L’Eglise Catholique-Romaine de la diaspora – fiction ou réalité
par le prof. Dr. Diether Wendland
trad. abbé Paul Schoonbroodt
BREF APERÇU CHRONOLOGIQUE
Jean XXIII annonça peu après son élection qu’il convoquerait un «
concile œcuménique » ; il dit avoir été inspiré ou illuminé d’une
manière particulière, pour ainsi dire, par l’Esprit Saint et passa
ainsi aux actes. Manifestement parmi « les pères conciliaires » qui s’y
rendaient en hâte, personne ne s’était rendu compte que celui qui était
tenu pour « pape », était en fait un hérétique notoire.(…) Car, de soi,
un concile œcuménique convoqué par un pape de l’Eglise catholique
romaine jouit de l’assis-tance divine c’est-à-dire de l’assistance du
Saint-Esprit pour les discussions et les décisions à prendre en
matière de foi et de mœurs.(…) Tous les évêques répondirent
spontanément, sans contredire et joyeusement, à l’invitation en
assistant à la tenue de ce concile œcuménique par un hérétique notoire
; ils se soumirent donc à son autorité. C’est un événement assez
‘édifiant’, car, dans le passé de l’Eglise catholique, on n’avait
jamais vu quelque chose de semblable.
A propos de jugement erroné des évêques au sujet de Roncalli citons une
assertion faite par le ‘cardinal’ Döpfner, président de la ‘ Conférence
épiscopale allemande ‘ : Avec d’autres, dit-il, j’ai le ferme
espoir, un jour de vénérer, qu’il nous sera donné de vénérer le pape
Jean XXIII comme un saint de l’Eglise. » Car, selon Döpfner,
comme il l’expliqua dans un discours à la radio, Roncalli ne pensait
pas le moins du monde, à toucher aux dogmes ou à des principes
fondamentaux de l’Eglise. Etant donné son origine paysanne à laquelle
il aimait faire allusion, il avait, même en des choses mineures, une
sensibilité marquée pour la valeur de ce qui a été transmis par le
passé. Par ces paroles en l’air, des « fidèles » conservateurs,
perturbés par ce qui se passait, purent être tranquillisés. (…) La
plupart des catholiques, laïcs comme clercs, y accordaient foi
c’est-à-dire ils tenaient pour vraie cette contre-vérité massive. En
effet, on n’enregistrait nulle part une protestation publique, encore
moins un mouvement contre semblable monstruosité. (Encore qu’il y eut
une action par affiches du groupe « Una Voce, Gruppe Maria », à Munich
qui stigmatisa Döpfner comme hérétique à côté d’autres hérétiques).
Mais, si depuis plus de dix ans les gens étaient exposés à un continuel
‘bombardement’ d’hérésies venant ‘de haut’, il est clair qu’elles ne
pouvaient rester sans effet sur eux. Les hérésies sont les portes de
l’Enfer, parce qu’elles entraînent la perte du salut !
RONCALLI ET SON ‘CONCILE-ILLUMINE’
Très vite après l’ouverture de ce soi-disant « concile pastoral » qui
céda à l’esprit impur du monde (au sens biblique du mot) peu nombreux,
étonnamment très peu nombreux étaient ceux qui se rendirent compte du
fait horrible- que le Christ, le Seigneur de l’Eglise avait retiré
l’assistance divine à un concile oecuménique. Pourquoi donc ? Sans
doute pour rendre manifeste à l’ensemble des catho-liques que
l’ensemble de l’épiscopat catholique de notre temps ne pèse pas lourd.
Paradoxalement c’était aussi une grâce permettant de mieux approfondir
la connaissance de la foi et un don du Christ facilitant chez beaucoup
qui ‘étaient de bonne volonté’ de laisser tomber la confiance aveugle
(c’est-à-dire le fiducialisme) en leurs évêques, qui leur avait été
inculquée par l’éducation. Ce qui manque à la confiance aveugle est
identique à ce qui manque à une foi religieuse aveugle, savoir
l’intelligence et une réflexion rationnelle critique. C’est pourquoi on
parlait parfois sous ce rapport, à juste titre, d’une « infirmité
catholique » qui s’était répandue comme une épidémie. Plus tard cette
infirmité tourna à une maladie grave, mortelle au sens religieux. Mais,
si la vie surnaturelle, uniquement possible par la grâce divine,
s’éteint, on n’a pas d’autre possibilité pour le constater qu’à partir
des effets sur la nature humaine dans sa dimension spirituelle. Car,
nul ne peut affirmer qu’avant sa mort, il a la possession définitive du
don de la grâce de la vie surnaturelle C’est pourquoi St. Paul enseigne
‘que nous devons travailler à notre salut avec crainte et tremblement »
(Phil. 2,12)
Si un concile œcuménique tombe dans l’hérésie ou profère des hérésies,
il ne s’ensuit pas qu’il s’agit d’un pseudo-concile ou d’un concile qui
n’en était pas un, mais que tous les ‘évêques catholiques’ et leurs
satellites comme piliers de ce concile ‘étaient déjà hérétiques’ et
avaient « apostasié » l’Eglise catholique romaine, apostolique. Il n’a
pas fallu trois ans pour que de cette apostasie naisse la structure
monstrueuse de « l’église romaine conciliaire », se manifestant et
s’activement non seulement à Rome mais aussi dans tous les diocèses.
Son premier chef, Roncalli, permit qu’on lui mette la tiare, afin que
partout dans le monde les fidèles ‘voient pour croire’; cela ne
concernait pas seulement les catholiques romains qui étaient à Rome,
mais aussi les autres dans le monde grâce à la TV et les
magazines.
Si l’on veut tirer au clair une catastrophe ecclésiastique-tout comme
pour une catastrophe de l’Etat- il faut se reporter au commencement
réel pour en connaître la cause principale, faute de quoi il n’est pas
possible de savoir, ‘quelles conséquences en découlent’. Si le 2e
concile du Vatican n’avait pas eu lieu, il aurait suffi de s’occuper de
Roncalli et de ses ‘amis’. Seulement la propagande en faveur d’un
prochain concile réformateur réussit à en détourner beaucoup de
personnes. Nul, s’il n’est un tant soit peu raisonnable, ne s’opposera
aux réformes, voilà le slogan qu’on pouvait entendre à ce moment. Même
les catholiques fidèles n’aimeraient que leurs frères dans la foi
soient traités par les leurs comme sots et rétrogrades pour la bonne
raison qu’ils « ne connaissent pas les signes des temps » et « qu’ils
restent toujours attachés à des vieilleries ». (.. .)
