LE CAS "BARBARA"
par Kurt Hiller (Traduction d'André Perlant)
Depuis plus de 12 ans, ici à Munich, nous suivons avec attention et intérêt l'activité du P. Barbara. Nous l'avons rencontré à plusieurs reprises et eu des entretiens tant sur la théologie que sur la politique ecclésiale afin de collaborer dans la lutte. Hélas le front commun contre les ennemis du christianisme n'a jamais pu être réalisé avec lui comme nous l'espérions. La raison de cet éche cest apparue rapidement. Tandis que nous prenions toujours des positions claires et logiques sur les questions qui se posent aujourd'hui, le P. Barbara restait à la traîne. C'est seulement lorsque les problèmes étaient résolus par d'autres qu'il entrait en lice, en reprenant promptement les arguments d'autrui; ce faisant il n'oubliait pas de proclamer avec emphase que ceux-là même sur lesquels il prenait appui n'avaient rien vu du problème, ou pour le moins vu tout de travers. Je me contenterai de donner quelques exemples.
Lors de notre "marche sur Rome" nos ennemis avaient réussi à transformer le programme de la démonstration sur la place Saint-Pierre: c'est pourquoi nous déclinâmes de participer, pendant des heures, aux prières pour notre Saint Père le Pape Paul VI. Pendant que notre petit groupe priait isolé, (1) devant le parvis de la Basilique, Barbara s'employait avec la grande foule de ceux qui, apparemment, ne s'étaient pas encore posé la question de l'hérésie de Paul VI, et demeurait avec eux.
Ensuite, alors que l'invalidité de la synaxe conciliaire était démontrée depuis longtemps, le P. Barbara continua bel et bien, pendant des mois à suivre le N.O.M. et à pratiquer des "célébrations réformées". Il comprit avec un certain retard l'ambiguïte de la "nouvelle messe" pour aboutir là où il en est aujourd'hui.
Il procéda de même envers Marcel Lefèbvre, avec lequel il gardait des contacts il n'y à pas encore si longtemps, alors que partout était publiée et connue la ligne suivie par "Mgr".
Voici qu'en modifiant légérement son argumentation il montre que le problème de la déposition du pseudo-pape n'est pas aussi simple qu'il le pensait d'abord. En conséquence nous attendons toujours vainement les détails de la procédure qui lui semble adaptée à la déposition du "pape" et à la restauration de l'Église.
A défaut de quoi, le P. Barbara s'est ouvert un nouveau champ d'activité: inlassablement il cherche à prouver que Mgr Thuc, les évêques et les prêtres récemment consacrés, sont schismatiques, suspendus et excommuniés, qu'ils ont commis des sacrilèges, qu'on n'a pas le droit d'assister à leurs messes. Ce faisant il ne craint pas d'offenser autrui et de propager toute une série de contre-vérités. Dans les cinq publications que j'ai actuellement sous les yeux le P. Barbara se livre àdes charges et des considérations contradictoires dont j'aimerais brièvement indiquer l'illogisme.
I. Secret des consécrations
Le P. Barbara écrit:
"Pour qu'une ordination sacerdotale ou sacre épiscopal soit licite certaines conditions doivent être remplies: .... Que l'ordination ou le sacre revête un caractère public même dans des circonstances de persécutions (ce qui n'est pas le cas actuellement dans nos contrées), car le secret, légitime vis-à-vis des persécuteurs, ne l'est jamais vis-à-visdes fidèles qui doivent être sûrs d'avoir affaire à un évêque ou un prêtre catholique." (FORTES IN FIDE, n° 19, p. 47)
Après quoi le P. Barbara lance contre Mgr Thuc le reproche d'avoir procédé dans le secret à des consécrations, par suite illicites.
Dans le n° 17, p. 121 (donc peu de temps auparavant en 1982) il avait écrit au chapitre intitulé: "Nos rencontres avec des évêques encore catholiques":
Quels sont ces évêques qui nous ont écoutés et ont accepté notre argumentation? Vous comprendrez sans peine qu'il ne m'est pas possible de vous les indiquer. Non seulement je ne donnerai aucun nom, mais je ne mentionnerai même pas les pays qu'ils habitent. Si l'on pouvait les connaître, vous imaginez combien, non seulement ceux de la Rome moderniste, mais aussi quelques faux-frêres, se chargeraient de les dissuader d'agir."
