La crise de la succession apostolique et le sacrement de l'ordre en relation avec l'apostasie du 20e siècle de l'église de Rome
par Eugène Howson
On peut discuter pour savoir si l'apostasie de l'Eglise Catholique qui s'est manifestée dans le monde avec l'ouverture du Concile Vatican II, le 11 octobre 1962, est la grande apostasie prédite par Saint-Paul dans son épître aux Thessaloniciens II, chapitre 2 et par le Prophète Daniel, Dan.II, 31, mais il est hors de doute que cette apostasie est d'une ampleur insoupçonnée. Sans aucun doute, elle cherche ses racines au 19e siècle avec la plus grande de toutes les hérésies, le Modernisme, mais peut-être plus loin encore avec la Réforme Protestante.
Parmi les changements apportés par les révolutionnaires de Vatican II, le plus important a été la destruction du sacerdoce par le changement du rite conférant le sacrement de l'ordre et par la suppression du pouvoir de l'épiscopat de transmettre ce sacrement, tel qu'il avait été donné à l'Eglise Apostolique fondée par le Christ, de façon à ce qu'il puisse se perpétuer jusqu'à la fin des temps, comme II l'avait promis Lui-même. Cette destruction satanique était la première d'une série de réformes et elle est plus importante que la destruction du Saint-Sacrifice de la messe, car tant que le sacerdoce et le pouvoir de le transmettre reste au sein de la hiérarchie, il peut revenir un temps où le Saint-Sacrifice serait restauré, mais avec la destruction de la prêtrise et de ses pouvoirs, le retour de la Messe ne serait qu'une cérémonie vide de sens, une mascarade et un sacrilège, comme on le voit maintenant lorsqu'elle est célébrée par des hommes ordonnés suivant le rite sans valeur de Paul VI.
Malheureusement, l'attention a été plus attirée par la des¬truction de la Messe, au fur et à mesure des changements ins¬taurés par Jean XXIII et complétés par Paul VI, lorsqu'il im¬posa son Novus Ordo au cours de l'avent 1969. Ce n'est plus qu'un service de communion protestant, puisqu'il a défini sa messe comme "Une assemblée du peuple, présidée par le prêtre, pour commémorer la dernière Cène". Un des changements les plus significatifs, avec l'intention d'abolir la transsubstantiation, a été le fait de changer les mots de la Consécration par "une narration des mots de l'institution". Mais non content de cela, il changea les mots eux-mêmes et, avec l'introduction de la langue vernaculaire, les paroles latines "qui sera répandu pour beaucoup" devinrent "qui sera répandu pour tous les hommes"; commettant ainsi un blasphème et un sacrilège, en attribuant au Christ des paroles qu'il n'a jamais dites, ce que le Concile de Trente a d'ailleurs proclamé, tout en disant pourquoi.
En raison de la progressivité de cette destruction entre 1962 et 1969, la majorité des laïcs en Angleterre ne s'est pas rendu compte qu'on lui avait enlevé la Messe, telle que Saint-Augustin la lui avait apportée du pape Grégoire le Grand en 592. Seul Dieu peut juger des motifs du clergé, qui presque unanimement dans le monde, a fait preuve d'obédience servile.
Il y eut cependant quelques exceptions, comme le Fr. Oswald Baker, curé à Downham Market, Norfolk et une poignée d'autres qui se sont rebellés et sont retournés à la Messe pour laquelle ils avaient été ordonnés. En France, le nombre de ceux qui ont refusé l'apostasie est bien plus élevé. Dans la hiérarchie, sauf les cardinaux Ottaviani et Bacci qui, après une protestation, ont fait amende honorable, l'archevêque Marcel Lefebvre, des Pères du Saint-Esprit, est le seul à avoir relevé le défi. Le 24 décembre 1971, il a à nouveau célébré la Messe, telle que St-Pie V l'avait proclamée en 1570 comme valide et légale pour tous les prêtres, à perpétuité. Bien sûr, il a pu y en avoir d'autres, mais publiquement ils gardaient le silence, et seul Monseigneur Lefebvre fut suspendu pour avoir refusé d'accepter la nouvelle religion.
Le sacrement de l'ordre
Le nouveau Pontifical Romain, contenant les rites pour la prêtrise et l'épiscopat, fut promulgué le 18 juin 1968. Tout au moins pour ce qui concerne la prêtrise, il prit force de loi le 6 avril 1969. L'évangile selon Saint-Luc, chapitre XXII, v. 17, relate l'institution du sacrement de l'ordre.
"Et ayant pris le calice, II rendit grâces et dit: prenez et buvez en tous". "Et ayant pris le pain, II rendit grâces, le rompit et le leur donna en disant: CECI EST MON CORPS, qui est offert pour vous. Faites ceci en mémoire de moi". "De la même manière le calice aussi, après qu'il en eut pris une gorgée disant: CECI EST LE CALICE, LE NOUVEAU TESTA¬MENT DE MON SANG, QUI SERA REPANDU POUR VOUS".
Le Concile de Trente déclare au canon 2 de la XXIIe session "Quiconque dira que par les mots 'Faites ceci en mémoire de moi' le Christ n'a pas conféré la prêtrise à ses apôtres, ou ne les a pas ordonnés de façon à ce qu'eux-mêmes et d'autres prêtres puissent offrir Son Sang et Son Corps, sera anathème". Ceci est une des rares circonstances pour lesquelles l'Eglise a défini solennellement la signification d'un passage des Ecritures.
L'Eglise nous enseigne que les deux éléments essentiels pour qu'un sacrement soit valide sont la Matière et la Forme, ou les paroles qui accompagnent l'administration de la Matière et en expriment le sens. En ce qui concerne ce sacrement, le concile de Trente a déclaré dogmatiquement que la forme utilisée par le Christ pour ordonner ses prêtres était contenue dans les paroles "Faites ceci en mémoire de moi". Ces mots impliquent qu'en donnant à ses apôtres les instructions de poser cet Acte, le Christ leur a donné le pouvoir d'agir ainsi.
