LA TETE EST NECESSAIRE
par Augustin Lassus
Beaucoup de catholiques pensent que l'Eglise Rescapée doit avoir une tête, et, en sens contraire d'autres estiment qu'elle ne peut avoir d'évêques puisque seul un pape peut les choisir (cf. C. Leroux), ou bien que les évêques résistants ordonnés par Mgr Ngô-Dinh-Thuc, actuellement séquestré par les faux-frères jaunes d'Amérique, peuvent s'organiser en patriarcat, mais non donner un pape à l'Eglise. C'est pourquoi il est intéressant de noter la dernière prise de position du P. Barbara dans le n° 21 (spécial) de Forts dans la Foi. Il apparaît que le fougueux pied-noir comprend le côté chimérique de la solution précédemment décrite par lui et consent à faire preuve de réalisme. Mais avant d'apprécier le bien-fondé de son analyse, il convient que nous nous séparions de prémisses qu'il adopte et ne peuvent servir qu'à déboussoler un peu plus les pauvres catholiques qui, comme le monde entier, sont dans le désarroi.
Le P. Barbara écrit (p. 28): "... en enseignant des doctrines nouvelles Paul VI a basculé dans 1'hérésie.. (...).. la possibilité qu'un pape tombe dans l'hérésie existe donc." Or il est clair que si Sa Noirceur se fait passer pour le vicaire du Christ, c'est que son imposture a commencé avant qu'il n'occupe la chaire de Pierre. L'élection d'une taupe luciférienne est nulle et non avenue, car Jésus et son Eglise sont garants du fait que la Foi de Pierre ne peut défaillir. Le Christ nous l'a dit (cf. Saint Luc XXII, 32) et la Tradition l'a prouvé et affirmé jusqu'à en faire un dogme. (cf. la constitution Pastor aeternus du concile du Vatican 1869-1870)
II y a aussi la thèse du complot maçonnique favorisé par le K.G.B., que le P. Barbara refuse. Il n'hésite pas à écrire que cette explication de la chute de la citadelle romaine est une "Explication bien commode: l'ennemi est extérieur, ce qui évite de remettre en cause soi et ses amis; il est tapi dans l'ombre, ce qui évite d'avoir à le désigner nommément; il est tout-puissant ou presque, ce qui explique l'effondrement des 'bons' et les dispense d'agir, en attendant quelque miracle sauveur." Cette sollicitude envers les deux gigantesques machines qui ont tout mis en oeuvre pour tuer l'Eglise et dominer l'univers, comme elles le font conjointement de nos jours, ne laisse pas de surprendre sous la plume du P. Barbara. Il n'avait pas jugé inutile de dévoiler antérieurement le plan satanique des f. maçons et d'analyser les documents, de la Haute Vente italienne en particulier, tels qu'ils avaient été retouvés sur le cadavre de "Nubius". L'étude parue dans Fdlf ne laissait pas présager qu'il prétendrait un jour minimiser l'action décisive de la Société Secrète; hélas! Quant à nous, nous avons toujours voulu éviter de tenter Dieu en refusant de prendre en main tout ce qui est du ressort de l'Eglise militante. Nous avons aussi toujours donné le nom des taupes lorsque nous parvenions à les reconnaître, à commencer par le Rose-croix Roncalli que le P. Barbara tient à garder au-dessus de la mêlée. C'est pourtant lui qui fit le jeu des soviets en inaugurant 1'Ostpolitik. Et le K.G.B. est devenu tout-puissant au Vatican après que le jésuite Tondi ait vu son "patron" Montini monter sur le trône. T. est bien tranquillement revenu de l'Allemagne occupée par les Rouges où il s'était enfui sous Pie XII. Après avoir expédié à la mort les missionnaires du Russicum grâce à l'appui de Montini, il n'avait pas hésite', à devenir secrétaire d'état dans le gouvernement de Walter Ulbricht. Montini accueillit le revenant sans difficulté. Le"pauvre" 'veuf' fit de nouveau partie du "clergé" romain. Si le P. Barbara ne trouve pas la preuve (parmi toutes les autres) convaincante, alors il est bien au-dessous de l'abbé de Nantes, qui est loin d'être un partisan de la logique en tous domaines. Quant à nous, nous ne croyons pas que c'est par hasard que la cité de Satan soit parvenue à occuper la cité de Dieu. Certes tous nos péchés lui ont servi de marche-pied. Mais la subversion à l'échelle mondiale dépasse le mal que nous faisions, nous les pauvres pécheurs dont l'Eglise avait toute latitude d'effacer les fautes.
L'intérêt de la nouvelle position du père Barbara c'est qu'il tire, partiellement, des conclusions de la situation de l'Eglise telle qu'elle se présente en réalité. Il n'a plus guère l'espoir d'assister à une erreur des cardinaux du diable, même aveuglés par l'intervention divine. Il a une autre espérance. "A supposer l'impossibilité absolue d'obtenir le vote des cardinaux, il faut cependant souligner que, malgré l'absence de dispositions positives explicites, les principes du droit canon permettront à l'Eglise de sortir de l'apparente impasse." (p. 43) Le P. reconnaît en effet que "l'utilité (sic) immédiate des fidèles et les urgences de l'heure ne doivent pas masquer le profond scandale que constituerait l'installation d'un certain nombre d'évêques catholiques dans une situation de vacance juridique." Son avis est donc à l'opposé de la théorie avancée par l'argentin Arandigoyen. "On ne saurait", précise-t-il" opposer une loi impossible à réaliser, à la nécessité pour l'Eglise d'avoir un pape. (...) Les théologiens qui ont traité de ce sujet, admettent unanimement l'intervention de l'Eglise. Il va de soi cependant que les autres dispositions de la constitution Vacantis Apostolicae Sedis, celles qui sont applicables, devraient être respectées. (...) Resterait donc au clergé catholique, au premier rang duquel les évêques, à fixer précisément les modalités d'une élection pontificale extraordinaire, mais nécessaire."
Le côté utopique de cette conception c'est naturellement l'existence des dits évêques catholiques. Le P. Barbara attend une insurrection dans la Contre-Eglise, alors qu'elle est d'autant moins probable qu'il n'y a plus de prélats orthodoxes en son sein.
On ne peut donc appliquer son raisonnement qu'à la lignée apostolique maintenue par l'archévêque de Hué - à condition toutefois de ne pas être de l'avis des sedevacantistes attachés à la lettre de la Loi. Il n'est pas normal en effet de laisser la colonne vertébrale episcopale sans tête. L'Eglise a besoin de l'autorité d'un chef, et non pas seulement de réflexes, qui peuvent se contrarier, malgré la bonne volonté des messagers apostoliques. Peu importe alors que le successeur de Pierre soit à New-York ou à Tokyo, ou contraint de se cacher dans des catacombes. L'essentiel c'est que l'Eglise des derniers temps ne soit pas sans tête pour résister au Vicaire universel du grand Dragon. Il faut donc supplier celle qui doit écraser la tête du Serpent de nous faire obtenir au plus vite ce pape tant désiré. Sinon, il n'y a plus que son Fils qui puisse nous sauver en venant sur les nuées du ciel.
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