Et à la page 123 il poursuit:
"...St Athanase mena son activité surtout dans la clandestinité."
Et un peu plus loin sur la même page:
"Il (St Athanase) continua la lutte toujours dans la clandestinité"...
Et le P. B. précise peu après:
"Partout ou il le pouvait Athanase sacrait des évêques catholiques, qui, eux aussi dans une sémi-clandestinité, maintenaient la succession apostolique. Ce second point est très important."
Comment expliquer ces positions contradictoires du P. B., car le n° 19 contredit le n° 17? C'est très simple! Lorsque le P. B. écrivait le n° 17, il ignorait les dernières consécrations faites par Mgr Thuc, qu'il réprouve maintenant avec véhémence. A ce moment-là, il voulait lui-même se faire conférer le sacre épiscopal, comme il le déclara emphatiquement à Munich, devant 6 témoins le 17 Juin 1980, et comme il le confime dans le même n° 17, à la page 126! Une fois parvenu, ensuite, par le processus maintenant bien connu du progrès de ses connaissances, à croire que la nécessité de consacrer dans la clandestinité doit faire place à la condition sine qua non de publicité des ordinations, il peut entamer les persécutions contre le nouveau clergé, les nouveaux évêques, sans en éprouver de la gêne. Phénomène accessoire mais révélateur, notons avec quel bel ensemble et quelle rapidité les journaux de France et du Mexique ont le même jour (le 12 janvier 1982) publié la sensationnelle nouvelle des sacres. L'archévêque de Hué a été assiégé par les journalistes, les espions, les ecclésiastiques envoyés par l'évêque de Fréjus, les prêtres semi-conservateurs, assistés ou non de magnétophones et de témoins. Alors qu'il se remettait à peine d'une grippe maligne, il lui a été impossible de sortir de sa pièce unique. C'est ce qu'avait machine le P. B. après que Mgr Thuc eût fermement décliné les invitations à Paris du P. B.
II. Mgr Pierre, Martin Thuc et l'église conciliaire.
a) Le P. B. écrit:
"Martin Ngô Dinh Thuc, ancien archévêcue de Hué, s'est toujours déclaré en union avec les chefs de la nouvelle église, que ce soit Paul VI ou J. P. II." (FORTS DANS LA FOl, n° 9; 1982; p. 46)
Cette allégation de B. est fausse! Ce qui est vrai au contraire, pour autant que nous le sachions, c'est que depuis que nous le connaissons, et celà fait de nombreuses années, Mgr Thuc ne cesse d'affirmer son opposition totale et sans équivocue à l'église conciliaire et à ses chefs. Les innombrables lettres et documents qu'il nous a adressés au cours de cette période le prouvent sans l'ombre d'un doute.
b) Le P. B. écrit:
"...qu'il dit la messe en communion avec J. P. II et l'évêque de Toulon, Mgr Barthe ...." FORTES IN FIDE, n° 19, p. 45.)
Cette allégation de B. est fausse! Ce qui est vrai au contraire, c'est qu'au cours de presque 200 messes (deux cents!) que nous avons servies pour Mgr Thuc, pas une seule ne correspond à cette description.
c) Le P. B. écrit:
"....que chaque année le jeudi saint, il concélèbre avec ce même évêque une messe dans le nouveau rite."
Cette allégation est fausse pour l'essentiel. Ce qui est vrai par contre c'est qu'une seule fois (1981) Mgr Thuc est apparu dans une concélébration. Mgr Thuc nous a dépeint très précisément les circonstances de l'événement. Il à exprimé oralement et par écrit sa contrition de façon claire et canonique aux nouveaux évêques.