Qu'étaient-ils supposés faire? Changer la Matière, le pain et le vin qu'il leur avait donnés, en son Corps et en son Sang. Il est évident que lorsque les Apôtres ont transmis à leur tour ce pouvoir à d'autres, ils ne pouvaient employer les paroles "Faites ceci en mémoire de moi". Mais ils pouvaient utiliser la même Matière, et il est raisonnable de penser qu'ils l'ont fait, car, après tout, si, pour des raisons rationnelles et théologiques, les mots utilisés pour transmettre le pouvoir ou la grâce doivent clairement signifier la grâce a conférer, que pouvaient-ils trouver comme Matière plus adéquate que celle que le Christ lui-même a utilisée? De plus, les théologiens nous enseignent que l'Eglise n'a pas le pouvoir de changer la substance des sacrements, tels qu'ils ont été institués par le Christ.
Qu'est-ce donc un prêtre?
Dans leur Vindication of Apostolicae Curae, la bulle papale du pape Léon XIII condamnant les Ordres anglicans, les évêques anglais ont défini ainsi la prêtrise:
" Un prêtre est une personne qui offre le sacrifice: et tel est le sacrifice, tel est le prêtre. Dès lors, notre sacrifice est le sacrifice de la Messe, notre prêtre est celui qui est désigné pour offrir ce sacrifice. Quelqu'un donc qui a reçu de Dieu le pouvoir par les mots de la consécration de rendre présents parmi nous le Corps et le Sang du Christ sous l'apparence du pain et du vin, et de les offrir en sacrifice".
C'est ce pouvoir que le Christ a donné à ses Apôtres le Jeudi saint, lorsqu'il institua le sacrement de l'ordre. Dans leur Vindication de la bulle du pape Léon XIII, les évêques anglais poursuivent ainsi: "D'autres pouvoirs annexes peuvent être liés à cet office, comme celui de remettre les péchés ... mais ils sont rajoutés et viennent par après. Ils sont judicieusement annexés à la prêtrise, mais ils n'en forment pas l'essence. Le prêtre n'en serait pas moins un prêtre, si ces pouvoirs lui avaient été retirés. Et il n'en est pas plus un prêtre parce que Notre Seigneur a jugé bon de les lui communiquer. Il est un prêtre UNIQUEMENT parce qu'il a la charge et le pouvoir d'assurer sur l'autel la présence réelle du Corps et du Sang de Jésus-Christ et de les Lui offrir en sacrifice".
Le pouvoir supplémentaire ou annexe de remettre les péchés a été donné aux- Apôtres lorsque le Christ a institué le sacrement de la pénitence après sa résurrection, comme le dit Saint-Jean dans son évangile, chap. XX. V. 21-23.
"Après avoir soufflé sur eux, II leur dit: recevez le Saint-Esprit. Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez ; et ils seront retenus à ceux a qui vous les retiendrez".
Commentant ce passage du Nouveau Testament, Fr. Hugh Pope O.P. écrit:
"Pour absoudre les péchés un double pouvoir est requis, celui de l'ordre et celui de la juridiction: le premier est le même pour tous les prêtres, pas le second. En conséquence, lorsque le Seigneur donna à tous ses Apôtres le pouvoir de remettre les péchés, il faut s'en référer aux pouvoirs du sacrement de l'ordre, lorsqu'au cours de l'ordination les paroles relatées dans l'évangile selon Saint-Jean sont prononcées."
Fr. Pope se trompe lorsqu'il dit que le Seigneur conféra ce pouvoir à tous ses Apôtres, car selon Saint-Jean, St-Thomas n'était pas présent lors de la venue de Jésus. Nous ne savons pas quand et comment le pouvoir de pardonner lui fut conféré. Peut-être le reçut-il d'un des autres Apôtres, comme le fait l'évêque après avoir ordonné un prêtre, suivant la procédure instaurée par le Christ.
La chose essentielle est que ce pouvoir soit conféré d'une manière ou d'une autre et c'est évidemment le pouvoir de l'ordre qui nous intéresse.
Les Ecritures nous donnent une évidence très claire sur le moment et la façon dont le Christ a conféré ces pouvoirs importants à ceux qu'il a choisi comme disciples. Ce pouvoir qui est l'essence même de la prêtrise, à savoir rendre présent sur l'autel le Corps et le Sang du Christ sous l'apparence du pain et du vin, est donné par le sacrement de l'ordre, juste comme le fit le Christ lorsqu'il institua ce sacrement, et par après, comme nous l'avons noté, le pouvoir de pardonner les péchés.
Le concile de Trente est très clair sur la façon dont ce pouvoir est conféré par l'évêque au prêtre, un pouvoir qui peut seulement être donné à un prêtre. Il déclare: "Finalement l'évêque impose pour une seconde fois les mains sur la personne qu'il vient d'ordonner prêtre en disant: recevez l'Esprit-Saint, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. Par cette cérémonie et par ces paroles, il transmet le pouvoir divin de remettre ou de retenir les péchés, pouvoir qui a été donné par Notre Seigneur à ses disciples". Le rite utilisé par l'Eglise Catholique jusqu'au moment où il fut remplacé par le nouveau rite de l'apostat Paul VI en 1968 et rendu obligatoire le 6 avril 1969, faisait clairement la distinction entre l'attribution de ces deux pouvoirs, à l'exemple même du Christ.
En 1947, le pape Pie XII avait promulgué un décret appelé Sacramentum Ordinis, qui comme son titre l'indique, avait trait au sacrement de l'ordre.
