LETTRE A MSGR. LEFÈBVRE
par Benjamin Frederick Dryden
Rout I Cave City, Ark. 72521 USA
18 juillet, 1978
Msgr. Marcel Lefèbvre Séminaire International Saint Pie X CE-1908-Ecône (Suisse)
Monseigneur: Depuis le mois de juillet, 1975, je reçois avec ma famille les sacraments valides dipensés par des prêtres de votre Fraternité de St. Pie X. Par reconnaissance et pour donner un coup d'épau1e a votre oeuvre, qui me paraissait solidement catholique, j'ai traduit en anglais les Constitutions des soeurs, les Statuts de la Fraternité, vos admirables Réflexions sur la suspense a divinis, et plusieurs de vos conférences.
Ce ne sont pas les médisances de vos ennemis; c'est, au contraire, la méditation sur vos paroles, à vous, qui a fait naître dans mon esprit des inquiétudes, des doutes sur votre intention a 1'égard des trois armes principales employées actuellement contre 1'Eg1ise catholique:
1) la prétendue autorité de 1'Antipape Paul VI; 2) celle de son Anti-Église conciliaire; et 3) son Anti-Messe, le Novus Ordo Missae.
On dirait presque, si cela était croyable, que, sous des apparences de fidélité à 1'Eglise de toujours, vous semez parmi les fidèles la confusion, l'incapacité de résister à ces trois armes.
L 'ANTIPAPE
l'attitude personnelle du pape, plus difficile à découvrir (Votre déclaration à la presse, 2 août,1976)
Comment un papa, vrai successeur de Pierre, assuré de l'assistance de 1'Esprit Saint, peut-il présider à la destruction de 1'Eglise, la plus profonde et la plus étendue de son histoire...? (Ibidem)
...quel a été en toute cette oeuvre le rôle du pape? Se responsabilité?En vérité, e1le paraît accablante malgré le désir de l'innocenter de cette affreuse trahison de 1'Eglise. (T'accuse le concile, p. 10)
Alors, l'attitude de Paul VI n'est point difficile à découvrir. Non seulement vous l'avez découverte; le monde antier l'a découverte et vous oblige à en convenir "malgréle désir de l'innocenter". Ce désir inspiré par le Père des Mensonges, vous a fait débiter publicquement le mensonge de l'attitude difficile à découvrir. Il vous a inspiér encore l'idée immorale et funeste pour l'Église de "laisser ce problème aux théologiens et aux historiens" ou bien "A Dieu et aux futurs vrais successeurs de Pierre" c'est-à-dire, que vous combattrez la queue du serpent, les prélats de l'Anti-Église, sans écraser la tête, l'antipapa lui-même, tant qu'il lui restera quelque bout de forces ou quelque goutte de venin pour mordre l'Eglise.
Enfin, ce désir immoral vous a fait escamoter sous les mots problème et éventualité la legislation de l'Église catholique, préparée et promulguée pour la crise actuelle, qui n'est plus une éventualité. En frappant d'anathème le papa Honorius I comme hérétique monothélite, le Sixième Concile Ecuménique et le pape St. Léon II ont ajouté à 1'hérésie, pour notre instruction, un autre motif de cet anatème, la simple négligence de son devoir de combattre l'hérésie. Ils ont voulu établir ainsi un précédent pour faciliter la défense de 1'Eglise contre las antipapes futurs; et, afin de maintenir ce précédent en vigueur perpétuelle, d'autres l'ont inséré dans un livre liturgique approuvé, le Liber Diurnus. Le Code actuel (1918) maintient l'autorité de ces livres (Canon 6.6.).
Pour que Paul VI soit un antipape, non pas "le très-saint Père", "vrai successeur de Pierre", etc., il suffit donc de nous rappeler le nom d'un hérétique quelconque pertinace et notoire, toujours comblé d'honneurs et bien assuré de n'être ni excommunié ni autrement combattu par Paul VI: Hans Küng, Karl Rahner, Raymond Brown, Charles Curran,: Helder Cámara, Méndez Arceo ... Il n'y pas probleme; il n' y a que l'embarras de choisir dans cette litanie d'instances où Paul VI a négligé de combattre l'hérésie, imposant ainsi à tous les catholiques l'obligation de le combattre, lui personnellement, comme antipapa frappé du même anathème qua l'antipape Honorius I.
