POUR VOUS ET POUR TOUS
- LE PROGRAMME DE JEAN-PAUL II
par
Reinhard Lauth
Depuis que Jean-Paul II a en fait pris possession du siège de Pierre,
la situation de l'église' réformée a changé. Je pense que chacun s'en
aperçoit maintenant. Cet homme n'a pas l'intention, comme Paul VI, de
détruire simplement la structure de l'Eglise, mais il a un but bien
déterminé. Il croit en un"nouvel Avent de l'Humanité" auquel 1'"Eglise"
doit apporter un élément essentiel. N'a-t-il pas proclamé, face à la
désertion de dizaines de milliers de prêtres et de religieux: "Courage!
Nous nous trouvons au début d'une évolution glorieuse?"
"L'Eglise est - contre toute apparence - actuellement plus unie dans la
communion du service et dans la conscience de l'Apostolat", dit-il dans
l'encyclique "Redemptor hominis".
Plus d'une douzaine de fois Jean-Paul II vante Paul VI expressément
comme "son père spirituel". C'est le Concile Vatican II qui lui sert
"de grand catéchisme pour les temps modernes" d'importance égale au
Concile de Trente. A ses yeux, l'obéissance du catholique à l'Esprit
Saint se manifestera dans l'accomplissement authentique des tâches
données par le Concile. Dans ce contexte il sait tirer un profit
personnel pour son entreprise. Etant de nationalité polonaise et étant
décoré de l'auréole de la résistance religieuse au communisme, il n'a
pas hésité de charger les Allemands du crime de l'assassiant de trois
millions et demi d'êtres humains à Ausschwitz, alors qu'il devrait
savoir, que ce chiffre ne peut êtres exact. En échange, il pouvait
évidemment, comme premier chef de l'Eglise, être reçu à la Maison
Blanche par le Président des Etats-Unis et présider à la célébration du
NOM sur les places publiques de cet Etat. De plus il sait se taire là
où la prudence et la tactique semblent l'indiquer. L'abbé de Nantes
écrit "que l'An I du pontificat a été surtout marqué par les génocides
des communistes sur lesquels le pape n'a rien eu à dire ni rien su
faire".
D'où vient donc cette attitude, d'où viennent ces succès, d'où vient
cette assurance? Il n'y a pas de doute que cet homme a des appuis
puissants et durables. Ce n'est pas en vain qu'environ loo cardinaux
sont allés le voir à Cracovie avant son élection comme "Pape". Ce n'est
pas par hasard que des organes de presse comme l'hebdomadaire" "Der
Spiegel" et la "Frankfurter Allgemeine Zeitung" interviennent en sa
faveur précisément à un moment où il retire ou menace de retirer
l'autorisation d'enseigner aux Küng, Potier, Schillebeeckx etc. Il a
une volonté de fer que ses adversaires sentent et qui les paralyse. Qui
donc aurait pensé lors de son intronisation qu'un an plus tard les
têtes pensentes de la rébellion dans 1'"Eglise" seraient mises
hors-circuit sans qu'une indignation générale ne le balaie, lui et sa
politique? Tout semble favorable à ce qu'il atteigne son but qui
consiste en une discipline plus stricte sans que ne se séparent des
parties entières de l'Eglise' réformé; et même cela il le prendrait
probablement sur lui, - car il a l'intention de se former un outil
efficace qui lui permette d'agir.
Les complaintes à faire pitié de Mr. Küng me font penser aux enfants
d'une famille allemande que j'ai entendu dans une auberge autrichienne
où j'ai séjourné d'abord à mon retour de Prague, et qui cassaient les
pieds à tout le monde parce que leur filet de boeuf aux champignons
n'était pas suffisamment bon. S'il se plaint de la violation des droits
de l'homme, de l'inquisition et du terrorisme psychologique de la part
de Rome, à quelle distance des réalités ne doit-il pas se trouver? Si
cette 'église' doit continuer d'exister, celle-ci est acculée à se
fixer un but et d'agir en fonction de celui-ci. Bien sûr, il est mis
fin à la désagrégation pure et simple que Paul VI a laissé se
développer, cela ne fait pas de doute. Jean-Paul II a besoin de
coéquipiers résolus et non pas de discoureurs qui dialoguent sans
jamais en finir.
