SIEGE ET CHUTE DE LA FORTERESSE ROMAINE
par P. J. Andrews
Beaucoup de chrétiens sont scandalisés à la vue de Rome submergée par les légions sataniques qui n'en finissent pas de saccager la Cité Sainte. Même les catholiques les plus résolus - ceux qui ont bien accueilli les avertissements des prophètes, de Jésus en personne, et dans ces derniers temps de la T.S. Vierge Marie, mère de l'Eglise fondée par son Fils - même ces fidèles bien disposés en restent abasourdis.
1) La tactique de Lucifer. En fait, nous sommes si peu éclairés sur le processus d'investissement qui a préparé le triomphe de l'ost satanique, que si nous avions une nouvelle occasion de vivre l'époque qui a conduit de Saint Pie X à Pie XII, nous serions une fois de plus livrés sans défense aux troupes de choc de l'Ennemi, aux pionniers qui sapaient la forteresse romaine.
Nous avons refusé, et nous refuserions encore de prendre au sérieux, les avertissements pressants et réitérés de N.D., en particulier la prédiction annoncée à La Sallette en 1846, complétée à Fatima en 1917. Nous pensions en effet qu'après le renforcement de l'autorité du pape qu'avait révélé pour nos temps troubles le concile du Vatican, Rome resterait encore longtemps attachée au Rédempteur, malgré toutes les embûches diaboliques. L'idée même que nous verrions Rome devenir mère et maîtresse de toutes les hérésies nous faisait horreur. Nous ne voulions pas prendre au sérieux les efforts des lucifériens pour faire du Vatican le Siège de 1'antéchrist.
Pourtant la menace qui partout transparaissait éclata dans son énormité incroyable; lorsque le franc-maçon secrétaire de Léon XIII fut élu pour succéder à celui qu'il avait convaincu de favoriser la république de Jules Ferry et Emile Combes. Nous n'avons jamais compris que la société secrète vengeait l'échec de Rampolla, lorsqu'à peine quinze ans plus tard, elle liquidait à Versailles le St Empire Romain Germanique coupable d'avoir usé de son droit de veto contre l'élu d'une conjuration si bien ourdie. Saint Pie X, mesurant l'extrême gravité du péril auquel Dieu venait miraculeusement se soustraire Son Eglise, entreprit de nettoyer ce qui était devenu, insidieusement, les écuries d'Augias. Il eût fallu plusieurs saints pontifes pour chasser des séminaires et des évêchés, les francs-maçons déjà infiltrés, et débusquer les nouvelles taupes, qui, comme Liénart en 1912, commençaient leur carrière traîtresse. Bien au contraire, Benoît XV renvoya le cardinal Méry del Val et se hâta de dissoudre la Pia unio que son saint prédecesseur avait fondée pour détecter les agents de 1'Ennemi. Pie XI paracheva les erreurs antérieures en démolissant les dernières forces politiques des catholiques de notre pays. Après la condamnation de "l'Action Française", nos brillants laïques et républicains eurent toute facicilité pour forger la nouvelle génération, celle de 1'"Action (Anti)catholique". Ainsi Satan regagna peu à peu les coudées franches pour envoyer partout ses misionnaires secrets, que l'on nomme taupes depuis que les soviets ont généralisé la méthode. Le grand égoût moderniste put alors déverser les poisons "modernistes" dans les veines et les artères de l'Eglise comme aux beaux jours de Rampolla.
2) L'évolution créatrice. La doctrine prêchée par les faux pasteurs avait été vigoureusement condamnée par tous les souverains pontifes, en particulier par Pie IX et Saint Pie X. Sa force de frappe est la transposition du darwinisme dans la vie religieuse: "l'évolution doit accompagner la vie en tous domaines, premièrement dans les codes de la discipline et de la liturgie catholiques, mais aussi transformer les dogmes". La condamnation de Loisy n'arrêta pas les nouveaux missionnaires. Ils ont recommencé d'accomoder la corruption doctrinale à la sauce démocratique, parfumée de laurier scientifique. Ils ont simultanément perverti le sens du dogme nouvellement proclamé de l'infaillibilité pontificale, en répandant la maxime:" Ce qu'un pape a fait, un autre peut le défaire." Il est, certes, vrai, que la vigne du Seigneur doit être taillée, qu'il faut retrancher du grand arbre qu'est l'Eglise militante, toute les branches mortes. Le Vicaire du Christ a tout pouvoir pour entretenir le vignoble chrétien selon les instructions de son Maître. Mais il n'a pas licence de greffer les sarments rejetés par ses prédécesseurs, ou de scier le pied de la vigne pour y enter une plante épineuse. C'est pourquoi les vrais papes n'ont jamais ruiné le domaine, mais simplement adapté bêchage et arrosage aux vicissitudes du temps. Un pape n'a jamais lié ce qu'un autre avait délié, et encore moins délié ce qu'un autre a lié... Ainsi le slogan a-t-il partout préparé la venue du culte "nouveau", vieux comme Satan lui-même, et le panthéisme humaniste, qui est substitué à la rédemption indispensable en toute époque.
3) Les retranchements inexpugnables. Mais le fait est que l'Eglise était un camp retranché, protégé par des fossés infranchissables et des circonvallations imprenables. La seule ressource de Satan était de faire sans cesse claironner le slogan trompeur par ses hérauts qui, inlassablement, faisaient le tour des remparts. Il fallait persuader la garnison d'ouvrir bien grand les portes de la Ville (comme Renard, le goupil, avait cherché à convaincre Chanteclerc que la trêve était officiellement proclamée.)