Le Code actuel de Droit Canon, préparé par l'initiative du pape St. Pie X et promulgué par le pape Benoît XV pour entrer en vigueur en 1918, déjoue, par ses Canons 23.4.1 et 188.4, tous les artifices de l'antipape Paul VI, de l'Anti-Église, et de ses complices dans le clergé même soi-disant traditionnel, les frappant d'anathème et les privant de toute autorité sur les catholiques sine ulla declaratione, c'est-à-dire, sans attendre la sentence d'un tribunal.
Canon 2314.1: Omnes a christiana fide apostatae et omnes et singuli haeretici aut schismatici:
1° Incurrunt ipso facto excommunicationem; 2° Nisi moniti resipuerint, priventur beneficio, dignitate, pensione, officio aliove munere, si quod in Ecclesia habeant, infames declarentur, et clerici, iterata monitione, deponantur; 3° Si sectae a catholicae nomen dederint vel publics adhaeserint, ipso facto infames sunt et, firmo praescripto can. 188, n. 4, clerici, monitione incassum praemissa, degradentur.
Canon 188.4: Ob tacitam renuntiationem ab ipso iure admissam quaelibet officia vacant ipso facto et sine ulla declaratione, si clericus: ...
4° J fide catholica publice defecerit;
Loin d'etre difficiles à decouvrlr", les hérésies de Paul VI se trouvent un peu partout: A l'ONU, c'est la relgion de l'homme et la négation du péché originel. Dans les décrets du Vatican II, qua Paul VI a approuvés et vous a imposés comme condition pour lever la suspense a divinis, on lit que les religions non-catholiques sont des moyens de salut et qu'il convient aux catholiques de participer au culte des "frères séparés". On a même publié des catalogues de ces hérésies, par exemple dans le Libellus accusatorius de l'abbé Georges de Nantes et dans le Fortes in Fide du père Noël Barbara (vol. I, n. 6). L'hérétique a été averti et reste impénitent et partinace, puisque l'abbé de Nantes a trouvé les approches du Vatican interdites par les gendarmes et que votre suspense n'est pas levée.
La schisme de Paul VI, c'est lui-même qui s'est chargé de l'afficher publiquement et scandaleusement en imposant le Novus Ordo Missae, au mépris du décret Quo Primum. Il l'a affiché encore le 24 Mai, 1976, au Consistoire, en opposant l'autorité d'hier a "celle d'aujourd'hui" et en s'arroigeant le droit de "définir, parmi les innombrables traditions, celles qui doivent être considerées comme normes de foi", sans se soucier des définitions déjà faites per de vrais papes.
Voilà donc Paul VI bel et bien excommunié et privé de toute autorité, devenu antipape par l'hérésie et le schisme, en vertu des Canons 2314.1 et 188.4. Voilà pourquoi ces canons restent cachés aux regards du public, ensevelis dans le silence sépulcral non seulement de Paul VI et de son de clergé conciliaire, mais encore dans le silence du clergé soi-disant traditionnel et réellement complice de l'antipape. Si les fidèles pouvaient lire ces canons, toute la comédie serait finie. On se rirait en entendant parler Paul VI de "notre autorité, voulue par le Christ".
Il y a une exception honorable. Le père Noël Barbara est allé chercher chez St. Robert Bellarmin l'échafaudage théologique qui a servi à la formulation de ces canons, et il l'a publié en forme facile àlire. Il a même cité le Canon 2314, mais sous une forme embryonnaire qui fait penser qu'il ne possède peut-être pas le Code de 1918.
Dans les publications de la Fraternité de St. Pie X, obser ve-t-on ce même silence? Oui. Sauf correction, je n'y trouve qu'une seule exception, exception unique qui appelle l'attention sur un silence tellement général qu'il fait soupçonner l'existence d'une consigne secrète. Cette exception se trouve dans votre Déclaration du 2 août, 1976:
Dens la mesure ou le pape s'éloignerait de cette tradition, il deviendrait schismatique, il romprait avec l'Église. Les théologiens comme Saint Bellarmin, Cajetan, le Cardinal Journet et bien d'autres, ont étudié cette éventualité. Ce n'est donc pas une chose inconcevable.
