Ou en sommes-nous?
par
Eberhard Heller
(trad. par André Corrihons)
"Credo . .. in unam, sanctam, catholicam et apostolicam ecclesiam"
La question est précise: où en sommes-nous – dans notre combat pour
l'église? Il n'est pas facile d'y répondre. D'un côté il y a les
manoeuvres tortueuse de la soi-disant église conciliaire qui dans la
personne de Wojtyla, disposant de l'opinion publique, jouit d'un médium
très persuasif; il y a aussi la déviation calculée du Basile d'Ecône et
de ses vassaux ecclésiastiques. D'un autre côté il y a l'ignorance de
la masse des chrétiens sincères et leur désir naïf et égoiste du Salut,
la réserve inexcusable et même le refus du clergé connaissant
l'orthdoxie catholique, de montrer aux fidèles la noirceur de la
pseudo-Eglise, d'éclairer l'ampleur de la catastrophe, tout cela
empêche que nous discernions nettement notre propre situation dans
l'église; il faut ajouter que notre jugement sur ce point n'est pas
facilité par les différences d'appréciations sur le sacre de nos
évêques enfin ordonnés à partir de 1981. Les uns crient: « Au schisme !
Au schisme ! »; les autres considèrent que par la suc-apostolique –
Dieu le veut ainsi – maintenant assurée tous les problèmes sont
résolus. Le reste va de soi: on se lie à un évêque que l'on supplie de
consacrer comme prêtres ou même évêques des ordinands réunis en hâte.
Tel est le programme de certains particuliers, ou touristes de bonne
volonté. L'argumentation de ces gens est foncièrement juste, c'est bien
vrai. L'Eglise (et son clergé) a été fondée pour administrer les
sacrements afin de sauver les âmes: d'où il appert que la Hiérarchie a
été créée pour servir les chrétiens et non pas les chrétiens pour
servir la Hiérarchie. C'est ce que les fidèles légalistes devraient
faire écrire en lettres d'or sur leur cheminée. Oui, mais d'autre part
c'est à son Eglise que le Christ a donné le pouvoir d'administrer les
moyens du salut – et non pas à une my-riade de sectes. Il faut toujours
tenir les deux vérités à la fois, étant entendît que dans la tempête
l'urgence du sauvetage impère les moyens du salut. Quelles possibilités
avons-nous face à ces difficultés d'appréciation, face à
l'enchevetrement des conditions, de nous rendre compte précisément du
terrain qui est le nôtre et des moyens de le tenir? Rien n'est plus
nuisible que l'aveuglement d'un activisme hâtif ou l'entraînement du
défaitisme et de la résignation, lorsqu'il s'agit de démêler l'écheveau
de données embrouillées, de résoudre un grave problème.
On s'étonne parfois de parvenir à surmonter des difficultés
considérables en usant de mayens à première vue trop simples ou de
portée limitée. Per-sonnellement je n'oublierai jamais combinent un
professeur de l'histoire de l'art nous dévoila l'essence même du
Baroque, en analysant des ornements qui lui sont propres.
Dans le symbole des apôtres nous répétons sans cesse: "Credo ... in
unam sanctam et apostolicam ecclesiam". Catholique convaincu, je crois
à ce que le Christ a voulu fonder, à l'institution garante de notre
salut. Les termes "une, sainte, catholique, apostolique" conditionnent
et établissent notre foi en l'Eglise. Ils vont nous servir à définir où
nous en sommes par rapport à elle, et ce qu'il convient de faire.
Nous allons d'abord procéder à un effort de clarification en élucidant
le sens de ces termes. Cette analyse ne peut qu'être très concise, à
peine esquissée. Elle nous permettra cependant d'engager notre étude,
en en fournissant la trame, qui nous conduira sans équivoque jusqu'aux
devoirs que la conclusion ne manquera pas de nous signaler.
