QUE PENSER DE LA MISE AU POINT DE M. ALPHONSE EISELE?
La feuille volante que j'ai sous les yeux est destinée à contrer nos remarques sur le sacre de Mgr Storck. Nous ne voulons pas priver nos lecteurs de ce document. Or les mises au point de la SAKA ne sont pas cependant entièrement exactes; elles ne sont donc pas ce que M. Eisele prétend. C'est pourquoi j'ai l'obligation de les passer au crible.
1 - Les co-consécrateurs. Je vous renvoie à ce sujet à mes remarques sur la déclaration de Mgr G. dès Lauriers.
2 - Consultation des autres évêques. Il a bien fallu, hélas!, que les évêque mexicains fussent sacrés sans que Mgr G. d. L. en fût informé. Le prof. Lauth l'avait persuadé de n'user de ses pouvoirs qu'en cas de besoin extrême, après disparition de Mgr Thuc. Lauth déclina aussi la proposition de faire venir Mgr G. d. L. à Munich pour résoudre des problèmes cruciaux. Une invitation en ce sens émanant du dr. Hiller ne reçut pas de réponse du prélat. Nota bene: Lauth fut informé de la venue des prêtres mexicains Carmona et Zamora, mais ne montra aucun intérêt pour une rencontre et une discussion avec eux; du reste, par égard envers ces personnes responsables de la situation je préfère ne pas revenir sur leur attitude.
Après le sacre des évêques mexicains le dr. Hiller et moi-même avons tout fait pour jeter les bases d'une féconde collaboration entre les évêques américains et l'européen.
Dans le BULLETIN DE L'OCCIDENT CHRETIEN d'octobre 1983, Mgr Guérard des L. avait reproché à Mme Gloria Riestra (Mexico), au dr. Hiller et à moi-même de préparer un nouveau 'Palmar de Troya'. Il avait déjà laissé transparaître cette accusation en privé, et le dr. Hiller lui avait montré dans une lettre de dix pages, et de la manière la plus précise et la plus franche, que ce soupçon n'avait pas de fondements sérieux. J'avoue que cette attaque grotesque lancée par un clerc qui, sans notre aide, ne serait jamais devenu évêque, m'a au premier chef, grandement courroucé. Pour ce motif, et pour éviter un scandale qui ne pouvait que nuire à la réputation de Mgr G. des L., j'ai prié M. Eisele de ne pas reproduire ce passage calomniateur de l'article de Mgr.
3 - Empêchements au sacre. En août 1973 Storck a été ordonné prêtre par S.E. Mgr Blaise KURZ O.F.M. (+), grâce à notre entremise, dans le but bien déclaré de servir 1'Eglise du Christ (rescapée). Dans ce dessein explicite il fit donc bientôt son entrée sur la scène publique. A peine trois ans plus tard, il se fit incardiner dans le diocèse d'un évêque de Formose pratiquant le N.O.M. hérétique, cela pour assurer sa promotion au grade de théologien qu'il visait. Pour ce motif il cessa de célébrer la Ste Messe en public. Le fait que M. Eisele cherche à salir la mémoire de prêtres défunts, les curés Leutenegger et Assmayr, est d'autant plus douloureux qu'il ne devrait pas avoir oublié dans quelle affaire le bienheureux curé défunt Leutenegger a usé ses dernières forces! II y a pourtant une enorme différence de mentalité entre un pasteur d'âmes, vieilli sous le harnais comme l'abbé Assmayr et un jeune homme comme Storck: l'ancien s'était sacrifié pour son ministère, et dans sa vieillesse il défendait son droit de rester dans la cure qui lui avait été canoniquement confiée; la révolution introduite le plaçait dans une situation difficile, que nul n'avait jamais connue, alors que le jeune homme avait été spécialement formé tant en philosophie qu'en théologie pour faire face aux périls d'aujourd'hui, à notre situation calamiteuse. Après sa promotion Storck renia la promesse qu'il nous avait faite de s'acquitter de la charge pastorale de la communauté de St Michel à Munich, et se mit au service de M. Lefèbvre dont ils connaissait pourtant la position théologique insoutenable, et qui s'était introduit ici à Munich pour détruire le centre de messes (indépendant) comme il le fit ensuite à Reutlingen, Cassel, Ulm, Bâle etc.. J' apprends donc avec intérêt (de la plume de M. Eisele) que l'abbé Storck avait entretemps rompu avec l'évêque hérétique dont il avait obtenu le patronage.
Rapports avec l'évêque décédé Vitus Chang: ils ne sont pas peccamineux parce-que - a l'instar du P. Barbara - Storck voulait ramener à l'orthodoxie un évêque fourvoyé, (II en avait d'ailleurs eu le loisir pendant les cinq années précédentes), mais parce-qu'il offrait la responsabilité d'un séminaire à un évêque qui, aussi conciliant qu'il fût, n'en restait pas moins membre de l'Eglise apostate. On ne peut tout de même pas placer à la tête d'une organisation de Résistance quelqu'un qui est ecore dans le camp de l'ennemi dont il faut affronter les troupes! De plus c'est le P. Barbara qui, en une seule occasion, put persuader Mgr Vitus Chang de célébrer à nouveau la Messe de la Tradition catholique.
Collaboration des évêques schismatiques ou d'origine douteuse: j'ai appris entre-temps qu'elle a eu une amplitude encore plus grande que celle dont il était fait part dans mon commentaire sur le sacre de Storck. Je n'avais été dans l'erreur que sur un seul point, le ministere de Mgr Schmitz qu'il n'a effectivement pas exercé à Ulm.