Et plus avant:
D'autre part, il nous apparaît beaucoup plus certain que la foi enseignée per l'Église pend ant vingt siècles ne peut contenir d'erreurs, qu'il n'est d'absolue certitude que le pape soit vraiment pape. L'hérésie, le schisme, l'excommunication ipso facto l'invalidité de l'élection sont autant de causes qui, éventuellement, peuvent faire qu'un pape ne l'ait jamais été ou ne le soit plus. Dans ce cas, évidemment très exceptionnel, l'Église se trouverait dans une situation semblable à celle qu'elle connait après le décès d'n souverain pontife.
Voilà des paroles qui ont allégé les coeurs et fait naître de belles espérances; elles vous font honneur. Seulement, c'est une honneur un peu ternie par ces considérations: Tout d'abord, prononcées il y aura bientôt deux ans, ces paroles n'ont pas eu de suite. Cela confirme l'impression que vous parliez plutôt de force que de gré, cédant à des pressions externes et sans vous donner la peine de relire les canons. En comparant vos paroles avec la texte même de ces canons, on observe des inexactitudes comme voulues, faites à dessein pour cacher au public qu'il s'agit de lois bien précises et obligatoires et pour faire croire, au contraire, que ce sont les spéculations subtiles et impratiques de quelgues théologiens.
Pourquoi, monseigneur, n'expliquez-vous pas à fond et clairement, vous et las prêtres de Is Fraternité, ces canons qui quittent toute autorité aux envahisseurs de nos édifices? Pourquoi, au contraire, mettez-vous tant d'éloquence à traiter un cas actuellement tout theorique, le cas d'un pape légitime qui abuserait de son autorité sans la perdre? N'est-ce pas là une complicité, une manière de confirmer l'erreur semée par l'antipape Paul VI, que son autorité existe et qu'elle est voulue par le Christ?
L 'ANTI -EGLI SE
Nous sommes "suspens a divinis" par l'Église conciliaire et pour l'Église conciliaire, dont nous ne voulons pas faire partie.
Cette Église conciliaire est une Église schismatique parce qu'elle rompt avec l'Église de toujours. Elle a ses nouveaux dogmes, son nouveau sacerdoce, ses nouvelles institutions, son nouveau culte, déjà condamnés par l'Église en maints documents officiels et définitifs. (Réflexions sur la suspense a divinis, 29 juillet, 1976).
Cette Église conciliaire n'est donc pas catholique. Dans la mesure où le pape les évêques prêtres ou fidèles adhèrent à cette nouvelle Église, ils se séparent de l'Église catholique. (Ibidem)
Ce serait si simple si chaque évêque dans son diocèse mettait à notre disposition, à la disposition des catholiqes fidèles, une église en leur disant: voilà l'église qui ast la vôtre. Et ici quand je pense que l'évêque de Lille a donné une église aux musulmans je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas une église pour les catoliques fidèles. Et en définitive, toute la question serait résolue. C'est ce que je demanderai au saint père, si le saint père veut bien me recevoir: Laissez nous faire, Très Saint Père, l'expérience de la Tradition. (Conclusion au sermon à Lilie, 29 août, 1976)
Si simple? Vraiment, monseigneur, la tête m'en tourne. Et dans un mois seulement, du 29 juillet au 29 août, 1976 Vous trouvez mainteant tout naturel, tout simple, de célébrer la Messe de Jésus Christ sur un pied d'égalité, si ce n'est d'infériorité, et en douce amitié avec le culte musulman et le culte conciliaire, au sein de cette Église schismatique dont vous ne vouliez pas faire partie, jar autorisation de cet anti-pape, de ces évêques lesquels, en adhérant a cette nouvelle Èglise, se sont séparés de l'Église catholique! Toute la question serait résolue! ...
N'est-ce pas plutôt, monseigneur, qu'il faut changer ce verbe conditionnel et dire que la question est résolue? Que vous l'avez résolue par cet acte d'adhésion a l'antipape et son Anti-Église?
