COEXISTENCE PACIFIQUE?
par Eberhard Heller (trad. de Danielle Humberg-Gramusset /Gladys Resch)
Si, pour établir aussitôt que possible des relations "normales" avec le Vatican, l'effort de Mgr. Lefèbvre jaillit de la rainte d'être repoussé dans l'isolement, je ne peux que le supposer; que d'autres raisons aient été en jeu, cela se peut, car la tactique universelle de Rome et de la presse au cours des dernières années visait à passer sous silence ses activités. Le fait est que les débats avec Paul VI, qui eurent lieu par l'intermédiaire de Saventhem, échouèrent. (Pour le personnage voir EINSICHT VII(l) 25-28.) (Voir aussi le recueil de UNA VOCE: Dossier Saventhem.) Le désir de Lefebvra de se voir accorder une audience le plus tôt possible par Luciani, échoua probablement par suite de la mort subite de ce dernier. Le 20.11. 1978 la presse étonna le public en annonçant la nouvelle que Mgr. Lefèbvre selon son désir aurait été reçu par Wojtyla le samedi 18.11. 1978. Ceci avait déjà été confirmé le dimanche 19.11. 1978 par le porteparole du Vatican Roméo Panciroli. Les détails de cette entrevue n'ont pas été révélés. Cependant la pensée générale était que Mgr. Lefèbvre aurait cherché un rapprochement des points de vue, comme il l'avait fait, en écrivant à Montini, en juillet 1978, afin de favoriser le "retour" à "une situation normale" (Stuttgarter Zeitung du 20.11. 1978). Les perspectives d'une réconciliation avec Rome n'ont jamais apparu aussi favorables qu'aujourd'hui, étant donné que (l'illégitime) détenteur de la Cathedra Pétri appartient à l'êpiscopat polonais, qui d'une certaine façon, concernant les effort traditionlistes, s'était une fois déclaré solidaire de Lefèbvre.
Comme ces ambitions sont d'un intérêt important pour les fidèles, qui, pour la plupart, voulaient voir en Mgr. Lefèbvre le chef des traditionalistes, (malgré toutes les affirmations contraires de sa part), il me semble important de suivre les étapes des négociations d'aussi près que possible. Les détails de la première rencontre ne parvinrent au public qu'en petit nombre. D'après une indiscrétion du journal "Vita Sera" Wojtyla aurait assuré à Mgr. Lefèbvre: "Qu'il ferait cesser tout abus, toutes fausses interprétations ou conséquences erronées de l'évolution post-conciliaire. Toutefois il déclarait énergiquement que, pour l'église catholique, la validité du 2ième Concile du Vatican ne doit pas être mis en cause. (NZ. 25.11. 78.) - Texte souligné chaque fois par moi, aussi dans ce qui suit. - Une autre entrevue devait avoir lieu 2-3 semaines plus tard. Comme on le sut par la suite, Mgr. Lefebvre aurait assuré le respect de l'autorité papale et des décisions du 2ième Concile du Vatican comme condition pour la garantie de l'audience du Pape, le 18.11. (DT du l0.l. 1979.)
Mgr. Lefèbvre ne donna des informations publiques de son entrevue avec les autorités du Vatican que peu avant une nouvelle rencontre, ficée pour le l0.l. 1979. Dans une interview, retransmise par la télévision suisse Mgr. avait la ferme confiance qu'il y aurait réconciliation entre Rome et les traditionalistes. Au cours de sa prochaine visite Mgr. Lefèbvre voudrait "discuter et répondre" aux question de la Congregation de La Foi. Il s'attendrait à ce qu'au cours de celle-ci ne soient discutées que des questions disciplinaires, "étant donné que, selon toute apparence, mes réponses aux questions concernant le dogme, étaient satisfaisantes. Que signifie la phrase: "mes réponses à des questions de dogme qui étaient satisfaisantes"? La Solution de l'énigme apparaît bientôt. Ce qui était aussi étonnant, c'est que Mgr. Lefèbvre, du moins lors des négociations, se sentait le porte-parole des traditionalistes. Il avait auparavant à chaque fois refusé rigoureusement tous les appels et toutes les demandes en ce sens. Alors, lequel des traditionalistes l'en avait chargé? De Saventhem, l'entremetteur? - Au cours d'une Messe, qu'il célébrait à Zürich, Mgr. déclarait qu'il espérait qu'après quelques mois, peut-être après un nouvel entretien avec le Saint Père il aurait la permission, de continuer la practique de notre foi traditionnelle pour le lien de l'église et de l'unité car alors nous serions aussittot en harmonie avec l'épiscopat suisse. (FAZ 8.1.79.)