Il était inévitable que beaucoup de "catholiques
bien-pensantes"commencèrent à penser sérieusement et profondément que
Jean Paul II allait être le pape conservateur tant désiré qui amènerait
la restauration de tout. D'autres et parmi eux beaucoup de ceux qui se
trouvent en dehors de 1''église', même de ceux qui se trouvent en
dehors de la confession chrétienne l'applaudissent comme l'homme qui en
ce moment de l'humanité se dévoue "à la bonne cause". Une caricature
dans "Le Monde" moutre le fpapèl six fois souriant et l'index levé en
disant: "Non ‚ l'avortement", "non, au divorce", "non à la
contraception", "non au mariage des prêtres", "non ‚ l'homosexualité" -
et "Oui à la tolérance". Et à cause de cette sixième parole on lui
pardonnera bien les cinq "Non"qui précèdent. Car l'essentiel c'est la
défense de la tolérance (dans, la conception libérale) - tout le reste
en suivra alors avec le temps.
Jean-Paul II sait qu'on a besoin de lui. Les chefs politiques de
l'occident ne peuvent pas facilement se passer de quelque organisation
quelle que ce soit au milieu du gigantesque conflit de ces jours - et
sûrement pas de celle qui est numériquement la plus forte, à savoir
1'"église" réformée de catholique mémoire. Il suffira de surveiller
qu'elle ne se soustraie pas aux directives décisives; il faudra bien
lui pardonner quelques retours "conservateurs" dans des détails, pourvu
qu'elle obtienne une force de frappe accrue. Cela pourrait facilement
s'éliminer plus tard.
Le nouveau "pape" excelle à flatter les groupements les plus puissants
de ce monde. "L'homme" proclama-t-il face à 1'ONU, "l'homme est la
norme qui détermine toutes vos actions et qui vous guide, il est pour
vous la valeur vivante!" Et en s'adressant à des personnalités
dirigeantes d'organisations juives: "Juifs et chrétiens, nous sommes
tous sûrs d'être fidèles et obéissants ‚ la volonté de Dieu, le Dieu
des partriarches et des prophètes." Et enfin, à la descente d'avion de
Boston: "Je salue tous les Américains, sans distinction. Je désire vous
rencontrer et vous dire à tous - hommes et femmes - de toute foi
religieuse et de toute origine ethnique, enfants et jeunes gens, pères,
mères, malades, vieillards - que Dieu vous aime, et que, en tant
qu'êtres humains, il vous a conféré une dignité incomparable. Je désire
dire ‚ chacun que le Pape est votre ami et le serviteur de votre
humanité." Sa tactique est évidente: il choisit des thèmes qui
préoccupent la majorité des hommes d'aujourd'hui et il s'en fait en
apparence ou en réalité l'interprète. Il donne à certaines exigences un
sens différent, cela va de soi.
Il défend avec insistance les droits de l'homme. D'après les termes de
son allocution à l'ONU celle-ci constitue le tribunal suprême de la
paix et de la justice, le siège authentique de la liberté des peuples
et des hommes qui attendent un meilleur avenir." "Que peut-on souhaiter
de plus à chaque peuple et ‚ toute l'humanité, à tous les enfants de ce
monde, sinon cet avenir meilleur, où le respect des droits de l'homme
devienne une pleine réalité dans le cadre de l'an 2ooo qui approche."
(On croirait pourtant que c'est leur salut éternel qui est à souhaiter
de plus - surtout quand c'est un pape qui parle.) Mais ce qui
transparaÓt, c'est qu'il pense surtout aux droits de l'homme dans le
sens des opprimés dans les pays communistes. - La liberté religieuse,
voilà un thème particulièrement cher à Jean-Paul II (à ce sujet il
prône des idées diamétralement opposées ‚ celles de Mgr. Lefebvre): un
droit égal pour toutes les confessions y compris pour les sectes les
plus funestes. Et surtout alors la liberté religieuse pour les
catholiques oppriirés de la réforme conciliaire dans les états athées!
- De cette manière les slogans sont transformés en points de programme
pour l'idéologie catholique conciliaire et que Jean-Paul II a
l'intention de diffuser à échelle mondiale. Il ne faudrait pas perdre
de vue l'habilité dont ce 'pape'sait faire preuve dans la dialectique.