"Si sectae acatholicae nomen dederint vel publice adhaeserint, ipso facto infames sunt ...,
La solution de la question, c'est que Monseigneur Lefèbvre a commis l'infamie d'adhérer à une secte non-catholique et que, de par ce fait, il s'est séparé de l'Église catholique, hors de laquelle il n'y a pas de salut. Tout en affectant de craindre que l'antipape ne vous excommunie invalidement, tout en réclamant le droit de comparaître devant un tribunal composé exclusivement d'apostats, vous vous êtes attiré un anathème réel et valide.
Dans le for intérieur, il y aura toutes les échappatoires, toutes les excuses que vous voudrez; c'est un for ou n'entrent que vous, Dieu, et votre confesseur. Mais au for extérieur, cette infamie pèse toujour sur vous, sur votre oeuvre, et sur des milliers d'âmes dont elle brouille les idées et qui sont tentées d'imiter cet exécrable exemple d'adhésion à l'Anti-Église. C'est un scandale que vous devez réparer, d'abord par une abjuration publique, et ensuite en combattant, avec tout ce qui vous reste de vie et de forces, la fausse autorité de l'antipape et de son Anti-Église.
NOVUS ORDO MISSAE Questo nuovo Ordo Missae mai dirò che è eretico mai dirò che non possa essere un Sacrificio.Penso che molti sacerdoti - sopratutto quelli che hanno conosciuto l'antico Ordo - dicono certamente la Messa con ottimeintenzioni. Lungi da me il dire che tutto è cattivo nel nuovo Ordo, ma affermo che questo nuovo Ordo apre le porte a molteplici possibilità a division. (Sacerdoti per domani, 29 mars, 1973)
Tous ces changements dans le nouveau rite sont vraiment perilleux, parce que peu à peu, surtout pour les jeunes prêtres, qui n'ont plus l'idée du Sacrifice, de la Présence Réelle, de la Transubstantiation et pour lesquels tout cela ne signifie plus rien ces jeunes prêtres perdent l'intentionde faire ce que fait l'Église et ne disent plus de Messes valides.
Certes, les prêtres âges, quand ils célébrent selon le nouveau rite, ont encore la foi de toujours. Ils ont dit la Messe avec l'ancien rite tant d'années, ils en gardent les mêmes intentions, on peut croire que leur Messe est valide. Mais, dans la mesure où ces intentions s'en vont, disparaissent, dans cette mesure, les Messes ne seront plus valides. (De la Messe évangélique de Luther au Nouvel Ordo Missae, Florence, 15 février, 1975)
Cette Église conciliaire est schismatique, parce qu'elle a pris pour base de sa mise à jour des principes opposés à ceux de l'Église catholique: ainsi la nouvelle conception de la Messe, exprimée dans les numéros 5 de la Préface du Missale romanum et 7 du premier chapitre, qui donnent a la assemblée un rôle sacerdotal qu'elle ne peut avoir... (Réflexions sur la suspense, 29 juillet, 1976)
La nouvelle messe est une espéce de messe hybride, qui n'est plus hiérarchique, qui est démocratique, ou l'assemblée prend plus de place que le prêtre, et donc ce n'est plus une messe véritable qui affirme la royauté de Notre Seigneur Jésus Christ (Sermon de Lilie, 29 août, 1976.) Non dice che la nuova Messa è eretico; non ho mai detto questo, non ho neppure mai detto che questa Messa non è valida in sè stessa, ma ritengo che sempre più ci sono messe non valide, perche si cambiano proprio le basi stesse della Messa. Io penso realmente che questa messa è una messa equivoca, perchè può essere detta dai protestanti come dai cattolici... (La Chiesa dopo il Concilio, Rome, 6 juin, 1977)
Le laic, monseigneur, s'il reçoit avec docilité et avec respect l'instruction de la pert du clergé, n'en a pas moins l'espérance, voire même, le droit de recevoir une instruction claire et cohérente. Trois fois vous avez dit que la nouveau rite n'est ni hérétique ni invalide. Cependant, il est basé sur des principes opposés à ceux de l'Église catholique; il y aurait donc, d'après vous, des hérésies qui ne s'y opposent pas? Ce rite est valide, et cependant ce n'est pas une messe véritable. Valide et vritable, n'est-ce pas la même chose?