Le l0.l. 1979 Mgr. Lefèbvre fut reçu par Franjo Seper et répondait aux questions écrites qui lui avaient été envoyées auparavant. Dans un communique de la fraternité sacerdotale Saint Pie X pour le secteur de langue allemande, (Janvier, février, 1979/4) Franz Schmidberger, d'accord avec Mgr. Lefèbvre jusque dans le plus petit détail, s'accorde quant au contenu de la situation des négociations, comme J. Schilling le décrit le 13.1.1979 dans le Münchner Merkur: "un autre problème se pose, concernant la situation légale de ses institutions qui sont: les bâtiments, les terrains et autres biens. Normalement ceux-ci devraient revenir aux évêques compétents, car l'autorisation pour tout cela a été retirée il y a des années. Evidemment Lefèbvre n'est pas d'accord avec la dissolution de ses fondations". Il n'y a plus de problèmes dogmatiques, il reste encore des problèmes de puissance et d'argent.
On est particullièrement surpris que Mgr. proteste, selon un compterendu dans "Die Welt" du /22.1.1979. Dans une interview de Mgr. Lefèbvre ou journal milanais: "Domenica de Corriere", Mgr. aurait dit: "Rome se trompe, pas moi". - II voit la "cause de la décedance de l'Eglise" dans Vatican II; les réformes en sont "modernes et libérales communistes". Qui était visé par cette allusion?
Cependant peu après, Lefèbvre annonçait de nouveau que son différend avec le Vatican serait bientôt terminé. A la question du Pape, qui lui demandait s'il acceptait les réformes du concile dans le sens de la Tradition. Mgr. aurait répondu par l'affirmative. D'où il lui aurait été rétorqué "alors il n'y a plus de difficultés dogmatiques entre nous!" (SZ du 4.2.1979.) Comment peut-on accepter des reformes qui entre autres nous ont donné une Messe invalide, une doctrine protestante de la Sainte-Cène, des rites douteux voire invalides pour l'ordination des prêtres et des évêques, l'abolition pratique de la confession etc. Ce serait bien là le super Traîté de Berlin, que chacun peut interpréter à sa facon. Un tel tour d'adresse n'a été réussi avant Lefèbvre que par Döpfner, lorsque'il disait: "Nous avons atteint l'unité avec les protestants et nous sommes restés catholiques."
Tout aussi éclairantes sont les affirmations de Mgr. Lefèbvre au cours de L'entretien avec l'agence suisse "la Dépêche", que "Mysterium Fidei" de Mars 1979 tiré du Badener Tageblatt du 25.1. 1979: (Question) "Quelle est, Excellence, la situation après votre dernier entretien?" demandions-nous. "Rien n'est terminé mais beaucoup de questions se sont éclaircies" expliquait Mgr. Lefèbvre. "Maintenant Rome n'oserait plus dire" que mon opinion du concile soit inadmissible. Le Saint-Père, lui-même, lors de notre rencontre m'a déclaré qu-'il approuvait mes déclaration concernant le concile, c'est-à-dire que j'approuve les documents du Concile mais que je les interprète selon la Tradition (...) tant qu'ils s'accordent avec la Tradition (...) "A la question quelle solution il envisage, Mgr. Lefèbvre rappelait qu'on lui avait déjà posé cette question à Rome. Il aurait répondu: "il n'y pas grand'chose à dire là dessus. Que l'on nous laisse tout simplement nous servir des moyens de sanctification dont l'église s'est toujour servi pour le aalut des âmes. C'est tout. C'est simple. La solution est là et cela devrait régler les choses entièrement et à tous les niveaux." - "A l'occasion de votre dernier voyage à Rome vous n'avez pas rencontré la Pape, on a parlé d'un échec de votre part". - "Un entretien n'était pas prévu", expliquait Lefèbvre, "J'ai rencontré le cardinal Seper et des experts. On m'a posé un grand nombre de questions et j'y. ai répondu. Tous ces documents seront signés prochainement. (...) De mon côte je ne reculerai pas. Je solliciterai une fois de plus en ce sens que l'on nous permette de faire l'expérience de la Tradition." Fin de l'interview. En ce qui concerne la constance de Mgr. Lefèbvre il faut bien être réaliste et constater qu'elle ne désigne rien de défini. Car jusqu'à maintenant il n'a jamais vraiment pris une position ferme, nette et claire concernant les problème existants, dans le sens de la Tradition. Jusque là donc son affirmation est une déclaration vide.
