"CETTE PAROLE EST DURE, ET QUI PEUT L'ENTENDRE?"
par Eric Becker Traduction et N.B. d'André Corrihons
"Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui" (Jean, 6, 60). Qu'était-il donc arrivé? En bref, le Christ avait annoncé à Capharnaüm qu'il serait la victime offerte dans le sacrifice de la Messe: "Qui mange ma chair et boit mon sang a la Vie Eternelle." C'est cette annonce, et elle seule, qui a poussé - alors comme aujourd'hui - maints disciples à l'abandonner, bien que ceux-là mêmes aient vécu la veille, avec Lui, le miracle de la multiplication des pains.
Pourquoi ce brusque changement? C'est parce-que, pour employer une expression triviale, "cela les dépassait", c'était au-delà de leur HORIZON. Les pains et les poissons merveilleusement multipliés, ils avaient pu les toucher, leur sens concret était celui d'une nourriture qui rassasiait. Quiconque réalisait de semblables choses était leur homme. Mais la Vie Eternelle que l'on avait en mangeant la Chair et en buvant le Sang de Jésus, cela "les dépassait". Il leur manquait la foi. La foi, c'est "l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien" (Jean, 6,63). 24 heures après un miracle indiscutable, les juifs tournèrent le dos à celui qui avait accompli le prodige. Voilà la rapidité de la volte-face: hier "Alleluia!". Aujourd'hui on tire ses grègues.
Venons en maintenant à nos contemporains. Depuis presque 2000 ans il est écrit dans les évangiles que le Christ a voulu répandre son Sang "pour (le salut de) beaucoup". Dans la pseudo-messe l'expression est falsifiée et devient "pour tous".( N.B. En français "pour la multitude" signifie bien "pour la multitude des hommes" et non "pour la multitude des croyants", puisque l'équivalent allemand est " für alle", anglais "for all men", espagnol "por todos" etc...). Pourquoi donc? C'est la question qui tourmente ceux qui ne souscrivent aveuglément à toutes les mutations. Pourquoi cet oeuf de coucou dans le nid de la Tradition? La cause c'est toujours "cette dure parole" du Christ. "Pour beaucoup" limite la multitude et signifie que le salut est destiné à une élite. Voilà qui est trop "dur" pour l'homme qui veut se mettre à la place de Dieu. Il a adouci "cette dure parole" pour sauver tout le genre humain. Bien que le "N.O.M." conserve encore le "pro multis", les versions vernaculaires disent "pour tous" dans le monde entier. L'altération des paroles de la consécration est une falsification monstrueuse: on met un mensonge dans la bouche du Rédempteur. En effet d'après la norme même des "réformateurs", "pour tous" est l'équivalent des mots prononcés (en araméen) par le Christ! Les intendants malhonnêtes qui ont commis ce crime démontrent par là leur remarquable solidarité avec le monde auquel le Messie nous demande de ne pas nous conformer. Ils préfèrent cette solidarité à la Parole de Dieu! Le faux en Ecriture signifie en dernier ressort qu'il n'y a pas de rédemption par N.S.J.C. Pourquoi, au Nom du Ciel!, le Fils de Dieu aurait-il dû se manifester, descendre du Ciel sur la terre, rester trente ans dans l'obscurité en assumant la forme d'homme, annoncer le Royaume de Dieu en parcourant la Palestine surchauffée pendant juste trois ans de pérégrinations sans trêve, et pour son salaire être crucifié, du moment que l'on admet que tous, qu'ils le veuillent ou non, bandits ou saints, amis ou ennemis du Christ, bons ou méchants, sont assurés d'être rachetés par Son Immolation? TOUS veut bien dire tout le genre humain, du premier homme jusqu'au dernier. C'est un parfait non-sens! Le clan des faussaires doit être fort incommodé par le Verbe de Dieu et aussi par le bon-sens naturel.