Dans ce décret, Pie XII déclare que: "l'imposition finale des mains et les mots 'recevez l'Esprit-Saint pour la rémission des péchés, etc.1 ne font pas partie de la Matière de la prêtrise". Nous sommes d'accord que ceci ne fait pas partie de la Matière pour la prêtrise, mais c'est ambigu, parce que suivant le concile de Trente, et à l'exemple du Christ, ceci ou une cérémonie similaire est nécessaire pour communiquer le pouvoir de remettre les péchés. L'Eglise conciliaire et ceux qui la soutiennent ont utilisé ce texte pour justifier leur "absolution", alors qu'il n'est pas du tout évident qu'ils ont ce pouvoir, même si l'on admet qu'ils sont des prêtres valides.
Ce n'est pas seulement la raison humaine qui demande que des paroles et une certaine cérémonie servent à conférer un pouvoir à quelqu'un, c'est aussi l'enseignement des théologiens de l'Eglise que l'acte, la matière et la forme, pour employer leurs termes, doivent signifier clairement la grâce à accorder. Lors du baptême, par exemple, il ne pourrait y avoir absolution du péché originel, ou dans le sacrement de la pénitence, si certaines paroles et une certaine cérémonie étaient complètement absentes. Cependant les partisans de ces absolutions non valides prétendent que ce pouvoir est donné d'une quelconque façon lors de l'ordination du prêtre. C'est un argument contraire à la raison, contraire à l'enseignement du concile de Trente et surtout contraire à la voie choisie par le Christ, Fils de Dieu. Si l'ordination à la prêtrise impliquait automatiquement et sans qu'aucune parole ne soit prononcée, le pouvoir d'absoudre les péchés, ceci aurait dû se passer le Jeudi-Saint et ce que le Christ a fait après sa résurrection n'aurait pas de signification et serait absurde.
Dans son ouvrage 'Moral and Pastoral Theology', Fr. Henry Davis écrit au volume 4:
"La troisième imposition des mains n'est pas essentielle pour la prêtrise, mais elle l'est probablement pour conférer le pouvoir de remettre les péchés."
Son livre, écrit en 1943, fait une nette distinction entre les deux pouvoirs de la prêtrise. Bien que Notre Seigneur, Fils de Dieu, ait jugé nécessaire de conférer ce pouvoir d'absoudre les péchés par une cérémonie (souffler sur les Apôtres) et par les paroles que nous avons déjà mentionnées, et bien que ceci fut confirmé par le concile de Trente, les avocats de la religion conciliaire prétendent, mais sans fournir un seul argument valable, que tout ceci n'est pas nécessaire et ne l'a jamais été. Ils disent aussi, comme le fait le Catholic Dictionary de Addis et Arnold de 1931, page 604, " La dernière imposition des mains du Pontifical Romain et les paroles 'recevez l'Esprit-Saint, les péchés se¬ront remis à ceux à qui vous les remettrez, etc.' étaient selon Morinus et Chardon, inconnues à l'ouest pendant 1200 ans". Comment ce pouvoir était-il donc transmis?'
En contradiction avec l'enseignement des évêques anglais, en contradiction avec la raison, en contradiction avec les moyens choisis par le Christ, ils prétendent que ce pouvoir est donné automatiquement, en silence, lors de la cérémonie au cours de laquelle le prêtre est ordonné, c'est-à-dire lorsqu'il reçoit le pouvoir qui est l'essence de la prêtrise, celui de changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ.
Prétendre qu'un pouvoir ou une grâce peut être accordé sans aucune mention ou aucune indication est non seulement le som¬met de la bêtise, ce n'est pas rationnel, ce n'est pas admis par l'esprit humain et cela rend la théologie ridicule. Comment un tel non-sens peut-il se concilier avec le précepte que "Les sacrements, en tant qu'ils sont perceptibles et les signes efficients d'une grâce invisible, signifient la grâce qu'ils produisent".
Le nouveau rite de consécration des évêques conciliaires donne la confirmation de cette absence de pouvoir de remettre les péchés du chef des prêtres du Novus Ordo, même si pour la qualité de l'argument on admette qu'ils sont de vrais prê¬tres, puisqu'il s'agit d'un pouvoir qui ne peut être donné qu'à des prêtres catholiques ordonnés validement. Le premier des pouvoirs demandés à l'Esprit-Saint est celui de remettre les péchés. Si en tant que prêtres, ils l'avaient déjà, comme l'ont tous les prêtres catholiques, il serait illogique de demander ce pouvoir une nouvelle fois à Dieu, mais ce serait même sacrilège. En fait, comme maints auteurs l'ont écrit à-diverses occasions, ils ne sont pas de prêtres, tout au plus des clergymen, ou des Présidents comme Paul VI les a appelés.
Certains prétendent que les rites orientaux, acceptés comme valides par l'Eglise Catholique, ne contiennent aucune référence au pouvoir de remettre les péchés. Nous répliquons à cela qu'un tel pouvoir n'a pu et ne peut être donné, si l'on ne fait pas usage de paroles formelles, et peut-être d'une céré¬monie, lors de l'ordination du prêtre ou par après, comme Notre Seigneur le fit lorsqu'il conféra ce pouvoir. Et quant à l'argu¬ment que l'usage de ces paroles instituées par le Christ a été absent pendant l'équivalent de 1200 ans, il faut admettre dans ce cas que le sacrement de la pénitence a été perdu à jamais. Le Pouvoir doit être transmis, ou il s'éteint. Ceci re¬met en question l'origine divine de l'Eglise.