En effet le Saint Esprit avait prémuni l'Eglise contre le grand assaut démoniaque des derniers temps en faisant édifier par Paul IV, Saint Pie V et Sixtequint, une triple ligne de fortifications qui avait brisé l'offensive de Luther de Calvin et des hordes protestantes. Si les chrétiens ne recommençaient pas l'erreur d'Adam et Eve, le grand serpent restait impuissant. Guidés par l'Esprit saint ces trois grands papes avaient pris les dispositions nécessaires pour que l'abomination de la désolation, déjà prédite par Daniel, ne s'installe pas dans les lieux saints et que le sacrifice perpétuel ne soit pas interrompu. Il ne peut y avoir d'équivoque sur leur volonté de rendre irréfragables les trois constitutions que ces trois successeurs de Pierre promulguèrent au XVIe siècle, au moment où commença l'ère des grandes apostasies. Tout pape, qui tenterait de les modifier, y est clairement dénoncé à l'avance comme imposteur luciférien, destiné au châtiment prévu par le courroux du Paraclet. Ce traître, démasqué prophétiquement ne s'est pas manifesté durant plus de trois siècles; car les taupes audacieuses tombaient sous le coup de la malédiction des apôtres Pierre et Paul dès qu'elles entrait dans la zone rouge.
4) Le triomphe de Satan. La propagande effrontée des modernistes a fini par faire tomber Rome aux mains des antichrists de service. Les guetteurs ont abaissé le pont-levis en annonçant que l'Ennemi était en réalité un frère. En effet l'Imposteur Roncalli faisait sonner partout les fanfares qui proclamaient le dogme nouveau: "Ce qu'un pape a fait, un autre peut le défaire". Aussi a-t'il pu mettre en place la "nouvelle Pentecôte" qui annulait la première. Les chrétiens et leurs doctes canonistes crurent et croient toujours que les papes de la contre-réforme catholique pouvaient être de vieux radoteurs qui s'étaient indûment attribué le pouvoir de lier les actes de leurs successeurs. De toute façon Benoît XV, en 1917, n'avait pas répercuté dans son Codex Iuris Canonici, les dispositions déclarées irreformables de ses trois fameux prédécesseurs. La triple tiare fut abandonnée comme un hochet ne pouvant amener l'évolution régressive qui, de la novelle Pentecôte, nous entraîne vers le nouvel Avent.
Le gnostique rosicrucien qui succédait à Pie XII put alors braver tranquillement la Bulle de Saint Pie V "Quo primum tempore" et entreprendre à loisir d'altérer le Missel Romain que le philo-communiste Montini finit par écarter sans autre forme de procès. On continue de se moquer de l'anathème de Saint Pie V qui protège le coeur de la liturgie et on demande à K.W. la permission de célébrer la Messe que nul n'a qualité pour interdire.
Le "débonnaire" Roncalli, qui aurait déjà supprimé tous les péchés en anticipant sur la nouvelle Pentecôte, si les étapes à respecter le lui avaient permis, ne perdit pas de temps pour violer la dernière ligne de défense que constituait la Bulle "Postquam verus" que Sixte-Quint avait publiée en 1586. Elle est destinée à empêcher un imposteur, frauduleusement installé au G.Q.G. de l'Eglise, d'imposer sa loi à jamais, en assurant sa succession par un autre antichrist. Sixte-quint, en effet, nous avertit que nul (si ce n'est un pseudopape) ne peut faire monter le nombre des cardinaux au - delà de 70. Il interdit à tout Vicaire du Christ de passer outre. Ainsi une taupe ne peut pendant son prétendu pontificat changer la majorité du Sacré-Collège, conformément au désir pressant de son Chef infernal. Un vrai pape peut alors sortir du scrutin et sauver la hiérarchie. Mais Roncalli déclara paisiblement que la constitution de 1586 était anachronique - donc caduque- sans que quiconque s'avisât de protester. Il fit donc monter le nombre des cardinaux à 88 en 1960, à 92 le 16.1.1961, et finalement à 102 le 15.4.1962.. Voilà pourquoi,- le mystère est facile à comprendre,- le parti franc-maçon savait que Montini serait le successeur de Roncalli! Les conjurés maçons avaient été élevés par fournées au cardinalat, jusq'à ce qu'ils fussent sûrs d'être la nouvelle majorité.
Enfin malgré les pères de l'Eglise, toute la Tradition, le droit canonique et la Bulle de Paul IV, les hérétiques conservent leurs fonctions et charges et même accèdent à toutes les dignités du premier rang. Si vous protestez on vous répond d'une seule voix: "Le pape est au-dessus des lois, puisque c'est lui qui les fait". C'est une autre version de la maxime citée ci-dessus. Ainsi les francs-maçons sont-ils maintenant de bons clercs puiqu'ils appartiennent à la partie hautement spirituelle de la gnose (s'ils faisaient partie de la fraction anti-religieuse de cette société recommandable, ils ne se seraient pas présentés aux "ordinations".) La ruine de l'Eglise n'a pas éclairé nos docteurs. Pour un catholique, la Tradition coïncide cependant avec la logique. Notre slogan c'est le vrai:" Ce que le Vicaire du Christ lie sur instruction de son Maître, seul un serviteur de Satan peut avoir l'audace et l'inconscience de le déclarer délié."
P.J. Andrews
(Traduction d'André Corrihons )
N.B.: Le texte anglais original a été adapté par l'auteur lui-même à l'intention des lecteurs français. |