I. L'unité
L'enseignement dogmatique – cf. par ex. Bernard Bartman: "Traité de dogmatique"; 2v, Fribourg 1928, parle de:
a) l'unité dans la Foi (Depositum fidei),
b) l'unité dans le culte et les sacrements,
c) l'unité du corps ecclésial, communauté organisée hiérarchiquement.
Le contenu de la Foi est fixé par le magistère dans le Depositum fidei,
auquel tous les fidèles sont obligés de croire. L’unité ecclésiale est
un fait visible, reconnaissable, qui se manifeste le plus clairement
par la primauté du Pape, partout publiquement établie, (cf. sur ce
point: Jean 10, 16: "Un seul troupeau, un seul pasteur"; Matth. 12, 25:
" Tout royaume divisé contre lui-même périra"; Paul, I Cor. 1, 10;
l’encyclique de Pie IX du 6.9.1864 – Denz 1685-1687; Léon XIII dans "De
unitate ecclesiae" du 29.9.1896 – Denz 1954 – 1962). L'unité de la
communauté ecclésiale et l'unité dans la Foi et les sacrements sont
conjointes par implication réciproque . L'unité par la hiérarchie est
la garantie de l'unité dans la Foi de l'Egli-se. En retour l'unité par
la Foi et les sacrements est le ciment qui l'Église-communauté.
L'hérésie et l'apostasie sont des péchés contre la Foi; le schismatique
s'oppose à l'unité du corps de la communauté, se détache du pape.
II. La sainteté
La doctrine catholique distingue:
a) la sainteté, donnée objective dans l'institution ecclésiale,
b) la sainteté des personnes, obligation pour tous les croyants.
Dans la sainteté objet réel, on comprend:
1) la sainteté passive, due à une consécration (Temple, autel, instru-ments)
2) la sainteté active – dans la mesure ou elle peut réaliser la sanctification des personnes (doctrine et sacrements)
L'Eglise objectivement fondée par le Christ est, objectivement,
entièrement sainte. Toutes ses struc-tures et dispositions sont,
saintes, car elle est "l'Eglise de Dieu" (cf. par ex. Ap. 20, 28; I
Cor. 1, 2). La sainteté des personnes résulte de la possibilité qu'ont
les fidèles de sanctifier leur propre volonté en suivant le Christ, en
l'imitant, en vivant selon Sa volonté parfaitement sainte.
Cette volonté de sanctification reste une exigence imposée à chaque
chrétien individuellement et à l'ensemble de la communauté des
catholiques. Il ne suffit donc pas de renoncer au péché pour gag-ner la
Vie Eternelle, de s'en abstenir effectivement; il faut s'engager
activement dans la voie où le Christ nous a précédé. Refuser
obstinément d'avancer dans la voie de la sainteté, c'est refuser
l'imitation de Jésus-Christ; concrètement cela signifie que l'on n'aime
pas, que l'on n'est pas près à faire des sacrifices. Je dois le
souligner encore une fois, la sanctification n'est pas seulement le
devoir de chaque individu, elle est l'affaire de toute la communauté,
ès-qualité: l'Amour des croyants pour Jésus c'est le lien par lequel et
dans lequel le corps mystique les unit les uns aux autres. Beaucoup ne
prêtent pas attention à cette exigence communautaire.
III. La catholicité
La note de catholicité est un caractère à la fois
a) interne
b) externe
La catholicité interne désigne la note d'universalité de l'Eglise,
institution du salut oui par la Foi et la vie sacramentelle donne forme
à la vie tout entière dès croyants. La Foi et la vie religieusement
conduite sont la réponse aux questions essentielles, qui décident de
notre fin dernière; elle se marquent l'épanouissement de notre choix
personnel. Elles embrassent toutes les facultés intérieures de notre
être si bien que race et environnement social ne comptent plus et ne
peuvent empêcher quiconque d'entrer dans l'Eglise. Cette vocation
d'universalité exprime la révélation apportée par le Verbe: elle
s'adresse à tous les hommes et tous les peuples, elle vaut, sans
limitation aucune, pour tous les temps.
