La politique religieuse du Vatican correspondait à la naissance de nouvelles nations en Afrique et en Asie. Ces nations, jalouses de leur indépendance à peine acquise – et souvent au prix de leur sang – voyaient d’un oeil peu bienveillant leurs compatriotes soumis à des étrangers, souvent appartenant aux nations de leurs anciens maîtres. Des nations, comme la Birmanie, fermaient leurs frontières aux nouveaux missionnaires blancs. L’établissement de l’épiscopat indigène était indispensable, mais pour devenir un évêque capable, blanc, jaune ou noir, le St-Esprit n’intervient plus comme du temps des Apôtres qui ne connaissant que l’araméen pouvaient se faire comprendre, après la Pentecôte, des étrangers présents à Jérusalem. Pierre, un pêcheur illettré, discourait comme un Rabbi et citait les Saintes Ecritures comme le plus disert scribe. C’était l’époque héroïque. Pour faire choc et ouvrir une brèche dans le mur du judaïsme et du paganisme, il fallait arguments de choc, il fallait des miracles, des miracles comme l’avait prédit Jésus, plus étonnants que ceux perpétrés par le Maître.
Notre époque n’est plus pareille. L’Eglise forme ses futurs évêques dans les Universités catholiques à Rome, en France, aux Etats-Unis et ailleurs, comme la fameuse Salamanque en Espagne. Après une année d’épiscopat, j’envoyais deux jeunes prêtres de notre vicariat, les Pères Quang et Thiên, en Europe faire leurs études secondaires et universitaires.
Moi-même, ancien étudiant des Universités romaines et françaises, je suis arrivé à ce principe : ne pas envoyer de jeunes séminaristes en Europe, mais de jeunes prêtres doués d’intelligence, de bon jugement, de conduite sérieuse, ayant été initiés quelques années à l’apostolat même. Un tout jeune séminariste catapulté dans le monde européen ou américain, matériellement si différent du Tiers-Monde auquel appartenait le Vietnam de mon temps, surtout pour ce qui concernait la civilisation matérielle : le luxe, l’aisance, le confort dans lesquels sera plongé l’Asiatique ou l’Africain en feront un désaxé, s’il rentre (ou ne voudra plus rentrer, comme l’ont fait pas mal d’Asiatiques et d’Africains se cramponnant à l’étranger pour ne pas manquer de ce confort occidental et n’avoir pas à se réadapter à la nourriture frugale, au climat tropical, à la bicyclette et à la paillote).
Ce pauvre prêtre, refusant de rentrer au pays, rend inutiles les efforts du Saint-Siège et les espoirs de ses compatriotes. Certes, il ne faut pas jeter la pierre sur ces défections, mais il faut prendre des mesures pour minimiser les pertes. Je crois que la Ste. Congrégation de la Propagande, en fin de compte, a dû convenir de la suppression, à Rome, d’un Séminaire pour séminaristes des pays de mission et de l’ouverture d’un Collège pour les jeunes prêtres des Missions qui préparaient leurs doctorats en fréquentant les diverses Facultés romaines. Ce principe s’est concrétisé en l’ouverture du Collège St-Pierre sur le Janicule qui a donné, déjà, un bon nombre d’évêques aux pays de mission. Mon neveu, l’archevêque-coadjuteur de Saigon, Mgr P.X. Nguyên-vân-Thuân, sorti de ce Collège, est actuellement témoin du Christ dans les geôles communistes.
