SERPENTS OINTS PAR LE SAINT ESPRIT
par P.J. Andrews (Traduction d'André Corrihons)
Les docteurs de la loi garantissent que le Saint Esprit ne refuse pas de se communiquer aux hérétiques et, de préférence, aux satanistes, et d'en faire des prêtres de Jésus-Christ. En particulier les taupes deviennent des évêques qui à leur tour ont plein pouvoir de transmettre le sacerdoce à d'autres chrétiens ou à d'autres taupes. La seule condition pour qu'il soit ainsi possible de transformer le clergé prétendument catholique en famille de serpents, est, disent ces experts, facile à remplir: il suffit que ceux qui ordonnent et ceux qui sont ordonnés aient l'intention de faire ce que veut l'Eglise. En conséquence, les francs-maçons, bien qu'excommuniés, sont simplement suspendus a divinis lorsqu'il arrive qu'ils soient démasqués. Ils restent sacerdotes in aeternum, secundum ordlnem Melchisedech, tous les sacrements qu'ils ont administrés sont valides: les taupes episcopales, en particulier, ont bien transmis le sacerdoce à leurs ordinands, qui n'ont pas besoin de se faire ordonner sous condition, une seconde fois. Cette théorie est-elle acceptable? Nous allons examiner quatre points avancés par canonistes et théologiens.
1) Raisonnons par exemple sur l'eucharistie, sacrement que protestants et satanistes veulent abolir. Supposons que certains d'entr'eux, devenus taupes sacerdotales, célèbrent le sacrifice de l'autel. Nous soutenons que, malgré leur hypocrisie, ils ne peuvent servir à la fois deux maîtres: Dieu et Mammon. Ils font mine de vouloir reproduire le sacrifice de la croix, mais à la vérité cette célébration fait partie de la comédie qu'ils jouent afin de torpiller la Messe. Il leur est impossible de vouloir sur commande, à point nommé, ce qu'ils veulent d'ordinaire farouchement empêcher. Le conflit d'intentions est imaginaire: les deux intentions étant rigoureusement contraires, c'est la plus forte qui agit seule, comme dans le domaine de la physique deux forces parallèles et de sens contraires. Nous portons donc cette compositions d'intentions au débit des docteurs.
2) Examinons maintenant l'affirmation selon laquelle un sataniste est plus apte qu'un simple hérétique à bien confectionner les sacrements. Haïssant Dieu, le luciférien cherche à utiliser les moyens surnaturels que Jésus a mis à la disposition de ses représentants afin de pourrir le Corps mystique. Si, par exemple, il célèbre une messe noire, un prêtre sataniste opère avec le plus grand sérieux. Il adopte sûrement la bonne intention puisque, dès que l'élévation est terminée, il se met à profaner hideusement le corps du seigneur, ce qu'il ne pourrait faire s'il n'avait correctement opéré la transubstantiation. Voilà pourquoi les savants assurent que la sincérité éphémère nécessaire au consécrateur a réellement existé. Ainsi les lucifériens se servent-ils de Dieu pour démolir son Eglise et le tourner lui-même en dérision... Dire que la Sainte Trinité se laisse volontairement tromper et aide Satan à tromper l'église est un blasphème que les docteurs ne voient aucun inconvénient à proférer... Nous inscrivons les "serpents du bon dieu" au débit des docteur.
3) Les Actes des apôtres (V,3) rapportent un épisode stupéfiant, celui d'Ananie et de son épouse. Tous deux avaient l'intention de se joindre à la première communauté des chrétiens; ils étaient loin de chercher à la détruire. Seulement ils prétendirent avoir donné, comme tous les chrétiens le faisaient, tout l'argent qu'ils avaient pu se procurer en vendant leurs biens, aux diacres de l'église naissante. Or ils avaient gardé une partie de cet argent, en cas de besoin imprévu. Avant de le punir de mort physique, St Pierre dit à Ananie: "Pourquoi as-tu menti au Saint Esprit?" Ainsi s'explique le châtiment capital subi par les deux époux pour une faute apparemment vénielle. La leçon nous est destinée: on ne trompe pas le Saint Esprit en prétendant faire comme tous les chrétiens. Les taupes, même "en sommeil", reçoivent la mort spirituelle pour leurs simulacres, de même qu'Ananie avait été puni de mort pour servir à jamais d'exemple. Les docteurs de la loi ne tiennent pas compte des écritures saintes qui ne leur conviennent pas. C'est leur troisième point faible.