Catholicité externe signifie que l'Eglise, en tant qu'institution et
com-munauté d'âmes s'étend et doit s'étendre à tous les peuples et tous
les pays. Elle présuppose naturellement l'unité (de la Foi, des
sacrements et de la Hiérarchie). La catholicité externe marque la
mission que l'Eglise est appelée à réaliser au cours de son histoire:
"Allez et enseignez toutes les nations". Dans la situation actuelle il
suffit que ce but reste dans le domaine du possible: en d'autres
termes, que l'Eglise, instituée pour le salut de tous, continue
identique à elle-même. Pour la visée qui est sienne à travers le temps
et l'espace, elle doit manifester son éminence et sa force, sa capacité
de convaincre et de s'étendre qui est la note de sa visibilité. C'est
ce qui la rend fondamentalement apte à sa vocation missionnaire.
(Catholicité virtuelle). Il n'est pas possible au chrétien de se
soucier uniquement de son salut individuel. Ses efforts ne peuvent se
borner à gagner le ciel pour lui seul. Au contraire il est responsable
pour une part du salut de son prochain et de ses frères: sa Foi même
l'exige. Chacun a le devoir, c'est son devoir de chrétien, de conduire
et d'accompagner ses semblables sur le chemin qui débouche dans la Vie
Eternelle.
IV. L'apostolicité
Elle se manifeste:
a) dans l'origine
b) dans la doctrine
c) dans la succession
L'Eglise est apostolique dans la mesure où elle reste sur les
fondations posées par les apôtres selon les plans qui leur ont été
directement confiés par le Christ; dans la mesure aussi où leurs
successeurs sont mandatés pour assurer la permanence de ses structures
jusqu'à la fin des temps.
Appliquons maintenant les critères ainsi explicités
a) d'une part au statut actuel de l'église soi-disant conciliaire,
b) d'autre part à notre propre position ecclésiale.
I. L'unité
a) L'église dite conciliaire a perdu l'unité dans la Foi, puisqu'elle
professe officiellement les hérésies "modernistes" (le faux
oecuménisme, la Messe = simple repas, etc... On peut consulter les
collections d'Einsicht qui exposent à longueur d'année les étapes de
l'apostasie.). Pensez seulement a la façon dont Wojtyla, chef de la
contre-église, conçoit l'unification avec les orthodoxes: pour éviter
la pierre d'achocment qu'est l'infaillibilité du pontife romain, les
orthodoxes ne seraient pas tenus d'adhérer à ce dogme, puisqu'il est de
foi seulement pour les catholiques. Quelle idée K.W. se fait-il des
dogmes catholiques! Il voudrait sacrifier l'unité de la doctrine pour
obtenir la réunion des communautés ecclésiales. D'ailleurs si, entre
l'Orient et l'Occident, l'unité du culte et des sacrements se faisait
lorsqu'était réglé le désaccord sur la Tradition, il n'en est plus de
même aujourd'hui. Chaque officiant de l'église conciliaire se bricole
sa propre liturgie, ce qui réjouissait Paul VI, grand amateur de la
macédoine "Pluralisme dans l'unité". Pendant son périple africain
Wojtyla a sans cesse fait valoir qu'il se souciait peu de la discipline
liturgique – chacun pouvait faire sa danse du sabre comme il le voulait
– mais beaucoup de 1'unité "ecclésiale" des communautés. Les nouveaux
rites sont adultérés, si bien qu'ils n'opèrent plus les sacrements. Par
sa chute dans l'hérésie la Hiérarchie s'est rendue illégitime, ipso
facto, et s'est démise de tout office et juridiction.