Les deux prêtres, envoyés par moi-même en Europe, sont actuellement évêques à Mytho (Mgr Joseph Thiên) et à Cantho (Mgr Quang). Car j’avais dû bâtir un petit séminaire, celui de la mission-mère à Saigon ne pouvant plus recevoir tous mes petits séminaristes. Mais comment bâtir en ce moment-là. Nous étions plongés dans la Deuxième Guerre Mondiale. Il n’y avait plus de moyens de recevoir des marchandises de France ou d’ailleurs, la flotte japonaise bloquant les mers chaudes. Or, la France, notre protectrice, n’avait pas introduit l’industrie en Indochine. Nous étions seulement producteurs de matières premières. Par exemple, l’exportateur français envoyait dans sa mère-patrie le caoutchouc des plantations de hévéas en Cochinchine. Cette gomme, travaillée en France, par exemple chez Michelin, nous était retournée comme pneus pour les autos (fabriquées en France) ou pour les bicyclettes, comme celle que j’avais acquise de la Manufacture de St-Etienne. Nous n’avions pas même une fabrique de clous. Notre calcaire servait pour faire nos routes, mais aucune usine ne le transformait en ciment. Nous avions du bois en quantité, mais pas de scieries. Tout ce bois devait être débité par des scieurs avec leurs longues scies, à la force de leurs bras.
Mais, de toute façon, il fallait un toit pour mes séminaristes, presque 200 inscrits. Je n’avais jamais bâti quoi que ce soit... Mais j’avais la chance d’avoir un vietnamien, père de trois prêtres et d’une religieuse, qui avait aidé son curé - celui de Vinhlong - à diverses constructions. Son curé, le Père Dang de Bêxtre, qui m’avait prêté son chauffeur comme moniteur de mon cuisinier, me l’indiqua.
Je me jetai sur l’occasion, le fis venir. Après avoir convenu de son salaire, je me mis à la recherche d’un terrain. La chance me fit découvrir un grand terrain, à proximité de mon évêché, un peu marécageux mais facile à combler avec les détritus de la ville de Vinhlong. Comme parmi ces détritus se trouvaient des semences de divers arbres fruitiers ou de cucurbitacées, mon séminaire eut un beau jardin où les légumes poussaient drus. Je donnai un pourboire aux charretiers que la ville engageait pour enlever les ordures ménagères. Les charretiers, au lieu de devoir sortir de la ville pour les épandre, s’en débarrassaient dans l’enclos du séminaire. Car, la première chose à faire fut la construction d’un enclos fait de briques (il y avait une fabrique à Vinhlong), avec du mortier composé de la chaux indigène, tirée des coquillages de mer qui sont à profusion en Cochinchine, et du bon sable pour éviter le chapardage. Des hangars en paillote abritaient les ouvriers, logeaient mon contre-maître et emmagasinaient le bois pour les charpentiers parce qu’il fallait faire tous les meubles en bois : pupitres, bureaux, lits, planchers pour l’étage, toutes les charpentes, etc. Toutes les matinées, j’étais sur le chantier. J’y revenais le soir. Cela me distrayait de mes travaux intellectuels et des soucis lancinants d’un évêque encore en apprentissage et qui se trouvait devant des problèmes paraissant insolubles, par exemple : faire des clous. Avant la guerre, tout cela venait de France, vendu aux Vietnamiens par les « oncles », nom donné par les Vietnamiens aux Chinois qui se trouvent partout où il y a une marché. Doté d’une concubine vietnamienne – car, en principe, le Chinois, généralement un Cantonnais, laissait sa femme principale en Chine. En épousant (ou plutôt, en achetant) une Vietnamienne comme épouse, comme mère d’une ribambelle de métis, le Chinois très pratique trouve une compagne de lit, une bonne cuisinière, une aide-vendeuse et une interprète s’il ne sait que baragouiner le vietnamien. Or, tous les stocks de métaux ou de ferronnerie étaient épuisés. Quelqu’un avança l’idée d’aller vers le rivage de la mer y ramasser les fils de fer que les pêcheurs emploient pour attacher leurs filets et qu’ils abandonnent après un long usage. Mes chrétiens m’envoyèrent alors ces bout de fil et on les coupait et les limait pour en faire des pointes.
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La construction du petit Séminaire achevée, je fis venir des Soeurs Amantes de la Croix de Caimon (Caimon, nom de la Chrétienté (paroisse) où se trouve le couvent de ces soeurs). Elles devaient gérer la cuisine du séminaire.