D'ailieurs, dans cette instruction le laic cherche surtout la solution des questions d'une actualité pratique. La nouveau rite nous confère-t-il la grâce de Dieu? Non, dit-on, pour deux motifs:
1) Ce n'est pea um sacrament valide parce que la forme institutée per Notre Seigneur a été changeé; pro vobis et pro multis est devenu en anglais for all men ou l'equivalent dans d'autres langues. 2) C'est un rite illicite, défendu per le pape Saint Pie V. C'est un péché que d'y assister, et la péché exclut la grâce.
Or la premier motif, vous la niez carrémant; et le deuxième, vous le passez tout à fait sous silence. On constate que votre séminaire et votre opposition à Paul VI n'ont qu'une faible motivation: la tendance à la division; la tendance aux messes invalides, et ce fait que les Protestants acceptent la nouveau rite. On en conclut que ce n'est pas la peine de s'incommoder pour si peu de chose; on assistera désor mais au Novus Ordo. Vos paroles sont la cause de ces actes de culte illicite; elles ont pour effet de renvoyer les brebis chez le loup, lesquels les dévorera a son gré.
D'autres, plus prudents, font des recherches. La bonne intention du vieux prêtre peut-elle vraiment rendre valide un rite corrompu dans la forme? Non.
Quidquid enim horum. deficit, scilicet miateria debita, farma cum intentione, et Ordo sacerdotalis in conficiente, non conficitur Sacramentum. (Décret De Defectibus p. xc du Missel. de St. Pie V)
Et la foi? Comment St. Pie V ne dit-il rien de cette foi qui rendrait valide la nouveau rite du vieux prêtre croyant, tandisque celui du jeune incroyant serait invalide par défaut de foi?
Quia minister in sacramentis instrumentaliter operatur, non agit in virtute propria, sed in virtute Christi. Sicut autem pertinet ad propriam virtutem hominis caritas, ita et fides. Unde, sicut non requiritur ad perfectionem sacramenti quod minister sit in caritate, sed possunt etiam peccatores sacramenta conferre, ut supra dictum est; ita non requiritur fides eius, sed infidelis potest verum sacrametum praebere, dummodo cetera adsint quae sunt de necessitate sacramenti. (St. Thomas, Summa Theologiae 3, q. 64, a. 90)
Undé, non obstante infidelitate, potest intendere facere id quod facit Ecclesia, licet existimet id nihil esse. Et talis intento sufficit ad sacramentum; quia, sicut supra dictum est (a. 8 ad 2), minister sacramenti agit in persona totius Ecclesiae, ex cuius fide suppletur id quod deest fidei ministro. (Ib. ad. 1)
St. Thomas a-t-il tort? Ou bien, votre boniment sur l'intention et la foi n'est-ce que de la poudre aux yeux, pour faire oublier que le nouveau rite est invalide per défaut de la forme, et illicite en vertu du décret Quo Primum?
Enfin, notons dans notre dernière citation de St. Thomas que le ministre du sacrement agit dans la personne de son Église. Ce bon vieux prêtre avec ce bonne intention dans la nouveau rite n'existe donc pas. C'est, au contraire, un excommunié qui accomplit um rite non catholique, comme ministre de l'Anti-Église. Sauf preuve du contraire, son intention sera celle qu'a prornulugée cette Anti-Église, de célébrer un repas Commémoratif, sans Sacrifice, sans Transubstantiation, et donc sans vailidité sacramentale. Si la preuve du contraire existait, l'évêque de l'Anti-Église chasserait aussitôt ce bon vieux prêtre.