Durant la vie de Notre Seigneur sur terre, quelques scribes le questionnèrent, comme relaté dans l'évangile selon Saint-Marc, chap.II.v.5. Il dit au paralytique "Mon fils, vos péchés vous sont remis". Que fit le Christ pour prouver qu'il avait ce pouvoir? Ne fit-il rien, ne dit-il rien? Bien au contraire. Il répliqua. " Or, afin que vous sachiez que celui qui a voulu être le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, il dit au paralytique: levez-vous, je vous le commande ; emportez votre lit et entrez en votre maison. Il se leva aussitôt, emporta son lit et s'en alla devant tout le monde". Les scribes accusaient le Christ de blasphémer quand il disait "Mon fils, vos péchés vous sont remis", car , d'après eux, II n'avait pas le pouvoir de remettre les péchés. Tels sont les prêtres du Novus Ordo. Le prêtre catholique qui dispose de ce pouvoir, peut comme le Christ en faire la preuve. S'il ne le peut, il n'a pas ce pouvoir, même s'il est par ailleurs un vrai prêtre, c'est-à-dire quelqu'un qui a reçu l'essence de la prêtrise, le pouvoir de changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ et de les Lui offrir en sacrifice, le Saint-Sacrifice de la Messe.
Considérons maintenant un autre aspect de la théologie du sacrement de l'ordre. Le pouvoir essentiel de changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ est le seul pouvoir conféré par ce sacrement. Ce n'est pas seulement un pouvoir qui lui est donné par Dieu, mais un pouvoir où le prêtre agit à la place de Dieu. "Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang". Le pouvoir annexe de remettre les péchés est donné séparément, comme le Christ le donna à ses Apôtres. A nouveau le prêtre est le mandataire de Dieu. "Je vous remets vos péchés". Seul Dieu peut remettre les péchés, mais II a transmis son pouvoir à certaines personnes. Le prêtre a d'autres pouvoirs, mais ils sont d'une nature différente, comme par exemple dans le sacre¬ment de l'Extrême-Onction, où il est d'ordre administratif.
Le 3 mars 1547, le concile de Trente proclamait dans son Canon 1:
"Si quelqu'un prétend que les sacrements de la Loi Nouvelle n'ont pas tous été institués par Jésus-Christ Notre Seigneur ; ou qu'il y en a moins ou plus que sept à savoir: le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre et le Mariage ; ou que l'un de ceux-ci n'est pas véritablement et proprement un sacrement, qu'il soit déclaré anathème".
Malgré ce décret dogmatique, des écrivains qui sont des théologiens, usent lors de leurs discussions à propos du sacrement de l'Ordre d'une terminologie qui, soit relève le nombre de sacrements à plus de sept, soit divise l'unité du sacrement en deux parties, suite à la confusion entre un sacrement qui ne donne qu'une grâce, principalement par ce qu'ils appellent la Matière et la Forme, et des grâces et des pouvoirs conférés par des rites similaires, mais qui ne sont pas des sacrements et ne peuvent l'être en raison de l'infaillibilité du décret de Trente. Donc le fait de donner le pouvoir de remettre les péchés n'est pas un sacrement, bien qu'il confère au prêtre un pouvoir sacramentel. Nous le répétons, le sacrement de l'Ordre confère un pouvoir et un seul, celui de changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ et de les Lui offrir en sacrifice. Pour reprendre une fois de plus les évêques anglais, un prêtre est celui qui offre un sacrifice, et dans le cas du prêtre catholique il s'agit du sacrifice de la Messe.
Très souvent, on parle du sacrement des Ordre, comme si à chaque étape du chemin menant à la prêtrise, la personne recevant des grâces ou des pouvoirs, ce que nous ne contesterons pas, recevait juste une partie du sacrement, ce qui est absurde et provient vraisemblablement de la définition inadéquate de ce qu'est un sacrement. Lorsque le Christ a institué ce sacrement, il ne l'a pas fait par étapes, mais en une fois et II leur donna un pouvoir, comme dit plus haut. La définition habituelle disant qu'un sacrement est un signe extérieur de la grâce qui est donnée à nos âmes, doit être précisée au moins en disant quelle grâce est accordée et par la référence à son institution par le Christ. Il n'y a aucune justification, ni rationalité dans la fragmentation de ce seul sacrement.
Citons un exemple de cette confusion et de cette fausse inter¬prétation repris au Catholic Dictionary de Addis & Arnold, publié par Virtue & Co, Londres, 1931, page 603:
"Ceci semble cependant être l'endroit propice pour discuter de la question théologique de la matière et de la forme essentielles des ordres par lesquelles le sacrement est conféré sans aucun doute, c'est-à-dire les ordres de l'épiscopat, de la prêtrise et du diaconat". Comme il n'y a qu'un seul sacre¬ment de l'ordre, ceci implique une fragmentation.
A la page 605 du même dictionnaire, on trouve une autre affirmation faisant preuve de confusion et d'un manque de raisonnement logique. On y parle d'une ordination d'un degré majeur pour quelqu'un qui n'a pas reçu les ordres mineurs et on y prétend que le fait de conférer l'ordre majeur inclut la transmission des pouvoirs des ordres mineurs. Ceci est peut-être vrai en ce qui concerne les quatre ordres mineurs et les deux ordres majeurs précédant la prêtrise, qui est l'objet du sacrement de l'ordre, mais on atteint le domaine de l'absurde lorsqu'on justifie, comme Michael Davies le fait dans la publication Approaches, N° 71, 1980, la validité de l'ordination de Monseigneur Lefebvre par le cardinal Liénart en écrivant: "qu'il n'y a qu'un sacrement de l'Ordre et que la consécration épiscopale a l'effet de le conférer à l'évêque dans toute sa plénitude". Il prétend que même si l'ordination comme archevêque était invalide, il est devenu un prêtre par le fait du rite de la consécration à l'épiscopat. Ceci n'a pas de sens: rien ne peut donner la plénitude à quelque chose, si ce quelque chose n'existe pas déjà.
Davies poursuit: "En effet, au cours des premiers siècles, les évêques étaient consacrés sans ordination sacerdotale". Il ne donne pas d'exemples, ni de raisons pour justifier cette allégation, dont nous contestons la véracité, car ces soi-disant évêques n'auraient pu être aptes à transmettre aux autres le pouvoir du sacerdoce qu'il n'avaient et ne pouvaient avoir eux-mêmes. Morinus conteste que l'antiquité ait pu fournir des exemples de personnes consacrées comme évêques, qui n'aient pas été ordonnées prêtres auparavant. La plénitude de la prê¬trise ne peut être donnée qu'à un prêtre.