Cependant la réponse à la question pourquoi Wojtyla serait satisfait de ses réponses, données par Lefèbvre au journal parisien L'Aurore, concernant le Dogme, est sans équivoque. Ici citée par FELS de mars 1979, page 92, qui se base sur une déclaration KNA (Agence de presse catholique): L'archévêque Marcel Lefèbvre espère être reçu de nouveau le 2 mars, (mieux le 12 mars; les services de presse catholique devraient être capables de communiquer la date précise du 1 'couronnement de Pie XII, car c'est bien de lui qu'il s'agit, comme il en déroule de la communication suivante du FAZ. En outre Mgr. Lefèbvre se trouvait à Munich le 4 mars.) par le Pape Jean-Paul II (...) Mgr. Lefèbvre rapporte au cours de l'interview l'enquête de Rome à laquelle il avait dû se soumettre le 11 et 12 janvier. Il déplorait que les représentants de la Congrégation de la Foi, qui nienèrent l'enquête, lui aient refusé la présence d'un témoin comme il l'avait demandé. Il avait insisté d'avoir un tel témoin en raison de l'expérience faite en 1975, où on ne lui a pas permis d'avoir une seule fois accès au comptre-rendu de l'audience. Au cours des enquêtes il fut mal cité dans 2 questions importantes et l'a fait clarifier. Ainsi, il n'a ni affirmé que Vatican II se dresse contre la foi, ni que la "nouvelle Messe" soit une hérésie, et par conséquent, invalide. Mais il est d'avis qu'il y a des textes du Concile - comme par exemple, des déclarations sur la liberté religieuse - qui ne s'accordent pas avec l'enseignement de l'Eglise jusqu'à nos jours, et que la "nouvelle Messe" est empoisonnée par des éléments protestants. (...) Dans son interview l'Archèvêque confirmait qu'il renoncerait aux ordinations des prêtres et à de nouvelles fondations séminaires et de communautés en attendant la décision finale du Pape. (Note de la rédaction; Les ordres mineurs du 4.3.79 à Munich ne comptent pas, elles ont entre autres été abolies par Rome.) Cependant cette promesse est faite sous la réserve qu'une solution précise et rapide soit préparée. "Ce que je demande est tout simple: "Que Rome nous permette de continuer dans le calme et en paix notre expérience de la Tradition", disait Lefèbvre. Il espérait premièrement que sa fraternité Saint Pie X soit de nouveau reconnue officiellement par Rome et incorporée dans la congregation des religieuse, deuxièmement, de pouvoir conserver la Messe d'après le rite de Pie X, (plutôt Pie V) et l'ancien rite pour la confirmation et l'ordination des prêtres. Telle est la prise de position de Mgr. Lefèbvre.