b) Contre les "réformateurs" nous nous sommes efforcés non seulement de
maintenir la Ste Messe, mais aussi de défendre la théologie de
l'eucharistie en sauvegardant le Bon Dépôt. C'est ainsi que tant par la
doctrine que par la pratique sacramentaire fut conservée, dans nos
groupes de résistance, 1'unité de la Tradition. Celle-ci ne fut
modifiée en aucune façon, car nul n'était habilité à le faire. Mais ce
qui fait défaut c'est l'unité des membres dans une structure
hiérarchique. II manque (encore) le pasteur universel que le Christ a
voulu donner "à son troupeau pour le guider. C'est pourquoi il ne
manque pas seulement le représentant de l'unité de l'église militante,
mais aussi, et c'est beaucoup plus grave, la définition juridique de la
charge dévolue à chaque clerc, qu'il soit prêtre ou évêque. Privé de
Pape par le malheur des temps, chacun d'eux obéit directement à l'ordre
de mission du Christ. C'est cette référence qui peut seule légitimer
son dévouement sacerdotal, à condition qu'il le mette en oeuvre dans
une perspective ecclésiale: il doit tendre vers l'unité de la
Hiérarchie établie sous l'autorité papale. (Pour cette définition
précise des droits et devoirs des prêtres et des évêques dans la
conjoncture actuelle, nous attendons l'étude promise par Mgr. Guérard
des Lauriers O.P.)
Que l'on examine sous cet angle de la conduite des écôniens: ils
reconnaissent une hiérarchie depuis longtemps déchue de ses
prérogatives. Ce faisant ils abandonnent la seule Eglise Militante et
se tiennent dans le schisme. Bien plus, leur forfaiture entraîne une
conséquence encore plus grave: ils se subordonnent à ceux qui,
ostensiblement démolissent l'Eglise, aux ennemis du Christ, dont les
desseins ne leur échappent pas. Par là ils s'opposent a la
reconstruction de l'église et portent leur témoignage contre l'unité
véritable. Si les écôniens n'avaient pas existé, les francs-maçons
auraient dû les inventer: tel est le diagnostic pose par un fameux
routier des combats pour l'église. Ils administrent donc les (vrais)
sacrement en dehors de toute légitimité, – sans ordre de mission. Car
c'est seulement à son Eglise que le Christ a donné le pouvoir
d'exécuter la tâche commandée. On voit bien – en négligeant pour le
moment le problème que pose le fait que l'ordination de M. Lefebvre
résulte de l'action d'un franc-maçon. Achille Liénart en l'occurence –
que les écôniens bafouent l'unité de l'Eglise. Il est interdit aux
catholiques, sous peine de péché, ( à moins qu'ils ne soient in
articule mortis) de recevoir les sacrements administrés par les
lefebvristes.
II. La Sainteté
a) L 'église nouvelle a altéré le contenu de la Foi, adultéré les
sacrements. La hiérarchie complice a été ipso facto déchue. Ainsi
l'usurpatrice détruitelle la Sainteté en tant que donnée objective de
l'Institution catholique. La sanctification commune et celle des
individus est une exigence fondamentale gravement occultée: elle est
remplacée par l'appel à un humanisme diffus. "Humains, restez ce que
vous-êtes! "telle est la consigne lancée par le 'pasteur des âmes'. De
l'amour de Dieu, premier commandement, on ne parle plus guère.
b) En vérité, (en tant qu'ossature; cf. I. L'unité) nous avons conservé
le Bon Dépôt et les sacrements dans leur pureté originelle. En nous
rappelant que cette sainteté objective nous invite impérativement à
suivre le Christ, c.à.d. à nous sanctifier individuellement ou en
communauté, à tendre vers la perfection de nos moeurs et de notre
religion, nous devons, chacun de nous, si nous avons encore quel-que
notion de ce qu'est l'humilité, nous battre vigoureusement la poitrine
en disant: "Mea culpa, mea culpa ..." Il n'y a rien d'autre à dire sur
ce sujet.