Le Catholic Dictionary, auquel nous nous sommes référés, signale que Saint-Cyprien a été consacré évêque, après avoir été ordonné prêtre, sans passer par les ordres mineurs, et il dit de même à propos de Saint-Augustin. Il n'y a rien à redire à ceci. Tous les ordres antérieurs à la prêtrise ont été créés par l'homme. Les Apôtres ne sont pas passés par ceux-ci et presque tous ont été abolis par l'Eglise Conciliaire. Ceci confirme l'absurdité de l'expression le sacrement des ordres". De plus, le rite en usage pour la consécration des évêques, du moins dans les temps modernes, ne fait pas référence à l'intention de conférer la grâce et le caractère de la prêtrise et ce n'est pas un sacrement. Comme nous le verrons plus loin, il s'agit d'un rite conférant des pouvoirs supplémentaires à un prêtre. Il n'y a qu'un sacrement de l'Ordre et un seul, la prêtrise.
Dans un livre intitulé "The Teaching of the Catholic Church", "L'enseignement de l'Eglise Catholique", publié en 1948 par Canon George Smith D.D.Ph.D., un article écrit par C. Cronin fait preuve de la même confusion. A la page 1046, il écrit: " Le sacerdoce est donc un sacrement. L'épiscopat est aussi un sacrement, bien que ce soit un ordre différent du sacerdoce". Ceci fait huit sacrements, contrairement au décret de Trente. Il poursuit la confusion en ajoutant "Le sacerdoce et l'épiscopat ne sont cependant pas deux sacrements distincts et il n'induisent pas dans l'âme deux caractères sacramentels différents". Faut-il en conclure que ce sacrement unique est divisé en deux parties? Cronin ajoute encore: "Le sacerdoce seul ne reçoit qu'un caractère incomplet, imparfait, immature". Tout ceci ne sont que des mots: aucune explication sur la nature de ce caractère, ni pourquoi ou comment Dieu aurait conféré un sacrement incomplet, imparfait, immature. Est-ce cela ce que le Christ a fait lorsqu'il a institué le sacrement le Jeudi-Saint. Cela signifie-t-il que la plus grande partie du clergé n'a joui pendant près de deux mille ans que d'un sacrement imparfait, immature? C'est tellement irrationnel et absurde, que cela mérite à peine qu'on s'y attarde plus longtemps. Le fait réel que nous soutenons est que le prêtre reçoit le sacrement de l'ordre dans son entièreté, c'est-à-dire qu'il reçoit la grâce ou le pouvoir de changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ et de l'offrir en sacrifice. Dans cette optique, un évêque n'est pas plus un prêtre que celui qui n'est pas évêque. Ce qui le distingue, c'est que par un rite spécial il a reçu entre autres choses le pouvoir de transmettre le pouvoir du prêtre à d'autres, et également le pouvoir de transmettre le pouvoir de remettre les péchés, assurant ainsi la perpétuation de ces deux sacrements, l'Eucharistie et la Pénitence. Disposant de ce pouvoir de transmettre les deux pouvoirs essentiels dont il dispose comme prêtre, l'évêque atteint la plénitude de la prêtrise, il est devenu le grand-prêtre. Le rite qui lui confère ces pouvoirs ou ces grâces n'est pas un sacrement et ne peut l'être à la lumière du décret de Trente, même si la cérémonie comprend ce que les théologiens appellent la Matière et la Forme.
Pour qu'un sacrement soit valide, trois éléments essentiels sont requis. La Matière, c'est-à-dire le signe matériel, comme l'imposition des mains, la présentation du calice avec le vin, et le pain, accompagné des paroles appropriées, telles que: recevez le pouvoir d'offrir le sacrifice, de sorte que la grâce ou le pouvoir conféré soit clairement signifié dans la Matière et dans la Forme, qui constitue les paroles accompagnant l'acte matériel. Si cette signification n'est pas suffisamment clairement exprimée dans la Matière et la Forme, elle doit l'être ailleurs dans la consistance du rite. C'est précisément le défaut de la part des Réformateurs du 16e siècle de préciser ce que le mot "prêtre" voulait dire pour eux, qui a été à la base de la déclaration du pape Léon XIII que l'ordination sous ce rite était "nulle et de nul effet". Le concile de Trente en session VII déclare:
"Les sept sacrements de la Nouvelle Loi ont tous été institués par Jésus-Christ et l'Eglise n'a aucun pouvoir sur la substance, sur les objets que le Christ Notre Seigneur a établi comme devant être conservés comme signes sacramentels, ainsi que le prouvent les sources de la Révélation Divine".
Quels sont les signes sacramentels que le Christ a utilisé lorsqu'il institua le sacrement de l'Ordre, comme révélé divinement par les écritures?
Dans l'évangile selon Saint Luc, chap. XXII, v. 17 nous pouvons lire:
"Ensuite prenant la coupe, II rendit grâces et dit: Prenez-la et la distribuez entre vous " et au verset 19: Puis II et le leur pour vous, prit le pain et ayant rendu grâces, II donna, en disant: Ceci est mon corps. Faites ceci en mémoire de moi"
Le concile de Trente a déclaré, sous peine d'excommunication, que les mots "Faites ceci en mémoire de moi" constituaient l'institution du sacrement de l'Ordre.
Il nous semble clair que la matière du sacrement tel que institué, était constituée par le calice, dont a pris une part, et par le pain. La Forme telle que Trente l'a décrété étaient les paroles citées ci-dessus. II est évident et rationnel de conclure que les mots ou la Forme utilisée par le Christ ne pouvait plus être employée par les Apôtres ou leurs successeurs, mais sûrement la Matière, la transmission du être la substance, calice contenant le vin, et le pain doivent le Christ l'a institué. Suivant l'enseignement du pour la changer, comme concile de Trente, l'Eglise n'a pas autorité pour le changer. A la lumière de la relation fidèle par les Ecritures de l'institution du sacrement de l'Ordre par le Christ, que nous dit l'histoire?