Une remarque doit être faite sur le fond de l'affaire. Mgr Thuc à fréquenté l'école de diplomatie du Vatican; il est de familie noble, une des premières d'Indochine; il a dirigé pendant des années le Séminaire International de Rome qui comptait environ 850 aspirants au sacerdoce. Les visiteurs trop curieux, qu'il ne connaît pas, reçoivent souvent la réponse qu'ils méritent, une réponse de diplomate! Je concède que je répondrais moi-même différemment; cependant il faut aussi comprendre la prudence de Mgr Thuc qui, après toutes les souffrances qu'il a subies, a peur d'être malmené. d) Le p. B. écrit:
"... Chaque jour, après avoir célébré l'antique messe dans sa chambre, il (Mgr Thuc) se rend dans la cathédrale pour y assister à tous les offices." (LETTRE AUX PRETRES FIDELES, P. 2)
Cette allégation de B. est fausse. Ce qui est vrai au contraire, c'est que Mgr Thuc se rend dans la cathédrale voisine uniquement pour sortir de son unique pièce, étroite et sombre; il s'installe au fond de la nef, dans le demi-jour, pour dire tranquillement son bréviaire!
III. Palmar de Troya
Le P.B. écrit:
"Je dois à la vérité et à la charité de dire que Mgr Ngôdinh Thuc est évêque consécrateur des schismatiques de Palmar de Troya ... "(FORTES IN FIDE, n° 19, p. 45)
Il faut dire à ce sujet que ce n'est qu'après mûre réflexion et examen approfondi que Mgr Thuc a procédé aux cinq premiers sacres d'évêques, pour assurer la succession apostolique. Il s'en est expliqué alors, comme il le fait encore aujourd'hui, sans équivoque. La revue Einsicht à cette époque-là a déjà chaleureusement accueilli la nouvelle de ces sacres. La conduite de Mgr Thuc est non seulement exempte de reproche, mais au contraire digne d'éloges! Toutes sanctions prétendument portées par "notre mère l'Église", ainsi que les prononce le P. B., par ex. toute suspension ou excommunication, sont sans objet et déraisonnables, parce-que Mgr Thuc a agi dansle sens de la Tadition de l'Église d'une manière très lucide!
On ne peut lui reprocher le fait que les "épiscopes palmariens" ont ultérieurement refusé de l'écouter et que Clément Dominguez ait fini par se proclamer pape; pas plus que les égarements de tous les autres ordinants consacrés par Mgr Thuc et que le P. B. voudrait lui accrocher au cou comme une pierre de scandale. Le P. B. doit par contre répondre à la question suivante qui est essentielle: "Pourquoi 99,99% des évêques sont-ils tombés dans l'hérésie et l'apostasie conciliaires? Est-ce que ce n'est pas mille fois pire que de faire des faux-pas?"
On ne peut qu'exprimer respect et admiration envers Mgr Thuc. Malgré l'échec des "Troyens", les difficultés crées par d'autres ordinations, malgré toutes les épreuves qu'il a subies au cours de sa vie (huit membres de sa famille ont été assassinés), malgré son grand âge, malgré les persécutions et les diffamations du P. B., sa Foi n'a pas défailli et il gardé son humour!
IV. Le Schisme:
Le P. B. parle d'un
"... schisme notoire" (FORTS DANS LA FOl, n° 9, p. 48)
Et en un autre lieu:
"D'autres, cédant au désespoir, n'hésitent pas à faire le pas du schisme. Ils font leur deuil de l'apostolicité de l'Église, qui est garantie par les paroles de Notre Seigneur; ils veulent àtout prix avoir les sacrements,fût-ce au prix du sacrilège." (LETTRE AUX PRETRES FIDELES, 1982, P. 3)
Le canon 1325, § 2, définit ainsi le schisme:
"On peut devenir schismatique de deux manières a) en refusant de se soumettre à l'autorité du pape; b) mais aussi en refusant de tenir la communion avec les membres de l'Église qui lui sont soumis"
Ces définitions s'appliquent-elles au cas de Mgr Thuc? D'après les préalables du P. B. l'accusation principale ne tient pas:
"... Que l'évêque soit régulier, c.à.d. qu'il ne soit frappé d'aucune censure ecclésiastique ou autre interdit, du point de vue catholique s'entend. - Que cet évêque agisse expressément pour la défense de l'Église, ce qui implique de sa part, la rupture de la communion avec la nouvelle église, au moins implicitement (C'est nous qui soulignons) (FORTES IN FIDE, n° 19, p. 47)
Mgr Thuc a rempli exactement ces conditions. Les ordinations de Troya ne font que nous ramener aux mêmes données. Les mesures prises par Pie XII et que le P. B. se fait un plaisir d'appliquer, visaient les évêques de la Chine communiste. Hélas les temps ont bien changé. Pie XII n'est PLUS! Tous les évêques, ou presque, ont renié la Tradition. Mais Mgr Thuc a depuis longtemps rompu avec l'église de ces apostats. Comme St Athanase jadis, il a agi en secret, masquant prudemment ses traces, jusqu'à ce que la chasse à l'homme déclenchée par le P. B. ne le force à se lancer en terrain découvert. Il à en effet déclaré publiquement son but dès le 25 Février 1982 et nous avons cinq rédactions de sa main du texte, qu'il lut lors d'une messe solennelle, qu'il célébra le 21 mars suivant, dans la chapelle St Michel de la rue Baader à Munich, texte qui fut aussi reproduit selon le voeu exprès du prélat dans le n° de mars de la revue Einsicht éditée à la même époque.