A cette époque il n’y en avait pas mal qui, par ignorance ou défaut de
connaissance, confondaient le corps des évêques, hérétique, « visible »
à échelle mondiale, avec le petit troupeau (au sens biblique) de
Jésus-Christ, alors que, en fait, ce troupeau avait cessé d’être
visible aussi bien dans sa totalité que dans ses parties. ) Au moins la
question était posée : qu’est-ce qui se passe dans l’Eglise catholique
romaine ? mais surtout qu’est-ce qui lui arrive ? En effet, tout se mit
à bouger et était maintenu en mouvement avec persistance. Par qui ? Par
le clergé, car le laïcat n’y avait pas part ; d’autre part la masse du
peuple catholique était bien trop passif pour qu’on ait pu le remuer.
Il con-tinua d’adhérer à une sorte de ‘catholicisme ambiant’ hérité des
ancêtres, en fait stérile, mais qui s’est même conservé jusqu’au jour
d’aujourd’hui. (…)
L’APOSTOLICITE REFUSEE ET DETRUITE
A peine Pie XII, détesté par un grand nombre, le dernier pape jusqu’au
jour d’aujourd’hui, était-il mort et enterré (« horribile dictu »
=c’est terrible de le dire ) : plus tard Roncalli trouvera sa dernière
demeure à côté de lui !) il y eut presque partout dans l’Eglise
catholique d’étranges personnes pour relever la tête, surtout des faux
mystiques (presque exclusivement marqués par une dévotion naïvement
mariale) ; il est convenu de les qualifier de « personnes qui
bénéficient de grâces particulières », ’illuminées’ ; il y eut les faux
prophètes et les charismatiques, mais aussi des réformateurs de la
liturgie, voire des théologiens ‘catholiques’ qui remirent ouvertement
les dogmes en question ou qui prétendaient qu’ils étaient dépassés.
Tous ces maux qui obscurcissaient l’image de l’Eglise catho-lique et
qui surgissaient partout, s’étendaient à perte de vue ; ils furent
perçus également par les non-catholiques- non pas nécessairement avec
mauvaise joie, mais quelquefois même avec tristesse ! Mais où se
trouvait donc la cause de tant de maux ? Certains pensaient qu’il
fallait chercher la cause dans la vacance du Siège apostolique
commencée et non encore terminée. Mais cela ne pouvait pas être juste.
Car, une telle vacance du Saint Siège n’empêche pas le Saint-Esprit de
travailler dans l’Eglise de Jésus-Christ ; mettons à part que l’Esprit
Saint, envoyé depuis longtemps déjà, « souffle où il veut », mais non
où certains le voudraient.
Il faudra donc conclure que la cause se trouvait ailleurs, mais
toujours dans l’Eglise catholique et non en dehors d’elle. Et, en fait,
la cause de ces maux se trouvait dans les hérésies et non en quelque
chose d’autre, qui s’étaient répandues activement dans le corps social
de l’Eglise catholique. La vacance du Siège apostolique qui eut lieu à
ce moment-là et qui continue toujours actuellement, n’était que
l’occasion pour que celle-ci se manifeste publiquement. Il ne
faudrait donc pas seulement taxer cette vacance négativement, mais
tacher d’en comprendre le sens. Car, rien ne se passe sans la volonté
de Dieu qui, après tout, sait bien pourquoi il permet tel ou tel mal
physique ou moral. Uniquement ceux qui ne se rendirent pas
compte de la vacance perma-nente du Siège apostolique (depuis Roncalli
jusqu’au jour d’aujourd’hui) qui n’en saisirent pas le sens, allaient
se scinder en deux groupes prenant deux positions apparentes
dialectiques : les traditionalistes bien connus et les progressistes ;
les vieux conservateurs et les néo-modernistes, sans se rendre compte
qu’ils se trouvaient déjà, en fait, dans « l’église conciliaire » qui
les avait intégrés dans son sein. (…)
Déjà si l’on considère le « concile réformateur » imminent ( il faut
noter que cela ne pouvait être le deuxième concilie du Vatican parce
qu’il avait été convoqué par un hérétique) la question oppressive se
posait à tous ceux qui envisageaient avec des appréhensions cet
événement spirituel mondial : quel pouvait être le nombre de ceux parmi
les membres effectifs de l’Eglise catholique (clercs et laïcs) qui, à
la fin du concile seront restés fidèles et intacts dans l’Eglise
apostolique afin qu’ils puissent passer son héritage et
transmettre sa doctrine vraie ? (…) Car, tous les agitateurs, qui
s’étaient employés depuis longtemps pour un « concile » réformateur
général (on pouvait d’ailleurs voir à la TV leurs initiateurs
faisant des reportages), avaient comme objectif de rompre radicalement
avec l’apostolicité de l’Eglise catholique romaine. Voilà la
signification du mot de passe : il faudra repenser tout et emprunter
décidément de nouveaux chemins. De plus, « les signes des temps » eux
aussi indiquaient la même direction. Plus tard l’on disait, et c’était
logique : « Il n’est pas permis de retourner à la période d’avant le
concile » précisément parce qu’il a institué un commencement tout
nouveau !
Le catholique moyen, clerc ou laïc, était impressionné par ce slogan et
le considérait même comme raisonnable. De plus, ces ‘réformateurs’
radicaux étaient bien conscients du fait indéniable que la plupart des
catholiques n’avaient plus aucune notion de l’apostolicité de l’Eglise
ou alors ils n’avaient que des idées très vagues, à telle enseigne
qu’ils n’étaient pas en mesure de discerner l’hypocrisie des
réformateurs lorsque, le dimanche à la messe, ils professaient de
bouche « Credo… apostolicam Ecclesiam ». Car, les uns ignoraient ce
dont il était question, les autres savaient certainement qu’ils
mentaient comme des hypocrites. Les deux célébraient
d’ailleurs la sainte messe « una cum Roncalli »
).
EN ROUTE VERS LA DIASPORA
La tentative de la destruction de l’apostolicité de l’Eglise catholique
romaine-le sang des martyrs de S. Pierre et de S. Paul cria déjà
vengeance au ciel !- par le biais d’un concile général (il faut noter
que ce ne serait pas possible autrement parce que le Concile
Vatican I a fixé qu’un schisme ne peut avoir lieu sans hérésie)
devait nécessairement conduire à ce que l’Eglise fût d’abord refoulée
au bord de la société et pour finir dans les ‘catacombes’ (ou
‘underground’ –note du traducteur) de sorte qu’elle devienne une «
Eglise de diaspora ». Nous pourrions la nommer aussi Eglise
catholique-romaine de la diaspora. Cet état de vie douloureuse au
milieu d’une situation de diaspora de la vieille Eglise romaine se
manifesta déjà plus ou moins lors de « la cérémonie de clôture » du
Concile. (C’était en décembre 1965, première césure !) lorsqu’il n’y
eut plus de doute possible que tous les sièges épiscopaux, sans
exception, étaient occupés par des hérésiarques qui commencèrent à
paître leurs troupeaux, avec le soutien de leur clergé dans ’l’esprit
du Concile ‘ ; ces prêtres leur étaient dociles et, à leur tour, ils
commençaient à paître le peuple catholique dans ‘un esprit nouveau’,
afin d’incorporer un maximum de catholiques « à l’église conciliaire
romaine ». (…)
Cependant, les membres « vivants » (contrairement aux membres « morts
») de la diaspora de l’Eglise catholique romaine ne perdirent pas leur
perspective christocentrique ; de plus ils étaient conscients que
l’Eglise de la diaspora ne peut pas perdre son apostolicité (certains
en avaient peur) , mais que, sous ce rapport, elle pourrait tout au
plus subir un préjudice, encore que ce serait bien difficile. C’est
pourquoi il faut aussi se poser la question – à laquelle il n’est guère
facile de répondre : jusqu’où peut aller un tel préjudice ?