Le "Dictionnaire de théologie catholique" publié à Paris en 1931, contient à la colonne 1316 un article de Fr. J. Perinelle O.P dans lequel on peut lire: "L'histoire du sacrement de l'Ordre montre qu'au cours des neuf premiers siècles la porrection (la présentation des instru¬ments, c'est-à-dire le calice contenant le vin et la patène contenant l'hostie) était totalement inconnue dans le rite de l'ordination. Le décret du pape Eugène IV au concile de 1437 l'a rendue essentielle si pas la ailleurs, seule chose Florence en essentielle du sacrement de l'Ordre. Par ailleurs, les actes pontificaux ont accepté comme valides les ordinations faites à l'Orient, sans la porrection des instruments".
Bien que l'auteur parle du sacrement de l'Ordre, et non des Ordre, il n'est pas absolument clair s'il parle de la prêtrise, qui, nous le maintenons, est le seul et unique sacrement de l'Ordre. Par ailleurs, il ne fait aucun doute que le pape Eugène IV parlait bien de la prêtrise et ceci était en accord avec l'enseignement de Saint Thomas d'Aquin, environ deux siècles plus tôt.
L'article n'apporte pas de preuves à l'appui de l'affirma¬tion que la porrection a été inconnue pendant les neufs pre¬miers siècles, ni aucun détails sur les rites orientaux. Nous ne sommes pas non plus en mesure de contredire ces affirmations. Cependant, le concile de Florence ne fait aucune mention que son décret se rapporte à une cérémonie vieille de quatre cent ans et l'auteur n'explique pas comment à la lumière de la relation par la Bible de l'institution du sacrement avec la transmission des instruments, le calice contenant le vin et le pain, l'usage de cette cérémonie a été inconnu pendant neuf siècles après sa création.
D'après Suarez, le décret de Florence était un décret infaillible, "émanant du Magistère Solennel et Extraordinaire de l'Eglise". Le Dictionnaire dit aussi, mais sans donner de détails, que "la plupart des auteurs du 16e et du 17e siècle pensaient de même".
Le rite catholique en usage depuis au moins dix siècles jusqu'à son abolition en 1968 par le pape Paul VI, contenait la présentation des instruments, accompagnée de cette prière: " recevez le pouvoir d'offrir le sacrifice à Dieu, et de célé¬brer la Messe, pour tous deux les vivants et les morts, au nom du Seigneur". Dans son volume 2, colonne 1320, le Dictionnaire relate (contrairement à sa première assertion que la porrection des instruments a été inconnue pendant les neufs premiers siècles) que Dominique Soto, Grégoire de Valence, Estius et d'autres prétendent que la porrection des instruments remonte aux temps apostoliques, ou qu'au moins un équivalent existait. Malheureusement aucune preuve n'est fournie à l'appui de cette affirmation, ni d'ailleurs à propos de celle de Gormache et Jean Cabass que "l'imposition des mains est le rite institué par le Christ et que l'Eglise a le droit d'ajouter des conditions supplémentaires de validité, dont la tradition des instruments ferait partie".
L'usage des instruments dans les ordres autres que la prê¬trise, et la confusion dans les pensées et les écrits à propos de ce qui constitue le sacrement de l'Ordre, conduit à douter sérieusement de ce à quoi l'auteur fait référence, s'il s'agit du rite catholique ou du rite oriental. On peut présumer que c'est en se basant sur le fait que le décret du pape Eugène IV n'était pas un décret infaillible, que le pape Pie XII a émis en 1947 son décret Sacramentum Ordinis. Si le décret solennel de Florence a pu être changé, on peut supposer que celui de Pie XII peut l'être aussi ; en fait il revendiquait pour l'Eglise le droit de modifier les règles, et ceci fut fait en concordance avec son propre décret à l'Egli¬se Conciliaire.
Sacramentum Ordinis implique la fragmentation du sacrement, car il parle du sacrement des Ordre, et pour autant que la transmission des instruments soit en cause, il semble s'appliquer également à des ordres autres que la prêtrise.
Sacramentum ordinis déclare:
"Maintenant, il est évident que les sacrements de la Loi Nouvelle, en tant qu'ils sont des signes perceptibles et effi¬cients d'une grâce invisible, devraient signifier la grâce qu'ils produisent ... Le pouvoir et la grâce ont été suffisam¬ment signifiés dans tous les rites de l'Eglise Universelle à différentes époques et en différents lieux par 1'imposition des mains et les paroles qui la déterminent.. L'Eglise Romaine a toujours considéré comme valides les ordinations conférées dans le rite grec, sans la présentation des instruments, de sorte que le concile de Florence lui-même, au cours duquel l'union entre l'Eglise Grecque et l'Eglise Romaine fut affectée, n'a pas demandé aux Grecs de changer le rite de l'ordination, ou d'y insérer la présentation des instruments. L'Eglise désire, en effet, qu'à Rome même, les prêtres grecs puissent être ordonnés selon leur propre rite. Il en résulte, qu'en accord avec l'esprit du concile de Florence lui-même, la volon¬té de Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même ne demandait pas la présentation des instruments pour la substance et la validité du sacrement".
Si ceci est vrai à propos du concile de Florence, comment se fait-il que ce décret ait été considéré comme un décret infaillible, ainsi que nous l'avons relevé?
