LE TEMPS DE L'APOCALYPSE
par Erich Becker Traduction d'André Corrihons
Les signes qui peuvent à juste titre être interprétés comme avant-coureurs de la fin des siècles sont de deux sortes, et ils se développent parallèlement de nos jours. Il y a "le tonnerre du feu nucléaire dont la menace fait trembler la terre" (Philbert) et les symptômes de l'agonie dans laquelle se débat l'Eglise catholique. Le signe le plus impressionant pour les mondains éloignés de Dieu, c'est le feu nucléaire, et pour les catholiques fidèles, l'effondrement de l'Eglise. Mais, ni l'un ni l'autre ne constituent des tableaux que l'on puisse décrocher et enlever de l'environnement.
La menace nucléaire n'a pas de limites visibles ou audibles. Elle est devenu le spectre épouvantable qui hante les hommes pour lesquels civilisation et richesse signifient amusement, passe-temps; ceux pour qui les maîtres-mots sont "plus de démocratie", niveau et qualité de vie. "Paix et sécurité" - c'est ce que clame une humanité angoissée qui prepare pour elle-même la catastrophe finale. En même temps nous sommes apostrophés par les paroles du Christ sur la Parousie, les révélations privées et le chap. V de la première lettre de St Paul aux Thessaloniciens: les frères dans la Foi doivent être informés des signes précurseurs de la fin du temps. "Comme un voleur dans la nuit" voici que "survient le jour du Seigneur". Il prendra le monde par surprise, pourtant ses prémices sont perceptibles pour des chrétiens attentifs: "Regardez le figuier ..." (Luc, 21. 29), et, "Alors que les hommes parleront de paix et de sécurité, c'est alors qu'une ruine soudaine fondra sur eux." (1 Thess. V, 3).
Quel est la conversation du jour, son sujet inépuisable? Quel est le mot qui s'impose dans les "conférences au sommet"? Qu'est-ce qui met en branle les mouvements de la paix, les pacifistes, les marcheurs , les manifestants de la paix? Qui et quoi gâtent la soupe des propagandistes de la mort de Dieu, athées jadis insouciants, subitement étreints par la peur, au point que leur visage en est déformé et devient la caricature d'une "face de clown"? (Böll). Les lamentations des hommes s'enflent en une clameur d'aboiements angoissés, de hurlements et d'injures, s'étalent en gribouillis. Pourquoi donc? Ils déplorent ce qu'ils s'imposent eux-mêmes, leur auto-châtiment, la colère des Dieux qu' ils sont devenus au faîte de leur orgueil, en cherchant à tout savoir,à tout faire par pure bravade: "Nous allons bien le savoir! Nous allons voir qui commande à la maison. Nous parlons haut et fort, nous, êtres fabuleux, nous qui sommes des Dieux à 99%." Mais alors, pourquoi ces piaulements lamentables , ces bêlements plaintifs: "Paix et sécurité!", qui évitent de se sentir coupable? (cf. I Thess. V, 3). A cette jointure il convient de citer l'allocution blasphématoire de Montini à l'occasion du Premier alunissage, plagiat qui retourne complètement les termes employés par St. Luc, de manière éhontée, afin de louer la suffisance présomptueuse des hommes.
"Honneur à l'Homme! Honneur à sa pensée, à sa science, à sa technique, au triomphe de l'audace humaine! Honneur à la synthèse des activités scientifiques, à la puissance organisatrice de l'homme dont l'esprit et l'habileté manuelle peuvent fabriquer les instruments de la conquête du monde! HONNEUR A L HOMME ROI DE LA TERRE ET MAINTENANT PRINCE DU CIEL! Honneur au Vivant que nous som mes, en qui se reflète l'image de Dieu et qui, en se soumettant l'univers obéit au commandement biblique: "Multipliez-vous et régnez!"
Sont-ce là des paroles de pape? N'est-ce pas plutôt la folle présomption d'un fils de perdition"? ("Vous serez tous comme Dieu"- Gen. 111,5) Montini avait-il p'erdu la raison? Voici une autre de ses déclarations qui appelle à l'hybris, aux débordements de l'homme: "Selon son principe et sa définition, l'Homme est gigantesque et divin". Gigantonranie et panthéisme! Il faut sans cesse rafraîchir les mémoires, car une foule de chrétiens véritables continue de tenir pour impossible l'occupation du St Siège par 1'Ennemi, et refuse d'en croire leurs Yeux. Pourtant quelle contribution ne faut-il pas apporter aux rhéthoriques non-catholiques et à l'idolâtrie déguisée pour pouvoir jouir du titre d'esprit libre! S'il doit arriver que l'énergie nucléaire, don de Dieu, se déchaîne pour notre perte, alors il sera facile de trouver les responsables. Voyons maintenant le deuxième signe, dont l'apparition est presque insupportable pour un catholique, l'auto-abdication de la chrétienté, 1'autodémolition de l'Eglise dirigée par des papes qui n'ont de catholique que le nom. Notre unique consolation c'est de ne plus penser à leurs palinodie et à leurs réformes pseudo-catholiques.