CONCLUSION
Voilà donc, monseigneur, ce qui m'inquiète depuis deux ans. Votre oeuvre, c'est un beau jardin plein de fleurs, de parfums, et de fruits savoureux, qui attirent avec raison nous autres, les mouches. Le séminaire, las ordinations de nouveaux prêtres, les sacrements valides, les éloges justement accordés à la Messe de toujours, à Église de toujours, et à sa Tradition, voilà ce qui réjouit nos coeurs, voilà de quoi remercier Dieu. Cependant, dans ce jardin quelque vilaine araignée a tendu sa toile. Chaque "très saint père", chaque respectueuse mention du "pape", c'est un fil pour attacher à l'antipape Paul VI toutes les mouches qui ont oublié le précepte apostolique, "nec Ave ei dixeritis" (II Jean, vers 10).
Pour nous attacher a l'Anti-Église et pour nous suggérer qu'elle a quelque autorite, il y a tout un réseau de fils: votre crainte d'être excommunié par cette Anti-Église; votre prétendu droit de comparaître devant un tribunal de l'Anti-Église; votre appel a l'approbation d'un évêque de l'Anti-Église pour démontrer que la Fraternité est parfaitement en règle avec le Droit Canon; l'emploi fréquent de la locution l'Église pour désignerindistinctement tantôt l'Église catholique, qui est sainte, tantôt l'Anti-Église, qui ne l'est point, tantôt les deux à la fois, comme si elles n'etaient qu'une seule Église; la grande circulation accordée à un mot de l'antipape, l'autodémolition de l'Église, sans faire remarquer que cette démolition est l'oeuvre de l'Anti-Église, non pas de l'Église catholique, qu'elle vise; enfin, comme maître-fil, votre blasphématoire idée de célébrer des Messes valides au sein de l'Anti-Église, comme on en célébre dans d'autres Églises schismatiques, la grecque, la russe, etc.
En fin, pour nous attirer sournoisement, doucement vers l'Anti-Messe, il a vos sophismes sur l'intention et sur la foi du célébrant en fonctior de son âge. Il y a votre silence absolu sur les autres conditions nécessaires pour la validité et sur la prohibition de tout nouveau rite per St. Pie V dans le Quo Primum.
Ce beau jardin, monseigneur, où il existe tant de périls pour le salut éternel, est-ce que les mouches doivent le fréquenter? Avant 1958, quand vous étiez professeur de séminaire ou évêque de Dakar sous l'autorité d'un pape catholique, n'auriez-vous pas répondu, sans hésiter, qu'il faut éviter les occasions du péché, surtout les occasions du péché mortel, qui a pour salaire les peines éternelles de l'Enfer? Maintenant, après vingt ans, ce n'est plus la même chose; les mouches, ignorant si vous répondxez en qualité de jardinier ou d'araignée, ne doivent plus vous demander un conseil qui pourra être ou bon ou très mauvais.
Il faut chercher la réponse dans la loi de l'Église catholique, Canon 2261.1: Les fidèles pourront pour n'importe quel juste motif demander les Sacrements et las sacrementaux aux personnes excommuniées, surtout si un autre ministre n'est pas disponible. Evidemment, c'est là une concession au basoin de recevoir les Sacrements. Avant de s'autoriser pour entrer dans votre jardin, il faudra chercher sérieusement un autre prêtre et balancer, avec beaucoup d'attention et de prudence, le bescin des sacrements contre l'occasion du péché, contre le danger de s'enchevêtrer dans quelque sophisme tandu par l'araignée dans votre jardin. Avant et après d'y entrer, il faudra s'armer de prière et de vigilance centre ces dangers.
Et les prêtres de votre Fraternité? On peut les considérer sous deux aspects. D'abord, chaque prêtre se trouve dans le même cas que le laïc, puisqu'il a son salut à faire; c'est une mouche comme nous autres, avec cette différence, qu'il habite le jardin tout le temps, s'exposant continuellement à l'occasion d'adhérer l'antipape, à l'Anti-Église, et à l'Anti-Messe. La Canon 2261.1 ne l'autorise point à vivre ainsi dans l'occasion du péché; il doit s'en séparer au plus vite.
Sous un autre aspect, dans tout ce qui le distingue d'avec le laïc, et surtout dans l'enseignement public ou priveé, le prêtre qui vous obéit n'est plus une mouche comme nous autres; il risque d'être considéré araignée. Tant qu'il reconnaîtra votre autorité, monseigneur, et que vous reconnaîtrez celle de l'antipape et de l'Anti-Église, il faudra le soupçonner d'être, lui aussi, un allié de Paul VI et de l'Église conciliaire. Ce soupçon nuit évidemment à son apostolat; mais le laïc qui y renoncerait s'exposerait au danger de perdre l'âme. C'est à vous, monseigneur, de réparer le scandale de votre adhésion; ou bien, c'est à ce prêtre de se séparer de vous.