III. La Catholicité
a) Quand on favorise le faux oecuménisme comme l'a fait Montini, comme
le fait Wojtyla ("Redemptor hominis", "service divin" en commun avec
les anglicans pour créer la religion de l'unité mondiale), on piétine
la note d'universalité de l'Eglise. Celle-ci est ipso facto ravalée au
rang de secte parmi d'autres qui ont pareillement le droit d'être
reconnues, puisque l'église ne fait plus valoir qu'elle seule peut nous
mener au Royaume de Dieu. Le défaut de catholicité interne entraine la
caducité du devoir missionaire.
b) En conservant intégralement la Révélation de Bieu, nous avons
sauvegarde la catholicité interne. Or l'apostasie de la hiérarchie
entraîne dans l'erreur l'immense majorité des chrétiens. De plus masqué
d'orthodoxie, Lefebvre poursuit sa trahison qui vise à ramener dans le
giron de la Rome apostate les fidèles mal informés qui lui font
naïvement confiance. Les rangs des catholiques militants en sont encore
plus éclaircis, la troupe des croyants réduite au dernier carré. Il
existe cependant encore en Europe, dans les deux Amériques, en Afrique,
aux Indes, en Nouvelle-Zélande, des débris de communautés, des groupes
indépendants qui professent la Foi et pratiquent les sacrements de
l'Eglise instituée par le Christ. (1) Mais comme il n'y a pas de
hiérarchie pour incarner l'unité, le potentiel catholique de l'Eglise
visible ne transparaît plus dans sa force et sa majesté. D'autant plus
que, par opportunisme (mal compris) ou par couardise, des clercs qui
n'ont pas oublié le contenu de la Foi, refoulent L'Eglise Rescapée dans
les catacombes.
IV. L 'Apostolicité
a) L'église nouvelle ne peut certes pas attribuer aux apôtres ses
conceptions hérétiques. De plus son origine apostolique disparaîtra
lorsque mourront les anciens évêques qui assurément furent des
successeurs légitimes mais qui ont laissé leurs voiles s'enfler au vent
de l'apostasie. Le moins qu'on puisse dire du nouveau rite épiscopal,
c'est, en effet, qu'il est dans sa majeure part grandement suspect:
d'où son invalidité. Et même si l'organisation apostate devait alors
reprendre le rite catholique, les sacres épiscopaux demeureraient
illusoires: les ordinands ne seraient autres que des laïques, car
l'obstacle de l'invalidité de leur ordination sacerdotale antérieure ne
peut être surinante.
b) Confiants dans l'assistance divine, nous avons pu grâce à
l'intervention de Mgr. Ngô-dinh-Thuc, sauver la succession apostolique
menacée – si tel est le plan de salut divin. Inébranlablement attachés
à l'apostolicité de la doctrine, nous avons assuré par la continuité de
la succession l'apostolicitas originis.
Qu'on me permette d'ajouter une explication sur les promotions à
l'episcopat. Dans l'avenir, certains cercles continueront, à cause du §
953 du Codex, à discuter la licéité des sacres adminitrés depuis 1980.
Ils pourraient abjecter que l'arrêt de la succession apostolique
n'était pas un danger imminent tant qu'il existait dans la nouvelle
église des évêques dont le sacre fut valide, et qui restaient
susceptibles de conversion. On fait ainsi allusion aux évêques ayant
accepté l'apostasie par opportunisme, par ex. Mgr. Graber et Mgr. Siri.