Car, l’apostolicité de l’Eglise de Jésus-Christ est indestructible,
parce qu’elle n’a pas été bâtie sur un homme quelconque, mais par
Jésus-Christ sur « le fondement des apôtres et des prophètes » selon
l’enseignement de S. Paul (Eph. 2,20). Cela, tous, les membres vivants
de l’Eglise catholique de diaspora, et ceux qui assument des charges,
le savent. Aussi, c’est la raison pour laquelle ils se trouvent en une
opposition radicale à « l’église conciliaire romaine » et à leurs
responsables. Déjà la fin de l’année1965 se trouvait sous le signe de
la contradiction et il marqua aussi le début du chemin épineux de la
diaspora. Alors la question se posa : à combien peut-on évaluer le
nombre de ceux qui emprunteront ce chemin avec courage et en étant bien
conscients ? Plus que cela, entreprendront-ils également une action
juste et nécessaire, afin de pouvoir survivre eux-mêmes en même temps
que les autres ? Car il est évident qu’il n’est guère facile de réussir
et de tenir bon dans une situation de diaspora ecclésiastique, surtout
si elle doit s’étendre sur plusieurs générations. Les aînés en 1965 ne
vivaient plus en 1990.
FAIBLESSES CONSIDERABLES DE LA RESISTANCE
La mort de Pie XII (en 1958) fut ressentie par beaucoup comme un vide
étrange ; les catholiques fidèles étaient frappés d’un deuil profond
parce qu’ils avaient perdu ce « roc au milieu du tourbillon ». A partir
de ce moment l’Eglise apostolique romaine prit progressivement un
caractère d’Eglise de la diaspora alors que la plupart des fidèles-et
cela se comprend- ne s’en rendaient pas compte. Il faudra sept ans
(1965) pour que cette situation de diaspora devienne visible. Il n’y
eut cependant pas de transformation de son essence, mais pendant son
cheminement à travers le temps il n’y avait que son état et sa
situation vitale qui avaient changé. Suite à cette intelligence des
choses se posa à nouveau la question quel pourrait éventuellement être
son état au bout de ce cheminement, si entre-temps aucun remède contre
le malheur de cette situation de diaspora n’aurait été trouvé pour
l’arrêter. Est-ce que tout cela allait aboutir-pour le dire avec S.
Paul- à l’état et à la situation vitale (et fondamentale) : « un seul
Seigneur, une seule foi (vraie), un seul baptême (sacramentel) » (Eph.
4,5) ? Ou bien allaiton rencontrer au bout de ce chemin une situation
ecclésiale telle que décrite par S. Jean au chapitre 12,13-18 de
l’Apocalypse ? « La femme » dont il est question n’est pas la Sainte
Vierge, mais l’Eglise persécutée qui pourrait (encore) s’envoler au
désert, en sa retraite où elle est nourrie un temps, hors de la
présence du serpent », si bien que le dragon fut rempli de fureur
contre la femme, et il y alla faire la guerre au reste de ses enfants,
à ceux qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le
commandement de Jésus ».
On en est encore loin, parce que une situation de diaspora n’équivaut
pas à un « désert », où les réfugiés et les persécutés seraient acculés
à vivre de la libéralité des autres. Car, la faculté de forger des
armes, de ranger une armée en bataille (…)- et de se dresser contre
l’ennemi qui s’est placé au sein de « l’église conciliaire romaine »,
des épées bien affûtées à la main, existe toujours. Cet ennemi n’est
nullement un « dragon » ou une « bête au service du dragon », ni même
un énorme scorpion dont il faudrait craindre les aiguillons, mais une
tortue grande et boursouflée, scintillant en quantité de
couleurs, se nourrissant de mouches et de vers de terre, mais il a
simplement une grande gueule qui n’arrête pas de proférer des
pseudo-prophéties et des promesses insensées. Or, depuis 1965 c’est ce
que Rome clame sans arrêt face au monde « urbi et orbi ».Il faut aussi
que l’Eglise catholique romaine de la diaspora ait un ennemi bien
défini, sinon elle lutterait contre des moulins à vent et cesserait
d’être l’Eglise militante (et in via) (…) Mais les résistants
eux-mêmes vont un jour être las de combattre et perdre leurs forces
parce que leurs énergies sont épuisées. Ils seront alors cloués sur des
croix invisibles. (…)
Il ne faut pas croire qu’ un affaiblissement avoisinant l’impuissance
dans le cas de l’Eglise catholique romaine de la diaspora, qui se
manifestait déjà lors de ses débuts entre 1962 et 1969, résultait de la
vacance continue du Siège apostolique, mais surtout de trois facteurs
négatifs qui apparaissaient surtout dans les diocèses, et donc pour
ainsi dire à proximité du lieu d’habitation des fidèles, réclamant une
solution. Cette faiblesse était due :
1.
à l’absence d’une structure d’organisation (car l’Eglise est aussi un
tissu social) qui devrait être conforme à la situation générale de
diaspora ; elle pourrait être réellement utile, afin d’éviter et
d’empêcher, dans l’intérêt d’un grand nombre, le sectarisme de groupes
et de groupuscules déjà latent autrefois.
2. absence d’un conseil central régional (et non national) de
catholiques théologiquement formés (p. ex. pour les pays de langue
allemande) doté de certaines compétences pour organiser la vie de
l’Eglise de la diaspora par des directives et des règles pratiques ;
d’autre part les fidèles pourraient s’y adresser, que ce soit pour des
questions religieuses ou canoniques, peu im-porte, pour être confortés
dans leur position et leur enlever le sentiment d’être livrés à
eux-mêmes ;
3. absence de catéchistes
compétents pour les adolescents et les adultes encore jeunes qui sont
déjà engagés dans la vie professionnelle, qui travaillent sans évoquer
les problèmes qui, dans la situation de diaspora se présentent
nécessairement à ceux qui envisagent le mariage catholique et la
fondation d’un foyer. Or, en règle générale, les prêtres étaient
totalement inaptes à donner une vraie catéchèse pour adultes parce
qu’ils n’étaient pas formés pour cela ; ce qui se savait autrefois déjà
parmi les gens de métier. N’étaient aptes que des laïcs ayant reçu une
formation en théologie, qui étaient actifs dans la formation des
adultes et qui étaient au courant de leurs problèmes. Hélas, il n’y en
avait que très peu qui auraient été susceptibles d’assumer cette
fonction. Mais il y en avait quand même de sorte qu’ au moins l’on pût
faire en commun un pas dans la bonne direction. On aurait pu alors
confier aux parents l’enseignement du catéchisme pour les
enfants, parce que les catholiques fidèles de la diaspora savent bien
quelles sont leurs obligations.