Comment efface-t-il l'usage des instruments par le Christ ainsi que les écritures le révèlent? Si ceci n'est pas la substance, et Trente dit que la substance ne peut être changée, pourquoi Florence ne l'a-t-il pas dit ou n'a-1.-il pas décrété au contraire que la présentation des instruments n'était pas nécessaire et que l'imposition des mains était suffisante? Si les instruments n'étaient pas la substance du sacrement, qu'était-elle? Si Florence avait accepté l'imposition des mains comme suffisante chez les Grecs, pourquoi n'a-t-il pas établi une règle uniforme?
Pie XII poursuit:
"Mais si ceci a parfois été nécessaire pour la validité à cause de la volonté et des règles de l'Eglise, tout le monde sait que l'Eglise est aussi capable de changer et d'abroger ce qu'elle a établi".
Il se réfère évidemment à la présentation des instruments, mais ceci ne répond pas à la question: est-ce le Christ ou l'Eglise qui utilisa les instruments comme la Matière? Bien que nous ne contestons pas pour l'Eglise le droit de modifier ce qu'elle a établi, un changement demande une raison, et Pie XII ne donne aucune raison pour modifier le rite de la présentation' des instruments par celui de l'imposition des mains.
Comme nous l'avons signalé, Pie XII dit que: "Le pouvoir et la grâce sont suffisamment signifiés par l'imposition des mains et par les paroles qui l'accompagnent". Ces paroles sont les suivantes: "Nous te prions Père Tout-Puissant, confère la dignité de la prêtrise à tes serviteurs ici présents. Renouvelle dans leurs cœurs l'esprit de sainteté, qu'ils puissent obtenir l'office du second rang reçu de Toi ô Dieu, et qu'ils puissent par l'exemple de leur vie, inculquer le modèle d'une sainte existence". Leur signification n'est certainement pas aussi claire que celle de la présentation du calice avec le vin et du pain de l'autel, accompagnée des paroles, non pas quelque temps après, mais en même temps. "Recevez le pouvoir d'offrir le sacrifice à Dieu et de célébrer la Messe, tant pour les vivants que pour les morts, au nom du Seigneur". Nous nous posons la question de savoir si elles sont suffisamment claires. Elles n'indiquent pas la signification du mot prêtrise et une fois de plus nous nous trouvons dans la situation des ordres anglicans. Nous insistons sur le fait que dans notre critique, nous discutons seulement de la prêtrise, et non des ordres mineurs ou majeurs qui y conduisent.
Pie XII termine avec ce qui suit:
"En définitive, tout ce que nous avons déclaré et stipule ne peut en aucun cas être compris comme une permission de négliger ou d'omettre le moindre détail des autres rites prescrits par le Pontifical Romain: au contraire, nous ordonnons même que tous les détails prescrits par le Pontifical Romain soient religieusement observés et exécutés."
La seule raison que nous pouvons voir dans cette ordonnance est que l'imposition des mains et les paroles qui l'accompagnent ne signifient pas clairement et sans aucun doute la grâce et le pouvoir conféré, à savoir changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ, et lui offrir le sacrifice de la Messe. La présentation des instruments et les prières qui l'accompagnent le font. Elles signifient clairement la signification de la prêtrise.
Ce décret de 1947 était-il le premier pas dans la destruction de la prêtrise? Les réformateurs de Vatican II et leurs comman¬ditaires se sont saisis de ce décret pour justifier le nouveau rite de l'ordination. " Tous ce qui est nécessaire pour une ordination valide sont la Matière et la Forme appropriées". La présentation des instruments et les prières ont été abandonnées, à côté d'autres choses. Ils traitent l'enseignement de la Matière et de la Forme comme une sorte de formule magique, une sorte d'Abracadabra, ayant un sens ou n'en ayant pas. Nous pensons que la signification de n'importe quel rite ou de n'importe quelle prière est essentielle, comme le fit le pape Léon XIII lorsqu'il condamna les ordres anglicans.
L'abandon de la présentation des instruments et des prières fait disparaître la signification catholique de la prêtrise. Et leur intention de détruire la prêtrise catholique (offrir le sacrifice de la Messe) apparaît sans le moindre doute dans la définition que Paul VI et les autres apostats donnent de la Messe et du prêtre:
"Le repas du Seigneur est la réunion sacrée de l'assemblée du peuple de Dieu, réunie sous la présidence du prêtre pour celebrer la mémoire du Seigneur."
Comparez cela à la définition du catéchisme:
"La Sainte Messe est le sacrifice du Corps et du Sang de Jésus-Christ, réellement présents à l'autel sous l'apparence du pain et du vin, et offert à Dieu pour les vivants et les morts" .
Les Réformateurs utilisaient la même Matière, l'imposition des mains, et la même Forme, ou les paroles, que Pie XII défi¬nissait comme "suffisamment significatives du pouvoir ou de la grâce conféré". De toute évidence ceci n'est pas vrai et c'est cette nouvelle signification de ce qu'est un prêtre qui révèle l'intention extérieure, comme le dit Léon XIII, d'introduire un autre rite non catholique. C'est cela le nœud de la question permettant de condamner le rite de Paul VI comme non valide. De plus, comme on peut le déduire de la définition - donnée ci-dessus, non seulement le prêtre n'est plus qu'un Président, mais la Messe devient une simple célébration commémorant la dernière Cène. Et les paroles de la consécration deviennent tout simplement une narration des paroles de l'institution.
