie réellement les ordres du sacerdoce et de
l'épiscopat ou, alternativement, les grâces et pouvoirs qu'ils
confèrent. Or, prétendre que leurs termes expriment avec autant de
justice et de propriété. La conception de Cranmer que celle de Gardiner
(3) revient purement et simplement à admettre que les rites … sont
imprécis et équivoques; que leur ambiguïté couvre à la fois l'assertion
(4) et la négation du vrai sacerdoce qu'a institué notre Seigneur.
D. Invalidité du rite montinien
A la lumière de la »Défense«
examinons le rite de V2. Voyons s'il y a compatibilité entre lui et le
rite Catholique. En d'autres termes faisons pour le rite de 1968 ce que
Léon XIII a fait pourvues prétendus réformateurs sous Edouard VI au XVe
siècle.
Au cours des âges, des prières et des gestes ont été intégrés à la
cérémonie d'ordination, au premier chef pour exprimer plus clairement
les pouvoirs et les grâces signifiées par le sacrement. Jamais, selon
Léon XIII, il n'y a eu de suppression … avant l'époque des soi-disants
réformateurs. Cette remarque s'applique aujourd'hui aux novateurs
montiniens, bien qu'ils adoptent la forme antique, ainsi que nous
allons le voir. Voici de quelle manière elle a été rédigée pour les
pays de langue anglaise (nous traduisons)
» Nous te le demandons, père tout-puissant, donne à tes serviteurs que
voici la dignité du sacerdoce. Renouvelle en eux l'esprit de sainteté.
Que par ton don divin ils obtiennent le deuxième rang dans la
hiérarchie et donnent par leur vie, l'exemple d'une conduite droite. «
Ce faisant les prières suivantes qui étaient dans le rite Catholique
ont été supprimées. D'abord celle accompagnant l'onction: » Daignez, o
Seigneur, consacrer et sanctifier par votre bénédiction ces mains que
nous oignons. Amen. «
Que tout ce qu'elles béniront soit béni, que tout ce qu'elles
consacreront soit consacré, au nom de N. S. Jésus Christ. « Puis celle
prononcée par l'évêque au moment ou il donne a chaque prêtre le calice
contenant de l'eau et du vin et la patène portant une hostie. » Recevez
le pouvoir d'offrir a Dieu le Sa-crifice et de célébrer la Messe pour
les vivants et pour les morts au nom de notre Seigneur. Amen. «
Pour l'onction des mains, Hannibal B. a écrit autre chose: » Le Père a
oint Jésus Christ, notre Seigneur, par la puissance du Saint-Esprit.
Puisse le Christ vous garder digne de faire à Dieu l'oblation du
sacrifice et de sanctifier l'assemblée des Chrétiens. «
A la place de la prière faite au moment de la remise des instruments
(cf. ci-dessus), suivant la nou-velle forme, l'évêque conciliaire dit:
» Accepte ces dons du peuple (4) pour les offrir a Dieu. Aie conscience
de ce que tu fais, sois aussi saint que les actes que tu accomplis et
modèle ta vie sur le mystère de la Croix du Christ. » Est-ce là la
désignation sans équivoque des grâces à transmettre? Certainement non.
Et pourtant Léon XIII a bien dit »Si un rite d'ordination implique
l'exclusion du pouvoir d'offrir le sacrifice (il désignait ainsi le
sacrifice de l'autel), il est nécessairement nul, bien qu'il puisse
mentionner expressément le mot prêtre. « La négation délibérée du
sacrifice de la Messe (donc la fois de la Croix et de l'autel) qui est
l'objet essentiel du pouvoir sacerdotal Catholique et Apostolique
oblige quiconque use de sa raison à conclure que le nouveau rite de
Montini est invalide. Car Léon XIII a bien précisé » Il est imposé que
la forme d'un sacrement qui dissimule ce qu'il devrait signifier
clairement, puisse convenir et suffire «. (5)
Oserons-nous fermer les yeux devant les mots de Léon XIII qui
s'appliquent au rite de V2 autant qu'aux rites d'ordinations anglicans?
Léon XIII prend même la peine de mettre pour nous, aujourd 'hui, les
points sur les i: »Il n'y a rien de plus pertinent que de considérer
les circonstances dans lesquelles le rite a été fabriqué et
publiquement autorisés, les prétendus réformateurs … ont perverti de
maintes façons les dispositions de la liturgie pour l'adapter à leurs
erreurs.«
Il nous faut donc conclure à nouveau que Paul VI était un faux pape;
que la nouvelle religion du Ile concile du Vatican n'est pas la
religion catholique; que ceux qui l'ont adoptée ne sont pas des
catholiques mais des apostats …
Il y a naturellement d'autres preuves parce que, comme les mutants du
XVIe siècle, les révolutionnaires de V2 ne se sont pas contentés de
changer dans un sens hérétique le rite d'ordination (6). Ils ont, malgré
la dépense formelle de Saint Pie V, qui par la bulle »Quo primum
tempore«, interdit qu'on y change un mot, altéré le Missel. Bien plus,
ils ont modifié tous les sacrements institués par le Christ. Nous ne
devons pas oublier que le contenu de la Foi doit être celui de la
liturgie: comme nous croyons, ainsi nous prions. Un prêtre est inutile
s'il n'offre pas sur l'autel le sacrifice de la croix. Léon XIII l'a
montré. Les pasteurs du nouveau rite n'ont pas pouvoir de le faire: ce
sont de simples laïcs.
Les Catholiques ne sauraient prendre part a une liturgie oui substitue
au sacrifice du calvaire, renouvelé sur l'autel, une parodie de
l'Oblation Immaculée. Ils ne sauraient fréquenter des faussaires. Ils
n'ont rien à faire non plus avec les prêtres, authentiques ceux-là, qui
pourtant se soumettent de leur plein gré aux contre-façons de Vatican
II. Il nous faut prier pour ces derniers à cause de leur crime: ils
cachent a beaucoup de catholiques ce que fait réellement la secte
conciliaire.
N.B. Nous souhaitons recevoir d'autres articles aussi intéressants de
nos amis de langue anglaise; en particulier, nous espérons que B. F.
DRYDEN nous fera parvenir son traité sur le sens des anathèmes qui
protègent les bulles pontificales.
Notes:
1) Nous utilisons le tutoiement révolutionnaire et
républicain de la secte conciliaire, bien que l'anglais laisse le choix
(you).
2) C'est l'accusation portée par les cardinaux Bacci et Ottaviani contre le rite montinien. (Note de l'auteur)
3) Étienne Gardiner (1490-1555), évêque de Winchester, chancelier
d'Angleterre, fut le principal défenseur de l'orthodoxie catholique
parmi les anglicans. Ennemi de Cranmer, il fut emprisonné sous Edouard
VI.
4) cf. Rite montinien, Note 5.
5) Note du trad.: Ceci montre surtout l'équivoque du rite montinien qui
recouvre à la fois la conception catholique et celle des protestants
qui ont collaboré à sa rédaction. Exactement comme le rite anglican
recouvre à la fois les idées catholiques de jardiner et celles des
protestants. Ici, c'est la version protes-tante. Un peu auparavant il
était fait mention du sacrifice (une fois à la sauvette).
6) Note du trad.: N'oublions pas non plus les erreurs doctrinales qui se retrouvent dans les nouveaux catéchismes.
|