ESPERANT CONTRE TOUTE ESPERANCE
A l’heure qu’il est, peut-on encore remédier aux trois causes
principales de l’affaiblissement de l’Eglise catholique romaine de la
diaspora ? Voilà une question oppressante qui se pose, pas aujourd’hui
seulement. Je ne suis pas d’avis, comme d’autres avec moi, que des
objectifs manqués et des expériences erronées pendant plus de 25 ans,
rendent la chose impossible. A moins que le SEIGNEUR Lui-même, qui est
le CHEF de l’Eglise, n’opère un miracle spécial en supprimant en
quelque sorte cette faiblesse universelle. Il faut noter que celle-ci
repose presque exclusivement sur le respect humain. Nombre de personnes
sauront alors clairement que le Seigneur n’abandonne pas les siens,
surtout pas quand ils se trouvent au milieu de la dispersion ; certes,
ils n’en sont pas responsables parce que ce sont des autres qui en sont
la cause.
D’aucuns qui voient l’état actuel des choses et savent comment on en
est arrivé là, n’ont pas la force suffisante pour écarter cette
faiblesse. Par ailleurs il est un fait que le Christ n’aime pas les
lâches et les faibles (faiblards !), mais bien les forts,
capables »d’espérer contre l’espérance » et de tout attendre de
Lui seul et non pas de la part d’hommes quelconques qui se présentent
comme des porteurs d’espérance. Il est un fait qu’une Eglise de la
diaspora est toujours faible, mais il ne faudrait pas que les uns et
les autres se soient rendus coupables d’avoir causé cet
affaiblissement. Dans ce cas le Christ ne ferait pas de miracle, ce
serait un non-sens. De tels prodiges seraient uniquement le fait de
l’Antichrist et de ses précurseurs, savoir « les faux Messies » et les
« faux prophètes ». Le Christ lui-même a mis en garde contre de telles
gens qui se présentent toujours sous des peaux de brebis, mais qui sont
au-dedans des loups ravisseurs . (…)
Il n’y a pas mal de catholiques (qui le sont encore ) qui pensaient
-probablement parce qu’ils n’ont pas vu clairement et avec assez de
réalisme que l’Eglise romaine est en situation de diaspora- que la
situation de l’Eglise allait connaître un changement, comme ils
disaient, à partir du moment où nous aurons de nouveau des évêques
catholiques. En réalité, la situation n’a pas changé du tout, même s’il
y a quelques évêques qu’on peut considérer comme tels. Néanmoins le
fait qu’il existe de tels évêques, n’est d’aucune avance pour surmonter
et endurer une situation de diaspora ; cela se confirme par
l’expérience d’un grand nombre de personnes. Pour voir un changement il
faut bien davantage, savoir un apostolat missionnaire par des laïcs
dont l’apostolat devrait viser des objectifs pratiques et directs. Il
est impossible que cela marche dans ce récent mouvement hérétique
« pour le Pape et pour l’Eglise »(en Allemagne : Für Papst und Kirche),
mais dans un mouvement très modeste et humble « pour le Christ et pour
l’Eglise » ! (L’humilité chrétienne comporte le courage permanent de
servir dans l’obéissance au Christ. Les personnes faibles et lâches
sont incapables d’un tel « courage au service ».
En fondant son Eglise le Christ, le Fils de l’Homme, ne s’est pas
contenté d’appeler les apôtres à sa suite, mais aussi les disciples en
les envoyant en mission. Il est triste et pénible à la fois, si les
catholiques ne le savent plus , ou bien, s’ils le savent, qu’ils
empruntent des fausses pistes. Au mieux il y en a beaucoup qui donnent
l’impression d’appartenir à la progéniture spirituelle
des « disciples
d’Emmaüs », savoir ils sont sans intelligence et pleins de respect
humain. Faut-il qu’il en soit ainsi ? Sûrement non ! Mais pourquoi en
est-il ainsi ? Ne sait-on plus que Jésus-Christ, Notre-Seigneur veut
qu’on le prie, parce qu’il est le Maître et le véritable Seigneur ?
Personne, ni clerc ni laïc, n’obtiendra quelque chose ou ne tournera
quelque chose en bien sans Lui !(…) Une situation de diaspora exige
plus que l’esprit de piété et une dévotion personnelle afin de faire le
salut de son âme. Le Christ l’a dit :« Celui qui tentera de sauver sa
vie, la perdra » (Math. 10,39).
Personne ne peut savoir quelle sera la durée de la situation de
diaspora de l’Eglise romaine, gravement atteinte dans son apostolicité,
car, il n’y a que le Christ qui pourra y mettre un terme, quand il le
voudra ! Ce que nous voulons et ce que nous cherchons à atteindre,
n’est d’aucune importance. Qui oserait affirmer qu’il ne s’est pas
rendu coupable, d’une manière ou de l’autre de cette situation
misérable ? Oui, nous catholiques, d’abord les clercs et puis les laïcs
(ce qu’il ne faudrait pas sous-estimer) nous ne sommes pas allés fort
loin. Nous devons évidemment faire quelque chose, voire même beaucoup,
pour contribuer à une amélioration de la situation. Mais celui qui «
n’amasse pas avec Lui, disperse » (Math.12,30) ; il fait en sorte que
la situation de diaspora ne fait qu’empirer davantage. Or, sans
l’apostolat missionnaire des laïcs on n’amasse pas avec le Christ,
Notre-Seigneur, chose que certains « évêques de la diaspora » devraient
comprendre. Si les informations qui me sont accessibles sont exactes,
il n’y a jusqu’à présent qu’un seul à l’avoir compris. On marche à
reculons, tenant des traditions « ecclésiastiques fausses et qui sont
de plus tout à fait impropres à surmonter les problèmes de l’heure.
Cela n’existait pas jadis.
Il y a peu, paraissait aux USA un livre intitulé : « Will the Catholic
Church survive the twentieth century » ? (Est-ce que l’Eglise
catholique survivra le 20e siècle ?) Déjà cette interrogation
erronée de la part de traditionalistes énervés, s’imaginant pouvoir
sauver l’Eglise catholique de manière inadaptée, prouve qu’on ignore
tout à fait la situation réelle et véritable de l’Eglise apostolique
romaine, sans parler de l’absence de connaissances indispensables. La
réédification de l’Eglise qui a été ruinée dans sa structure par en
haut, ne pourra se faire que par en bas, à condition d’emprunter pour
cela les chemins qui sont indiqués- avec l’aide du Christ, évidemment ;
sans cela l’on ne bâtirait que sur du sable et l’on s’embourberait une
fois de plus.
