EST-ON SCHISMATIQUE SI ON JUGE QUE LE SIEGE DE SAINT PIERRE EST ACTUELLEMENT OCCUPE PAR DES IMPOSTEURS DITS "PAPES CONCILIAIRES"?
par le R.P. Auguste Gross (article paru dans la revue KYRIE ELEISON; traduction d'André Corrihons, France.)
Les avis sur le concile et les réforrnes post-conciliaires, surtout sur les changements de la liturgie sont très varies. Je ne m'adresse pas ici à ceux qui ont tout accepté avec enthousiasme. Par contre la discussion est ouverte avec ceux qui se reconnaissent au for externe par leur attachement à la Messe catholique et romaine et leur refus du N.O.M.
Parmi eux violente est la controverse sur la légitimité du "concile" et des "papes conciliaires". Il s'agit de savoir si ceux-ci sont, ou non, réellement papes. Cette dispute est devenue d'autant plus aigüe que, le 8 nov. 1979 S.E. Mgr Lefèbvre a enjoint aux membres de sa "Fraternité" de tenir, sous peine d'expulsion, ces papes pour authentiques. Effectivement, plusieurs prêtres ont dû partir pour ce motif. Cette décision de l'archevêque (et surtout son explication) intéresse forcément tous les autres prêtres ou laïques qui n'acceptent pas la nouvelle "messe" et le "concile"; Mgr L. donne la raison suivante: c'est faire schisme que de tenir le St Siège pour vacant. Il dit en effet: "La ligne de pensée de ceux qui affirment qu'il n'y a pas de pape en notre temps mènerait l'Église à une situation sans issue." "Cet esprit est un esprit schismatique". J'ai sous les yeux une photocopie d'une lettre portant l'en-tête de la Fraternité en Allernagne. Devant la signature est écrit: "par délégation". Il s'agit donc d'une prise de position "officieuse" en réponse à la question posée par un laïque. J'y lis ceci: "Chaque catholique doit, sans aucun doute reconnaître J.P. II comme pape, aussi longtemps qu'un jugement official ne l'aura pas condamné." "Notre Fraternité oppose fermement cette vérité simple à tous les fanatiques sans culture tbéologique ou les sectaires à demi incultes. Je vous en prie, ne vous laissez pas troubler par tous les groupes qui se sont constitués récemment. Nous restons femem ent attachés à la Ste Foi et à la liturgie dela Tradition; ce faisant nous sommes sûrs de contribuer à bâtir l'Église Sainte." (NN. le 04,07,1982.)
Bâtir la Ste Église, c'est aussi le dessein d'associations qui se sont constituées avant l'apparition de la Fraternité en Allemagne. Elles aussi sont sûres que leur visée ne correspond pas à une bonne foi irrémédiablement dévoyée. Je veux dire qu'en théologie les bonnes intentions et les certitudes subjectives ne sont pas des arguments.
Conformément à la position d'Ecône, voilà des années que l'ancien sacristain d'Herne cherche à "récupérer" les gens qui y vont à la messe, en leur représentant que la messe qu'ils y fréquentent est un office schismatique. Remarquez le, je ne dis pas que la Fraternité l'a chargé d'agir ainsi. Mais il est logique que, convaincus que les sedevacantites sont en esprit et en pensée réalisée des schismatiques, des gens zélés en viennent là. Pourtant, il n'est pas outré de dire que ce n'est pas très gentil de traiter ces gens de fanatiques sans culture théologique, ou de sectaires à demi in cultes.