Les théologiens diplômés appliquent le critère de l'intention également au ministre qui dispense le sacrement et au récipiendaire. Or quand peut-on dire que quelqu'un reçoit un sacrement valide? C'est bien évidemment lorsqu'il jouit du fruit de ce sacrement. Quel est donc ce fruit? C'est la grâce que le sacrement procure normalement ex opere operato. Remarquons que l'intention de recevoir le baptême ou le sacrement de pénitence doit pour être efficace s'accompagner du repentir des fautes commises et du ferme propos de vivre ou de revivre de l'amour de Dieu. Disons toutefois, que la réception du sacrement des morts à la vie surnaturelle est en premier lieu une affaire de volonté, et que l'on peut confondre dans une certain mesure la condition de validité pour le récipiendaire, avec celle exigée du ministre qui dispense le sacrement suivant la procédure normale: les péchés commis par l'un ou par l'autre ne font pas forcément obstacle à l'effet surnaturel recherché.
Mais il en va autrement lorsqu'il s'agit des autres sacrements, dits "des vivants"; ils ne produisent aucun bon fruit si celui qui les reçoit est en état de péché mortel. Leur but, en effet, est d'apporter un supplément de grâce à un chrétien qui bénéficie déjà de l'amitié de Dieu, qui vit déjà de la vie surnaturelle, qui est donc exempt de tout péché mortel.
Que dire alors de l'ordination d'une taupe? La veille de la cérémonie l'impétrant se confesse conformément aux prescriptions de l'Eglise qui désire qu'il se présente sans tache, comme l'étaient les apôtres le jour de la Pentecôte. Alors, forcément, la taupe commence à mentir une fois de plus, en cachant à son confesseur qu'elle s'est excommuniée ipso facto en adhérant à la franc-maçonnerie. De toute façon un aveu serait sans valeur, car il ne serait pas accompagné du ferme propos de maintenir 1'abjurabion. Il ferait pendant au parjure solennel que constitue le lendemain le serment anti-moderniste. Ce sont là deux mensonges au Saint Esprit punis de la mort éternelle. Le sacrement de l'eucharistie, reçu indignement, et la descente du Saint Esprit demandée dans l'ordination qui se déroule, repoussent encore plus loin dans l'abîme l'âme de l'hypocrite. Il est aberrant d'estimer que le francmaçon reçoit la marque indélébile du sacerdoce, alors que l'essentiel du sacrement lui est refusé: s'il reçoit une marque c'est celle du Menteur son maître.
La confusion entre réception et distribution montre que lescanonistes ne sont pas apte à dédouaner les biens surnaturels. Un gabelou moyen est très capable de distinguer la taxe à faire payer sur un produit importé, de la subvention à prescrire pour une marchandise qui est exportée! C'est la quatrième faute des douaniers officiels de notre commerce avec le ciel.
Les réalités surnaturelles décrites précédemment correspondent aussi à la lettre de la loi, si l'on veut bien se reporter à la constitution Cum ex apostolatus officio. Paul IV y vise "les renards qui dévastent la vigne du Seigneur", autrement dit les taupes qui minent l'Eglise. Voici un extrait du § 6: "S'il se révèle qu'un évêque (...) avant sa promotion (...) a dévié de la foi, ou est tombé dans quelque hérésie, sa promotion (...) est nulle et non avenue". Voilà ruinées d'un coup toutes les subtilités sur les bonnes intentions qui visent au mal absolu. Vrai Pape, Paul IV insiste de manière presque fastidieuse, pour éviter toute équivoque: "Rien ne peut valider le sacre de ces évêques (...), chacun de leurs actes, décrets, ou discours, toutes leurs decisions sont nuls ou non avenus. Nul ne peut arguer qu'il a reçu d'eux un droit ou un pouvoir quelconque." (Par exemple le pouvoir de transmettre le saserdoce). Ainsi l'imposteur et ses affidés sont expulsés, leurs galeries rebouchées ... Examinons certaines objections que ce texte soulève aujourd'hui. D'abord les canonistes officiels le déclarent périmé, parce-que le C.I.C. de 1917 NE LE REPREND PAS. Or ce code ne peut avoir préséance sur des considérations rendues irréformables par un pape. De plus l'objet delà Bulle montre qu'il ne s'agit pas d'une mesure purement juridique: elle concerne les prophéties sur les derniers temps et implique la théologie des sacrements et de la transmission de la succession apostolique. Ses dispositions ne sont donc pas des mesures discplinaires, facultatives suivant les besoins.
Il y a également les sedevacantistes légalistes qui rechignent, paradoxalement, à voir déchus Liénart et Lefèbvre. Ils affirment que les taupes sont simplement privées de juridiction à cause de l'irrégularité de leur sacre episcopal. Mais la Bulle englobe les pseudo-papes et cardinaux dans la même invalidation et pour le même motif. Ces légalistes sont illogiques puiqu'ils reconnaissent que la Bulle s'applique bien au théosophe rosicrucien Roncalli. Normalement la logique devrait les amener à 1'anti-thèse de l'analyse de Mgr Guérard, c'est à dire que les imposteurs seraient mystiquement authentiques, bien que réellement bons à rien. Ces légalistes ne vont pas jusque là!