CHATIMENT DE DIEU
La situation de diaspora de l’Eglise catholique romaine existant depuis
plus de 25 ans qui hélas n’est pas encore connue par un grand nombre,
est un châtiment de Dieu (trinitaire), non un châtiment de vindicte,
mais un châtiment médicinal. Mais pourquoi résiste-t-on à prendre
connaissance de ce fait ? N’est-ce pas enfantin et stupide de repousser
un remède salutaire et de ne pas l’absorber, même si son goût est amer
? Il est un fait que la vie de l’Eglise en diaspora est amère ; elle
n’est d’aucune façon douce comme le miel. Il y a beaucoup d’endroits où
des catholiques prient beaucoup ; et pour-tant ils ne cessent de se
lamenter : « Nous n’avons toujours pas de pape, ni même un évêque » !
Alors quoi ? est-ce si terrible, ferais-je comme réponse à ces
lamentations ? Le Christ ne vous suffit-il donc plus ? Alors qu’il nous
indique non seulement les voies à suivre, mais qu’il est la Voie
Lui-même ? Est-ce que le sens de certaines paroles de Notre-Seigneur
vous échappent ?
Entre-temps l’on ne marche même pas sur des voies qui mènent à Lui et
qui s’imposent spécialement dans une situation de diaspora.
Actuellement tout catholique adulte est soumis de ce fait à des
exi-gences bien plus fortes que le catholique moyen. Il s’agit donc de
changer fondamentalement sa manière de penser et de raisonner à partir
des données réelles. Pourquoi ne décide-t-on pas de se détourner des
membres « morts » de l’Eglise romaine et pourquoi ne cherche-t-on pas
le contact avec les membres vivants ? Ce ne sont pas les papes et les
évêques qui sont la « Lumière du Monde » sans plus alors qu’ils sont
vrais successeurs des apôtres comme papes et évêques légitimes. Est-ce
qu’on simule l’ignorance, afin de se débiner des obligations relatives
au bien du prochain dans le Christ et au bien commun de l’Eglise de
Jésus-Christ ?
Il ne suffit pas de tenir la vraie doctrine de l’Eglise romaine et s’y
attacher, encore faut-il la transmettre avec intelligence pour qu’elle
puisse porter ses fruits. En effet la doctrine de la Foi est liée à
l’intelligence, comme cela se doit, ce qui est bien différent des
idéologies courantes. La doctrine proprement chrétienne est une
doctrine de discernement et non un désordre doctrinal, contraire à la
raison. Pourquoi les catholiques n’écoutent-ils pas Celui qui, non
seulement détient la vérité, mais qui est la Vérité ?
Au lieu de cela ils suivent les hérétiques et
les considèrent même comme des « théologiens », pourquoi ?
A-t-on oublié ce que le Christ et les apôtres ont enseigné, pratiqué et
commandé à ce sujet ? Pourquoi ne lit-on pas intelligemment les Actes
des Apôtres en les appliquant avec du bon sens et avec la même
intention à la situation d’aujourd’hui ? Certains s’apercevront alors,
peut-être, de ce que beaucoup de nouveautés actuelles sont en fait
assez vieilles. Car, dans l’histoire du Salut et dans l’histoire des
malheurs de l’humanité il y a des redites. L’Eglise militante véritable
n’est jamais au bout de son itinéraire, mais toujours en route « dans
ce monde » - et chose à ne pas perdre de vue- elle n’est jamais liée à
un endroit de façon à ce qu’elle ne puisse jamais s’acclimater dans le
monde. (…) L’Eglise catholique romaine de la diaspora, malgré son
affaiblissement, n’est pas privée de la marque de l’Eglise militante.
Sur ce point il y a une différence avec l’« église conciliaire »
qui, elle, s’est adaptée au « monde » et à l’ « esprit du monde ».
L’ « église romaine conciliaire » qui a intégré dans son sein tous les
groupements et toutes les associations des catholiques sectaires est
loin d’avoir réussi à détruire l’Eglise catholique romaine en dépit de
son affaiblissement général ( !) , parce que la pierre
d’angle, Jésus-Christ est son seul Seigneur.(…) En cela
aussi, ceux qui sont dispersés, mais qui appartiennent à l’Eglise
romaine apostolique, la vieille « mater et magistra » se différencient
de ceux qui errent dans la foi tout en se désignant comme catholiques,
alors que, en fait, ils ne sont pas catholiques romains. On peut
facilement le constater, même indirectement. En effet, les catholiques
ayant pris conscience de leur situation de diaspora, sont des
fondamentalistes décidés, axés sur le Christ, simultanément ils sont de
vrais sédévacantistes.
Il est grand temps que l’Eglise catholique romaine de la diaspora
prenne conscience d’elle-même, au moins dans beaucoup de ses membres
sur le plan régional, que ceux-ci, malgré l’affaiblissement général,
parviennent à surmonter le respect humain, le grand obstacle à effet
paralysant, de sorte qu’on ne suive pas le Christ comme le seul Bon
Pasteur en refusant de faire ce qu’il commande : « levez-vous, ne
craignez point » (Math. 17,7. « Sois sans crainte, mais parle et ne te
tais point » (Actes 18,9). Pourquoi refuse-t-on des grâces qui sont
précisément données à l’Eglise en diaspora ? Personne mieux que le
Christ Lui-même ne connaît la situation de l’Eglise et la nôtre.
Pourquoi alors n’accepte-t-on pas Ses enseignements, alors qu’il est le
docteur suprême par excellence ? Et pour-quoi ne se sépare-t-on pas des
faux docteurs (hommes et femmes !) qui causent des ravages sur le plan
« ecclésial » et scolaire ? Aucun catholique, tenant la doctrine vraie,
ne confiera ses enfants à ces personnes pour en recevoir leur
enseignement. (…)
LES CATHOLIQUES A L’OMBRE DE L’EGLISE CONCILIAIRE ROMAINE
L’église romaine conciliaire, hérétique et apostate,
avec ses « nouvelles doctrines », son « culte nouveau », ses « nouveaux
rites, et son « nouveau droit canon » est devenue malgré bien des
difficultés une réalité sociologique, tant et si bien qu’elle cache
considérablement l’existence de l’Eglise catholique romaine de la
diaspora la soustrait aux regards de l’opinion publique. C’est pourquoi
l’Etat libéral et démocratique et la société profane ne remarquent pour
ainsi dire pas sa présence. Même les mass-media, habituellement curieux
- et les partis allemands avec le sigle « C » (chrétien)- ne semblent
la connaître ; cela se comprend (…) L’Eglise en situation de
diaspora, peut être visible plus ou moins bien, pour ce qui
est des notes de l’Eglise. La note de la sainteté fut en tout temps la
moins visible ; ce qui ne veut pas dire que la sainteté manquait. «
L’église conciliaire vieille Eglise romaine apostolique ? (…)
L’Eglise est une structure sociale religieuse d’une nature particulière
« dans ce monde », fondée par le Fils de l’homme divin sur le «
fondement des apôtres et des prophètes ». Simultanément le Christ
institua les sacrements (signes sensibles porteurs de la grâce), dans
un ordre déterminé. Il faut que les membres vivants de l’Eglise
catholique romaine de la diaspora se souviennent clairement et qu’ils
prennent conscience de ce processus complexe qui, dans le cours de
l’Histoire du salut se perpétue d’une manière propre. Cette prise de
conscience serait d’un grand secours parce que l’affaiblissement de
l’Eglise pourrait être surmonté par la grâce du Christ ; elle
permettrait d’éviter de faire fausse route ce qui ne ferait qu’
aggraver la situation de diaspora. De plus, que les catholiques de la
diaspora se souviennent que Notre-Seigneur Jésus-Christ était
précisément du côté des faibles, jamais du côté des forts. Que l’on
évite cependant une confusion entre faibles et faiblards dont la
caractéristique morale est la couardise. D’ailleurs, à regarder de plus
près, la plupart des iréniques ne sont finalement que des couards. Ils
se contentent d’observer la situation ou bien ils se débinent , lorsque
le Christ est blasphémé et honni publiquement (par la parole et par
l’image). Telle est la situation générale actuellement et qui plus
est, jouit de la protection de la loi.