Et pendant ce temps que fait donc le P.B.?
Avant tout il fait des voyages et contre vents et marées il s'abouche avec des prêtres dans tous les pays possibles. Qu'est-il sorti de toutes ces rencontres? Absolument rien! Les prêtres consultés se sentent flattés, mais, hélas, ils sont fort occupés et pris par leurs obligations. Ils n'ont rien de raisonnable à mettre en oeuvre! Et ce résultat d'annees d'activité est qualifié de satisfaisant!
Cette activité fondanentale est couronnée, après de rudes efforts, par des discussions avec
"... des évêques qui, au fond du coeur, ont gardé la Foi Catholique, mais qui se taisent depuis 16 ans, et laissent les brebis sans pasteurs." (LETTRE AUX PRETRES FIDELES, p. 5)
Aussi n'a-t-on pas de mal à comprendre que le P. B. n'éprouve aucun scrupule à aller chercher les informations chez l'évêque de Fréjus-Toulon pour faire campagne contre Mgr Thuc:
"L'évêque Barthe dit cependat qu'il avait avec lui (Thuc) les meilleures relations." (LETTRE AUX PRETRES FIDELES, 1982, p. 2)
Comment doit on alors juger le cas Barbara? Chaque catholique qui pense suivant la logique peut trouver lui-même la réponse!
(1) Nous priions pour le dessein originel authentique du rassemblement. Note du trad.: sans doute pour que la chaire de Pierre soit libérée des imposteurs, pour que Rome ne soit plus la Grande Babylone!
*** "Heureux les coeurs purs" AUTOPRESENTATION DU P. BARBARA
(Extrait du supplement au n° 19, année 1980, de FORTES IN FIDE)
Le P. B. écrit: "Le dernier numéro du bulletin "Einsicht" étale au grand jour la nouvelle des sacres schismatiques des Mexicains et du dominicain français Guérard des Lauriers. Il publie en outre une déclaration attribuée au responsable direct de ce scandale, l'archévêque indochinois Ngô Dinh Thuc, désormais bien connu par son intervention à Palmar de Troya. (...) Cette déclaration sommaire cache des faits graves. (...) Il a ordonné clandestinement, ou réordonné à l'occasion, toutes sortes d'individus comme Arbinet, Garcia, Miguet, Schaeffer, pour n'en citer que quelcues-uns. (...) En se servant de Thuc dans ces conditions, les dirigeants d'Einsicht commettent surtout une faute trés grave contre l'unité de l'Église. Cette nouvelle affaire met en cause leur responsabilité totale, car usant de générosité matérielle à l'égard de Ngô Dinh Thuc, et profitant sans vergogne de sa sénilité, ils ont obtenu de lui qu'il signe leur déclaration, et continuent de le manipuler. Leur but semble de disposer à n'importe quel prix d'évêques sous leur dépendance. (...) La responsabilité des gens d'Einsicht dans toute cette affaire est accablante, puisque ce sont eux qui ont poussé les uns et les autres dans la voie de la folie schismatique. Ce sont ces gens-là qui se sont toujours complu à diffuser d'absurdes thèses hérétiques, (...). Ce sont ces gens-là qui prétendent relever l'Église en s'appuyant sur de misérables schismatiques! (...) Heureux les coeurs purs!
Evidemment et sans commentaire!
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