Il vaut la peine de lire la grande étude de l'abbé de Nantes.
"Jean-Paul II un an après" dans le numéro de décembre de "La
Contre-Réforme catholique".
Il y est fait une analyse des passages des discours de ce pape où des
phrases tradionnelles et des phrases progressistes s'enchainent
adroitement. Le Concile a ouvert la porte du progrès pour ce nouveau
temps de l'Eglise. "L'Eglise est un mystère vivant et en marche sous la
conduite de lŒSsprit Saint." Nous devons nous "abriter sous
l'enseignement intégral du Concile (Vatican II), c à d. entendu à la
lumière de toute la sainte Tradition et sur la base du Magistère
constant de l'Eglise". Il fant remarquer le carctère ambigu de cette
dernière subordonnée: "à la lumière de toute la sainte Tradition". (Or
elle contredit celle-ci en plusieurs points et elle est inconciliable
avec cette tradition) et sur la base du Magistère constant! (il suffit
de penser au Magistère de Paul VI!) Oui et non en même temps. (Que l'on
se souvienne de la sentence de Notre-Seigneur contre les tièdes!)
Jean-Paul II espère faire du chemin au moyen de la tactique qui
consiste ‚ changer le sens des expressions et à prendre des termes
ambigus; à ses yeux cela sert à la stratégie qui a comme but de
promouvoir son 'Eglise' au rang de puissance idéologique chef de file
en ce monde. Quelle est l'idée fondamentale de l'idéologie destinée à
assurer la victoire à l'Eglise'? Jean-Paul II l'a heureusement bien
formulé comme suit: "La pluralité des méthodes dans la catéchèse
contemporaine peut être signe de vitalité et d'ingéniosité. Dans tous
les cas, il importe que la méthode choisie se refere en fin de compte à
une loi fondamentale pour toute la vie de l'Eglise: celle de la
fidélité à Dieu et de la fidélité à l'homme, dans une même attitude
d'amour." (cit. De Nantes p.13).
Et l'on aimera demander: mais le "pape" ne fait-il pas en l'occurence
une formulation très excate? car, là il s'agit tout de même du contenu
du premier et du plus grand commandement. Ainsi paraÓt-il, mais dans la
suite je montrerai qu'il n'en est rien. Le professeur Wigand Siebel a
heureusement fait une analyse pénétrante du "programme de Jean-Paul II"
dans son encyclique 'Redemptor hominis"; il a montré que ses
déclarations révèlent un sens humaniste et anthropocentrique mais qui
est à moite latent. Les conclusions de Siebel s'accordent en une large
mesure avec celles de l'abbé De Nantes.
Le titre "Redemptor hominis", "Le Rédempteur de l'homme" voilà
réellement l'idee fondamentale de Jean-Paul II. On pourrait
l'interpréter de la manière suivante:
Je confesse que Jésus est le Divin Rédempteur - parce qu'il a racheté
1'homme. Je confesse la valeur unique de l'acte rédempteur du Christ
comme moyenunique du perfectionnement humain. Le but et la valeur
ultime c'est l'accomplissement de l'homme. "Nous nourrissons la
conviction profonde que dans le monde d'aujourd'hui il n'y a pas de
programme - même pas sur le plan d'idéologies opposées - où ce n'est
l'homme qui ne soit mis à la première place." (cit. Siebel p. 7). Pas
un programme - donc le programme de l"Eglise" pas non plus. Elle aussi
elle met l'homme à la première place. Rappelons un instant les paroles
de l'Ecriture que voici:.. ."Car tant que ne se sera pas produite
l'apostasie et que ne se sera pas révélé 1'homme d'iniquité, le fils de
perdition, l'adversaire, celui qui s'élève au - dessus de tout ce qui
s'appelle Dieu ou objet de culte, jusqu'à s'asseoir en personne dans le
Temple de Dieu, se donnant lui-même comme Dieu ... (2.Thess. II.3)
Notre siècle est celui qui entrera dans l'Histoire comme le plus
meurtrier de tous les siècles, c'est le siècle où les petits peuples
commencent à être pratiquement rayés au profit des intérêts des grands,
tout cela au nom de 1'HOMME et de la Société; c'est le siècle où les
1.800000 vicimes de la révolution française sont à multiplier par dix
par vingt et par plus encore, c'est le siècle dont Jean-Paul II fait
l'éloge; c'est le siècle où il n'y a plus de programme qui n'ait mis
l'homme à la première place, L'"Eglise" n'y faisant pas exception.