C'est pourtant réellement le moment où jamais de faire quelques remarques théologiques sur la question du pape. Cela n'est certainement pas illicite. A moins que l'opinion de l'archevêque ne jouisse de l'infaillibilité apanage des décisions du Magistère. A n'en point douter voilà une prétention que ni son association ni lui-même ne voudra soutenir. Même le respect dû à sa qualité d'évêque n'est pas en cause: des foules d'évêques se sont fourvoyées avant lui. Sa gloire d'avoir été le seul évêque à récuser, au nom de la vraie foi, le "concile" et les changements liturgiques n'empêche pas davantage que l'on puisse avoir sur la question des "papes" actuels un point de vue très different. C'est justement l'objet de la présente démonstration. Car le côté agréable et sympatbique du personnage ne concourt nullement à prouver la pertinence de son raisonnement sur le problème papal ... Là où il croit la vraie foi en danger, il se durcit sans ménager quiconque, comme face à Paul VI, comme il le fait face aux sedevacantistes. Or en ce qui concerne la vrai foi, je sul pareillement intransigeant. Je ne suis pas disposé à passer des compromis; ni sur la question du "concile" et des papes ou évêques "conciliaires", ni sur quoi que ce soit. En fait le problème papal met en jeu l'orthodoxie. A ce sujet, les sources d'après lesquelles je cite Mgr Lefèbvre sont la "Mitteilungsblatt" (= MB), n°: 15 et 45; "Satansmeisterstück", éd. St Gabriel, (= SM), le dictionnaire théologique "Denzinger-Schönmetzern", éd. Herder, (= DS), et celui de "Neuner-Roos", éd. Pustet,(=NR).
Comme je l'ai dit plus haut Mgr L. a fourni lui-même les arguments qui étayent on jugement: "La ligne de pensée de ceux ... mènerait l'ÉgIise à une situation sans issue". "Tout cela doit nous encouraer à prier et à maintenir sans faiblesse la Tradition, mais sans nous laisser emporter en même temps jusqu'à prétendre que le pape n'est pas pape." "Cet esprit" de ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de pape en notre temps "est un esprit schismatique" (MB,15, p. 6)
Qu'est-ce donc qu'un "esprit schismatique" et qui est schismatique? Les "sectaires" sont forcément largement schismatiques et simultarement Hérétiques! Nous lisons dans le code de droit canon: "Lorsque le baptisé, qui garde cependant le titre de chrétien, nie ou met en doute avec obstination une des vérités de foi catholiques et divines, il est hérétique; s'il abandonne totalement la foi chrétienne, il est apostat." (Il ne s'agit naturellement pas de la foi prise au sens indifférentiste moderne, emprunté aux hérétiques, acception en usage également dans "l'église catholique" et ce, depuis le "concile".) "Enfin, lorsqu'il se refuse" toujours avec obstination "à se soumettre au Souverain Pontife ou à garder la communion avec cex qui lui sont soumis, il est schismatique". (Canon 1325 § 2)
Dans ses "Eléments de la doctrine catholique" Louis Ott précise les parties que voici:
1. Unité de la foi. Elle implique que tous les membres de l'Église adhèrent fermement en leur for interne, au moins globalement, à toutes les vérités de Foi proposées par le Magistère et les professent ouvertement. (Unité dans la confession de la Foi).
2. Unité de la communauté catholique. Elle se réalise d'une part dans la soumission des membres de I'Église à l'autorité des évêques et du pape (Unité pastorale ou hiérarchique), d'autre part dans l'union communautaire qui se crée entre les membres par la participation ou même culte et aux mêmes sacrements (Unité cultuelle ou liturgique). L'unité de la Foi et de la communauté catholiques est expressément garantie par la primauté dr l'évêque de Rome, suprême docteur et pasteur universel de l'Église. L'hérésie détruit l'unité de la Foi, le schisme l'unité de la communauté." (A.A.0., p. 350 f). Pour éviter tout malentendu, précisons ceque Ott veut dire par là: c'est l'unite des schismatiques et des hérétiques avec l'Église qui est détruite et en aucune façon celle de l'Église elle-même; cette dernière ne peut être brisée, cela découle des paroles mêmes du Christ: "et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle".