On allègue aussi le cas du clergé schismatique d'orient, qui est composé d'excommuniés et qui a toujours été considéré comme succédant validement aux apôtres. Cela prouverait que la réalité du sacerdoce n'est pas retirée aux francs-maçons à cause de l'excommunication qui les frappe. Ce n'est pas l'unique raison en effet. Car le seul cas où le sacre d'un pope offrirait une analogie avec celui d'un Liénart est purement hypothétique. Il faudrait que ce schismatique prétende se faire catholique afin de s'infiltrer dans l'église uniate, par ex. Son dessein secret serait de combattre la primauté du pape en la sapant de l'intérieur de son Eglise. On voit bien qu'il mentirait au Saint-esprit avant d'être promu évêque catholique. - N'oublions pas, non plus, qu'on n'a pas vraiment le droit de taxer un orthodoxe oriental d'hérésie.
Mais il y a plus sérieux. Un philosophe fait remarquer que, si les francs-maçons sont excommuniés depuis 1737, ce n'est pas pour motif d'hérésie, mais parce-qu'ils constituent une société secrète hostile à l'Eglise. Ils ne seraient donc pas dans le champ d'application de Cum ex apostolatus officio. - Notons avec Melle Davidoglou (LA VOIE, n° 9, pp 27 & 28) que la Bulle ne vise pas uniquement les hérétiques formels mais aussi tous ceux qui, ayant dévié de la foi sont matériellement hérétiques. C'est ce que suppose Paul IV, puisqu'il les appelle "renards", ayant réussi à échapper à toute condamnation, et jugés dignes d'une promotion. Il suffit donc de prouver que les francs-maçons sont hétérodoxes pour qu'ils tombent sous le coup de la Bulle.
Voici d'abord la raison pour laquelle, malgré la méfiance des censeurs romains, aucune hérésie précise et spécifiquement maçonnique n'a pu, effectivement être définie, alors que tout le monde sait que la Société Secrète est le vecteur du modernisme, l'égoût qui collecte et charrie toutes les hérésies et qui par le truchement des pseudo-papes prône le culte de l'Homme. C'est d'abord parce-que les diverses obédiences se partagent un éventail d'hérésies assez représentatif de de la philosophie anti-catholique, allant de l'athéisme agressif du Grand Orient à la gnose et à la théosophie des sectes qui gravitent autour de la Grande Loge. C'est là l'éventail qui est déployé en France. Il doit y avoir les équivalents adaptés dans tous les autres pays, occidentaux ou orientaux. Il y a donc diversité apparente, et plus ou moins réelle des credo maçonniques. - Toutes les hérésies professées ont été déjà condamnées au cours des âges ou à l'époque moderne. - Ensuite lorsqu'un de ces hérétiques parle, il n'expose pas sa croyance en tant que maçon. C'est évident puisque la Société reste en grande partie cachée, bien qu'elle gouverne tout l'univers. On ne peut guère compter de discours nommément maçonniques, à part quelques émissions anodines radio-diffusées ou télévisées. La société s'exprime donc clandestinement par la voix de juifs, de libres-penseurs ou de pseudo-catholiques, s'exprimant souvent au nom de leur secte ou église. - Les preuves seraient suffisantes pour un contre-espion, mais ne suffisent pas à un philosophe, tutioriste par profession.
Aussi allons-nous essayer de convaincre ce tutioriste en examinant la foi du franc-maçon de base, du débutant, qui n'a pas encore été introduit dans les arcanes satanistes des maîtres à penser de la Société. Cette foi, nous ne pouvons naturellement la juger qu'au for externe, c'est à dire d'après le processus d'initiation à une quelconque loge. Celui qui demande à être initié sait parfaitement - ou du moins savait jusqu'à l'occupation de la Chaire de Pierre par le théosophe rosicrucien Roncalli - qu'il se coupe de l'Eglise de N.S.J.C., qu'il rallie le camp de ses ennemis. Même s'il croit en Dieu il est forcément hérétique car il prétend alors que l'on peut faire son salut hors de l'Eglise, en la rejetant consciemment pour choisir une autre voie... Enfin notre philosophe ne peut-il lui aussi être taxé de légalisme débilitant? Il reconnaît spontanément que les francs-maçons sont plus dangereux pour l'église militante que Luther ou Calvin. La Sainte Trinité rejette ces hérésiarques pourtant assez honnêtes pour se révolter ouvertement et fonder leur secte propre. A plus forte raison va-t-Elle repousser vers l'Enfer ces serpents venimeux qui veulent se déguiser en bons apôtres. Ils sont assurément chassés du Corps Mystique de notre Seigneur. Et cela doit suffire à un chrétien qui ne retourne pas la lettre de la loi contre l'esprit.
THE AUTOBIOGRAPHY FROM H.E. MGR. NGO-DINH-THUC; YOU CAN ORDER IT FROM US (EDITORSHIP OF EINSICHT); PRICE:10.-DM. THE BOOKLET IS WRITTEN IN FRENCH LANGUAGE. |