Chez nous, il n’y a pas de problème pour remplir le petit Séminaire, car les chrétiens vietnamiens ont une profonde vénération pour le Sacerdoce, ils aiment à offrir un ou deux, même trois garçons pour le Séminaire. Ils paient ce qu’ils peuvent pour l’entretien de leurs enfants. Nous les acceptons car, même s’ils n’atteindront pas le but suprême : le sacerdoce, ils auront obtenu une discrète instruction secondaire – latin-français – et pourront, dans leur paroisse, être un aide précieux pour leur curé comme chef de l’Action catholique ou entrer dans l’Administration civile et, là aussi, un catholique instruit pourrait faire l’apôtre de son milieu, aider le clergé quand il a affaire avec le Gouvernement. Donc, l’Eglise a tout à gagner en ouvrant largement les portes du Séminaire.
Les communistes en sont persuadés. C’est pourquoi ils fixent un numerus clausus pour l’entrée au Séminaire : pas plus de deux sujets par ans, sujets dont ils sont sûrs d’être, au moins, pas encore contraires à leurs dogmes marxistes. Avec ce système, ils croient pouvoir asphyxier petit à petit le Catholicisme mais nos Ancêtres, pendant plus de 200 ans, ont été privés de prêtres et le Catholicisme vietnamien a réussi à survivre et à s’étendre.
Au Tonkin, où depuis plus de 10 ans, ils ont appliqué cette méthode contre la formation des candidats au Sacerdoce, la Religion a survécu. Ces brimades ne font qu’augmenter l’hostilité de tous contre le système marxiste : chez les païens, à cause de toutes sortes de privations alimentaires et vestimentaires, à cause du bourrage de crâne, tous les soirs après une journée exténuante de travaux payés chichement, juste pour ne pas mourir de faim. La seule classe qui vit bien est celle des petits et grands dirigeants.
Faute de prêtres, nos Catholiques, là où il n’existe pas de curé, se mettent en marche dès le soir du samedi et font des kilomètres, à pied (ou en vélo pour ceux qui en possèdent) vers une paroisse où il y a une messe dominicale. Cet exode est une façon de prêcher la Religion, le long du parcours, aux païens. De mon Petit-Séminaire de Vinhlong est sorti un jeune évêque, auxiliaire de l’Evêque de Vinhlong, mon deuxième successeur, Mgr , originaire d’une paroisse évangélisée il y a plus de 100 ans par les fils de Saint François d’Assise, celle de Cáínhum, la plus ancienne paroisse de mon diocèse et, peut-être, une parmi les plus anciennes chrétientés de la Cochinchine. Son église possède une Ste-Vierge costumée à la manière espagnole, c’est-à-dire que la statue change d’habit selon les fêtes. Cáínhum possède un couvent d’Amantes de la Croix, le deuxième du diocèse avec celui de Caimon, déjà nommé. L’auxiliaire actuel de l’Evêque de Vinhlong a deux tantes, soeurs de son père, religieuses de ce couvent.
Ici, j’ouvre une digression sur mon séjour à Cáínhum. C’était après l’invasion des troupes japonaises en Indochine, suite à la Deuxième Guerre Mondiale puis à l’insurrection communiste qui eut lieu quand les troupes du Japon durent se rendre aux Chinois de Tchang-kai-Chek (plus tard réfugié à Formose). J’avais dû quitter mon siège de Vinhlong et me réfugier à Cáínhum car si j’étais resté à Vinhlong occupé par les troupes françaises, il m’aurait été impossible de visiter les autres paroisses de mon diocèse. Les Français n’occupaient que les villes situées sur les bords du Mékong : Vinhlong – Bente, tandis que l’arrière-pays était contrôlé par les communistes.