Ainsi donc, si Paul VI et J.P. II SONT RÉELLEMENT papes, alors obligatoirement les sedevacantistes sont des schismatiques et aussi des hérétiques. Ils ont, dans ce cas, rompu l'unité avec l'église: l'unité dans la confession de la Foi, dans la hiérarchie et dans le culte. Ceci est une des conséquences qui frappent aussi Mgr L. Il refuse lui aussi l'enseignement conciliaire sur l'oecuménisme, la collégialité, la liberté de religion; et la mutation liturgique également, il la repousse. La différence essentielle avec les sedevacantistes, c'est que ceux-ci paraissent en fait schismatiques, alors qu'ils ne le sont pas à leurs propres yeux. Ils refusent l'unité avec la Foi, le culte et la hiérarchie de la nouvelle Rome, parce-que, selon la Vraie Foi, ils ne doivent soumission qu'à l'homme qui est réellement le Vicaire du Christ, à tous les papes authentiques. En d'autres termes: leur foi en N.S. les oblige à récuser la légitimité des "papes conciliaires", car le Christ ne modifie pas son enseignement au cours du temps et ne permet pas à son Église dele modifier.
Par contre depuis le 8 nov. 1979 Mgr souligne que Paul VI et J.P. II sont les papes légitimes. C'est donc consciemment qu'il rompt avec ces papes et la véritable église en ruinant l'unité dans les domaines de la hiérarchie, de la liturgie et des dogmes de foi. Qui donc a l'esprit schismatique?. Nous maquons ici de place pour supputer ce qui a poussé Mgr a maintenir mordicus que nous avons encore des papes légitimes. Ce travail important reste à faire. En tous cas Mgr a cherché à échapper aux conséquences théologiques de sa ligne de pensée en élaborant une théorie "qui est certes plus complexe mais aussi plus réaliste: celle d'un Paul VI grandement affecté de libéralisme" (SM, p. 44). - Qui ne comprend pas cette théorie prouve qu'il est inculte, ou presque, en se livrant au fanatisme des sectaires.
Par cette théorie Mgr croit pouvoir à la fois rejeter et reconnaître les papes. Rejet: "C'est Pierre par lui-même et par ses successeurs qui rejette ce qui est imposé par le pape contemporain" (SM, P. 8); "car il est impossible que les papes s'opposent entr'eux, qu'ils se contredisent" (SM, p. 11). On ne peut diviser le Christ et dire que l'on obéit au Christ d'aujourd'hui, mais pas au Christ d'hier." (SM, p. 10). "Il est impossible qu'on ne soit pas dans la Vérité lorsqu'on continue de faire ce qui se fait depuis 2000 ans, lorsqu'on ne cessé de croire ce que l'Église croit depuis 2000 ans. C'est une irnpossibilité absolue." (SM, p. 16 f) ... "car l'église libérale et moderniste qui a occupé et baillonné l'Église catholique, ne peut à aucun titre réclamer notre obéissance; au contraire nous devons lui résister, car ses règlements et ses buts ne sont pas catholiques. Ils tendent à détruire l'Église. Nous ne pouvons pas collaborer à la destruction de l'Église; nous ne voulons pas nous protestantiser. (ibid. p. 28) "La conservation de la Foi et des institutions qui pendant deux mille ans ont sanctifié l'Église et les âmes fidèles ... est une preuve de l'union à l'Église... au demeurant c'est ce même critère qui décide de la légitimité de la succession apostolique et de l'accession à la chaire de Pierre." (ibid. p. 29)
Quel vrai catholique ne voudra souscrire à tout ceci? C'est pourquoi ils étaient tous si heureux, si soulagés, lorsqu'un évêque venait enfin dire ce qu'ils savaient déjà, ou bien leur faire reconnaître cette réalité. Les sedevacantistes étaient bien d'accord là-dessus. La conclusion qui en découle logiquement n'est-elle pas que Paul VI n'était pas le Souverain Pontife? Mgr dit assez:" Il est impossible que..."