Laissons là pour le moment cette malfaçon et cherchons pourquoi et pour qui le Sauveur a voulu souffrir la mort sur la croix. Car, si le Sacrifice était dédié à tous les hommes de telle sorte que de par l'offrande même il devenait leur bien propre, pourquoi tous ne l'ont-ils pas effectivement accepté, ce qui aurait dû être la conséquence universelle? Prenons un exemple qui donne la réponse: il y a des malades autour d'une table et sur cette table une potion miraculeuse, mise là pour guérir, et elle le peut, tous les malades. Pourtant la cure n'a d'effet que sur ceux qui l'essaient, sur ceux qui tendent la main, saisissent la bouteille et boivent. Si tous étaient sauvés quoiqu'ils fassent, alors la potion serait superflue. De même, si le salut était assuré pour tous les hommes, alors ils n'auraient pas eu besoin d'être rachetés, la mort du rédempteur s'offrant pour nous en sacrifice n'aurait pas été nécessaire. Elle n'aurait été qu'un spectacle effrayant, car, de toute évidence nous n'aurions pas été assujettis au fardeau du péché originel, obligés de passer par une seconde naissance, par le baptême. La venue du Christ en ce monde, sa Révélation, sa Croix eussent été absurdes dès lors que le Paradis était la fin promise à toute l'humanité, puisque le Père accordait à tous indifféremment l'entrée dans le Royaume des Cieux. Un Messie dont la venue eut été inutile n'aurait sûrement pas prononcé "cette parole dure". Il aurait tenu un discours dans le genre de celui-ci: "Regardez bien ce que je fais! Ce n'est pas pour vous donner un exemple, mais un grand spectacle. Je ne veux que vous divertir. Certes, pendant les deux mille ans à venir, beaucoup d'entre vous vont toujours aller prétendant que ce n'est pas une mise en scène, mais que je vais verser mon sang pour de bon. Mais ensuite, les vrais sages vont apparaître et ils comprendront ce que je vous dis. Ils feront le travail d'illumination nécessaire pour vous ouvrir les oreilles et les yeux. Quand ces prophètes apparaîtront, vous saurez que tous vos soucis étaient vains, que vous êtes enfin délivrés par votre entrée dans la Liberté de 1'Humanité. N'ai-je pas, pour les pauvres du peuple, transmué cinq pains pour en faire cinq mille? Voilà le vrai miracle! Ainsi disparaîtra en ces heureux temps la doctrine erronée de la transubstantiation. Un nouvel Esprit soufflera où et quand il voudra. La nouvelle Pentecôte vous révélera sans cesse de nouvelles vérités, et créera aussi une nouvelle liturgie. Pour tous, naturellement! Et nul ne sera contraint de demander: "Voulez-vous partir, vous aussi?" (Jean 6, 67). Personne ne pourra plus être scandalisé à cause de moi! Ma parole n'a jamais été 'dure', mais douce et suave. N'ai-je pas dit que mon fardeau est léger?"
C'est ainsi qu'aurait parlé N.S. J.C. pour préparer la Religion des Réformateurs du XXe siècle. Le rebutant chap. VI de Saint Jean dont les paroles dures bloquent tous les faux-fuyants n'aurait pas été écrit: "Celui qui ne me mange ni ne me boit, celui-là n'a pas la Vie.", "Parmi vous il y a des incroyants", "Un de vous est un diable!", " Personne ne peut venir jusqu'à moi s'il n'est envoyé par le Père."
Nous sommes au temps de la falsification des paroles de la consécration: la marée montante des infidélités, des trahisons, des sacrilèges et des blasphèmes de toutes sortes ne peut guère se décrire. L'expression "pour tous", proclamation euphorisante du salut universel, a retenti partout depuis le "concile", et le monde l'a trouvée à son goût. Il reste peu d'espoir d'un retour à la "parole dure". Comment pourrait-il en être autrement, puisque l'homme est enclin au moindre effort et à l'insouciance? Quiconque est en mesure d'échapper aux flots du mensonge et de la débâcle en leur opposant sa connaissance du catéchisme, doit s'efforcer de soutenir les centres qui propagent encore, à grand peine, et si besoin est, avec des paroles dures, la dure Vérité de la seule doctrine qui apporte le Salut.
"Ceux qui se sont institués mesure de toutes choses, sont tombés darti l'illusion que le Créateur de tout ce qui est a besoin de leur activité dérisoire. Dans leur superbe et la dureté de leur coeur ils se sont fiés à leur pensée vaine, et ils n'ont connu qu'eux-mêmes." (Bernard Philbert, "Prophétie chrétienne et énergie nucléaire", p. 225.)
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Eberhard Heller
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