Cette éventualité de la conversion et du retour à la véritable Eglise
d'un évêque apostat (validement consacré) est une hypothèse que nul ne
peut écarter. Mais, si elle se réalisait, ri en en pratique – et dans
la perspective d'une restauration de la hiérarchie, ne distinguerait
ces évêques de ceux promus par Mgr. Ngo-dinh-Thuc. Considérer que les
évêques diocésains ou les cardinaux authentiques – donc ceux nommés par
Pie XII – garderaient leur position hiérarchique une fois convertis
c'est se leurrer assurément. Leur conversion (qui devrait être rendue
publique par une abjuratio) ne leur ferait pas recouvrer la juridiction
qu'ils ont perdue en déviant de la Vraie Foi. Le problème de la
proclamation de la vacance de la Chaire de Pierre et de l'élection du
nouveau pape, question liée à celle de la restauration de la Sainte
Hiérarchie, n'aurait été que renvoyé à plus tard. On n'aurait rien
gagné en temporisant. Les dangers courus par l'apostolicité auraient
été inutilement accrus et les fidèles auraient été privés des
sacrements que seuls les évêques ont pouvoir de conférer: la
confirmation dans le cas habituel, et l'ordination sacerdotale.
V. Conclusions
L'église conciliaire ne possède aucune des notes de l'Eglise du Christ
que sont l'unité, la sainteté et la catholicité; elle est aussi en
passe de perdre la succession apostolique: elle n'est qu'une
contre-façon, à dire vrai une secte, bien que jouissant de l'influence
dominante sur la vie publique, et dotée d'une organisation
supérieure... que prolonge la petite action pseudo-orthodoxe des
lefebvristes. Que l'on examine une fois de plus ce à quoi travaille
réellement Écône, indépendamment des des-seins individuels de ses
partisans: soumettre ceux-ci à l'autorité d'une secte, faire coexister
hérésie, apostasie et vraie Foi. Il pratique en esprit un oecuménisme
identique à celui qu'il reproche à Montini et Wojtyla. En conséquence
de quoi, M. le curé Milch a osé saluer la main-mise d'Ecône sur la
totalité du centre de Sarrebruck comme une "glorieuse victoire du
catholicisme" sur les "nuées putatives, professorales ou non". (Lettre
circulaire du 13.2. 83). Cet éclairage sur Ecône et ses troupes
d'auxi-liaires cléricaux permet de voir le décor grotesque d'une telle
mise au point.
Mais où en sommes-nous maintenant? C'est la question à laquelle il nous
faut revenir pour terminer. La sainteté de l'Eglise est aujourd'hui
gravement attaquée sur le plan communautaire. Sa catholicité externe
est de plus en plus occultée. Dans ces conditions le problème principal
demeure celui du rétablissemant de l'unité de l'Église en communauté
hiérarchiquement structurée. Il est alors impératif de réaliser les
opérations suivantes: déposer le "papa haereticus", condamner les
hérésies et les héré-tique, rétablir la juridiction hiérarchique. Il
faut qu'ainsi l'Eglise s'affirme visiblement, que sa discipline
juridique manifeste la sublimité et l'excellence de la Révélation
divine qu'elle apporte. L'auto-affirmation en tant que membres de
l'Église des groupes clandestins appelle une remarque. Elle est en
rapport avec leur effacement déplorable, qui est au premier chef celui
du clergé traditionniste. Four découvrir expérimentalement si un prêtre
confesse ou non son appartenance à la seule Eglise catholique, il faut
lui demander lorsque l'occasion se présente de fournir par ex. un
certificat de mariage et de procéder à la consécration nuptiale, ou
bien de donner un certificat de baptême et de baptiser, l'ordre des
requêtes doit bien être le certificat puis sacrement. Le résultat est
de nature à surprendre les novices. La question du certificat fait
d'emblée échouer la démarche dans la plupart des cas: le clerc dirige
le quémandeur sur léglise conciliaire et ses sacrements invalides ou
douteux; il pousse au sacrilège parce que la secte nouvelle possède
encore le sceau catholique.