Mais pour Mgr L., il en va autrement. Déjà le 27 fév. 1977 il proposait une autre interprétation: " Quelle doit être notre position face au pape Paul VI? Cette position variera suivant notre appréciation du pape Paul VI car notre comportement envers le pape et le successeur de Pierre ne peut changer. La seule question c'est de savoir si Paul VI a été ou s'il est encore le successeur de Pierre. Si la réponse est: non, Paul VI n'a jamais été pape, ou bien: non, il ne l'est plus, alors nous devons nous conduire comme dans une période de vacance du St Siège, ce qui simplifierait le problème. C'est la réponse que donnent certains théologiens, en s'appuyant sur des thèses classiques dans l'Église, énoncées autrefois par des docteurs qui ont étudié le cas de papes schismatiques ou hérétiques. On ne peut exclure que leur opinion soit un jour adoptée par l'Église; certains arguments lui sont favorables." (SM, p. 43). Entre-temps Mgr est convaincu que cette réponse ne va pas, mais qu'elle trahit un esprit schismatique. Il mentionne une seconde hypothèse, celle du pape prisonnier et drogué, mais il la rejette. Mgr L. poursuit: "Entre ces deux hypothèses, celle du pape hérétique, qui de ce fait n'est plus pape, et celle du pape irresponsable qui est empêché par la tyrannie de son entourage d'exercer son ministère, n'y a-t-il pas place pour une réponse, qui est certes plus complexe mais aussi plus réaliste: celle d'un Paul VI grandement affecté de libéralisme? Ses racines conduisent à Luther, J.J. Rousseau, Lamenais; mais aussi à des personnes qu'il a lui-même connues: Marc Sangnier, Fogazzaro, "le mauvais Maritain", Teilhard de Chardin, La Pira etc..." (ibid. p. 44)
"Notre conclusion en ce cas est la suivante: Nous sommes avec le pape Paul VI, en sa qualité de successeur de Pierre lorsqu'il remplit son rôle, mais nous refusons de suivre Paul VI lorsqu'il prend la suite des Luther, Rousseau, Lamenais, etc... Le Magistère officiel et constant de l'Église nous permet de distinguer, les uns des autres, ces deux sortes d'actes de Paul VI. Aussi nous considérons comme nuls tous les efforts, actes et sanctions du pape qui tendent à nous obliger à le suivre lorsqu'il agit en libéral et destructeur de l'Église catholique. Au contraire nous acceptons toutes les mesures propres à soutenir la vraie Foi. S'il devait apparaître ... en contradiction aux promesses de N.S. que le pape sert uniquement le libéralisme, alors il faudrait revenir à la première solution" (ibid. p. 45 f). Tout ceci était à l'origine destiné aux séminaristes sous le titre de "Réponse à des questions d'actualité" et fut livré au public dans SM.
Un an plus tard, au cours d'une homélie, il disait à Poitiers: "Nous obéissons aux papes d'hier, et par suite à ceux d'aujourd'hui"; "Etant fidèles à tous les papes d'hier, à tous les conciles d'hier, nous sommes du même coup fidèles ... à la papauté d'aujourd'hui, au concile d'aujourd'hui. Car, répétons-le: 'Christus heri, hodie et in saecula' (SM, p. 11)" Ces phrases remarquables s'expliquent par l'hypothèse du pape liberal. Sur cette lancée il peut donc ajouter: "Mais sommes-nous obligés d'accepter les erreurs parce-qu'elles nous sont transmises par l'Autorité? Non, pas plus que nous serions obligés d'obéir à des parents scandaleux qui exigeraient de nous des actes deshonorants." (MB, p. 10). Voilà qui 'éclaire' aussitôt la plupart des auditeurs.