A ce moment, le grand Séminaire de Saigon s’est replié aussi sur Cáínhum et occupait le couvent des religieux catéchistes. Moi, je pris logement à la cure de Cáínhum, cure vide car le curé s’était réfugié ailleurs et son vicaire s`était, aussi, échappé ailleurs. Les deux professeurs du grand Séminaire n’osaient pas sortir de leur logement. A la cure, je faisais le catéchisme aux enfants, l’instruction religieuse au couvent des nonnes et visitais les malades en leur portant la communion. La Messe était dite avant six heures du matin, quand règne encore l’obscurité. L’église était déjà à moitié remplie de fidèles et je m’étonnais de ce qu’elle n’était pas fréquentée davantage, car au Vietnam, quand régnait la paix, la Messe, les jours de semaine, était aussi fréquentée que celle du dimanche.
En voici la réponse : la pénurie d’étoffe (le coton). Chaque famille ne possédait pas assez de pantalons et d’habits pour tout le monde. Donc chacun allait à la Messe à son tour, avec le pantalon commun. Il m’est arrivé, à cause de cette pénurie de pantalons, une drôle d’histoire. Une vieille chrétienne m’envoyait chercher par son petit-fils parce qu’elle était malade. Allant chez elle, je lui manifestais mon étonnement de ce que c’était la première fois depuis un mois que je faisais le curé. Or, elle n’était pas au lit que depuis à peine une dizaine de jours. Voici sa réponse : « Je n’avais pas de pantalon à moi. Le pantalon commun servait pour mes fils et mes petits-enfants.» Je me suis dit : Tu es Martin, car ton patron de confirmation est St- Martin qui a donné la moitié de son manteau à un mendiant grelottant de froid. Fais donc un sacrifice, donne à la grand-mère ton deuxième pantalon, car tu en as deux.
La vieille guérit vite et je la vis à la messe du matin, fière d’être dans le pantalon ex-épiscopal. Mais, après quelques jours, la mémère disparut de la circulation. Au catéchisme, je m’enquête auprès des mioches sur l’absence de la grand-mère. Serait-elle de nouveau malade et au lit ? Son petit-fils, dans sa candeur : « Ma grand-mère a perdu son pantalon au jeu... » Car il faut avouer que les Vietnamiens sont de grands joueurs, pour occuper leurs loisirs car, alors, ils n’avaient pas beaucoup de distractions. Quoi faire ? je n’ai plus qu’un pantalon... Alors le St-Esprit (je crois que c’est Lui) me donna une fameuse inspiration : à l’église, dans la sacristie, il y a de l’étoffe, suffisamment pour donner des culottes courtes au chrétiens et un peu plus longues aux chrétiennes de Cáínhum !
Je demandais aux religieuses d’enlever la doublure des chasubles et des chapes (on remédiera à cela quand la France nous enverra des étoffes). On consacrera tous les drapeaux français (cachés à cause des communistes) à cette charité. Jésus n’a-t-il pas dit : « J’étais nu et vous m’avez habillé » ? – « Mais, Monseigneur, ces drapeaux, ces doublures sont de différentes couleurs or, nous Vietnamiens, nos pantalons sont : de couleur noire pour les femmes et blanche pour les hommes ». – Je leur répliquai : « Tant pis, à la guerre comme à la guerre ! Vous, soeurs, voudriez-vous sacrifier votre voile noir pour en confectionner des pantalons aux femmes et le voile blanc de vos novices pour les pantalons des mâles ? » Ce jugement, digne d’un Salomon, fut approuvé par toute la paroisse. Le drapeau français, avec sa partie rouge fit le bonheur des petits garçons dans leurs pimpantes culottes rouges. La partie bleue servit pour les petites filles, le blanc pour les hommes et les doublures noires pour les femmes. S’il en manquait, on colorait les parties restantes avec une teinture noire et tout le monde était content et la Messe du matin fréquentée par tout le monde.