Les catholiques romains de la diaspora ont vu de plus en plus
clairement, et ce malgré nombre de perplexités et des manœuvres de
détournement après qu’ils s’étaient séparés de l’ »église conciliaire
romaine », le fait que sans le sacrement de baptême et de mariage il
n’y a pas d’Eglise du Christ. Il n’y en avait pas mal et parmi eux
quelques clercs, pour qui c’était une connaissance nouvelle qui les
amena à une réflexion nouvelle. Ainsi le prêtre n’est pas absolument
indispensable pour administrer le sacrement du baptême, même
indépendamment du fait que la situation ecclésias-tique de la diaspora
est ipso facto une situation de nécessité. Ne pas baptiser les enfants
et les exposer au péril de mourir prématurément (soit pour cause de
maladie subite ou d’accident de route), sans qu’ils soient membres du «
corps mystique du Christ », c’est assurément un grand délit,
irréparable à l’avenir. « Laissez ces petits enfants, et ne les
empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui
leur ressemblent. »disait le Christ « ! D’autre part un prêtre est
fondamentalement inapte à donner et à recevoir le sacrement de mariage.
Or, l’Eglise de la diaspora a comme mission et devoir de réorganiser et
de régler avec des normes ces deux réalités ; seul le conseil central
régional, dont nous parlions plus haut, est en mesure d’assumer cette
tâche. L’on ne regardera pas en arrière, l’on envisagera clairement les
problèmes de l’heure et l’on verra les réalités en face, telles
qu’elles sont et non comme l’on désirerait qu’elles soient.
Personne ne connaît l’avenir, ni celui de sa propre vie, parce qu’il
est enveloppé dans le secret de Dieu. Rarement le Seigneur de
l’Histoire ne lève-t-il quelque peu le voile, parfois il le fait
indirectement en montrant que l’on avait fait fausse route du point de
vue religieux. Et pour ce qui est des fameux « signes des temps », il
faudrait distinguer s’ils viennent de Dieu ou de Satan. N’est-il pas
assez bizarre qu’actuellement bien des personnes périssent moralement
et du point de vue religieux sous le « signe de la liberté ».
Entre-temps quel est celui qui empêche l’Eglise catholique romaine de
se manifester alors qu’elle pourrait dresser un « signe visible de
contradiction », au moins sur le plan régional ? Bien sûr, cela
requiert courage et détermination, de l’endurance aussi malgré des
contre-coups auxquels l’on doit toujours s’attendre. Qui se portera au
secours des pusillanimes pour les réconforter dans leur espérance
? « Car, c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, voir ce
qu’on espère, ce n’est plus espérer : car, ce qu’on voit pourquoi
l’espérer encore ? Mais, si nous espérons ce que nous ne voyons pas,
nous l’attendons avec patience » Rom. 8,24s.). La patience équivaut à
une attitude de non-activité. La vertu chrétienne d’espérance n’est pas
vague, indéterminée, mais justifiée, déterminée en Celui-là uniquement
qui «est la Voie et la Vérité, » absolument, invariablement.
LA RECONSTITUTION DE L’EGLISE N’EST PAS EN VUE
Plus on saisit la réalité de « l’église conciliaire romaine »,
hérétique et apostate, plus on voit ce qu’elle est, mais plus aussi la
situation de diaspora de l’Eglise apostolique romaine apparaît
clairement avec ses faiblesses qui sont les mêmes partout. Parmi
celles-ci la vacance du Saint Siège, qui date de 1958, n’est pas
la seule. Car, dès le début de la dispersion où elle s’engageait et
plus tard aussi dans la résistance, malheureusement déviée, contre les
effets assez secondaires résultant du concile. On n’a pas vu clairement
les maux et les défauts à la base au niveau ecclésial et catholique,
qui entravaient, voire empêchaient la reconstitution de l’Eglise dès le
départ. )
Si l’on considère la situation ecclésiale eu égard aux régions, il est
maintenant « douze heures cinq » ; eu égard à la situation générale,
personne n’est en mesure de le dire. Il n’y a que le SEIGNEUR comme
CHEF de l’Eglise qui sait et ceux à qui Il veut bien « révéler » toute
la situation. Nous qui vivons dans la dispersion, nous ne pouvons pas
le savoir, mais nous « mettons notre espoir dans le Seigneur » tant que
nous vivrons. Nous n’avons pas de révélations privées ni des songes ni
des soi-disant apparitions mariales étranges, ridicules, nous
n’entendons pas non plus des « voix »( ni intérieures ni extérieures)
nous annonçant ce qui arrivera dans un avenir proche ou éloigné ou qui
nous instruisent de ce que nous avons à penser ou à faire. (…) C’est le
Christ, Notre-Seigneur par contre qui a pitié et viendra au secours des
faibles qui n’y peuvent rien. (…)
Lorsque Vatican II a consommé la rupture avec l’Eglise apostolique
romaine (…), l’essence de l’Eglise n’ a pas été changée, mais sa
situation concrète et l’état ecclésial. Certains étaient très soucieux
en voyant ce changement, mais peu nombreux étaient ceux qui en
mesuraient l’importance véritable. De plus, la poignée de ceux qui
vivaient déjà au milieu de la dispersion comme des bannis, se
trouvaient dans une situation précaire, ne pouvant plus en référer dans
des publications. Partout l’on se heurtait à des catholiques (éditeurs
ou lecteurs d’édition) qui s’étaient entourés de murs ou de parois de
caoutchouc) ; ils vous foudroyaient de méchants regards si l’on osait
ne pas souffler dans le « cor de ce saint concile » et de ses évêques.