Voilà pourquoi les apôtres ont dit non au Sanhédrin qui leur défendait d'annoncer que Jésus était le Messie, le Fils de Dieu. Mais dans le cas présent, c'est à hurler, tellement l'application est fausse! Les apôtres s'opposaient à un grand conseil qui n'avait plus aucune autorité sur le plan religieux: l'Ancienne Alliance et les autorités juives n'ont plus rien à faire. A la mort de Jésus le rideau cachant le Saint des Saints s'est déchiré! C'est vrai l'autorité des parents, des instituteurs, des pouvoirs politiques vient de Dieu" dequi toute autorité tient son nom" (Eph. 3,15). (Autorité=paternité, 'paternitas' et nom= existence, nature.) Mais l'exercice de cette autorité n'a pas le privilège de l'infaillibilité. Il apparaît ici que Mgr L. n'a pas posé la bonne question. Au lieu de demander qu'on définisse Paul VI (vide supra), il aurait dû demander que l'on définisse la charge papale. Alors il aurait bien saisi qu'un "pape libéral" détruirait les "promesses de N.S. Jésus Christ", les rendrait caduques. N.S. a promis en effet à Simon, fils de Jonas,: "Tout ce que tu auras lié sur la terre, sera aussi lié dans les cieux; (Et quodcumque ligaveris); "Et tout ce que tu auras délié sur laterre sera aussi délié dans les cieux. (Et quodcumque solveris..)" Telle est la définition que le Christ a donnée du pape. Telle est l'autorité juridique de celui qui tient les "clefs du royaume des cieux". C'est pourquoi il est le "Rocher" sur lequel l'Église invincible s'est construite. (cf. Mt 7, 24-27)
L'archévêque à raison, par contre, lorsqu'il dit "On ne peut pas diviser le Christ": d'une part, sans doute, en quelqu'un qui pendant sa vie terrestre enseigne la même chose qu'au cours des âges de l'Église à travers les papes et les conciles; d'autre part en celui qui, à notre époque enseigne quelque chose d'opposé à travers un "concile" et d'autres "papes". Mais peut-il alors être permis de diviser un pape? D'une part il y aurait le pape dont les décisions seraient contraignantes, et d'autre part celui qui parlerait juste pour faire du bruit. Notre Seigneur n'a pas dit: "Une partie de ce que tu lieras sur la terre sera aussi liée dans les cieux - les hommes, grâce au "Magistère officiel et constant de l'Église' contrôlé par un évêque, que je leur préparerai à cette fin, décideront eux-mêmes quelle sera cette partie." Ce qui demeure réellement en vigueur, ce sont les enseignements de la Tradition. Chaque fidèle devrait les connaître suffisamment pour être immanquablement choqué par ce qui contredit la doctrine catholique. Vous savez que N.S. J.C. n'a pas dit: "Une partie de ce que tu lieras sur la terre sera lié dans leciel", et rappelons l'enseignement que l'Église a par suite développé sur la papauté: "L'Église Romaine, par disposition du Sauveur, a le privilège de la primauté sur toutes les églises." Il faut remarquer de nouveau qu'il ne s'agit pas du langage "oecuménique" dont le sens est répandu aujourd'hui pour notre malheur. Églises au sens catholique signifie à peu près "provinces" de l'Église.) "Le pouvoir de juridiction de l'évêque de Rome, qui est par essence un pouvoir épiscopal, est immédiat. Envers le St Siège les pasteurs et les ouailles de tous rites et de tout rang, individuellement et tous ensemble, sont tenus à la soumission hiérarchique et à la vraie obéissance, non seulement pour ce qui a trait à la Foi et à la morale, mais aussi à la discipline et au gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier. En maintenant ainsi l'unité de la Foi et de la communauté hiérarchique, l'Église du Christ est un seul troupeau suivant le pasteur universel. Tel est le dogme catholique, dont nul ne peut dévier sans dommage pour sa Foi et son salut." (Concile du Vatican, 1869/1870, session IV, chap 3, DS 3060, NR 445) Si donc quelqu'un dit que le Pontife Romain n'a pour charge que celle de surveiller et de guider, mais pas la juridiction sur toute l'Église - et non seulement dans le domaine de la morale et de la Foi, mais pour ce qui concerne la discipline et le gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier,-; ou s'il dit que le Souverain Pontife a la plus grande part de la juridiction universelle, mais ne l'a pas en totalité, ou que son pouvoir n'est ni ordinaire ni immédiat sur les pasteurs et les fidèles, considérés individuellement ou tous ensemble, que cet individu soit anathème!" (Conc. Vat. DS 3064) Il faut croire Mgr L. quand il dit qu'il n'a pour souci que la vraie foi et le salut des âmes" qu'il n'a aucune intention schismatique. Il est aussi apparemment de "bonne foi" en disant: "Parce-que nous sommes fidèles à tous les papes d'hier...") Malheureusement il se trompe et trompe ses partisans. En effet tous les papes et tous les conciles qui ont traité de la papauté, enseignent unanimement: il faut obéir au pape d'une obéissance inconditionnelle. C'est tragique. Alors pour avoir tout de même un pape aujourd'hui, Mgr "découvre" une sorte de pape inconnue de la Tradition. Acette fin il mutile le rôle normal du Siège Apostolique. Il n'y a plus de Rocher à Rome puisqu'il faut reconnaître comme pape légitme l'individu qui depuis quinze ans préside à la démolition de l'Église. II ne lie et ne delie plus sur l'ordre de Dieu, alors qui'il commande de dissoudre l'Église, ordre inéxécutable. Reconnaître malgré tout que Paul VI et J.P. II sont des papes légitimes sonne le glas de la papauté. Pour la proclamation infaillible de la vérité et pour gouverner l'Église, il faut trouver unsubstitut au pape ce à quoi nous ne sommes nullement disposés.
Les paroles du Christ sont la garantie divine de tous les actes du gouvernement de Pierre; il faut croire qu'Il ne ment pas et que sa toute -puissance réalise ce qu'Il a promis. Il est tout, sauf le vicaire du Christ, le quidam qui revendique les pouvoirs de Pierre pour mieux détruire l'Église, qui met en place une église "moderniste", laquelle "a occupé et baillonné l'Église du Christ." Le quidam prétend proclamer un nouveau dogme, contraire à la Traditon explicite, en usant de son "magistère ordinaire": Mgr sait néanmoins par expérience que l'obéissance est requise. La définition en question ne fait prétendùment pas l'objet d'une proclamation extraordinaire, mais elle est au minimum une croyance opiniâtre du quidam. Comment (cf. le Code: "pertinaciter") cet individu peut-il garder le titre de catholique et de gardien de l'orthodoxie? Il ya incompatibilité entre lui et sa charge. Un tel homme est un hérétique déguise en pape. Merveilleusement, par le ministère du pape se réalise la demande du "Pater": "Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel". Le Vicaire du Christ est en effet le cordon ombilical qui relie à Dieu l'Église visible de la terre et par lui elle reçoit le sang mystique qui lui donne la Vie, qui en fait pleinement un autre Christ qui mûrit pour la "splendeur du père". C'est pourquoi ces "sedevacantistes" sont très loin d'avoir l'espit schismatique, leur théologie n'est pas celle de "fanatiques incultes" ou de "sectaires" à moitié instruits. Ils disent: - Si Paul VI avait été un pape authentique, les griefs que l'on formule contre son concile et ses "réformes conciliaires" seraient pure imagination.
- Si l'on tient Paul VI et J.P. II pour papes authentiques, il faut alors leur obéir de l'obéissance dûe à Dieu.
Nous déduisons en effet de la doctrine catholique: la résistance contre un homme qui revendique l'autorité papale peut être appelée àbondroit désobéissance de pure apparence, si cet homme n'est pas réellement pape, mais pape seulement en apparence. Qui croit qu'une vacance si longue du St Siège est impossible parce-que cela "ménerait l'Église à une situation sans issue" réfléchisse donc à la situation où Jésus dit à Pierre:
"Homme de peu de foi, pourquoi donc as-tu douté?" (Mat. 14,31)
(Traduction d'André Corrihons.) |