On pourrait objecter: jusqu'ici la structure hiérarchique, la
visibilité et la majesté (disons le sceau) n'ont guère fait partie de
nos attributs; nous pourrons donc aussi nous en dispenser à l'avenir,
puisque nous avons le Bon Dépôt, les sacrements et la succession
apostolique. Je réponds sans ambages que nous n'avons pas le droit d'y
renoncer. D'abord c'est la catholicité externe qui disparaîtrait. Mais
il est également clair que le Christ a confié les moyens du Salut à Son
Eglise afin qu'elle les administre selon les modalités qu'il a fixées.
Il a fondé en effet son Eglise pour notre salut, c'est une institution
qu'il a créée ! Ce n'est pas une simple communauté spirituelle qui se
manifeste par la confession des articles de foi identiques (en
théorie), sans vivre en communauté organique (comme c'est le cas chez
les protestants) – le Divin Pasteur a créé une seule institution pour
tout l'univers et non une multiplicité de sectes. Renoncer à restaurer
l'organisation hiérarchique de l'Eglise, c'est adopter un point de vue
sectaire, et par suite perdre le mandat légitime de dispenser et de
recevoir les sacrements et moyens du Salut. On peut ajouter sur ce
peint d'autres arguments décisifs. On a déjà dit au début de cette
étude que l'unité de la communauté catholique consommée dans sa
soumission au pape, pasteur universel, garantit l'unité de la Foi. Sans
magistère suprême, dont les décisions dogmatiques font loi, l'unité de
la Foi est menacée. Car à l'avenir, surgiront sans doute de nouveaux
problèmes, qui devront recevoir une solution tirée de la doctrine
catholique... Quelle est la voix autorisée qui nous la fournira au nom
du Christ ? Nous serons sans doute obligés de donner une réponse,
exprimant notre conviction, apportant notre témoignage. Mais il faut
rester conscients du fait que cette réponse ne sera pas celle de
l'Autorité. Privés de celle-ci nous courrons le danger de dériver vers
un protestantisme involontaire. C'est un risque que nous avons tendance
a minimiser la plupart du temps.
La désunion, les chicanes entre personnes et groupes traditionnistes
fait douloureusement ressentir la disparition de la hiérarchie. Il faut
faire la part due aux ennemis camouflés qui, comme les agents d'Ecône,
cherchent à ramener les rescapés sous le joug de 'Rome', ou à
désintégrer les groupes de résistance! Avec ces agitateurs il n'est pas
question d'entente. Mais c'est aussi le manque de discipline, celle que
seule la hiérarchie pourrait établir qui provoque les différents
personnels, les heurts entre groupes, leurs querelles intestines. Lé
but que nous devons sans cesse viser c'est bien l'unité par la
restauration de la hiérarchie dans sa perfection antérieure. Qui veut
appartenir à l'Eglise apos-tolique doit participer aux étapes de cette
reconstruction. Il ne suffit pas de s'opposer au N.O.M., à l'usurpateur
K.W. et à son parti, ou à l'attelage préconisé par Lefebvre. Il est
désormais capital, qu'en plus de la défense de la Ste Messe et de la
doctrine catholique nous assumions la reconstruction de l'Eglise
militante.
Où en sommes nous? A la croisée des chemins: nous avons le choix entre la secte et l'unique Eglise du Christ.
* * *
Nôte du trad.:
(1) Le cas des communautés catholiques de rite non-latin est à
considérer à part. Il semble par ex. que les Maronites du Liban aient
conservé les quatre notes fondamentales. Mais Wojtyla travaille, comme
les antichrists précédents à détruire cette institution catholique
qu'est l'Eglise Maronite de rite oriental. Il a nommé un patriarche
qui, comme lui-même doit être l'agent de l'Ennemi... L'Eglise
universelle peut encore se ressoucer chez ces persécutés trahis /: la
lutte contre l'Islam immunise les chrétiens libanais contre le faux
oecuménisme.
(EINSICHT XII/6, p. 194 ss, XIII/1, p. 53 ss (allemande) et number spécial july 1983, p. 11 ss. française.) |