Logiquement Jean-Paul II enseigne, en contradiction formelle avec le
Christ qui a dit: 'Je suis la Voie': Le chemin de l'Eglise, c'est
l'homme." (cit. De Nantes,21). Qu'est-ce que cela signifie? Le
professeur Siebel fait remarquer: "L'homme est mentionné de cette façon
exaltante plus de 35o fois." (p.7.) L'homme c.à d. tout homme concret
jouit des fruits de l'acte rédempteur du Christ. "Par son Incarnation,
le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni à Jj_homme, à chaque homme
sans aucune exception, même si ce dernier n'en est pas conscient." De
Nantes constate dans ces formulations "l'absence de toute condition au
salut de tous, aboutissant finalement à l'affirmer comme donné à tous."
(p.2o) C'est donc la thèse bien connue: pour vous et pour tous.
Mais il y a plus! "Cette union du Christ à l'homme est en elle-même un
mystère d'où naÓtra 'l'homme nouveau" (cit. Siebel p.12); par cette
union l'homme "se trouve confirmé et il est en quelque sorte créé de
nouveau". (Il faut être attentif à ce que la répétition de l'expression
"en quelque sorte" ne nous fasse conclure que le "Pape" n'est pas
capable de s'exprimer en termes précis. Il y renonce délibérément pour
qu'on ne puisse pas le prendre au mot - notamment à l'aide du
"Denzinger"!) En employant ces expressions Jean-Paul II reprend
pleinement la thèse de Jean XXIII selon laquelle "tous les hommes ont
été rachetés par le sang du Christ dès leur naissance". (Discours du 11
octobre 1962 pour l'ouverture de Vatican II).
Le professeur Siebel écrit à ce propos: "II ne s'agit plus seulement
d'une idée inconciliable avec la foi catholique ou d'une hérésie qui
divise les confessions entre elles, mais d'une réorientation
fondamentale de l'Eglise. Elle se détourne du Christ pour se tourner
vers l'homme."(p.17).
Si tous les hommes goûtent les fruits de la Rédemption dès leur
naissance et s'ils sont même rachetés, à quoi bon le baptême, à quoi
bon l'Eglise alors? Jean-Paul II parle du droit, (chez tout homme) à
une rencontre plus personnelle avec le Christ crucifié qui pardonne;"
(cit. De Nantes p.7) il ne parle plus du don libre de la grace de Dieu.
Dans ce sens L'Eglise est un instrument pour acquérir ce nouveau droit
de l'homme. "L'Eglise est ... un outil ... pour l'unité de toute
l'humanité." (cit. Siebel p.3) "L'Eucharistie (est) la célébration de
la fraternité humaine." (cit. Siebel, p.6) L'évangile est - c'est
incroyable: "l'émerveillement à propos de la valeur et de la dignité de
l'homme." "Cet émerveillement justifie la mission de L'Eglise dans le
monde, et surtout "dans le monde d'aujourd'hui", (cit. Siebel p.9). Le
chemin de l'Eglise, ce sera l'homme dorénavant!
Il ne faudrait pas passer sous silence, que Jean-Paul II insiste
énergiquement sur le fait que la liberté de l'homme est précieuse pour
la seule raison qu'elle est relative à la vérité. Mais bientôt nous
verrons ce qui en est du contenu de cette vérité.
Les chrétiens de toutes les confessions se trouvent déjà en communion
missionnaire avec l'"Eglise" nouvelle. "Gr‚ce à cette communion, nous
pouvons nous approcher ensemble du grand patrimoine de spirituelité
humaine qui se manifeste dans toutes les religions ... Gr‚ce à cette
communion nous nous approchons en même temps (...) de toutes les
conceptions et de tous les hommes de bonne volonté." (Red. hominis cit.
Siebel, 6).