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Pendant mon séjour à Cáínhum, j’ai fait une ordination car j’avais un diacre appelé Quyên dont on avait remis l’ordination sacerdotale aux calendres, le soupçonnant d’être lépreux. Originaire de Saigon, il est venu à moi comme le « Refugium peccatorum ». C’était un brave type, un peu nerveux mais de bonne conduite et comme j’avais besoin de prêtre, je l’ai fait examiner par des médecins vietnamiens qui pratiquaient la médecine ancestrale : décoction de diverses plantes. Ils m’ont assuré que le diacre Quyên ne présentait aucun signe de la lèpre. Je lui fis commencer une semaine de retraite et le dimanche qui suivit, à la Messe solennelle, Cáínhum vit une ordination... avec un évêque ayant un roseau couvert de papier d’argent comme crosse et mitre de papier en tête. Ce prêtre, ordonné sous le régime communiste, vit encore et se porte bien.
Je lui donnai, quelques jours après la prêtrise, un ministère un peu exceptionnel, celui d’assister au dernier moment d’un type condamné à être fusillé par une troupe française qui faisait un raid à Cáínhum et qui l’avait arrêté, lui connu pour avoir dénoncé des Vietnamiens francophiles et, de ce chef, tués par les communistes. Le pauvre néo-prêtre ne put refuser ce ministère. Il confessa le condamné (un ex-religieux !) lui donna le viatique mais ferma les yeux quand il entendit le chef du peloton crier : « Attention et feu ! » C’était, pour lui aussi, un début de ministère.
De Cáínhum, je rayonnais dans tous les coins de mon Diocèse, non pas par vaux et par monts, mais partout en barque, où l’on mange, où l’on dort, où les chrétiens rament jour et nuit par équipes sur ce réseau de rivières, filles du grand Mékong, qui sillonnent tout mon diocèse. Mes prêtres me recevaient au débarcadère. Mais cette absence de Vinhlong fit mauvaise impression auprès des Soeurs françaises qui me taxèrent de communiste...
Quand la France réussit à pacifier la Cochinchine, en forçant les communistes à rentrer dans leurs repaires – ils n’avaient que des sabres et des bambous pointus en guise de piques et très peu de fusils – je rentrai à Vinhlong. Les pauvres soeurs ne voulurent pas aller à l’évêché me saluer. Mais, petit à petit, voyant que je ne leur gardait pas rancune et, surtout, constatant que ma façon d’agir avait sauvé la vie de leurs consoeurs qui travaillaient dans les campagnes tandis qu’elles-mêmes (une minorité) vivaient tranquillement à Vinhlong et à Bentre, car les communistes respectaient leurs consoeurs appartenant à mon diocèse tandis que celles dépendant du diocèse de Saigon, dirigé par un évêque français, étaient reléguées, par les communistes, dans les forêts, souffrant mille morts à cause de la pénurie des vivres, des habitations, sans prêtre ni consolations...
En passant, j’ai parlé des Soeurs Amantes de la Croix, du couvent de Caimon, plus de 200 soeurs ; celui de Cáínhum, une centaine. D’où venaient ces soeurs ? Depuis les premières conversions au christianisme faites par les missionnaires jésuites, un bon nombre de femmes, non seulement de condition ordinaire, mais quelques dames de la Cour impériale, se consacraient au Seigneur. Cette dédication était déjà pratiquée par les bonzesses. Quand apparurent les premiers vicaires apostoliques au Vietnam, dont Mgr de Lamotte-Lambert, du Séminaire des Missions Etrangères de Paris, celui-ci rassembla ces vierges en communauté et leur donna un règlement de vie. Mais, peut-être, sous-estimant la valeur de ces néophytes, il ne leur permit pas d’émettre les trois voeux de religion : pauvreté, chasteté et obéissance, quoique, pratiquement, ces âmes pratiquassent la pauvreté matériellement plus rigoureuse que les moniales des vieilles chrétientés, la chasteté et l’obéissance envers leurs supérieures, ayant même un temps de noviciat. Cette manière de vie dura trois siècles et ne cessa que peu avant le Vatican II. J’ai eu le privilège d’introduire ces voeux aux Amantes de la Croix de mon archidiocèse de Hué, après un sérieux noviciat sous la direction des Mères Augustiniennes de Dalat. Certes, si elles restaient sans voeux, l’évêque pouvait leur confier toutes sortes de besognes, mais elles n’étaient – strictement – pas les épouses du Christ.
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