L'église apostolique qui, jadis, s'étendait jusqu'aux extrémités de la terre et y annonçait intégralement la doctrine du Christ, en tous lieux, s'est incroyablement réduite, en un temps incroyablement court. C'est le "petit troupeau" (Luc XII,32) qui perpétue le culte millénaire. Ses prêtres, qui n'ont pas voulu apostasier, continuent de renouveler, de manière non sanglante, le sacrifice du Christ sur la croix. Le petit troupeau, qui croit encore à la présence réelle sur ses autels du Corps et du Sang de Jésus, est rejeté comme une caste de parias: "Nous sommes jusqu'à présent comme les balayures du monde, le rebut des hommes. (1 Co IV,15) Le catholique, demeuré dans cette fidélité mystique, perce à jour la comédie raffinée, et pourtant farce plutôt inane, présentée par les Colin Maillard qui jouent à découvrir "l'Esprit du Concile". Il garde des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, sa conscience pour juger, et san coeur pour sentir avec l'Eglise. II n'a pas jeté tout son viatique dans le chapeau des joueurs d'orgue de barbarie qui égrènent la rengaine conciliaire de "l'aggiornamento". C'est ce type de chrétien vigilant qui voit les signes précurseurs de la Parousie surgir en notre époque. Le scandale de la mise au rancart du Saint Sacrifice, remplacé par "l'abomination de la désolatiori" ("établie là où elle ne devrait pas être - que celui qui lit comprenne!") (Marc XIII, 14) prend à ses yeux un relief saisissant. C'est le péché mortel de notre temps de l'abandon. On découvre à grand'peine quelques îlots de foi catholique. Autour de nous c'est la sarabande des bulles de savon "oecuméniques". "Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il seulement la foi sur terre?" (Luc XVIII, 8). Déjà en 1976 1e dr Hugues Kellner comptait que sur mille catholiques il en restait au maximum trois professant la doctrine vraie, usant du réalisme, de la connaissance, de la sensibilité catholiques. Portant aujourd'hui nos regards sur l'environnement, cette évaluation nous semble déjà trop optimiste. La désertion et 1e ralliement au "monde" s'accomplissent au grand jour, avec un cynisme sans précédent. La marche, drapeau en tête, pour prendre ses quartiers dans le camp de l'Ennemi, a été soigneusement étudiée et programmée par le Grand état-major, ordonnée par le Haut - commandement de l'armée, exécutée par des officiers stupides et ressentie comme un grand soulagement par les sous-officiers et les hommes de troupe. C'est la plus grande, la plus insensée des trahisons de l'histoire humaine. On ne peut la comparer qu'à celle de Judas. Rares sont ceux qui reconnaissent cette infamie pour ce qu'elle est: un raz-de-marée de la déraison.
Les hommes sont drogués par le culte de l'humanité. Rendus fous par cette injection de divinité, ils ont abandonné le Christ." Quand vous verrez l'abomination ... que celui qui lit comprenne!"
Alerte générale! Mais les pompiers dorment! La lumière rouge clignote sans arrét, mais le guetteur n'y voit que du vert.
Le canot de sauvetage, si petit, que le dr Kellner appelle "Eglise Rescapée" ne cesse d'envoyer des- S.O.S., mais on danse sur le paquebot "Esprit du Concile" qui poursuit sa croisière en zigzaguant dans le brouillard. Dieu a donné à l'homme le libre choix, même celui de se détruire. Dieu est chassé de sa propre maison comme un intrus: voilà le préliminaire obligatoire à la consommation des siècles. Le Christ l'a dit. C'est cela la condition préalable, et non pas la menace nucléaire. Sans refus de Dieu, pas de péril atomique!
Soyons sobres et vigilants! Le catholique fidèle échappe à l'épouvante. C'est lui le réaliste. Il est informé de l'eschatologie, il sait comment vient la fin. "Voyez, je vous ai annoncé tout cela". (Marc, XIII, 23) Le chrétien fidèle n'est pas saisi par la panique, l'angoisse infernale. C'est dieu, un et trine, le Maître du temps. Le début et la fin sont dans sa Main. |