Lors de son allocution à l'ONU Jean-Paul II a parlé de la nécessité
"d'une revision constante des programmes, des systèmes et des régimes,
(...) et qui doit s'opérer selon un seul principe à savoir le bien de
l'homme", (cit. Siebel p.9). Mais alors on pourrait se poser la
question si le système et le programme de 1'"Eglise" nouvelle ne
doivent pas être soumis au même principe? Et de fait, oui. Le "Pape"
demande la pénitence, très particulière du reste, de faire la
conversion intérieure vers l'oecuménisme en laissant tomber la foi en
l'Eglise catholique comme seule nécessaire au salut. "Il n'y a pas de
véritable oecuménisme sans conversion intérieure", dit-il, (cit.
Siebel,p.13) Le professeur Siebel déclare: "La pénitence et la
conversion continuent d'être nécessaires à ceux qui n'ont pas encore
fait leur le chemin de l'Eglise vers l'homme." (p.13). En termes
chairs, cela vent dire: le péché qui requiert la pénitence, ce serait
de rester attaché à la vérité catholique et de se fermer ‚ une
ouverture à tous les autres.
Quel sera alors le résultat d'une telle ouverture? On ne peut le
deviner qu'à partir d'allusions ou d'expressions incomplètes, mais il
est dans la ligne de tout ce qui précède. L'ouverture à toutes les
idéologies (Weltanschauungen) (y compris donc p. ex. le communisme, le
national-socialisme, le socialisme de gauche etc.) ne serait pas bien
sérieuse, si elle ne consistait que dans une disponibilité d'être
comprêhensif dans le sens de reconnaÓtre les raisons psychologiques et
sociales de ces systèmes ou de respecter la part de vérité qui leur
reste. Cette disponibilité doit en outre consister dans la revision de
son propre point de vue. La nouvelle "Eglise" voudrait être en avance
sur les idéologies et les autres confessions en étant la première à
pratiquer cette ouverture. Mais on attend des autres qu'ils fassent de
même. C'est alors que pourra commencer la grande courre vers le point
Oméga, où nous serons tous fusionnés dans une sorte de "vérité" finale.
Pour 1'"Eglise" nouvelle c'est une chance d'y arriver le mieux et le
plus rapidement possible. Par conséquent l'Eglise pourra prendre la
commande idéologique dans cette course au point Oméga - et ce sera sa
t‚che d'après la volonté de Jean-Paul II.
Mais par là la falsification de notre foi opérera une fois encore un
autre revirement: ce ne sera plus pour vous et pour tous, mais: pour
tous et (parmi ceux-ci e.a. aussi) pour vous.
En 1873 Dostoievsky écrivit les paroles prophétiques que voici: "Le
pape "infaillible" et triomphant - et non pas le pape pieds-nus
pourra-t-il chasser le mauvais esprit? Les jésuites, ces clercs si
actifs, avec leur état dans l'état, pourront-ils le chasser? ... Non,
le mauvais esprit (de la révolution) est plus fort et plus pur qu'eux."
"Maintenant la question se pose: par où commencer le combat contre cet
element nouveau et dissolvant? La puissance cléricale et la ruse n'y
suffiront plus. La réponse ne pourra être autre que: "Le premier pas
qui mène à cet objectif, c'est la restauration du pouvoir séculier du
Pape." "Le (nouveau) mouvement romain a traversé toute l'Europe pendant
la demie année qui vient de s'écouler. (...) il y eut l'agitation
romaine-catholique en Allemagne; celle-ci mécontentait à juste titre
les catholiques de l'empire ‚ cause de la nouvelle loi
ecclésiastique;il y eut des tentatives en France, en Allemagne et en
Suisse de se rapprocher du peuple par une invention nouvelle à savoir
des liturgies pour le peuple,il y eut des déclarations et des appels
démocratiques inouis jusqu'alors de la part du haut clergé en
Allemagne: tout cela suggère l'idée d'une grande agitation du clergé,
surgissant partout en même temps en faveur d'un pape infaillible mais
sans posessions. Tout ce mouvement clérical a son importance par le
fait que ce sera probablement la dernière tentative du catholicisme
romain de demander une dernière fois le secours des rois et des grands
de ce monde. Mais ces espoirs ne se réaliseront pas et pour la première
fois, depuis 15oo ans, Rome devra se dire, que le moment est venu de
rompre avec les grands de ce monde et de laisser tomber l'espoir mis
dans les rois. Qu'on le croie - à partir de ce moment-là Rome
comprendra qu'il faudra se tourner vers le peuple. (...)