Et vous, monseigneur? Évêque et ancien professeur de séminaire, vous n'avez aucun besoin de moi pour vous instruire. Si vous faites des erreurs de theologie et de Droit Canon qui favorisent les ennemis de l'Église catholique, ce n'est point per ignorance, pas même par ignorance coupable. Impossible! Vous avez dit que pour vous excommunier il faudra nommer un péché. Voilà ce p´ché, monseigneur; c'est l'adhésion à la secte non-catholique conciliaire, à son chef, et a son rite en pleine connaissance de cause.
D'ailleurs, ce n'est ni moi ni Paul VI qui vous excommunie; c'est le Pape Benoît XV par le Canon 2314.1 du Code qu'il a promulgué. Moi, je suis cet enfant de cinq ans qui peut corriger un évêque - vous l'avez dit, à Lilie - en citant le catéchisme. Vous n'avez pas raconté la fin de l'histoire. Est-ce possible que Dieu ait employé cet enfant pour remettre l'évêque sur la voie du salut? C'est dans ce souhait que l'on m'encourage depuis longtemps à écrire cette lettre et que je l'ai écrite.
Benjamin Frederick Dryden
Addendum Avril, 1981
Cette lettre, adressée à Mgr. Lefèbvre le 18 juillet, 1978, appelle aujourd'hui deux mises au point:
1) Msgr. Lefèbvre, Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, a proclamé, le 8 novembre 1979, que cette Fraternité "ne peut pas tolérer dans son sein des membres qui refuseraient de prier pour le Pape et qui affirment que toutes les Messes du Nouvel Ordre sont invalides". C'est-à-dire, que per le fait même de rester membre, on reconnaît comme pape l'antipape Jean Paul II et come Messe valide la cène simplement commémorative de Paul VI; per ce schisme et par cette hérésie, chaque membre de la Fraternité cesse d'être membre de l'Église catholique. La canon 1258 défend désormais aux catholiques d'assister aux Messes de ces prêtres et de recevoir d'euz les Sacrements.
2) Même en 1978, il aurait fallu expliquer que le Code de Droit Canon ne permet aucune assistance ou participation active aux fonctions religieuses des acatholiques; on n'y doit assister que passivement, d'une présence purement matérielle, pour quelque raison grave, et sous la condition qua l'on n'y risque ni de perdre la Foi ni de soandaliser (Canon 1258).
Et le Canon 2261.2, qui permet de demander las Sacrements aux excommuniés? Il ne faut penser ici ni aux personnes qui ont cessé d'être membres de l'Église par l'hérésie, le schisme, ou l'apostasie (Canon 1325.2) ni aux prêtres excommuniés par sentence de l'Église, auxquels on ne doit demander les Sacrements qu'a l'article de la mort (Canon 2261.3). Au contraire, il ne s'agit que des excommuniés tolarati, lesquels sont toujours membres de l'Église s'ils professent la Foi catholique; de telle sorte que l'Église accepte leurs actes de juridiction comme valides, voire même comme licites si les fidèles les ont demandés (Canon 2264). Un prêtre, par exemple, qui vendrait des indulgences (Canon 2327) ou qui fabriquerait de fausses reliques (Canon 2326) serait ipso facto excommunié, privé des suffrages de l'Église, etc.; mais l'on pourrait toujours lui demander les Sacrements, conformément au Canon 2261.2, puisqu'il serait toujours catholique.
Evidemment, n'est pas le cas des prêtres de la Fraternité ni, en général, d'aucun prêtre soumis à la prétendue autorité de l'antipape ou fauteur d'une hérésie quelconque. Il faut les éviter, non pas en conséquence du Canon 2314.1, qui les excommunie, mais pour la même raison d'où provient cette excommunication automatique: parce qu'ils ne sont plus catholiques.
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