Cela étonne de voir comment certaines personnes appartenant à ce qu’il
est convenu d’appeler ‘des catholiques d’un bon niveau de formation »
ont rapidement changé de front ! (..)
A ce moment plusieurs anciens problèmes jamais résolus, toujours
laissés pour plus tard se posaient à nouveau. Citons comme exemple le
problème de l’union entre le clergé et le laïcat dans l’Eglise du
Christ qui n’existait plus depuis fort longtemps. La meilleure preuve
c’est le cléricalisme dévastateur dont l’origine remonte au 18e siècle
et qui se trouvait en opposition avec l’unité de l’Eglise romaine
apostolique. Il y avait pas mal de catholiques qui avaient
toujours gardé la foi intégrale sans qu’ils aient pu se rendre compte
que l’ « église conciliaire romaine » et l’Eglise catholique romaine de
la diaspora commençaient d’exister en même temps. Ce n’est pas qu’ils
étaient naïfs, mais ils étaient sans cesse détournés par des choses
secondaires qu’ils avaient à affronter. (…)
Le but de tout cela consistait à camoufler la rupture avec la vénérable
Eglise catholique romaine et à détourner l’attention. A cela il faut
ajouter que le maintien de la « célébration sacrilège » de « la cène du
Seigneur » « una cum Roncalli ou Montini » avait comme but de tromper
la masse des fidèles qui sont généralement dépourvus de sens critique.
Ceux qui y assistaient, refusaient d’être éclairés; ils ne se rendaient
pas compte de ce qui se passait réellement. D’où une question difficile
se posait : quels sont les catholiques (surtout ceux qui ont une
formation scolaire plus poussée) susceptibles d’être instruits en
matière religieuse ou intéressés par une information utile ? Comment
les atteindre ? Il fallut bien constater que des conversations avec des
amis et connaissances étaient loin d’être suffisantes, en dépit de
quelques succès enregistrés par ci par là. Car, comme on constatait
bien vite, ce qui faisait défaut, c’était un plan fondamental pour un
apostolat missionnaire particulier et nouveau à appliquer par des
catholiques fidèles dans la diaspora ; mais cet apostolat aurait dû
être supporté par un nombre relativement important ou du moins être
soutenu. C’était impossible. En effet, un bon concept utile et
pertinent est toujours de nature à susciter l’intérêt d’un grand
nombre, en particulier lorsque le chaos religieux se manifeste autour
de vous. Ce chaos était perçu par tous, à moins qu’ils n’étaient déjà
aveugles spirituellement ou s’ils ne manifestaient plus d’intérêt pour
l’Eglise.
L’EGLISE DE LA DIASPORA – UN FAIT INDENIABLE
Dans les années soixante il semblait à la plupart de ceux à qui nous
parlions de problèmes d’ecclésiologie que l’Eglise catholique romaine
de la diaspora est une fiction. Dans les années soixante-dix le nombre
de ces sceptiques avait considérablement diminué. Dans les années
quatre-vingts personne d’entre eux, s’ils étaient toujours en vie, ne
parlait encore de fiction. Plus d’un était conscient d’être devenu un
catholique de diaspora, même au sein de sa famille , au point qu’il ne
savait plus que faire. Fils et filles, gendres et belles-filles,
parents et connaissances se moquaient ; au mieux il était considéré par
eux comme une pièce de musée qui tarde à prendre connaissance des
signes des temps. Un tel homme ne vit plus seulement en marge de la
société, mais en dehors d’elle, mais encore toujours dans l’Eglise
catholique romaine de la diaspora. Selon les apparences il est faible,
mais en réalité, il est plus fort que tous les autres autour de lui. En
effet, il connaît le chemin sur lequel il est placé et dont il ne
déviera point. Il ne prend pas la fuite afin de se cacher quelque part,
mais il est vrai, le chemin sur lequel il avance, est étroit ;
d’autre part, pour cette raison il conduit plus facilement au but. (…)
L’Eglise apostolique romaine (…) n’était plus aussi forte et puissante,
malgré que le Siège apostolique était vivant. Et pourtant c’est ce que
des prêtres et des théologiens teintés de cléricalisme continuaient
d’affirmer afin de brouiller la vue chez les autres. Cela se manifesta
par l’affaiblissement visible et les causes de celui-ci, à partir du
moment où l’Eglise apostolique romaine commençait à se transformer de
plus en plus en une Eglise catholique romaine de diaspora. La nécessité
de marcher à travers le temps sur une autre voie que la voie ordinaire
s’imposait . Mais, comme personne n’était préparé à cela, il était
impossible de prendre les mesures de prévention. Ainsi, si un enfant
est tombé dans un puits, on peut dans le meilleur des cas l’en retirer
couvert de contusions, si tant est qu’on a entendu ses cris au secours.
Après les années 1962-1965 « les enfants de l’Eglise catholique »
tombèrent en masse dans un puits profond. Il aurait fallu un grand
nombre de « sauveteurs » pour les en retirer. De plus, l’on ne voyait
plus grand chose de la « vigne du Seigneur », parce que les souris des
champs et les taupes s’y étaient multipliés rapidement. Il y en avait
pour s’interroger d’où pouvaient venir soudain ces bêtes. D’autres,
mieux informés, purent leur dire qu’il y avait longtemps que ces
‘bêtes’ s’y trouvaient.
Dans les années soixante (ce que l’on pouvait observer plus
particulièrement dans les contrées catholiques) il y avait beaucoup de
catholiques qui n’auraient jamais admis autrefois qu’on critique la
sainte Eglise catholique et qui la défendaient toujours, se
détournaient désormais avec aversion de l’Eglise catholique officielle
(ils la considéraient comme telle) refusant désormais d’avoir des
con-tacts avec elle. Comment fallait-il comprendre ce phénomène ? Chez
ceux qui s’en préoccupaient deux tentatives d’explication prévalaient ;
elles étaient pourtant fausses. Les uns pensaient qu’il s’agissait
d’une « émigration interne » ou « d’une émigration spirituelle » de
l’Eglise catholique ; mais cela finirait par une apostasie (de
l’Eglise). Les autres – principalement des clercs- parlaient
inconsidérément de « l’apostasie de la foi catholique » et ils
estimaient que ces catholiques étaient devenus par le fait même des
infidèles parce qu’on ne les voyait plus à la messe le dimanche. En
réalité, il ne s’agissait dans leur cas pas du tout de catholiques
ayant perdu la foi ! Leur attitude était au contraire une sorte
d’autodéfense et un recours irréfléchi à la protection contre des maux
manifestes, grandissant sans arrêt et liés aux effets du soi-disant «
concile réformateur ». Ce genre de catholiques appartenant à une couche
sociale cultivée n’étaient pas des « apostats », même s’ils déclaraient
parfois haut et fort qu’à l’avenir ils allaient se tenir éloignés de «
tout ce qui se rapporte aux choses de l’Eglise ». Or, ce n’était pas
aussi sérieux que cela en avait l’air. Ce n’était que l’éclat d’une
colère accumulée, suite à ce qu’on avait vécu ou entendu de terrible,
inclusivement le déni-grement. Au fond ces catholiques, sans en être
bien conscients, ne cherchaient qu’à échapper à « l’esprit du concile »
et ses retombées dans l’ensemble de l’Eglise catholique. Mais qui
allait éclairer ces catholiques et qui allait les aider à se rendre
compte que l’Eglise catholique romaine s’était déjà engagée dans une
situation de diaspora? Actuellement on ne sait plus où ces catholiques
‘fâchés’ se trouvent et ce qu’ils sont devenus. Sur le chemin de
l’Eglise catholique ils se sont perdus dans la dispersion. Plus tard on
n’a pas pu les récupérer, sauf quelques unités.