Le pape saura venir pieds nus au peuple avec son armée de vingt mille
combattants jésuites, ces chasseurs d'‚mes bien expérimentés. Karl Marx
et Bakounine pourront-ils résister à cette armée? A peine. Le
catholicisme a toujours su céder, quand c'était nécessaire, et il a su
faire la réconciliation. Quelle difficulté y aurait-il à convaincre le
peuple obscur et pauvre de ce que le communisme c'est le christianisme,
et que c'est de lui que le Christ a parlé. Il y a déjà des socialistes
intelligents et perspicaces qui sont convaincus que l'un et l'autre
c'est la même chose et qui prennent l'Antéchrist sérieusement pour le
Christ." (Pensées sur l'Europe. République on Monarchie" Sept. 1873)
"Le réconciliation avec tous"*c'est l'oecuménisme. - Le Christianisme
vu comme socialisme! Le pape - l'un des milliards d'hommes et qui comme
pauvre vient au peuple. L'oecuménisme, le socialisme chrétien, le pape
qui prépare la voie à l'homme! Qu'on le remarque bien: cette'"Eglise"
est la seule vraie internationale depuis qu'il n'y a plus d'états
catholiques. Les juifs ont la responsabilité de ce qui se passe dans
l'état d'IsraÎl, les communistes ont la responsabilité de ce qui se
passe au Cambodge et en Afghanistan et l'Islam a la responsabilité de
Khomeni et des Palestiniens. L'"Eglise", elle ne devra plus rien
prendre sur elle. Elle pourra, étant partout dans l'opposition, faire
des revendications absolues c.à d. revendiquer sans devoir de se
justifier par des actes propres. Elle a une chance unique de se faire
l'avocate et le porte-parole "de l'homme". Il semble bien, que c'est là
le programme positif de Jean-Paul.
Mais il y a d'autres puissances qui tiennent en mains les leviers de
commande du pouvoir. Justement c'est avec celles-là que Jean-Paul
compte. On ne peut pas bien les attaquer ouvertement et de front; mais
l'on peut s'ouvrir à eux - et cela en passant par les droits de l'homme
et par la liberté religieuse. L'"Eglise" doit s'engager mieux et plus
vite que les autres au respect de ces idéaux, parce que l'on se
détournera des autres de plus en plus, à cause de leur exercice brutal
du pouvoir. Une organisation de secours d'endiron 800 millions d'hommes
a bien son poids. Avec une nécessité mécanique elle exercera un pouvoir
d'attraction rien que par le nombre. L'"Eglise" devra sans doute
s'ouvrir et renoncer à son être d'auparavant; mais elle surpassera tous
les autres par l'oecuménisme et la tolérance. Comprend-on maintenant
que nous nous trouvons au début d'une évolution glorieuxe, et combien
glorieuse? Il faut être d'une inintelligence monumentale pour penser
que ce "pape" pourrait restaurer la vraie foi catholique. Mais il doit
être le bien-venu pour tous ceux qui attachent de l'importance à sauver
la civilisation et leur bien-être économique.
L'abbé De Nantes parodie les paroles que Jean-Paul II adresse, à son
arrivée, à la nation américaine: "Je te salue, belle Amérique, pleine
de grâces, le Seigneur est avec toi et le fruit de tes entrailles, le
service de l'homme, est bénie." Cela, c'est Bêlial! Notre secours par
contre est au nom du Seigneur qui nous a enseigné de garder tout ce
qu'il nous a commandé.
Bibliographie: Nous
recommandons a nos lecteurs d'étudier les analyses excellentes de
Jean-Paul II et de ses intentions dans les deux articles suivants:
1) "Jean-Paul II un an après." La Contre-Réforme catholique numéro spécial de décembre 1979 de l'Abbé Georges De Nantes.
2) Le programme de Jean-Paul II. A propos de l'encyclique "Redemptor
hominis"; dans le périodique "Beda-Kreis" Freiburg - numéro d'octobre
1979 - par Wigand Siebel.
Nous attirons votre attention sur le fait que nos conceptions ri£
rencontrent pas celles de l'abbé De Nantes quant à la prospective et à
la tactique.
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