Comme M. Eisele conteste la réalité des autres faits que j'ai rapportés, je voudrais préciser ici ce qui suit:
1) Le séminariste H.K. a servi la messe auprès de l'évêque Rothemund, parce-qu'il n'avait pas été informé par Storck des origines obscures de cet évêque prétendument issu de l'Eglise Orthodoxe. En outre, d'après les dires du séminariste G.G.,1'évêque (?) Rothemund et l'abbé Storck ont utilisé le même ciboire. Par suite de ces implications schismatiques et d'autres faits de ce genre MM H.K. et G.G. ont choisi de quitter le séminaire en question.
2) C'est vers l'évêque Schmitz , en qualité d'ordinands, que MM H.K. et G.G. et aussi M. Schaeffer ont été dirigés par Storck. Nous avons aidé Bruno Schaeffer à obtenir d'être ordonné prêtre par Mgr Ngô Dinh Thuc, après que Mgr G. des L. fut resté inactif en cette occurence.
La collaboration de l'abbé et dr. Günther Storck et semblablement de la SAKA avec ces clerces douteux résulte d'une cause très simple: après la dérobade de Mgr Chang et son rapide décès ultérieur, on ne voulait pas admettre que le séminaire dirigé par Storck avait perdu son fondement, déjà douteux. J'ai plusieurs fois fait pression sur M. Eisele, lui représentant que c'était son devoir de fournir des comptes véridiques à ses lecteurs et commanditaires. Selon des renseignements fournis par l'évêque Uebelhör, de Pappenheim, les faits, qui n'ont pas été révélés malgré tout, sont les suivants: à l'exception d'une vieille religieuse, il n'y eut personne dans le séminaire de Feldafing pendant une certaine période, durant laquelle l'organe de la SAKA continuait à faire appel à ses lecteurs pour le séminaire, qui coûtaitenviron 15.000 F en frais d'entretien chaque mois! Uebelhör, évêque sur le sacre duquel nous n'avons encore rien pu trouver de certain, a été au service de la SAKA, avec un confrère (?), à Ulm, Feldafing, Bâle et Lucerne. On a fait appel à lui pour consacrer à nouveau "sub conditione" le P. Müller de Berlin, que l'on installa dans divers centres, malgré les doutes que l'on avait sur la validité de son sacre.
Je tiens pour divagations les essais de réintégration que l'on allègue à propos de ces clercs, dans la mesure même où ils seraient réellement évêques. La signature de M. Lefèbvre, que M. Eisele met en avant pour couvrir un essai de ce genre de son "autorité", c'est, à mon avis, une plaisanterie sinistre. Je préfère ne pas en dire plus sur ce point. En ce qui concerne l'admission de schismatiques dans l'Eglise, voici la norme qui les régit; un laïc peut être absous et réintégré par un prêtre, un prêtre par un évêque; mais un évêque ne peutêtre lavé et relevé que par le Saint-Siège, ou par un légat pontifical ayant rang d'évêque. Puisque, selon les prémisses posées par Mgr Storck et la SAKA, vacance du St Siège est chronique, nulle réintégration d'évêques schismatiques ne peut avoir lieu. M. Eisele devrait le savoir.(N.B. C'est pourquoi la tentative de l'évêque Schmitz visant à se faire accueillir dans l'Eglise catholique par Montini, M. Saier et Marcel Lefèbvre, est un échec assuré: il faut continuer à classer Schmitz parmi les schismatiques.)
Ajoutons que pour établir les les empêchements dont est affecté le sacre de Storck, nous n'avons retenu que les causes graves, et laissé de côté celles qui sont problématiques (telles que la collaboration pendant des années avec Mgr(?) Lefèbvre.)
Chaque fois que c'était possible je me suis efforcé d'instaurer une collaboration réelle entre les divers groupes de la résistance catholique. Il y a des années que j'ai proposé à M. Eisele d'éditer un périodique commun. Il a refusé, en arguant qu'il devait prendre en considération la Foi de ses lecteurs (qui sont lefèbvristes.) On peut facilement contrôler la réalité de notre désir de collaboration. Donc, au lieu de se demander quels étaient mes desseins en faisant connaître les empêchements au sacre, M. Eisele ferait mieux de se poser la question suivante: pourquoi Mgr G. des L. a-t-il voulu sacrer un candidat-évêque sur lequel les opinions sont pour le moins divergentes, alors même qu'il était informé des empêchements à cette promotion?
Or, M. Eisele, qui cherche à justifier la conduite de Mgr Storck, ne rapporte en aucun endroit que Storck ait usé de la faculté qu'il avait de se faire laver, et réintégrer avec tous ses droits, par Mgr G des L.; on doit doit donc en déduire que la promotion à l'épiscopat de Mgr Storck est illicite, c.à d. qu'il lui est interdit d'utiliser les pouvoirs qui lui ont été dévolus.
Alors que j'ignorais le projet que nourrissait l'abbé Storck, je lui ai cependant écrit trois fois en mars et avril 1984, pour le prier de m'informer de la situation sujette à caution du séminaire, et de répondre sur d'autres points qui étaient portés à sa charge. Il n'a pas répondu une seule fois à ces trois lettres. Une tentative que j'avais faite antérieurement de régler par une conversation, amorcée par un tiers, les problèmes qui étaient soulevés, échoua pareillement par la même dérobade du dr. Storck.
(...)
Eberhard Heller.
NOUVELLES:
Le 14 mai dernier, les abbés Conrad Altenbach de Milwaukee et Ralph Siebert d'Akron ont été promus à l'épiscopat par Mgr Musey, de Houston, en la localité de Mukwonago, dans 1' état du Wisconsin. NN.SS. Carmona et Bravo étaient les co-consécrateurs. Il y aurait des contestations au sujet de Mgr Altenbach, qui serait dans un cas similaire à celui de Mgr Storck. Nous vous tiendrons au courant du résultat de nos vérifications.
(Traduction d'André Corrihons) |