Tous-qu’ils soient traditionalistes ou progressistes,
vieux-conservateurs ou néo-modernistes- donc tous ceux qui, faute de
connaissances au sujet de la diaspora de l’Eglise apostolique romaine
et les causes de l’existence de celle-ci, estiment que l’église
conciliaire romaine » est, dès ses débuts une église catholique d’un
genre différent, avec une foi nouvelle, malgré qu’elle porte aussi la
marque d’une « contre-église » sauvage. Ces catholiques-là tournent en
rond ou bien ils sont récalcitrants comme des chevaux de cirque, qu’un
« dompteur » spirituel maintient en un mouvement perpétuel en les
tenant en laisse bien longue, sous les applaudissements d’un public
nombreux, qui de toutes façons a payé le ticket d’entrée ( la
dîme pour l’Eglise) attendant de voir un spectacle extraordinaire. De
la sorte la masse du peuple de l’Eglise ne bouge pas, car elle est
lente par nature. Ce qu’une « masse religieuse » attend de l’Eglise, ce
n’est pas le salut, mais du « pain et des jeux » des genres les
plus variés, elle n’est nullement disposée à assumer des charges .
PEU DE PERSPECTIVES POUR UN AVENIR ROSE
Que peuvent encore faire quelques individus qui vivent dans la
dispersion, face à une situation qui ne leur laisse présentement plus
beaucoup de champ de manœuvre. Il est certain que l’Eglise catholique
de la diaspora survivra le 20e siècle. C’est hors de doute ! Car le
Christ n’ est pas opposé à elle ni non plus à ses faibles membres. La
seule question qui se pose est bien celle-ci : Comment pourra-t-elle
survivre ? Dans toutes les régions où un aperçu peut se faire (c’est
plus facile en Europe qu’ail-leurs) c’est néanmoins très obscur.
Personnellement et quelques-uns avec moi, nous n’apprécions pas un
soi-disant « concile informe (incomplet) » à des fins déterminées, ni
même aux fins « d’élection d’un pape » sans qu’il y ait d’abord une
forme spéciale d’organisation opérationnelle, adaptée à l’Eglise
catholique romaine de la diaspora.(Il serait préférable de l’organiser
d’abord au plan régional et puis au plan supra-régional). Car, une
Eglise dans la diaspora, vivant donc dans la dispersion, est tenue de
sauvegarder son unité en respectant et en prenant comme norme les
principes d’unité ecclésiale qui est supérieure à une unité
sociologique profane.
« L’église conciliaire romaine » n’existe pas à Rome seulement - c’est
là que se trouve son chef – à moins qu’il soit parti « en pèlerinage »
- mais elle s’est incrustée dans tous les diocèses après que,
sans rencontrer de résistance, elle a pu investir ces territoires. Il
n’y a que cela qu’il convient de qualifier d’occupation. Pour ce qui
concerne les occupants eux-mêmes, ils ne sont rien d’autre que des
voleurs et des ravisseurs de la propriété d’autrui. Malheureusement,
pas un ne leur a contesté cette possession injuste parce que sous ce
rapport l’on est également trop faible. Entre-temps nul n’est obligé de
payer l’impôt (dîme) en plus d’autres taxes à ces occupants ! Ceux qui
le font, peut-on les appeler catholiques ?
(…) (Les rares exceptions de ceux qui
parvinrent à se détacher de « l’église conciliaire romaine »
confirment la règle. Ceux-ci étaient également conscients de ce
qu’à l’avenir ils n’auraient rien d’autre à manger que du pain sec.)
Si des catholiques fidèles veulent éviter de subir des traumatismes de
l’âme par apitoiement, léthargie et inactivité ou mutisme, ou dans ce
qu’on appelle « la foi vivante », il faudrait d’abord qu’ils se rendent
clairement compte de deux écueils qui existent présentement, mais qui
sont fondamentalement différents l’un de l’autre :
1. le colosse monstrueux de « l’église conciliaire romaine » hérétique et apostate, avec ses membres et adeptes, et
2. l’Eglise catholique romaine
de la diaspora, qui mène une existence séparée de l’église conciliaire,
souffrant d’un grand affaiblissement malheureusement causé par ses
membres.
Car, après tout, comme tout homme raisonnable sait, on ne peut agir
contre des maux physiques ou moraux que si on les a identifiés et si
l’on connaît leurs causes. Sinon tout un chacun s’engage, sans se
rendre compte, sur des chemins qui ne mènent pas au but. C’est la
marche des choses depuis de nombreuses années, sans que, généralement
et localement il y ait une amélioration de la situation ecclésiale.
C’est un fait que personne ne peut nier : il est nécessaire d’en tirer
les conclusions adéquates afin de ne pas périr.
De plus, les catholiques de la diaspora se garderont de méconnaître
leurs ennemis « traditionalistes », parce que ‘ pour maints fidèles,
ceux-ci sont aussi dangereux que les « conciliaires ». Cela n’a pas de
sens et cela ne mène à rien si des catholiques se soucient à propos de
« l’avenir de l’Eglise catholique » et s’ils font des spéculations
sauvages à ce sujet, tandis que ils ne voient pas la situation présente
de l’Eglise catholique dans sa réalité et quelles sont les exigences
qu’elle pose à tout baptisé comme membre de l’Eglise. Car, comme
S. Paul dit : dans l’Eglise tous sont membres les uns des autres ; si
un membre souffre, les autres souffrent avec lui. Or, l’Eglise
catholique romaine de la diaspora est sous le coup d’un affaiblissement
manifeste suite à des causes spécifiques. Qu’on tente donc
au moins d’identifier et d’écarter les principales causes de cet
affaiblissement, éventuellement par une action concertée sur le plan
régional, si c’était encore possible. Pour ce qui est de la situation
de diaspora dans l’Eglise elle a toujours un commencement dans le
temps. Pourquoi alors ne pour-rait-elle pas connaître aussi un terme
dans le temps ? Qu’on prie donc instamment et sans hypocrisie le Christ
Notre-Seigneur et le seul « bon Pasteur », pour obtenir Son secours.
Car, tous ceux qui ne sont pas avec Lui sont contre Lui ! Mais il
connaît aussi leurs noms… !
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