Si l'on retient les affirmations décisives de sa part, mise à part la reconnaissance de la Rome apostate comme autorité légitime de l'église, il apparait qui suit:
1) Mgr. Lefèbvre affirme la validité du soi-disant "NOM" de Paul VI. Cela ressort aussi d'une lettre qu'il a écrite à Saventhem: "Pour une église universelle je prévois comme vous la coexistence pacifique des rites préet post-conciliaires. On laisserait le choix aux prêtres et aux croyants de se décider pour "la famille des rites" de laquelle ils voudront dépendre de préférence. On attendrait ensuite que le cour du temps leur fasse connaître le jugement de Dieu sur les vérités et l'efficacité de ces valeurs correspondantes pour le salut de l'église catholique et de toute la chrétienté." (Lettre du 17.9. 1976 dans le "Dossier Saventhem" du journal italien Una Voce, auquel nous n'appartenons pas.) Par là nous aurions la franc-maçonnerie dans l'Eglise, comme s'exclamait le Professeur d'université Dr.Dr. Reinhard Lauth. (Comp. EINSICHT VIII(5)190 f.) En rapport avec ceci se glisse aussi l'essai singulier de Schmidberger de confisquer dans tous les centres de Messe, qui dépendent de lui, tous les écrits dans lesquels on prend position contre le NOM.
2) La vraie foi est pour Mgr. Lefèbvre une affaire d'expérience. Sa "demande" adressée à l'organisation apostatique, de lui permettre l'expérience de la fidélité, voire de la Tradition, n'était pas une erreur par mégarde, mais une expression qui se répétait. La Foi, c'est-à-dire la révélation de Dieu ne pourra jamais être laissée gré des fidèles. Elle est absolumant obligatoire dans son contenu. (D'autant plus qu'il est aberrant de demander à l'occupant une chose, que l'en est tenu de garder absolument.)
LES DEUX DECLARATIONS NE SONT PAS CONFORMES A L'ENSEIGNEMENT DE L'EGLISE!
Finalement le FAZ du 2.3.1979 communique: D'après un rapport paru dans l'hebdomadaire romain "II Monde" l'archévêque traditionaliste suspendu, Mgr. Lefèbvre serait sur le point de transmettre au Pape une "lettre de soumission", laquelle aurait éte transmise à Jean-Paul II par 1'archévêque de Gênes, le Cardinal Siri, à l'occasion du cinquantième anniversaire du couronnement de Pie XII (plutôt le quarantième). Ceci en date du 12.3.1979.
Si 1'informations est exacte, jusqu'à présent en n'a pas donné de détail dans les informations, on aurait bien sûr raison de taire le fait de la soumission. Lefèbvre se serait alors dégagé formellement de la vraie Eglise Catholique Romaine, car il reconnaît définitivement l'organisation apostatique et se soumet ‚ son autorité, c'est est-à-dire à l'occupant hérétique Wojtyla. Il n'y aurait aucune autre raison de traiter autrement lui et ses institutions que celles de la secte de Clemente. Lui et ses adhérents seraient devenus ce que j'ai décrit dans "EINSICHT VIII(4)", c'est-à-dire une secte orthodoxe.
En raison des conséquences qui découleraient de l'action de Lefèbvre (il est possible qu'elle soit déjà faite) c'est-à-dire l'annulation ipso facto de son adhésion à la véritable Eglise, je conseille à tous les dirigeants des centres de Messe: Dans l'intérêt de la bonne cause, RESTEZ INDEPENDANTS. Ne croyez pas au chantage que l'on pourrait vous faire par la menace qu'aucun prêtre (d'Ecône) ne serait à votre disposition dans le cas, où vous repousseriez le compromis.
Avec de telles perspectives, notre situation semble sans issue. Et certainement nous en sommes arrivés au point , où le Calvaire du Christ, en son corps mystique de l'Eglise, se renouvelle. Mais Dieu est Fidèle à ceux qui lui gardent la fidélité. Il ne nous abandonnera certainement pas, nous ne pouvons plus faire grand chose, si ce n'est que de patienter et de prier sous la croix avec Marie et Jean pour que les égarés reviennent et que Dieu éveille Son Eglise à une nouvelle vie et lui donne un apôtre, qui la guide. Mais certainement les tourments deviendront plus forts pour tous, car ce n'est pas pour rien que Dieu nous a prédit que tous le trahiront s'il n'abrégeait pas le jour de l'épreuve. Dans ces conditions la moindre forme d'orgueil on d'autosuffiance s'évanouissent; à chacun de voir vu en est à propos de cette question.
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