Quelles sont les raisons qui ont poussé Paul VI à émettre un décret contraire au concile de Florence? Pourquoi a-t-il ouvert la porte aux Réformateurs? Un relent de Modernisme? Est-ce pour cette raison qu'il introduisit la réforme liturgique de la Semaine Sainte en 1947? L'intégrité de la théologie catholique à propos de ce sacrement pourra être mise en doute jusqu'à ce que toutes les questions que nous avons soulevées relativement au sacrement de l'ordre aient reçu une réponse rationnelle et donc satisfaisante,
L'épiscopat
On ne sait pas si les Apôtres ont reçu l'autorité de transmettre les deux pouvoirs fondamentaux - celui de changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang du Christ et celui de donner l'absolution - par le simple fait qu'ils ont reçu ces pouvoirs du Christ ou si un autre rite a eu lieu. Ce qui est certain, c'est que les Apôtres avaient le droit de transmettre ces pouvoirs, de façon à perpétuer les sacrements de l'Eucharistie et de la Pénitence après leur mort. Il semble néanmoins que dès les premiers temps, certains prêtres appelés évêques détenaient cette autorité et ce pouvoir, et que d'autres, formant la majorité, ne les détenaient pas. Dans le Pontifical Romain en usage jusqu'à sa suppression en 1968 par Paul VI, le rite pour accorder ce pouvoir, cette grâce ou cette autorité contenait les soi-disant Matière et Forme, bien qu'il ne s'agisse pas Tout comme pour un sacrement, il est logique de demander que ces deux éléments, ou tout au moins le contexte du rite, signifient clairement quelle grâce ou quel pouvoir est conféré. Le rite auquel nous faisons allusion se déroulait comme suit:
"Un évêque doit juger, interpréter, procéder aux ordinations, offrir, baptiser et confirmer" ... "Prions mes frères que dans sa bonté le Dieu Tout-Puissant accorde l'abondance de ses Grâces à cet élu, pour le bénéfice de son Eglise". "C'est ainsi que nous vous prions Seigneur d'accorder cette grâce au serviteur que vous avez choisi pour le ministère de la prêtrise suprême". Ceci définit bien les pouvoirs d'un évêque, le plus important étant celui de l'ordination, et ces paroles demandent à Dieu d'élever le candidat à cette fonction.
Tout au contraire, le nouveau rite de Paul VI ne fait absolu¬ment aucune référence au pouvoir d'ordonner des prêtres. Par les paroles suivantes, il demande trois pouvoirs:
Le principal officiant dit dans la prière de la consécration: "Par l'Esprit qui donne la grâce de la prêtrise suprême, ac¬cordez lui le pouvoir de remettre les péchés comme vous l'avez ordonné d'attribuer le sacerdoce comme vous l'avez décrété défaire tous les liens par l'autorité que vous avez accordée à vos Apôtres.
Tout comme le rite de l'ordination d'un prêtre apporte une nouvelle signification à la définition du prêtre, ce rite de consécration donne un nouveau sens aux mots de prêtrise suprême. De plus, il confirme que le "prêtre" n'a pas le pouvoir de remettre les péchés. Car s'il l'avait, cette requête serait blasphématoire et sacrilège.
Il est incroyable que des experts veulent imposer un tel rite, sans aucune mention du pouvoir principal demandé à un évêque, sauf si, comme dans le cas de la prêtrise, l'intention est de détruire complètement le sacerdoce. Ce rite, comme celui de la prêtrise, n'est pas valide, et lorsqu'on lui oppose cette objection, l'Eglise Conciliaire reste silencieuse.
Ceci signifie que l'Eglise Catholique doit périr. Comment concilier cela avec la promesse du Seigneur d'être présent avec son Eglise jusqu'à la fin des temps? Peut-être celle-ci, est-elle proche. D'un point de vue purement humain, y a-t-il encore un espoir de sauver l'essentiel?
Le 24 décembre 1971, l'archevêque français Marcel Lefebvre, anciennement Supérieur des Pères du Saint-Esprit, célébra à nouveau la Messe Catholique, connue sous le nom de Messe Tridentine ou Messe de St. Pie V, du nom du pape qui l'a proclamée comme valide et légale à perpétuité. En 1970, Monseigneur Le¬febvre a fondé à Écône, en Suisse, un séminaire pour la formation de prêtres catholiques, en opposition avec la religion conciliaire. Tant qu'il vit, il a donc assuré la continuation de la prêtrise Catholique, mais il faut des évêques pour procéder aux ordinations. Va-t-il réaliser à temps que Rome a apostasie, que l'occupant du trône de Pierre est un usurpateur, que la religion de Vatican II n'est pas la religion catholique et consacrer un ou plusieurs évêques? Le temps s'écoule rapidement.
Ou Dieu va-t-il sauver son Eglise grâce aux évêques consacrés par Monseigneur Pierre Martin Ngô-dinh-Thuc, archevêque de Hué au Vietnam, en 1981:?
Monseigneur Moises Carmona d'Acapulco, Mexique, à Toulon, France Monseigneur Adolfo Zamora de Giernavaca, Mexique Monseigneur Guérard des Lauriers, O.P., France
ou par:
Monseigneur George Musey, consacré par Monseigneur Carmona le 1 avril 1982 Monseigneur Louis Vezelis O.F.M., consacré par Monseigneur Musey à Buffalo New York, le 24 août 1983 Monseigneur Conrad Altenbach, consacré par Monseigneur Musey à Milwaukee, Michigan U.S.A., le 24 mai 1984 Monseigneur Ralph Siebert, consacré par Monseigneur Altenbach le même jour Monseigneur Günther Storck, consacré par Monseigneur des Lauriers en France , le 30 avril 1984.
Le 25 février 1982, Monseigneur Thuc fit à Munich la déclaration suivante:
"En tant qu' évêque de l'Eglise Catholique Romaine, je déclare que le Siège de Rome est vacant. Il est de mon devoir d'assurer la préservation de l'Eglise Catholique pour le salut éternel des âmes". L'Église Catholique veut-elle être réduite à une poignée de fidèles avant la fin du monde, comme Robert Hugh Benson le prédit dans sa nouvelle prophétique "Lord of thé World"? Verra-t-on se réaliser la prophétie de Saint-Malachie suivant laquelle un seul pape doit venir après Jean-Paul II, avant le dernier pape de tous, le second Pierre. Et dans son évaluation, Saint-Malachie a-t-il tenu compte du fait que Jean-Paul II, comme ses trois prédécesseurs, est un antipape? Seul le temps nous l'apprendra.
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